Dialogue intérieur (psychologie analytique)

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Le dialogue intérieur est une préconisation de la psychanalyse jungienne, mieux nommée psychologie analytique. Hal Stone et Sidra Stone, thérapeutes jungiens ont donné ce nom (Voice Dialogue en anglais) à la méthode qu'ils ont développée dans les années 1980. Un « facilitateur » grâce à son écoute empathique permet l'expression par le consultant de différentes facettes de lui-même, qui sont nommées et désignées en tant que « sous-personnalités » destinées à être conscientisées au cours des séances et mieux intégrées à l'« égo de conscience » (le moi).

Sommaire

[modifier] Le dialogue intérieur (dialogue avec soi-même au sens de la psychologie analytique)

«  ... il faut se cultiver dans l'art de se parler à soi-même, au sein de l'affect, et d'utiliser celui-ci, en tant que cadre de dialogue, comme si l'affect était précisément un interlocuteur qu'il faut laisser se manifester, en faisant abstraction de tout esprit critique ... » C.G. Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient, Idées / Gallimard, 1973 p 174.

Ainsi elle invite à la discussion, au sens littéral du terme. C'est à dire « se mettre à se parler avec soi-même ». Ainsi chaque archétype peut être consulté, peu prendre la parole et on peut s'adresser à lui. C'est pourquoi les archétypes qui ont été découverts pas cette théorie ont valeur de concept. Ils renvoient directement à une réalité. À noter donc que dans les écrits jungiens on peut, par exemple, parler ou lire, qu'il existe « un aspect féminin de l'homme », « une femme présente en l'homme » ou qu'il existe l'« Anima ». Ces trois expressions renvoient à la même chose. Cet usage d'écrire n'est pas qu'une simple convention d'écriture et de tolérance. Il est essentiel à une compréhension de la théorie et s'étend à l'ensemble des archétypes. En effet, dans le cadre de cette théorie, on peut dire que les archétypes sont des archétypes vivants.

L'exemple le plus célèbre est l'anima : Quand la théorie dit qu'il y a une femme dans l'homme, c'est au sens littéral du terme. Si par exemple on commence (dans le cas d'un homme) à se poser la question de l'absence du corps de la femme, le dialogue commence avec soi-même (on peut aussi avoir des questions autour de son amante ? de sa mère ? du renoncement à être physiquement une femme? Qu'est ce qu'être un homme etc.).

Souvenons-nous que si « l'« Archétype » est pratiquement synonyme du concept biologique de pattern of behaviour. » (C.G. Jung, dans Correspondance, 1950-1954, Paris, Albin Michel, 1994, pp.219-220), le dialogue devient possible. Ainsi dans le cas de l'anima, « Il faut élever ce dialogue avec l'anima à la hauteur d'une technique. Chacun, on le sait, a la particularité et aussi l'aptitude de pouvoir converser avec lui-même. Chaque fois qu'un être se trouve plongé dans un dilemme angoissant, il s'adresse, tout haut ou tout bas, à lui-même la question (qui d'autre pourrait-il donc interroger ?) : « Que dois je faire ? » ; et il se donne même (ou qui donc la lui donne en dehors de lui ?) la réponse. » (C.G. Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient, Idées / Gallimard, 1973 p 171/172).

[modifier] L'art de se parler à soi-même

Si nous prenons du temps avec nous-même, si nous nous mettons patiemment a discuter de nos émotions, de nos actes passés, présents ou à venir sans autres intentions que de discuter tel ou tel point, nous finissons en discutant les points et contre-points de vue que nous possédons, à prendre des positions, à mieux nous connaitre.

Avec le temps, ce qui doit être élevé au rang de méthode - la discussion avec soi-même - s'améliore, et nous gagnons en harmonie, les émotions sont moins vives et moins prégnantes, les idées sur les choses et nous-même beaucoup plus claires et moins fondées sur nos préjugés, nos actes finissent par plus nous ressembler.

«... il faut se cultiver dans l'art de se parler à soi-même, au sein de l'affect, et d'utiliser celui-ci, en tant que cadre de dialogue, comme si l'affect était précisément un interlocuteur qu'il faut laisser se manifester, en faisant abstraction de tout esprit critique. Mais, ceci une fois accompli, l'émotion ayant en quelque sorte jeté son venin, il faut alors consciencieusement soupeser ses dires comme s'il s'agissait d'affirmations énoncées par un être qui nous est proche et cher. Il ne faut d'ailleurs pas s'arrêter en cours de route, les thèses et antithèses devant être confrontées les unes avec les autres jusqu'à ce que la discussion ait engendré la lumière et acheminé le sujet vers une solution satisfaisante. Pour ce qui est de cette dernière, seul le sentiment subjectif pourra en décider. Naturellement, en pareil débat, biaiser avec soi-même et chercher des faux-fuyants ne nous serviraient de rien. Cette technique de l'éducation de l'anima présuppose une honnêteté et une loyauté pointilleuses à l'adresse de soi-même, et un refus de s'abandonner de façon prématurée à des hypothèses concernant les desidera ou les expressions à attendre de “l'autre côté”. » C.G. Jung « Dialectique du moi et de l'inconscient », Idées / Gallimard, 1973 p 174.

[modifier] Le dialogue avec l'anima (Ici, le cas de l'homme)

« Illustration du dialogue de l'homme avec son anima » : Représentation de psyché et cupidon.
« Illustration du dialogue de l'homme avec son anima » : Représentation de psyché et cupidon.

