Basajaun

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Dans la mythologie basque, le Basajaun ou Baxajaun (pluriel : Basajaunak, femme : Basaandere, Basa Andere, Basandere) désignerait une ancienne race humaine d'hommes corpulents, poilus et sauvages, vivant autour de la région des Pyrénées, en particulier dans la forêt d'Iraty. Ils seraient des constructeurs de mégalithes et auraient eu connaissance de la magie. Beaucoup de gens admettent que l'on désigne ainsi un génie, qui dans de nombreux cas, habite au plus profond des bois ou dans des cavernes situées en des lieux élevés. En basque, Basajaun signifie littéralement « le seigneur de la forêt », ou encore « le seigneur sauvage ». Par ses caractères physiques et ses comportements, c'est un des "hommes sauvages" ou sylvains, protecteurs de la nature et des activités agro-pastorales, connus dans la plupart des cultures traditionnelles, et plus particulièrement dans les zones de montagnes (yéti, almasty, Jean de l'Ours et autres...)

Sommaire

[modifier] Signification du nom

Le nom Basa jaun signifie « seigneur sauvage », tandis que le nom Basa andere signifie « femme sauvage ».

[modifier] Caractéristiques

Le Basajaun serait bien bâti, d'environ 2 à 3 mètres de hauteur, ses cheveux rouge foncé atteindraient ses genoux, il serait très agile, fort, velu, avec des caractéristiques animales. Étant des génies ruraux, les Basajaunak "voient" au-dessus des forêts et de toutes créatures sauvages, et sont également considérés comme les protecteurs des troupeaux : si l'orage survient, un Basajaun criera pour avertir le berger; ils empêchent aussi les loups d'approcher les troupeaux.

Dans d'autres récits populaires, ils seraient les premiers à avoir cultivé la terre : les êtres humains obtinrent le droit de cultiver la terre lorsqu'un jour un homme (souvent il s'agit de saint Martin) gagna un pari contre un Basajaun, il aurait alors volé les graines que le Basajaun était en train de semer, et serait revenu vers les siens pour leur enseigner comment produire la nourriture. Ils feraient également figure de premiers forgerons, de premiers meuniers (dans chaque cas, un secret essentiel leur est dérobé par les hommes). Autrefois, ils se servaient de la scie, encore inconnue des Basques, la lame leur avait été inspirée par la forme dentelée d'une feuille de châtaignier.
Ils sont l'archétype des Gentils ou Jentils, peuples d'avant le christianisme, détenteurs de secrets, chassés par la nouvelle religion. Le Basajaun, comme à peu près toutes les créatures mythiques, est arrêté et perd tout pouvoir devant les signes religieux : le son des cloches, les croix, les chapelles...

[modifier] Habitat

Les Basajaunak vivent dans les montagnes du Pays Basque. Ils élisent domicile dans le sol, dans des sortes de renfoncements nommés des "citernes". Dans le sens basque, il s'agit d'une galerie qui met en communication le monde extérieur et le monde souterrain. Celles-ci sont si vastes qu'elles font penser à d'immenses châteaux.

[modifier] Particularités

Les Basajaunak sont excessivement rapides à la course. Pourtant, ils doivent s'appuyer sur un bâton. Les empreintes qu'ils laissent dans la neige sont facilement reconnaissables. En effet, on y distingue un pied d'homme à côté d'un pied de cheval. Ils sont parfois dotés d'un œil unique, situé au milieu de leur front : caractéristique propre au cyclope (Tarto, Tartaro) avec qui on l'a progressivement assimilé. D'ailleurs, on donne souvent à l'un et à l'autre le nom d'Anxo.

Les enfants naissant de l'union d'un Basajaun et d'une humaine se nomment des hachkos.

[modifier] Les Basaandere

Les Basaandere, compagnes des Basajaunak, ont pour habitude de rester à proximité de l'entrée des citernes, ou près des fontaines. Elle y passent des heures à peigner leur chevelure, tout en gardant un œil sur leurs vastes trésors. Le vol d'un peigne d'or, par un berger, est un thème de conte fréquent.

Il est pratiquement impossible de voir de près l'une de ces créatures, car dès que l'on s'en approche, elles disparaissent comme par magie.

[modifier] Comment s'en débarrasser ?

Il y a deux moyens de se débarrasser d'un Basa jaun :

  • Soit on lui propose une devinette, ou un jeu d'esprit. Ils adorent les énigmes, mais leur manque de perspicacité les force à réfléchir si longtemps que leurs victimes ont tout le temps de s'enfuir.
  • Soit on éventre Herensugue (le serpent à sept têtes qui les protège). Un lièvre s'échappera de son ventre, et il faut le saisir par les deux oreilles. Du ventre du lièvre s'envole une colombe qu'il faut tenir jusqu'à ce qu'elle ponde un œuf. Avec cet œuf, il faut heurter le front du Basajaun afin qu'il s'écroule à terre, mort. Cette recette classique (l'œuf dans une série d'animaux imbriqués les uns dans les autres) qui se retrouve dans un grand nombre de contes européens, figure dans un conte recueilli par Jean-François Cerquand

[modifier] Spéculation

D'après certains, les histoires sur les Basajaunak tireraient leur origine de la rencontre des proto-Basques, qui seraient arrivés il y a environ 40 000 ans, avec les derniers Néandertaliens, alors en voie d'extinction.[1] Ceci est toutefois en contradiction avec le fait que les Basajaunak auraient donné l'agriculture aux Basques, cette pratique étant totalement étrangère au Néandertaliens et n'étant adoptée qu'au Néolithique.

[modifier] Légende et réalité

Jean-Jacques Rousseau parlait d'hommes sauvages des Pyrénées en 1754 dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Linné classa ces humains marchant à quatre pattes, ne sachant pas parler et velus, dans l'espèce Homo ferus. En 1776, l’ingénieur Leroy, responsable de la Marine royale et de l’exploitation des forêts d’Aspe et d'Iraty, fait part dans son mémoire d'un homme d’une trentaine d’années, poilu comme un ours, probablement atteint d’hypertrichose (syndrome d’Ambras).[2]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Néanderthaliens reliques hispano-pyrénéens par Michel Raynal
  2. "Xan de l'Ours, la légende de l'homme sauvage" de Marc Large, préface de Renaud, éditions Cairn

[modifier] Liens internes

[modifier] Bibliographie

  • Jean-François Cerquand, Légendes et Récits populaires du Pays Basque, Bordeaux, éditions Auberon, 1992
  • Julien Vinson, Le Folklore du Pays basque, Paris, Maisonneuve, 1883
  • José Miguel Barandiarán, Dictionnaire Illustré de la Mythologie Basque, traduit et annoté par Michel Duvert, Éditions Elkar
  • Edouard Brasey, L'encyclopédie du merveilleux, T3 : Des peuples de l'ombre, Le Pré aux Clercs, 2006, p.11-13.
  • Marc Large, "Xan de l'Ours, la légende de l'homme sauvage", préface de Renaud, Éditions Cairn, 2008

[modifier] Liens externes