Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Discours sur l'origine et
les fondements de l'inégalité parmi les hommes

Illustration de Discours sur l'origine etles fondements de l'inégalité parmi les hommes

Auteur Jean-Jacques Rousseau
Genre Essai
Pays d’origine France France
Date de parution 1755

Le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, titre original de l'œuvre parfois également publiée comme De l'Inégalité parmi les hommes, est un essai écrit par l'écrivain et philosophe genevois de langue française Jean-Jacques Rousseau.

Sommaire

[modifier] Historiquement

Cet essai philosophique fut commencé en 1753 et publié en 1755, en réponse à un sujet de l'Académie de Dijon intitulé: « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ? »

Sa participation au concours est dans la continuité du Discours sur les sciences et les arts pour lequel il avait déjà été primé en 1750 par cette même académie, mais cette fois ci il fut quelque peu critiqué... Notamment par Voltaire dans une lettre datée du 30 août 1755, et dans laquelle il écrit : « J'ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain (...) On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes, il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. »

Il s'agit, pour ainsi dire, de son premier grand texte philosophique. Parce qu'il avait quelque peu désavoué le précédent qu'il jugeait être un ouvrage naïf, et puisque ce Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes pose les bases d'une philosophie de la Nature qu'il développera encore dans Du contrat social et Émile, on peut donc admettre qu'il s'agit là d'un des tournants dans la vie littéraire de Jean-Jacques Rousseau.

Ce discours a valu à Rousseau une condamnation religieuse, puisque le clergé lui reprochait de nier le péché originel, c'est-à-dire d'adhérer au pélagianisme.

[modifier] Présentation

De l'inégalité parmi les hommes est un essai philosophique d'une centaine de pages environ, richement annoté par l'auteur, introduit par une lettre de louanges à la République de Genève ainsi que par une préface de l'auteur datée du 12 Juin 1754.

Il est accompagné, dans beaucoup d'éditions récentes, d'un virulent échange entre Voltaire et Jean-Jacques Rousseau où le premier fustige la vision optimiste de la nature humaine du second, ainsi que sa vision de l'homme en société.

Le texte, enfin, est amené par la question de l'Académie de Dijon : « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ? », sur laquelle repose l'essai entier.

[modifier] Étude de texte

[modifier] Une entreprise audacieuse

La préface de Rousseau fait figurer en bonne place la question suivante : « Quelles expériences seraient nécessaires pour parvenir à connaître l'homme naturel ; et quels sont les moyens de faire ces expériences au sein de la société ? »

La démarche de l'auteur sera donc de définir, par le raisonnement et la conjecture, un modèle qui ait pu amener l'homme primitif à fonder la société en général, et ses systèmes politiques en particulier. Il ne s'agit donc pas d'une étude anthropologique avant l'heure, et le projet n'a pas pour vocation d'établir de vérité scientifique.

Toutefois, il faut noter que son œuvre contient des problématiques de l'anthropologie d'aujourd'hui notamment en faisant preuve de décentrement par rapport à sa propre culture. « Quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi, mais pour étudier l'homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin. » Il a fait du regard lointain, la conviction du regard sur l'homme. C'est en découvrant les particularités des diverses sociétés qu'on peut découvrir les propriétés de l'homme. Ainsi, il est à l'origine de la méthode inductive qui caractérise l'anthropologie.

L'objectif, s'il n'est pas celui de fonder des certitudes, est donc au moins d'apporter par une expérience de pensée une légitimité aux puissants et un sens à la condition des opprimés.

La question primitive est donc de définir la nature même de l'Homme. Et avec elle, d'apporter un cadre philosophique à l'état de nature.

[modifier] L'état de nature selon Rousseau

L'état de nature, pour Jean-Jacques Rousseau, occupe une place essentielle dans le questionnement philosophique. L'ironie est que l'auteur n'a jamais vraiment donné de définition concise de cet état : c'est pourtant dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes que le thème connait un de ses traitements les plus approfondis:

« Connaissant si peu la nature et s'accordant si mal sur le sens du mot loi, il serait bien difficile de convenir d'une définition de la loi naturelle. »

« On commence par rechercher les règles dont, pour l'utilité commune, il serait à propos que les hommes convinssent entre eux ; et puis donne le nom de loi naturelle à la collection de ces règles, sans autre preuve que le bien qu'on trouve qui résulterait de leur pratique universelle. »

Rousseau utilise ici un principe d'exclusion : il veut donc donner un cadre à ce qu'est l’homme naturel, excluant ainsi de cet état de nature tout ce qui, aux origines, ne le concerne pas.

[modifier] Une critique politique

La démarche de l'auteur est, plus que de promouvoir une République, de fustiger les inégalités politiques ou sociales en démontrant que leur cause n'est pas celle de la nature.

« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire « Ceci est à moi », et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. »

Jean-Jacques Rousseau, dans la lignée de Du contrat social que célébreront les futurs révolutionnaires, célèbre un état tel que ses dirigeants ne soient pas au dessus des lois : il met donc en garde contre la corruption et l'altération des libertés, comme étant fondamentalement le penchant de tout système politique.

« Il serait aisé de prouver que tout gouvernement qui, sans se corrompre ni s'altérer, marcherait toujours exactement selon la fin de son institution, aurait été institué sans nécessité, et qu'un pays où personne n'éluderait les lois et n'abuserait de la magistrature, n'aurait besoin ni de magistrats ni de lois. »

[modifier] Liens externes

Pages sur ce thème sur les projets Wikimedia :