Eugène Labiche

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Portrait d'Eugène Labiche par Marcellin Desboutin
Portrait d'Eugène Labiche par Marcellin Desboutin

Eugène Labiche (Paris, 6 mai 1815 - id., 22 janvier 1888) est un auteur dramatique français, élu à l'Académie française en 1880.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Enfance et adolescence

Eugène Marin Labiche est né à Paris le 6 mai 1815 dans une famille bourgeoise aisée. Son père, tout d’abord épicier en gros, est devenu industriel, en montant, puis en exploitant à Rueil, dans la banlieue ouest de Paris, une petite usine de fabrication de glucose.
Eugène fait des études de jeune homme de bonne famille : il suit les cours au Lycée Condorcet, qui s’appelle alors le collège Bourbon, et il obtient facilement son Baccalauréat de lettres à 18 ans, en 1833.
Il n’entame pas immédiatement des études supérieures. D’une part, le décès de sa mère cette année-là lui a procuré des revenus convenables, et d’autre part il est attiré par l’écriture littéraire.
L’année suivante, en 1834, son père l’autorise à faire un voyage en Italie avec quelques camarades. L'un d’entre eux, Alphonse Leveaux, sera un ami de toute une vie et comptera aussi plus tard parmi ses collaborateurs. Il adoptera le pseudonyme d'Alphonse Jolly pour éviter l'association Labiche/Leveaux.

[modifier] L’âge adulte

Au retour du voyage, qui a duré plus de 6 mois, il entame des études de droit qu’il poursuivra jusqu’à la licence, tout en faisant publier dans de petits magazines de courtes nouvelles. Il rencontre ainsi Auguste Lefranc et Marc-Michel, avec lesquels il va fonder une association en vue de créer des pièces de théâtre ! Ils prennent le pseudonyme collectif de Paul Dandré.
À leur grande surprise, leurs pièces sont acceptées immédiatement et sans le moindre problème. Labiche confiera plus tard : « Je suis vraiment honteux de la simplicité de mon début. [....] Je n’ai eu qu’à tirer le cordon pour entrer. Il est possible que la parenté d'Auguste Lefranc avec Eugène Scribe (ils étaient cousins) ait beaucoup aidé les choses, sans même que Labiche s'en soit rendu compte.
Considérant sans doute la comédie comme un genre inférieur comparé au drame, ils favorisent plutôt ce genre dans leurs premières productions. Mais les succès mitigés de ces spectacles, et sans doute aussi leurs caractères gais et fantaisistes, vont les faire se tourner exclusivement vers la comédie et ses sous-types : vaudeville, farce, pochade, opéra-comique, revues, et leurs hybrides.
Labiche commence aussi à produire en dehors de l’association "Paul Dandré", mais presque toujours avec des collaborateurs. Sur les 174 pièces qu’il signera, il n’en écrira que 4 seules.

