Association des oulémas musulmans algériens

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L'Association des oulémas musulmans algériens est toujours existante et très importante dans la vie politique et religieuse de l'Algérie. Cette association lutta fortement contre la colonisation française en Algérie. Sur le plan religieux, ils s'inspiraient surtout de Mohammed Abdou et de son disciple Rachid Rida, qui recommandait le retour aux préceptes religieux des théologiens syriens du XIVe siècle. Sur le plan politique ils ont été influencés par l'émir Chekib Arslan, et le Néo-Destour tunisien. Le mot d'ordre du mouvement était « L'arabe est ma langue, l'Algérie est mon pays, l'islam est ma religion. »

Sommaire

[modifier] Création de l'association

L'association est crée le 5 mai 1931. Elle groupa tous les oulémas d'Algérie, même maraboutique donc pouvant sortir de l'islam, mais l'influence réelle appartient aux savants formés dans les pays du Moyen-Orient et à Tunis. Le groupe devint influent avec l'apparition de son véritable chef, le cheikh Abdelhamid Ben Badis de Constantine. Ben Badis est accompagné d'autres cheikhs, le cheikh El-Okbi qui a passé vingt-cinq ans au Hedjaz, à Médine et à La Mecque et le cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi. Le cheikh Bachir passa plusieurs années en Égypte et en Syrie.

[modifier] Programme des oulémas

Leur programme est à la fois religieux et culturel. Au point de vue religieux, ils ont voulu ramener l'islam algérien à sa pureté originelle, en rejetant les rites malékites en luttant contre les superstitions et le fétichisme. Au point de vue culturel, ils se sont consacrées à restaurer la communauté islamique, en rapprochant sunnites et chiites sur la vérité sunnite, arabophones et berbérophones, pour créer un seul bloc de musulmans algériens.

[modifier] Éducation

Ils dispensaient une éducation aux enfants algériens, leur méthode pédagogique est conçue, d'après Charles-André Julien, selon le canon moyen-orientale et panarabe. Ils dispensaient des cours d'enseignement de la langue arabe, des cours de vulgarisation de l'histoire nationale algérienne, de religion, de grammaire, de mathématique, etc. Les étudiants devaient assimiler l'esprit critique de la science contemporaine afin qu'ils puissent selon Ben Badis « assimiler tout le modernisme et toute la culture de notre époque au moyen de la langue arabe. » La plus importante école religieuse crée, fut celle de Constantine, créée sous les auspices de Ben Badis, cette école reçut environ trois cents enfants. Dans les écoles des grandes villes, les oulémas donnés des cours de théologie, de philosophie, de droit, de littérature et d'histoire. Le but suprême devait être de crée à Alger une grande université, sur le modèle de la Zitouna de Tunis, qui serait un centre de rayonnement de la culture arabe.

[modifier] Politique

Sur le plan politique, les oulémas représentent la tendance arabo-islamique dans le mouvement national algérien dont elle constitue l'une des principales composantes. Les oulémas sont partis en croisade contre les marabouts et les zaouïas. Le mouvement pratiquait peu d'alliance avec les partis politiques algériens, et comme pour le Destour et l'Action marocaine, ils ne manquaient jamais de rappeler l'individualité de l'Algérie qu'on ne peut confondre avec la France. Les mesures d'assimilations sont rejetées par les oulémas, Ben Badis exprima sa vision de la nation algérienne en 1931,

« Nous avons cherché dans l'histoire et dans le présent et nous avons constaté que la nation algérienne musulmane s'est formée et existe, comme se sont formées toutes les nations de la terre. Cette nation a son histoire illustrée par les plus hauts faits ; elle a son unité religieuse et linguistique ; elle a sa culture, ses traditions et ses caractéristiques, bonnes ou mauvaises comme c'est le cas de toute nation sur terre. Nous disons ensuite que cette nation algérienne n'est pas la France, ne peut être la France et ne veut pas être la France. Il est impossible qu'elle soit la France, même si elle veut l'assimilation. Elle a son territoire déterminé qui est l'Algérie avec ses limites actuelles.[1] »

[modifier] Relations avec la France

Les oulémas prenaient une place de plus en plus importante dans la vie politique et religieuse algérienne, ce qui inquiétait au plus haut point les autorités françaises. Leur enseignement libre sapait celui des madrasas et des principales mosquées dirigées par des professeurs recrutés par le ministère des affaires indigènes. Leur enseignement religieux menaçait les moqaddems des confréries soufies, les cheikhs des zaouïas maraboutiques et plus généralement les fonctionnaires du culte et de la justice (imams, muftis et cadis).

Pour mettre fin à tout ça, le gouvernement décide en 1930 d'instituer dans chaque département, des comités consultatifs du culte. La circulaire Michel ordonne aux autorités locales de surveiller de très près les communistes et les oulémas. Par cette circulaire, les oulémas ne peuvent plus prêcher dans les mosquées, mais ceci ne diminuera en rien le prestige des oulémas. Cette interdiction de prêche s'adressait surtout au cheikh El-Okbi qui bénéficiait d'un grand prestige. Pour mettre fin aux activités du cheikh El-Okbi, la police décide de faire assassiner le mufti malékite d'Alger, Bendali Mahmoud, par un repris de justice. Akache assure avoir reçu des mains même d'El-Okbi le couteau et 30 000 francs. Cette machination policière permet à la police de mettre sous arrêt le cheikh, mais Akache revient rapidement sur ses accusations ce qui permet à El-Okbi de retrouver sa liberté. Grâce à cet incident, l'administration est déconsidérée par les musulmans, et le cheikh sort de prison en martyr des autorités françaises.

[modifier] Références

  1. Charles-André Julien, L'Afrique du Nord en marche, p.104
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