Hieros Gamos

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Jupiter et Junon, estampe d'Agostino Carracci
Jupiter et Junon, estampe d'Agostino Carracci

Hieros Gamos ou Hiérogamie, (du Grec hieros = saint et gamos = mariage, accouplement), fait référence à une union sacrée, à un accouplement (parfois mariage) entre deux divinités ou entre un dieu et un homme ou une femme, généralement dans un cadre symbolique, souvent rituel. Le psychanalyste Carl Gustav Jung le traite, parmi d'autres symboles fondamentaux universels de l'humanité, dans son ouvrage Métamorphoses de l'âme et ses symboles.

Sommaire

[modifier] Définition

La tradition véhicule une pléthore d'exemples tel Horus, fruit d'une union d'Isis et d'Osiris ; ce rite hiérogamique, présent dans une foule de cultes antiques et repris dans le cérémonial de nombreuses sociétés secrètes, vise à remettre rituellement en scène ces phénomènes divins.

Il existe fondamentalement deux types de hiérogamies, de par leur finalité : la version païenne et la version mystique.

[modifier] Dans l'optique païenne

Dans plusieurs traditions païennes et néo-païennes, où une analogie est établie entre la fertilité de la terre et la fécondité de la femme, la hiérogamie, le plus souvent accomplie dans la nuit du 1er mai (célébration de Beltaine dans la mythologie celtique, nuit de Walpurgis dans le folklore germanique), est un rite de fertilité, censé symboliser la plantation de la graine dans la Terre et favoriser les pluies.

[modifier] Dans l'optique mystique

Dans d'autres contextes, le Hieros Gamos revêt la forme d'un rite initiatique qui permettrait aux participants d'acquérir une expérience religieuse profonde par des rapports sexuels. Certains experts y voient une référence à la théorie néo-platonicienne selon laquelle une âme est originellement androgyne et se scinde en deux lors de l'incarnation sur terre, sa part féminine allant dans un corps de femme et sa part masculine dans un corps d'homme. Dans cette optique, la plénitude spirituelle ne serait retrouvable que dans la réunion des principes complémentaires (« syzygie ») qu'offre une hiérogamie.

Une telle vision se retrouve dans le gnosticisme, qui pose l'“assomption syzygique” (réunion du masculin et du féminin) comme l'une des plus hautes fins de l'existence spirituelle d'un être humain. On peut citer à ce titre le logion 22 de l’Évangile selon Thomas (apocryphe chrétien issu de la bibliothèque de Nag Hammadi) : « [...] n°7 : Irons-nous dans le Royaume ? Jésus leur dit : Quand vous ferez le deux Un, [...] afin de faire le mâle et la femelle en un seul [...] ». Dans le système jungien, on parle de la fusion symbolique de la femme et de son animus (principe masculin latent de chaque femme), ou de celle de l'homme et de son anima (principe féminin latent de chaque homme).

[modifier] Exemples

En Mésopotamie, au printemps, le rite du mariage sacré unissait le Roi (remplaçant le dieu Dumuzi) et la prêtresse (représentante de la Déesse Ishtar). Les festivités étaient très joyeuses et se déroulaient dans l’allégresse.

Un exemple moderne de hiérogamie se trouve dans la religion Wicca, dans laquelle les participants s'engagent dans ce que Gerald Gardner, fondateur du culte, appelait le "Grand Rite". Un homme et une femme, assumant les identités du Dieu cornu et de la Déesse, s'engagent dans une union sexuelle pour célébrer la conjonction sacrée des principes opposés/complémentaires masculin et féminin de l'Univers.

L'existence de tels rituels depuis des temps immémorables a souvent laissé des traces dans plusieurs cultures, ce qui a suscité des accusations de relations incestueuses à l'égard de plusieurs groupes religieux jugés d'hérétique comme le paulicianisme, le bogomilisme, le catharisme, l'alévisme ou le sabbétaisme.

De tels rituels sont évoqués dans le film Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick et dans le roman Da Vinci Code de Dan Brown.

[modifier] Voir aussi