Pour toutes ses autres pièces, il s’entourera d’une, de deux, voire de trois personnes. Au total, 46 collaborateurs différents furent associés à sa création théâtrale. Aujourd’hui encore, on ignore comment s’organisait le travail, et cette organisation variait sans doute selon chaque cas. Toujours est-il qu’aucun collaborateur n’a revendiqué par la suite la paternité, ni la propriété, d’une pièce, et Labiche a pu publier en 1878 son Théâtre complet en 10 volumes sans aucune contestation de l’une de ces 46 personnes.
Quand Edmond Gondinet publia à son tour son Théâtre Complet, il indiqua pour la pièce écrite en commun avec Labiche (Le plus heureux des trois): collaborateur Labiche, ce qui semble montrer qu’il n’y avait pas de hiérarchie définie dans ces travaux partagés.
Ces associations furent diverses, tant par leur durée (éphémère, épisodique ou régulière) que par la notoriété des collaborateurs. Ceux-ci pouvaient être soit d'obscurs littérateurs, dont le nom n’est resté dans l’histoire que par cette seule mention de collaborateur en première page d’une pièce, le reste, c’est-à-dire leur vie et leur œuvre, ayant totalement disparu de toutes les données écrites actuelles, soit des dramaturges prolifiques, tel Anicet-Bourgeois, titulaire de 200 pièces, soit enfin des écrivains prestigieux de l’époque, tels Émile Augier ou Ernest Legouvé, tous deux appartenant à l’Académie française plus de 20 ans avant Labiche.
Les méthodes de travail de Labiche furent raillées bien sûr, même si ces pratiques étaient communes à l’époque. Lors de sa candidature à l’Académie française, quelqu’un ne put s’empêcher de glisser que Labiche ne briguait pas un fauteuil de cette vénérable institution, mais un banc pour y asseoir tous ses collaborateurs !
Débutant en 1837, la production de Labiche fut tout d’abord modeste, 2 ou 3 pièces en moyenne par an, parfois aucune pour cause de voyages à l’étranger, en fait le rythme d’un jeune bourgeois dilettante, aimant l’écriture théâtrale, mais n’en ayant pas véritablement le besoin pour vivre. Mais, à partir de 1848, cette production s’accélère, puisqu’il fit jouer en moyenne près de 10 pièces par an jusqu’en 1859. Ensuite le rythme se ralentit progressivement.
Cette décroissance peut s’expliquer par les évènements vécus par Labiche. Il se marie le 25 avril 1842 avec une riche héritière de 18 ans , Adèle Hubert, il achète en 1853 le château de Launoy à Souvigny-en-Sologne, avec 900 hectares de terre qu’il exploite lui-même, a son seul enfant le 12 mars 1856, et enfin est élu maire de Souvigny en 1868. À cette occasion, il dira modestement qu’il a gagné cette élection, car il était le seul de la commune à posséder et à utiliser un mouchoir !
Il connaît alors son apogée. En 1864, sa comédie Le Point de mire est présentée en première à la Cour à Compiègne avant d'être jouée à Paris au Théâtre du Gymnase. Sa comédie-vaudeville La Grammaire sera également jouée à Compiègne. Le prince impérial et ses amis la joueront devant leurs parents.
Enfin arrive 1877, date de sa dernière pièce, La Clé. Labiche avait dit auparavant : « J’ai toujours pensé qu’il y avait quelque chose de plus difficile à faire jouer que la première pièce... C’est la dernière. Songez au vieil auteur démonétisé.... »

[modifier] Vieillesse

Après le relatif échec de cette pièce, il prit la décision de ne plus écrire, et il s’y tint. Il avait alors 62 ans.
Il lui restait à vivre encore une dizaine d’années, ponctuées par de nombreuses reprises de ses pièces, certaines triomphales, et aussi par des joies et par des deuils :

  • élection à l’Académie française le 28 février 1880, succédant au fauteuil 15 à Ustazade Silvestre de Sacy, malgré l'indignation de Brunetière qui déplora "l'invasion des genres inférieurs", et le refus de Victor Hugo de voter pour lui.
  • mariage de son fils en 1882 et naissance de petit-fils en 1883 et 1884
  • décès de sa belle-fille en 1885

Il souffrit pendant plusieurs années de sérieux problèmes cardiaques, et le 22 janvier 1888, il en mourut à son domicile parisien, 67 rue Caumartin. Il avait 73 ans.
Ses obsèques eurent lieu au cimetière de Montmartre. Ludovic Halévy prononça son éloge funèbre au nom de la Société des auteurs, et Maître Edmond Rousse au nom de l’Académie française.
À l'Académie française, Henri Meilhac lui succéda au fauteuil 15.
Sa femme, Adèle, décèdera en 1909.

