Encéphalopathie spongiforme bovine

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L'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), aussi appelée maladie de la vache folle ou en anglais Bovine spongiform encephalopathy (BSE), est une infection dégénérative du système nerveux central des bovins. C'est une maladie mortelle, analogue à la tremblante des ovins et des caprins, causée par un agent d'un type non identifié à l'époque (ni virus, ni microbe), appelé prion.

L'ESB touche principalement les bovidés (bovins domestiques et diverses espèces de bovidés sauvages, dont les bisons) ainsi que les félidés (dont le chat domestique). Elle est transmise par l'ingestion d'aliments contenant des prions (à l'origine : des extraits de carcasses d'animaux d'équarrissage, consommés depuis des siècles après un traitement très agressif, lequel fut assoupli en Angleterre au cours des années 1980 au point de laisser passer le prion dans les « farines animales » insuffisamment chauffées). On a pu expérimentalement constater la transmission possible à d'autres mammifères, dont la souris, le porc et certains singes, en recourant toutefois à des méthodes très invasives (injection dans le cerveau).

Vache atteinte de l'ESB
Vache atteinte de l'ESB

Sommaire

[modifier] Épidémiologie

La maladie a été identifiée pour la première fois en Grande-Bretagne en 1986. Depuis cette date et jusqu'à fin septembre 2004, 183 972 cas y ont été constatés. Le pic de l'épizootie s'est produit entre 1990 et 1995, le maximum de cas enregistrés s'établit à 37 280 en 1992. On a constaté encore 549 cas en 2003 et 148 en 2004 (neuf premiers mois). (source Organisation mondiale de la santé animale - OIE))

La maladie a été exportée hors de Grande-Bretagne à partir de 1989, année où 15 cas se déclarent en Irlande. Dans la période 1989-2004, 4 950 cas sont recensés hors de Grande-Bretagne, essentiellement en Europe continentale, ainsi que :

  • en Israël (un cas en 2002) ;
  • au Canada (trois cas dont un en 1993, deux en 2003 et un en 2007) ;
  • au Japon (13 cas de 2002 à 2004) ;
  • au États-Unis (deux cas de 2004 à 2005 et un cas en 2006).

Les pays les plus touchés sont :

Dans l'ensemble des pays hors Grande-Bretagne le maximum de cas a été enregistré en 2001 (1 013 cas) et 2002 (1 005 cas). Au cours des neuf premiers mois de 2004, 377 cas ont encore été déclarés.

Le 1er août 1999, les instances européennes ont décidé, au grand soulagement des éleveurs britanniques, la levée de l'embargo, en Europe, décrété en 1996, sur la viande britannique en raison de la crise de la « vache folle ». La France a décidé de ne pas appliquer immédiatement cette décision.

Au Canada il a suffi d'un seul cas en Alberta pour que les clients les plus importants, les États-Unis et le Japon, prennent des mesures de boycott très sévères.

L'incidence directe de cette maladie, malgré son côté spectaculaire et l'élimination systématique d'un troupeau où une bête est diagnostiquée, est restée relativement faible, puisque, même en Grande-Bretagne, elle n'a pas dépassé annuellement 3 % du cheptel.

Le 28 janvier 2005, le ministère français de l'agriculture annonce le premier cas d'ESB chez une chèvre d'élevage.

[modifier] Variantes

[modifier] Chez l'Homme

Depuis 1996, un lien est fortement soupçonné entre l'ESB, maladie animale et une nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, maladie humaine.

[modifier] Chez les autres animaux domestiques

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a publié en mars 2005 un avis confirmant définitivement le risque d'ESB chez les petits ruminants (chèvres et moutons). Chez ces deux espèces, le risque de transmission à l'homme peut être plus élevé, car, outre la viande, le lait peut être contaminé. L'Afssa juge insuffisantes les mesures de précaution prises ; le lait des troupeaux suspects n'étant pas testé, et une partie seulement des cadavres d'animaux suspects faisant l'objet de recherches sur les prions[1].

Une épizootie de cachexie chronique/Chronic Wasting Disease (CWD) affecte principalement les États-Unis et dans une moindre mesure, le Canada. Cette maladie à prions décime, que ce soit en fermes d'élevage ou dans la nature, les cervidés qui présentent les mêmes symptômes que les bovidés atteints de la maladie de la vache folle, mais avec une maladie conduisant plus rapidement à la mort.

Le ministère de l'agriculture des États-Unis (USDA) a organisé de gigantesques battues, requérant l'aide de chasseurs, dans le but d'éradiquer ce mal (10.000 cervidés abattus et incinérés au Colorado en 2004), qui se révèle incontrôlable. Plusieurs chasseurs ont été atteints de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, mais le gouvernement américain se refuse à faire un lien avec la « maladie du cerf fou », tout comme avec les récents cas de maladie de la vache folle découverts aux États-Unis (deux) en 2004-05 ou au Canada.

[modifier] Crise de la vache folle

Icône de détail Article détaillé : Crise de la vache folle.