Dans le cas des hommes, la difficulté du dialogue avec soi-même réside dans le fait qu'il doit faire face à une part de féminité en lui-même.

Le soubassement machiste (entendu ici comme la mère ayant eue un jour autorité sur eux et la révolte virile dont ils sont porteurs pour la vie) peut donner lieu à un refus d'accepter cette existence en eux-mêmes d'une femme (ou partie féminine) et les entrainer dans l'angoisse. Survenant à l'age mature, au travers de crises (l'opinion publique parle de crise de la trentaine, crise de la quarantaine, etc.) pousse l'homme à faire face à cette femme intérieure.

Pour l'homme, « Il faut élever ce dialogue avec l'anima à la hauteur d'une technique. Chacun, on le sait, a la particularité et aussi l'aptitude de pouvoir converser avec lui-même. Chaque fois qu'un être se trouve plongé dans un dilemme angoissant, il s'adresse, tout haut ou tout bas, à lui-même la question (qui d'autre pourrait-il donc interroger ?) : “Que dois je faire ?” ; et il se donne même (ou qui donc la lui donne en dehors de lui ?) la réponse. »

L'angoisse, le dégout, la recherche de la femme intérieur peut entrainer l'homme dans une recherche extérieure de crise. L'exemple classique est la recherche de jeune femme chez un homme âgé, cette crise n'attendant cependant pas le nombre des années et peut toucher l'homme même au sortir de l'adolescence. Et il n'est pas rare de la rencontrer chez les 25/30 ans.

Cependant, par le dialogue l'homme peut traverser cette crise de manière douloureuse. Il s'agit en fait d'une étape de maturation et de maturité pour passer à un état psychique plus mature, lors d'un long processus souvent douloureux. Le dialogue intérieur bien que difficile se doit d'être alors réalisé.

«Tout l'art de ce dialogue intime consiste à laisser parler, à laisser accéder à la “verbalisation” le partenaire invisible, à mettre en quelque sorte à sa disposition momentanément les mécanismes de l'expression, sans nous laisser accabler par le dégout que l'on ressent naturellement vis-à-vis de soi-même au cours de cette procédure qui semble un jeu d'une absurdité sans limite, et sans non plus succomber aux doutes qui nous assaillent à propos de l'“authenticité” des paroles de l'interlocuteur intérieur. » C.G. Jung « Dialectique du moi et de l'inconscient », Idées / Gallimard, 1973 p 171/172.

Nota : Il en est de même avec pour la femme qui a de la difficulté à accepter son versant masculin (ou homme intérieur). La difficulté est liée a accepter ses opinions (autoritaires, dures, parfois decontextualisées, qui n'ont vraiment de sens que pour elle) et les fantasmagories liées à cet état (images d'homme brutaux, viol ou violence). Mais aussi les traits de caractère qui sont socialement attribuées aux hommes. Cet état dépassable lui aussi l'oblige au dialogue, sinon soit elle refoule cet étape, soit elle se perd dans une sur-masculinité sans vie - Pour la femme, voir Animus.

[modifier] Pourquoi ce dialogue est il nécessaire ?

L'individuation est pour Carl Gustav Jung, caractéristique de la seconde moitié de la vie : quand l'homme a établi sa place dans le monde, une nouvelle exigence peut se faire valoir à lui : celle d'être vraiment lui-même, être ce qu'il est, tout ce qu'il est, et seulement ce qu'il est. C'est l'archétype du soi qui suscite et dynamise ce processus.

«  L'individuation n'a d'autre but que de libérer le Soi, d'une part des fausses enveloppes de la persona, et d'autre part de la force suggestive des images inconscientes.[1]  »

Il arriverait donc qu'à un moment de sa vie, dans ce que Carl Gustav Jung nomme « la seconde partie de sa vie » ou que les psychanalystes nomment « l'âge de la maturité », certains êtres humains cherchent à devenir plus eux-mêmes, à s'assumer plus, à grandir.

Nous pouvons alors questionner tout les aspects de notre personne. Notre part d'Ombre, ou par exemple notre enfant intérieur. Ce « fripon divin » qui peut être par exemple envahi de fausses représentations, d'images, d'allant de soi, qui cherche aussi à nous ramener sur le chemin de nous même par notre propre médiation.

Cherchant à rompre par exemple avec leurs faux soi certains personnes traversent parfois des moments de conflit ou de douleurs. C'est ce qui pousse, parfois, des personnes dans les sociétés occidentales à consulter les psychanalystes ou les psychothérapeutes : rompre avec une vieille douleur, plus s'assumer, aller mieux etc. en se mettant à être davantage en dialogue avec elle-même.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Carl Gustav Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient, Idées / Gallimard, 1973 (ISBN 2-07-032372-2)
  • Hal Stone et Sidra Stone, Le Dialogue Intérieur, Le souffle d'Or. Titre original : Embracing Our Selves
  • John Beebe, « An Archetypal Model of the Self in Dialogue. » Theory & Psychology, Vol. 12, No. 2, 267-280 (2002) online version (inclus une analyse de Woody Allen « Husbands and Wives »).

[modifier] Notes et références

  1. Carl Gustav Jung dans Dialectique du Moi et de l'Inconscient (ISBN 2-07-032372-2)
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