Friedrich Kellner

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Inspecteur de justice Friedrich Kellner en 1934
Inspecteur de justice Friedrich Kellner en 1934

August Friedrich Kellner (né à Vaihingen-sur-l'Enz le 1er février 1885 et mort le 4 novembre 1970 à Lich, en Allemagne, à l'âge de 85 ans) était un social-démocrate allemand. Il devient greffier de justice au tribunal et écrit son journal à l'époque du régime nazi en Allemagne. Durant toute la durée du Troisième Reich il écrira secrètement un journal et en expliquera ainsi la raison :

« Je ne pouvais pas combattre les nazis dans le présent, je me suis donc décidé à les combattre dans le futur, en donnant une arme aux générations à venir, contre la résurgence éventuelle d’un tel Mal. Mes rapports de témoin oculaire devaient rendre compte des actes barbares et montrer également la façon d’y mettre fin. »

Sommaire

[modifier] Biographie

August Friedrich Kellner est né à Vaihingen sur l'Enz près de Stuttgart, et capitale du land de Bade-Wurtemberg. Il était l’unique enfant de Georg Friedrich Kellner, boulanger à Arnstadt en Thuringe, et de Barbara Wilhelmine Vaigle de Bissingen sur l'Enz. G.F. Kellner et B.W. Vaigle étaient tous deux protestants luthériens.

Quand Friedrich atteint l’âge de quatre ans, sa famille part à Mayence, où son père devient maître boulanger à la firme «Goebels Zuckerwerk ».

En décembre 1902, à l'âge de 17 ans, Friedrich Kellner passe son brevet d’études secondaires au collège Goethe de Mayence. Il débute alors, en tant que jeune clerc au tribunal de Mayence. Il y travaillera de 1903 à 1933, deviendra Premier clerc, puis comptable et enfin inspecteur de justice.

[modifier] Service militaire et mariage

En 1907 et 1908 Kellner fait son service militaire en tant que réserviste, dans le 6e régiment du corps d'infanterie de Grossherzogin (3e Grand Duché de Hesse) nº 117 à Mayence.

En 1913, Friedrich Kellner épouse Pauline Preuss, originaire de la ville de Mayence. Leur unique enfant, Karl Friedrich Wilhelm Kellner, naît trois ans plus tard.

Quand en 1914 éclate la Première Guerre mondiale, Kellner est appelé au service actif en tant qu’officier suppléant dans le régiment d’infanterie du Prinz Carl (4e régiment de Hesse) nº 118, à Worms. Il se bat en France sur la Marne et est blessé près de Reims. Puis il est envoyé en convalescence à l’Hôpital de St. Rochus à Mayence.

[modifier] Activités politiques

Carte d'identification de Friedrich Kellner en 1923, pendant la réoccupation de Mayence.
Carte d'identification de Friedrich Kellner en 1923, pendant la réoccupation de Mayence.

En dépit de sa loyauté à l’Empire, Kellner se réjouit de la naissance de la démocratie allemande après la guerre. Il devient un organisateur politique passionné du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Dès les premiers jours de la République de Weimar, il prend position contre les dangers qu’il prévoit, venant des partis extrémistes tels que le communisme et le national-socialisme. Lors de manifestations, Kellner arbore au-dessus de sa tête le livre écrit par Adolf Hitler « Mein Kampf » et déclare à haute voix : « Gutenberg, tes machines à imprimer ont été violées par ce livre satanique ». Plus d’une fois Kellner fut battu et menacé pour avoir exprimé ouvertement ses idées anti-nazies.

Deux semaines avant qu’Adolf Hitler ne devienne chancelier du Reich et que ne débutent les sérieuses poursuites contre les opposants politiques du régime, Kellner emmène sa femme et son fils en sécurité vers l’intérieur du pays, à Laubach-Hesse. Là, il travaillera comme inspecteur de justice au tribunal du district. En 1935, son fils August émigre vers les États-Unis afin d’éviter d’être enrôlé dans l’armée d’Hitler.

