Grotte de Niaux

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Grotte de Niaux

Photo prise depuis l'entrée de la grotte
Latitude
Longitude

42° 49′ 15″ Nord
         01° 35′ 37″ Est
/ 42.82083, 1.59361
 [1]

Pays France France
Région Midi-Pyrénées
Département Ariège
Massif des Pyrénées
Vallée vallée du Rau de Vicdessos
Localité voisine Niaux
Voie d'accès D 8 puis D 56
Altitude de l'entrée 700 m
Longueur connue 2 km (intègre un réseau de 14 km)
Période de formation
Type de roche calcaire
Signe particulier grotte ornée
Température 12°C
Cours d'eau souterrain
Occupation humaine Magdalénien
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Grotte - Spéléologie |  v · d · m 

La grotte de Niaux est une grotte ornée paléolithique ayant livré de nombreuses figurations pariétales magdaléniennes. Elle est située en France, dans la région Midi-Pyrénées, en Ariège, sur la commune de Niaux, et s'ouvre à mi-pente dans la vallée du Vicdessos. Elle fait partie du réseau de grotte ornées de la chaîne pyrénéo-cantabrique.

Sommaire

[modifier] Histoire

La grotte fut régulièrement visitée à partir du XVIIe siècle, comme en témoignent les multiples inscriptions retrouvées dans la grotte. L'occupation préhistorique est reconnue et étudiée depuis 1906[2].

Classée monument historique le 13 juillet 1911, la grotte de Niaux fait partie d'un ensemble souterrain de 13 km. Cet ensemble souterrain inclut également la grotte de Lombrives situé sur l'autre versant de la colline.

[modifier] Occupation préhistorique

[modifier] Art pariétal

La grotte de Niaux renferme un très riche art pariétal incluant la plupart des espèces propres à la faune préhistorique du massif des Pyrénées. Les animaux sont peints la plupart du temps avec une matière noire, identifiée à du charbon de bois ou à du dioxyde de manganèse, quelquefois avec une matière rouge obtenue à partir du broyage d'hématite.

La salle principale, qui regroupe les représentations animales les plus spectaculaires est appelée le « Salon noir ». La grotte a également livré des signes tels que des points ou des traits de couleur rouge et noire, soit isolés sur les parois, soit associés aux représentations d'animaux. Les peintures du Salon noir contenant du charbon de bois ont pu être datées par la méthode du carbone 14 ; leur âge est ainsi estimé à 13 000 ans.

Certaines peintures pariétales, recouvertes de voiles de calcite, ne peuvent être déchiffrées qu'à l'aide d'un éclairage ultra-violet. Le bestiaire représenté comprend principalement des bisons (54), des chevaux (29), des bouquetins (15) ainsi que des cerfs et même des poissons [3]. La morphologie des chevaux évoque celle du pottok actuel, cheval endémique des Pyrénées encore présent au Pays basque. La présence d'un tracé esquissant une belette mérite d'être souligné, tant cet animal est rarement représenté dans l'art pariétal magdalénien.

[modifier] Motivations de la fréquentation de la grotte

Plusieurs hypothèses ont été émises concernant les raisons de l'occupation de la grotte par les hommes préhistoriques. Il est désormais acquis que la grotte n'était pas d'un lieu d'habitation : aucun vestige domestique n'a été retrouvé, que ce soit à l'entrée ou au fond de la grotte. Niaux fait par ailleurs parti d'un ensemble de grottes ornées, présentes dans la vallée ou les vallées voisines et n'ayant pas non plus fonctionné comme lieux d'habitation (grotte de La Vache, grotte de Lombrives, grotte de Bédeilhac, réseau de grottes de la vallée d'Ussat, etc.).

Les magdaléniens utilisaient probablement deux entrées pour la grotte de Niaux, l'une pour accéder au « Salon noir », l'autre pour accéder au « réseau Clastres ». Le passage souterrain entre les deux parties est actuellement noyé par un siphon.

L'homme préhistorique a pénétré très profondément dans la grotte pour y peindre : il n'y a pas de peinture pariétale identifiée à l'entrée de la grotte, et le « Salon noir » se situe à plus de 700 m de l'entrée préhistorique présumée. La grotte n'avait donc ni une fonction domestique (habitat), ni une fonction pratique (stockage).

