Crise de la vache folle

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La crise de la vache folle désigne, dans les années 1990, l'effondrement du marché de la viande bovine dû au sentiment d'inquiétude des consommateurs après l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine qui a touché les élevages européens à partir de 1986. Cette maladie, appelée aussi « maladie de la vache folle », est soupçonnée de transmettre à l'homme une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob.

Après une longue hésitation, la communauté européenne décrète en 1996 l'embargo sur la viande provenant de Grande-Bretagne, où a été identifiée la première épizootie. La maladie atteint progressivement le reste de l'Europe. Pour limiter son développement, plusieurs pays décident d'abattre systématiquement les troupeaux dans lesquels une bête est atteinte.

À cette occasion, le public découvre que les bovins destinés à la consommation ne sont pas nourris uniquement d'herbe et de végétaux, mais aussi de compléments alimentaires d'origine minérale, de synthèse ou animale.

Par précaution, les consommateurs achètent moins de viande bovine, ce qui entraîne la chute du marché. Alors qu'en 1995, la consommation de viande bovine par habitant s'élevait en France à 27,7 kilos [1], les achats connaîtront une baisse d'environ 15 % en 1996, atteignant 25 % (45% pour les abats) après l'annonce de la transmissibilité de l'ESB à d'autres espèces. Les viandes de volailles ont profité de la crise, enregistrant des hausses qui ont atteint 25 % pour le poulet et jusqu'à 33% pour la pintade.

L'Union européenne et les pays concernés ont alors réagi en adoptant des dispositions législatives pour rassurer les consommateurs et garantir une meilleure sécurité alimentaire : contrôle des importations et des élevages, règles d'hygiène plus strictes et mise en place de systèmes de traçabilité.

Sommaire

[modifier] Chronologie

  • novembre 1986 : apparition de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) au Royaume-Uni.
  • décembre 1987 : les premières analyses concluent que la maladie provient de l'incorporation de farines d'origine animale dans l'alimention des ruminants
  • 1988 : en Grande-Bretagne, l'ESB est soumise à déclaration obligatoire, et tous les bovins atteints d'ESB doivent être abattus et détruits à titre préventif. Les autorités britanniques interdisent de nourrir les bovins avec des farines d'origine animale.
  • 1989 : le gouvernement britannique interdit à la consommation certains abats (cervelle, intestin, moelle épinière, etc.). La France décide d'interdire l'importation de farines animales britanniques destinées aux ruminants. La Communauté européenne interdit l'exportation de vaches anglaises de plus d'un an ou suspectées d'ESB.
  • 1990 : la Communauté européenne estime que les animaux atteints d'ESB ne sont pas dangereux pour la santé humaine. L'importation des viandes britanniques peut reprendre, ce que dénonce la France. La Suisse décide de l'interdire. La France impose la déclaration obligatoire de bovins atteints d'ESB et interdit l'utilisation des farines animales dans l'alimentation des bovins.
  • 1991 : découverte du premier cas de vache folle en France, où le gouvernement ordonne d'abattre tout le troupeau si un animal est atteint. Les chercheurs découvrent la possibilité de transmission de l'ESB à d'autres espèces.
  • 1993 : la maladie atteint son point culminant au Royaume-Uni (près de 800 cas par semaine). Des éleveurs britanniques en contact avec des vaches atteintes d'ESB meurent de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
  • 1994 : l'Union européenne interdit les protéines issues de tissus bovins dans l'alimentation des ruminants et l'exportation de viande bovine provenant d'un élevage ayant eu un cas d'ESB.
  • 1995 : plusieurs agriculteurs britanniques sont victimes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Une nouvelle forme de cette maladie apparaît en Grande-Bretagne et en Allemagne. Les médias annoncent la possible transmission de l'ESB à l'homme.
  • 1996 : Après la France et d'autres pays, l'Union européenne impose l'embargo sur tous les bovins et leurs produits dérivés provenant du Royaume-Uni. Le marché de la viande bovine est en chute libre. Plusieurs pays européens mettent en place un système d'identification national de la viande.
  • 1997 : l’Union européenne se prononce pour la levée partielle de l’embargo sur les exportations des viandes bovines britanniques, ce que les pays membres estiment prématuré.
  • 1998 : création en France du Comité national de sécurité sanitaire (CNSS), de l’Institut de veille sanitaire (InVS) et de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA).
  • 1999 : la France refuse de lever l’embargo contrairement à la décision de la Commission européenne. Débat autour du principe de précaution.
  • 2000 : l’Union européenne annonce le lancement d'un programme de tests rapides de diagnostic de l'ESB. En France, les supermarchés Carrefour demandent à leurs clients de rapporter la viande de bœuf achetée dans leurs rayons, soupçonnée de provenir d’animaux atteints de l’ESB. Le gouvernement suspend l’utilisation des farines de viande et d’os dans l’alimentation des porcs, des volailles, des poissons et des animaux domestiques. La magazine Nature publie une étude britannique estimant que 7 300 animaux contaminés par l’ESB seraient entrés dans la chaîne alimentaire en France depuis 1987. Nouvelle crise de la vache folle.
  • 2002 : la France annonce qu’elle lève l’embargo sur le bœuf britannique.

Le nombre de cas de bovins atteints d'ESB est régulièrement en baisse au niveau mondial, passant de 1 646 en 2003 à 878 en 2004 et à 474 en 2005.

[modifier] Notes et références

  1. Les retombées économiques de la crise de la vache folle, Inra

[modifier] Sources

[modifier] Voir aussi