Archétype (psychanalyse)

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Dénomination issue de la psychologie analytique pour désigner des processus psychiques inconscients ayant une importance dans la vie psychique du sujet.

Ces processus ont des répercussions dans la vie consciente et peuvent être ramenés à la conscience du sujet pour lui permettre de dépasser ses conflits et devenir plus adulte. Chaque sujet est porteur de tendance et de catégories qui lui sont propre et qui n'ont de sens que dans son histoire personnelle.

La psychologie analytique, sous l'impulsion de Carl Gustav Jung, a toutefois identifié des tendances et des catégories qui revenaient régulièrement dans les rêves ou les discours, mais elle a pu aussi identifier l'expression de ces archétypes dans la culture.

Sommaire

[modifier] Avant propos théoriques :

[modifier] La compréhension de ce qu’est un archétype

La compréhension de ce qu’est un archétype doit se faire en le resituant dans le cadre de sa théorie.

« La complexité de la psychanalyse jungienne tient au fait que toutes les instances psychiques sont en étroites relations les unes avec les autres. Décrire isolément un concept donne de lui une vision forcément partielle car ne tenant compte ni des rapports dynamiques avec les autres instances ni de l'ensemble du système psychique. Tout est lié, tout est en mouvement. » in La psychanalyse jungienne, Collection Essentialis, ED. Bernet-Danilot, Avril 2002

Icône de détail Article détaillé : psychologie analytique.

Dans le cadre de cette théorie ils sont présentés sous la forme de personnages (enfant, homme, femme) et de catégories (tendance masculine, féminine, part d’ombre, etc.). On doit cette forme de présentation au fait que les archétypes, bien qu’ils n’apparaissent pas de manière consciente à la personne, sont présents sous la forme de personnages dans les rêves et tirent les ficelles dans la vie de la personne, tout au long de sa vie.

« Un archétype s'inscrit toujours dans une trame factice, avec des représentations à double emploi. L'archétype s'inscrit dans une trame de représentations apparentées entre elles, conduisant toujours à d'autres images archétypiques et se chevauchant constamment les unes les autres, et dont l'ensemble forme le singulier tapis de la vie. » in C.G. Jung, Sur l’Interprétation des rêves, Albin Michel, 1998 p 220.

Certaines catégorie de ces personnages, parce qu'elles reviennent souvent dans les rêves, ont pu être identifiée par les analystes. Elles sont utiles dans la compréhension de soi et jouent un rôle dans le processus d’individuation (réalisation de sa personnalité vrai).

[modifier] La constellation conceptuelle encadrant le concept d'archétype

Ces processus ont été décrit, analysé puis conceptualisé par Carl Gustav Jung dans le cadre de la psychologie analytique. Les archétypes sont, pour Carl Gustav Jung, les organisateurs de vie de l’âme, c'est à dire la vie psychique de l'être humain.

Icône de détail Article détaillé : âme (psychologie analytique).

Ils peuvent être catégorisables (catégories de tendances du sujet : féminin, masculin, ombre etc.) et personnalisables (il s’agit alors des traits de caractères de l’individus : l’enfant divin , le trickster, etc.). Par exemple la part de masculinité de la femme se nomme l’animus (catégorie) et comporte des personnages masculins (ou le pendant chez l'homme que l'on nomme alors l'anima).

Icône de détail Article détaillé : animus.
Icône de détail Article détaillé : anima.

L’intérêt de la psychologie analytique est de permettre à l’individu d’en prendre conscience, de se les approprier afin de se connaître, de devenir plus adulte et plus mature. L’une des manière pour ce faire est l’étude de ses propres rêves.

Icône de détail Article détaillé : Rêve (psychologie analytique).

Cette prise de conscience conduit à un processus de maturation, mais comme le dit C.G. Jung, lui-même analysé au départ par Freud, « Ce n'est pas moi qui me crée moi-même : j'adviens plutôt à moi-même. » (Carl Gustav Jung, "Le symbole de la transsubstantiation dans la messe", in Les racines de la conscience, Paris, Buchet Chastel, 1971, p.281.). Dans la pensé jungienne ce développement personnel est nommé individuation.

[modifier] Caractéristiques de l'archétype

[modifier] Une forme à découvrir en soi : Une préforme vide.

D’une manière générale, dans la vie de tous les jours, la théorie dit que ces archétypes sont "une préforme vide".

En effet, l’archétype ne peut se représenter de lui-même. Il ne peut qu’organiser les comportements et processus psychiques dans le sens de son programme instinctuel, mais non se représenter à priori. Par exemple la femme sauvage ou le trickster ne se présentent pas de façon imaginaire et visible intérieurement pour le sujet.

« On doit toujours garder à la conscience que ce que nous voulons signifier par "archétype" est non représentable en soi, mais a des effets qui permettent des illustrations, lesquelles sont les représentations archétypiques. » (C.G. Jung, « Réflexions théoriques sur la nature du psychisme » (1946), in Les racines de la conscience, Buchet-Chastel, PARIS, 1971 p.539)

Ainsi la mise à jour de tel ou tel personnage qui tire les ficelles en nous se fait par construction consciente, lente et graduelle. La théorie ne dit pas qu’une personne est un trickster ou une femme sauvage par exemple. Elle dit qu’il y a un processus dans cette personne dont la forme a l’apparence d’un trickster ou d’une femme primitive.

Dans le cadre de la clinique ou d’un travail sur soi, c’est d’ailleurs à la personne de trouver, chercher ses formes, ses personnages, la théorie ne dictant rien en la matière. Les personnages et les catégorisations sont dus au travail de Jung mais chacun est différent et il ne faut donc pas chercher à coller à la théorie.