Des empreintes de pas humains ont été identifiées sur le sol de la grotte. Il n'en reste aujourd'hui que trois sur une centaine. L'identification de la taille des pas a ainsi montré que des enfants avaient pu pénétré dans la grotte.

[modifier] Signification des œuvres magdaléniennes

L'art de Niaux, comme l'art paléolithique en général, n'a pas pour objectif une simple représentation paysagère figurative : aucun élément du paysage n'est représenté (flore, soleil, montagnes, etc.). À l'exception d'un petit bouquetin qui semble prendre appui avec ses pattes avant sur une fissure du rocher pouvant figurer une ligne de sol, les animaux semblent flotter sur les parois de la grotte, épousant la forme de celle-ci. Seuls des animaux de grandes dimensions sont représentés, de préférence ici des herbivores. L'ours ou le loup ne sont pas représentés alors qu'ils étaient présents dans la région.

Un siècle de fouille dans la région a permis de mettre en évidence des campements saisonniers, établis par des groupes humains du Paléolithique supérieur venus chasser le bouquetin ou le renne, entres autres. Semi-nomades, ils passaient neuf mois par an dans le piémont pyrénéen pour redescendre plus bas dans la vallée durant la saison hivernale. L'économie était basée principalement sur le travail de la peau, des bois et des os de rennes. L'une des premières hypothèses concernant l'art pariétal du Paléolithique supérieur dans toute la chaîne pyrénéo-cantabrique a été par conséquent liée à la chasse : les œuvres seraient des représentations de scènes de chasse (des flèches semblent dessinées sur certains animaux du « Salon noir ») et auraient été réalisées dans le cadre de cérémonies aux esprits pour s'assurer une bonne chasse (représentation seulement de grands herbivores).

Une hypothèse émise dès la fin du XIXe siècle et remise au goût du jour récemment, notamment par Jean Clottes [4] met en relation l'art paléolithique avec le chamanisme. Dans la plupart des représentations pariétales paléolithiques (que ce soit à Niaux ou ailleurs, à Lascaux par exemple), les chevaux et les bisons sont très fréquemment figurés alors qu'ils ne font pas partie des espèces les plus chassées, ni pour la consommation de chair, ni pour la fabrication d'outils. Les représentations sont stylisées et conventionnées (pattes en triangle, la queue ne touchant jamais l'arrière train) et suivent les formes de la paroi[5]. Par ailleurs, certaines grottes voisines contiennent des représentations de prédateurs[6]. L'hypothèse du chamanisme consiste donc à voir dans la grotte de Niaux un lieu privilégié de rencontres entre l'homme et le monde des esprits de la nature, qui transparaissent à travers les parois de la grotte. Il s'agit alors d'un système social et mystique dans lequel l'interaction avec les esprits naturels fait partie intégrante du quotidien.

[modifier] Visites

La grotte de Niaux est ouverte au public. Les visites se font dans le respect de règles précises afin d'assurer la conservation des œuvres pariétales. Les visites se font par petits groupes de 11 personnes au maximum et sont conduites par un guide.

Il n'y a pas de système d'éclairage permanent installé dans la grotte. Chaque groupe s'éclaire donc à l'aide de lampes électriques portatives, sur un parcours de 800 mètres, jusqu'au « Salon noir » qui renferme la majorité des peintures visibles. L'autre partie ornée de la grotte, appelée Réseau Clastres, n'est pas ouverte à la visite.

La visite emprunte des passages étroits et s'effectue sur le même sol que les magdaléniens parcouraient.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Coordonnées identifiées à l'aide de Géoportail et Wikimapia : vue du site
  2. 1906... 2006: centenaire de l’authentification des dessins de la Grotte de Niaux
  3. galerie d'images
  4. Conservateur Général du Patrimoine en France (biographie)
  5. Exemple d'un bison rouge dans la Galerie Profonde peint en fonction d'une concavité de la roche
  6. Photo d'os gravé aux lionnes dans la grotte de La Vache

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

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