Ernst von Salomon

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Ernst von Salomon est un écrivain allemand né en 1902 à Kiel, mort en 1972. Il fut d'abord un militant nationaliste sous la République de Weimar avant de se consacrer entièrement à l'écriture.

[modifier] Biographie

Ce hobereau prussien issu d'une famille d'origine huguenote et lorraine fut ennemi des démocrates autant que de la démagogie hitlérienne.

Profondément marqué par sa formation à l'École des Cadets de Karlsruhe où il entre à douze ans, il se rapproche des milieux nationalistes après la défaite de 1918, puis rejoint les Corps Francs, qui le mèneront en Haute-Silésie, en Prusse Orientale et dans les Pays Baltes (corps franc "Baltikum").

Membre de l'Organisation Consul, il est condamné à cinq ans d'emprisonnement pour complicité dans l'assassinat du Ministre des Affaires étrangères libéral Walter Rathenau en 1922, échappant à la condamnation à mort parce qu'il était mineur au moment des faits.

Après sa sortie de prison, il poursuit le combat politique par d'autres moyens, en prenant part notamment au mouvement des paysans dans la région du Schleswig-Holstein, ce qui lui vaut d'être encore emprisonné pour quatre mois.

A leur arrivée au pouvoir, les nazis lui offrent des honneurs qu'il refuse. Durant cette période, il écrit des scénarios pour la UFA, la grande société de production cinématographique allemande, en s'abstenant de tout engagement politique.

Après la défaite de l'Allemagne en 1945, il est interné dans un camp américain pendant quelques mois, les Alliés le soupçonnant d'avoir été nazi. Libéré, il continue à travailler pour le cinéma et s'attache à défendre la mémoire allemande tout en affichant des positions pacifistes.

[modifier] Œuvre

Son œuvre, principalement autobiographique, dépeint avec un mélange d'ironie et de cynisme la société allemande en décomposition, prise entre les spasmes nationalistes, communistes et paysans et l'amertume de la défaite de 1918. Ces convulsions de l'Allemagne du premier après-guerre apparaissent dans ses principaux romans : Les Réprouvés (1930, Die Geächteten), La Ville (1932, Die Stadt) et Les Cadets (1933, Die Kadetten). Il est aussi l'auteur d'un essai sur l'esprit des corps francs, Histoire proche (1936, Nahe Geschichte).

Son livre le plus célèbre est Le Questionnaire (1951, Der Fragebogen), dans lequel il conte notamment l'expérience de son internement dans un camp américain en Allemagne entre 1945 et 1946. Le titre du livre fait référence au document comprenant 131 questions auquel tout citoyen allemand dut répondre pour établir ses éventuels liens avec le régime nazi (le cas le plus emblématique fut celui du chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler). Le Questionnaire rencontra un vif succès, révélant ainsi la persistance d'un traumatisme chez les Allemands.

Le Destin de A. D. paraît en 1960, La Belle Wilhelmine en 1965.

Il est admiré très tôt en France, notamment par Pierre Drieu La Rochelle. Ses ouvrages restent une référence dans la culture de la droite nationaliste. Alain de Benoist, qui lui a consacré une notice assez longue dans son livre Vu de droite, le rattache au mouvement de la Révolution conservatrice.

Son importance littéraire a été aussi reconnue par des auteurs comme Roger Stéphane, qui le compare à Thomas Edward Lawrence et André Malraux (Portrait de l'aventurier), et Marcel Schneider, qui le rapproche d'Ernst Jünger (L'Ombre perdue de l'Allemagne).

Outre les premières éditions, ses livres sont parus en français au Livre de poche en 1966, en 10/18 en 1986 et dans la collection L'imaginaire chez Gallimard plus récemment.

[modifier] Liens externes