[modifier] Son œuvre

173 pièces peuvent paraître considérables de nos jours. Pourtant à l’époque c’était une production honorable sans plus. Sans la concurrence du cinéma et de la télévision, les théâtres étaient fortement sollicités par un public désirant se distraire, et par conséquent les directeurs de théâtre étaient constamment demandeurs de spectacles nouveaux. Des auteurs en vogue purent faire jouer plus de 200 pièces, comme Anicet-Bourgeois, Bayard, Scribe ou Clairville (plus de 400 pièces pour chacun des deux derniers).
En dépit de ses succès, parfois même de ses triomphes, Labiche ne fut jamais pleinement satisfait de ses œuvres. Il n’était qu’un auteur de vaudevilles, genre peu considéré des gens de lettres. Il faisait même jouer à l’occasion des genres encore inférieurs, des pochades, des farces ou des revues écrites à la commande, des « roustissures » comme il disait.
Il écrivit : « Ce théâtre du Palais-Royal m’aura fait bien du mal : il aura confisqué au profit de la farce les quelques éléments de comédie que je puis avoir dans la cervelle. »
Il aspirait à quelque chose de supérieur, non le drame, qu’il avait essayé à ses débuts et qui ne lui avait pas réussi, non la haute comédie ingénieusement versifiée pratiquée par un Casimir Bonjour, mais au moins la comédie de mœurs. Il aurait aimé quitter définitivement le monde du Théâtre du Palais-Royal et de sa grosse rigolade, pour n’écrire que pour le Théâtre du Gymnase au genre plus relevé, ou mieux encore pour la Comédie-Française.
Après des années d’effort, il finit en 1864 par y faire accepter une pièce Moi, écrite avec Édouard Martin, jeune homme plein d’ambition. Le succès fut mince, Labiche ayant dû rogner sa fantaisie, la pièce fut jugée plutôt ennuyeuse. Il recommença en 1876 avec l'aide cette fois d'un académicien, Ernest Legouvé, pour La Cigale chez les fourmis. Le succès fut modeste. Ce fut la dernière tentative de Labiche pour entrer dans ce monde prestigieux.
En fait, Labiche n’étant pas venu à la Comédie-Française, ce fut la Comédie-Française, qui, plus tard, vint à Labiche ; mais malheureusement bien après sa mort. Il aura fallu attendre plusieurs dizaines d’années pour que certaines de ses pièces soient admises à la Comédie-Française. Il fait maintenant partie du répertoire classique, et se trouve parmi les 20 auteurs les plus joués de cette institution.
Parmi ses pièces les plus connues, Le Voyage de monsieur Perrichon ne fut inscrit au répertoire de la Comédie-Française qu'en 1906, Un chapeau de paille d'Italie en 1938, Un jeune homme pressé en 1959, et Le Plus Heureux des trois seulement en 1975.
Ce qui montre que Labiche est un grand auteur, puisqu'il résiste si bien au temps !

S'il est vrai que certaines des 174 (selon Gilbert Sigaux) pièces de théâtre de Labiche ne sont que d'insignifiantes farces, il apparaît néanmoins comme un véritable auteur satirique, fin observateur de la bourgeoisie à laquelle il appartient. Ce monde étriqué dans lequel il exalte la toute puissance de l'argent renvoie au contexte financier du Second Empire.

[modifier] Détail de l'Œuvre théâtrale

Théâtre

Par catégories

Personnalités

Acteur - Actrice
Metteur en scène
Décorateur
Dramaturge

Voir aussi

Pièce - Salle
Histoire - Genres
Festivals - Récompenses
Techniques

Le portail du théâtre
Le projet théâtre

[modifier] Œuvres en ligne

Disponibles à la Bibliothèque nationale de France.

Texte 1 / Eugène Labiche ; texte établi par Henry Gidel

Contient:

-Le Major Cravachon
-Deux Papas très bien ou la Grammaire de Chicard
-Le Roi des Frontins
-Un jeune homme pressé
-Le club Champenois
-Embrassons-nous, Folleville
-Un garçon chez Véry
-La Fille bien gardée
-Un chapeau de paille d'Italie
-Maman Sabouleux
-Un Monsieur qui prend la mouche
-Les Suites d'un premier lit
-Le Misanthrope et l'Auvergnat
-Edgard et sa Bonne
-Mon Isménie !
-La Chasse aux corbeaux
-Les Marquises de la fourchette
-La Perle de la Canebière

Texte 2 / Eugène Labiche ; texte établi par Henry Gidel

Contient:

-Si jamais je te pince!...
-Un monsieur qui a brûlé une dame
-L'Affaire de la rue Lourcine
-Deux Merles blancs
-Le Baron de Fourchevif
-Les Petites Mains
-J'invite le Colonel !
-La Sensitive
-Les Deux Timides
-Le Voyage de M. Perrichon
-J'ai compromis ma femme
-Les Vivacités du capitaine Tic
-La Poudre aux yeux
-La Station Champbaudet
-Les 37 Sous de monsieur Montaudoin
-Célimare le bien-aimé

Texte 3 / Eugène Labiche ; texte établi par Henry Gidel

Contient:

-La Cagnotte
-Moi
-Le Point de mire
-Un pied dans le crime
-La Grammaire
-Les Chemins de fer
-Le Choix d'un gendre
-Le Plus Heureux des trois
-Doit-on le dire?
-29 Degrés à l'ombre
-Les Trente Millions de Gladiator
-Le Prix Martin


Précédé par
Ustazade Silvestre de Sacy
Fauteuil 15 de l’Académie française
1880-1888
Suivi par
Henri Meilhac