« Ceux qui ne se rendent pas compte de la tonalité affective particulière de l'archétype ne se retrouveront qu'avec un amas de concepts mythologiques, que l'on peut sans doute assembler de façon à montrer que tout a un sens, mais aussi que rien n'en a. Les cadavres sont tous chimiquement identiques, mais les individus vivants ne le sont pas. Les archétypes ne se mettent à vivre que lorsqu'on s'efforce patiemment de découvrir pourquoi et comment ils ont un sens pour tel individu vivant. » in C.G. Jung L'homme et ses symboles, Robert Laffont, 1964 p 96.

[modifier] La recherche archétypale

La recherche archétypale est le travail que fait un sujet pour se comprendre en identifiant des tendances en lui. Il faut la distinguer de la recherche sur les archétypes faite par les analystes et n'a rien avoir avec l'idée d'une sorte d'héritage culturel qui serait transmis génétiquement.

Si la psychologie analytique, sous l'impulsion de Carl Gustav Jung, a pu identifier l'expression de ces archétypes dans la culture et en a fait des catégories, cela ne signifie pas que les archétypes sont des motifs mythologiques présents en nous dont nous serions les héritiers :

« On croit souvent que le terme "archétype" désigne des images ou des motifs mythologiques définis. Mais ceux-ci ne sont rien autre que des représentations conscientes : il serait absurde de supposer que des représentations aussi variables puissent être transmises en héritage» . in C.G. Jung L'homme et ses symboles, Robert Laffont, 1964 p 67.

Il s'agit de catégorisations, de tendances en nous qui, si on on prends conscience, nous permettent de mieux nous connaitre et nous comprendre :

«  L'archétype réside dans la tendance à nous représenter de tels motifs, représentation qui peut varier considérablement dans les détails, sans perdre son schème fondamental. » in C.G. Jung, L'homme et ses symboles, Robert Laffont, 1964 p 67.

[modifier] La force des archétypes : un pattern of behaviour

  • Un pattern of behaviour (motif comportemental) car il organise non seulement les perceptions, représentations et processus psychiques, mais aussi l’activité et les comportements du sujet, son expérience du monde. Jung insiste à de nombreuses reprises sur la parenté entre son concept d’archétype et le concept biologique de pattern of behaviour, comme en témoigne ce qu’il écrit le 13 février 1954 au Pr. G.A. von den Bergh.

« "Archétype" est pratiquement synonyme du concept biologique de pattern of behaviour. Mais comme ce concept renvoie avant tout à des phénomènes extérieurs, j’ai choisi pour le pattern of behaviour le terme d’"archétype". Nous ne savons pas si le tisserin a la vision d’une image intérieure lorsqu’il se conforme, en construisant son nid, à une structure formelle reçue d’une antique hérédité, mais tout ce que nous avons d’expérience nous assure qu’aucun tisserin n’a jamais inventé lui-même son nid. Tout se passe comme si l’image du nid à construire naissait avec l’oiseau. » in C.G. Jung, Correspondance 1950-1954, Paris, Albin Michel, 1994, pp.219-220.

C’est en effet l’expérience qui prime sur la représentation — l’expérience, c’est-à-dire l’ensemble complexe des éprouvés vécus par le sujet dans une situation elle-même complexe.

« Les archétypes sont donc doués d'une initiative propre et d'une énergie spécifique. Ils peuvent aussi, à la fois, fournir dans la forme symbolique qui leur est propre, une interprétation chargée de sens, et intervenir dans une situation donnée avec leurs propres impulsions et leurs propres pensées. A cet égard, ils fonctionnent comme des complexes. Ils vont et viennent à leur guise, et souvent, ils s'opposent à nos intentions conscientes ou les modifient de la façon la plus embarrassante. On peut percevoir l'énergie spécifique des archétypes lorsque l'on a l'occasion d'apprécier la fascination qu'ils exercent. Ils semblent jeter un sort. » in C.G. Jung, L'homme et ses symboles, Robert Laffont, 1964 p 78/79.

[modifier] L'archétype : Une structure de représentation

  • Une structure de représentation car, s’il ne peut se représenter a priori, il le peut au travers des représentations des expériences qu’il suscite et organise.

« Les archétypes sont les formes instinctives de représentation mentale » (C.G. Jung, « Lettre à J.C. Vernon du 18 juin 1957 », Letters, vol.2, Princeton University Press, Princeton, 1976, pp. 372-37 ) .

C’est dire que ces représentations doivent naître d’expériences suffisamment satisfaisantes. Pour Jung, en effet, une représentation est une forme de la libido (de même que, dans la théorie de la relativité, la matière est une forme de l’énergie), et non simplement une trace mnésique.

C’est au travers d’une satisfaction suffisante de l’expérience qu’il organise, que l’archétype peut en investir la trace mnésique, transformant ainsi, concomitamment, cette trace mnésique et la libido archétypique en une même représentation.


[modifier] Références

[modifier] Bibliographie sur l'Archétype

  • C.G. Jung, L'homme et ses symboles, Robert Laffont, 1964 (pp. 67, 69, 76, 78-79, 96).
  • C.G. Jung, Sur l’Interprétation des rêves, Albin Michel, 1998 (pp. 120, 220).
  • C.G. Jung, "Réflexions théoriques sur la nature du psychisme" (1946), in Les racines de la conscience, Buchet-Chastel, Paris, 1971.
  • C.G. Jung, "Lettre à J.C. Vernon du 18 juin 1957", in Letters, vol.2, Princeton University Press, Princeton, 1976 (pp. 372-373).
  • C.G. Jung, Correspondance 1950-1954, Paris, Albin Michel, 1994 (pp. 219-220).

[modifier] Articles connexes