Durant le pogrom de novembre 1938, connu également sous le nom « Nuit de cristal », Friedrich et Pauline Kellner tentent d’aider leurs voisins juifs. Les Kellner sont alors avertis qu’ils subiront le même destin que leurs voisins s’ils poursuivent leur résistance au régime nazi.

Ils risquent tous deux d’être envoyés dans un camp de concentration s’ils continuent d’avoir une « mauvaise influence » sur la population de Laubach. Un rapport écrit par le responsable nazi du district, Hermann Engst, montre bien que les autorités avaient prévu de punir Kellner à la fin de la guerre. Comme il ne pouvait plus continuer à agir ouvertement contre le régime, Kellner se décide à confier ses pensées à un journal intime. Il souhaitait que son fils aux États-Unis et que les générations futures sachent que la démocratie doit toujours s’opposer aux dictatures. Il voulait prévenir chacun de résister à la tyrannie et au terrorisme, et de ne pas se laisser berner par la propagande.

À la fin de la guerre, Friedrich Kellner avait écrit 861 pages organisées en dix volumes, qui formait son journal intime.

[modifier] Après la guerre

Après la guerre, Kellner aide le parti SPD de Laubach à reconstruire le pays, il devient plus tard chef du parti SPD de cette ville. Durant les années 1945-46, il est adjoint au maire de Laubach, puis de 1956 à 1960, est nommé premier conseiller municipal et de nouveau adjoint au maire.

De 1933 à 1947, Kellner maintient ses fonctions de directeur administratif en chef au tribunal de Laubach. De 1948 à 1950, il sera inspecteur comptable pour la région. En 1950, bien qu’il soit à la retraite, il continue de travailler comme conseiller juridique durant trois ans, au tribunal de première instance de Laubach.

En 1968, Kellner remet les dix volumes de son journal, qu’il avait écrits secrètement entre 1939 et 1945, à son petit-fils américain, le Professeur Robert Scott Kellner, pour les faire traduire et publier.

Kellner meurt le 4 novembre 1970, il est enterré aux côtés de sa femme et de ses parents dans le cimetière principal du Mayence.

[modifier] Œuvre

[modifier] Journal de Friedrich Kellner

Le journal de Kellner se compose de 10 volumes et 861 pages. Il contient 676 enregistrements en écriture Sütterlin – chacun daté individuellement – entre septembre 1939 et mai 1945. Plus de 500 coupures de journaux sont collées dans le journal intime.

Journal de Friedrich Kellner
Journal de Friedrich Kellner

Kellner n’a pas écrit son journal uniquement pour relater en détails les événements de ces années-là, mais pour montrer aussi aux générations futures comment éviter que le totalitarisme ne revienne et pour montrer sa résistance à toute idéologie qui menace la liberté de l’individu et bafoue le respect de la vie humaine.

[modifier] Accueil de l’œuvre

  • À l’Université Justus Liebig de Giessen (Gießen) a été créé le Projet Kellner, au département de recherches sur l’Holocauste. Le directeur adjoint au département, Sascha Feuchert, considère l’œuvre de Kellner comme un des journaux intimes les plus complets.
  • Au printemps 2005, lors de la commémoration du 60e anniversaire du Jour de la Libération de l’Europe, le journal de Kellner a été exposé à la Bibliothèque George Bush au Texas.
  • Le journal « Giessener Anzeiger » et le groupe local de travail de Laubach ont présenté en septembre 2005, une exposition sur Kellner au Musée populaire de Laubach.
  • À l’été 2006, le journal de Kellner a été exposé au Musée de l’Holocauste de Houston, Texas.
  • En 2007, une compagnie cinématographique canadienne a tourné un documentaire sur le journal de Friedrich Kellner, ayant pour titre : « Ma résistance : le journal intime de Friedrich Kellner ».

[modifier] Liens externes

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