Dès que les médias s'emparent de l'affaire et que le public découvre le problème, une violente crise éclate :

  • crise symbolique : le public découvre que dans les élevages, les vaches ne mangent pas que de l'herbe et des végétaux, mais aussi des compléments alimentaires d'origine minérale, de synthèse, ou animale. Cela heurte l'évidence que ces animaux, herbivores, sont faits pour ne consommer que de l'herbe
  • crise économique : le public applique, à son échelle, le principe de précaution et la consommation de viande bovine s'effondre. Les gesticulations prophylactiques des autorités, très médiatisées et très impressionnantes (en France : abattage du troupeau entier en cas de découverte d'un cas), loin de rassurer, contribuent à l'inquiétude, tandis que les exhortations des responsables politiques à garder son sang-froid et ne pas se priver de viande restent par comparaison sans impact.

[modifier] Affaire de l'« équarri-taxe » en France

En France, l'équarrissage (y compris l'enlèvement des animaux morts, en ferme ou en sortie d'abattoir, impropres à la consommation et qu'il convient d'éliminer le plus rapidement possible afin de juguler toute source d'infection) relève du service public. Très coûteux, il constituait, depuis longtemps, un problème financier.

La crise de la vache folle fait exploser le système. Alors que jusqu'à présent il restait possible de valoriser certains produits du traitement des cadavres, il est décidé, après bien des valses-hésitations, de tout détruire, avec deux effets cumulatifs : perte de revenus directs, et hausse des volumes à détruire et donc des coûts. S'y ajoutait, en plus, un problème de stock et de frais de stockage, à cause du délai entre la décision de tout détruire (et donc d'interdire l'utilisation) et la mise en place d'une solution de destruction (qui sera trouvée chez les cimentiers, dont les fours gros consommateurs d'énergie ne sont pas exigeants sur la nature du combustible).

Dans la logique de service public et du principe pollueur-payeur, ce sont les bénéficiaires (les éleveurs et les abattoirs) qui auraient dû porter le poids financier du problème dont ils sont la source (sur le modèle de la taxe sur les ordures ménagères, par exemple). Mais, dans le contexte de crise et de revenus déjà entamés, cette solution n'est pas apparue politiquement acceptable.

En 1996 c'est donc la distribution de viande qui sera taxée. Les grands opérateurs ont immédiatement porté le litige au niveau de l'Union européenne, alors qu'en 2000 le taux de cette taxe était quintuplé pour atteindre plus de 3 %. En 2003, la Cour de justice européenne condamna définitivement cette taxe, comme faussant la concurrence en raison d'une base de taxation inadaptée. Immédiatement des brigades de contrôle du fisc ont tenté de décortiquer la comptabilité d’une poignée d’hypermarchés pour établir que le montant avait bien été répercuté sur les clients, sans succès utile (notamment parce que cette hausse des prix unitaires se traduit quand même par un perte de volume vendu, et qu'il est impossible de reconstituer rétrospectivement les gains des distributeurs si la taxe n'avait pas été levée).

Le remboursement commença à parvenir aux distributeurs, auxquels s'ajoutèrent des intérêts moratoires — 11 à 12 %.

Désormais, la « taxe sur l’abattage » car acquittée par les abattoirs est la seule en vigueur car elle respecte le principe du « pollueur-payeur ».

[modifier] Dépistage des cas d'ESB en abattoir bovin

Obex pour le Test ESB.
Obex pour le Test ESB.

En abattoir bovin, les cas d'ESB sont recherchés par un prélèvement de l'obex, un petit morceau du bulbe rachidien caché par le cervelet du bovin, en forme de V. Le prélèvement est ensuite analysé en laboratoire grâce à un test immunologique du type ELISA. Le laboratoire prélève la partie droite du V, qui servira au test rapide.

Une fois les résultats connus, les carcasses probablement contaminées (le test peut se révéler positif, mais des faux-positifs peuvent avoir lieu) par le prion sont écartées du circuit alimentaire humain et animal, ainsi que ses co-produits (abats, suifs, cuir, etc.). En France, un second test de confirmation à lieu à Lyon dans un laboratoire spécialisé grâce à la partie restante de l'obex. La lecture de ce second test est possible au bout d'une semaine. Cependant, les carcasses de bovins ne pouvant pas rester dans les frigos pendant ce temps pour des raisons d'hygiène, les carcasses sont détruites avant l'obtention des résultats. Les organes à risques ou matières à risques spécifiés (MRS) sont récupérés pour être détruits (moelle épinière, intestins, le cerveau et les yeux). La destruction des carcasses est prise en charge par l'inter-profession, mais le manque à gagner dû à la destruction des MRS est important pour l'abattoir (environ 600€ la tonne).

Les veaux ne font pas l'objet de recherche de l'ESB, cependant certains organes à risques sont détruits (les intestins).

[modifier] Notes et références

  1. Marianne no 418 du 23 avril 2005

[modifier] Voir aussi

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