Catastrophe ferroviaire de Saint-Michel-de-Maurienne

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La catastrophe ferroviaire de Saint-Michel-de-Maurienne fit 425 morts (le chiffre reste encore indéterminé) dans la nuit du 12 au 13 décembre 1917 à la suite du déraillement d'un train de permissionnaires en surcharge.

Dans la nuit du 12 au 13 décembre 1917, un train de permissionnaires venus d'Italie, heureux de retrouver la Savoie après avoir aidé pendant plus d'un mois les Italiens à récupérer les terres perdues lors de la bataille de Caporetto du 24 octobre, quitte la gare de Modane où 2 rames supplémentaires lui ont été raccordées. Mais le voyage qui devait les reconduire dans leur famille pour les fêtes de fin d'année s'achève tragiquement à Saint-Michel-de-Maurienne.

Le convoi de 19 wagons (350 mètres et 526 tonnes), transportant officiellement quelques 982 « Poilus » est devenu incontrôlable, lancé à la vitesse de 150 km/h.

En fait, le convoi transportait beaucoup plus de soldats et se trouvait en surcharge pour la pente forte (33 pour mille) de la voie entre Modane et Saint-Michel-de-Maurienne. Il comportait trop de wagons par rapport à la capacité de freinage de la locomotive. Un tel convoi aurait dû être pris en charge par deux locomotives. Or, la deuxième locomotive prévue a été réquisitionnée pour un train de munitions par l'officier en charge de la régulation. Le conducteur ayant refusé de prendre le départ en raison des risques en gare de Modane a été directement menacé de représailles par l'officier qui l'a obligé à faire démarrer le convoi.

La première voiture déraille à 100 km/h (tronçon alors limité à 40 km/h) et l'attelage se rompt, à 1 300 mètres seulement de la gare de Saint-Michel-de-Maurienne. Les wagons de bois, encastrés les uns dans les autres prennent feu rapidement à cause des bougies qui avaient été allumées pour pallier l'électricité déjà déficiente et brûlent jusqu'au matin. Le feu est également attisé par les grenades et les munitions qu'ont ramené en cachette les permissionnaires.

Le mécanicien de la locomotive, trop occupé sur ses freins défaillants ne remarque l'absence des voitures qu'à son arrivée à Saint-Jean-de-Maurienne où il est finalement parvenu à stopper sa locomotive et son tender. Lui et les soldats écossais attendant leur départ pour Modane (2 divisions britanniques avaient également été envoyées sur le front italien en octobre), ainsi que les employés de chemin de fer des deux gares sont immédiatement partis en reconnaissance pour tenter de sauver ce qu'il pouvait rester de survivants. Leur entreprise a notamment été rendue difficile par le passage escarpé dans lequel le convoi se trouvait, le brasier des voitures, mais aussi la hauteur des débris superposés.

De l'amas de ferraille, 425 corps sont officiellement retirés, affreusement mutilés puis inhumés dans un terrain communal contigu au cimetière.

Au même titre que l'hôpital militaire de Saint-Jean-de-Maurienne, l'usine toute proche de La Saussaz est réquisitionnée pour soigner les blessés.

Cet accident, qui demeure aujourd'hui encore la plus grande catastrophe ferroviaire française, est le souvenir le plus tragique de la Grande Guerre (1914-1918) dans la région.

Cet accident est resté classé secret militaire pendant de nombreuses années après la fin de la guerre et aucun des principaux agents mis en cause ne sera jugé coupable.