Alexandru Dragomir

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Alexandru Dragomir (8 novembre 1916 à Zalău - 13 novembre 2002 à Bucarest) fut un philosophe roumain. Il a écrit son doctorat sous la direction de Heidegger dans les années 1940.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Philosophie

Philosophe brillant, il n’a jamais voulu publier aucune page. Il disait toujours que publier ne l’intéressait point, que l'essentiel était de comprendre. Il a refusé ainsi constamment d’entrer dans toute entreprise culturelle. On ne savait pas même s’il écrivait ou pas. Walter Biemel raconte que Heidegger appréciait beaucoup l’intelligence éclatante de Dragomir. Ce dernier participait aux séminaires restreints de Heidegger et on disait que, lorsque la discussion tombait en panne, Heidegger tournait vers lui en disant : « Eh, que pensent les latins ? ». Dragomir était ami intime de Biemel, avec lequel il a traduit en roumain « Qu’est-ce que la métaphysique ? » (en 1942). À la fin de 1943, Dragomir est obligé de quitter Fribourg et les séminaires de Heidegger et de rentrer en Roumanie pour la mobilisation dans le service militaire. C’était la guerre. Même l’insistance de Heidegger pour demander la prolongation de son séjour à Fribourg ne peut empêcher son départ pour le front.

En 1945, la fin de la guerre coïncide avec l’occupation russe et l’instauration du régime communiste en Roumanie : Dragomir se voit dans l’impossibilité de continuer sa thèse avec Heidegger. Il comprend que ses liaisons avec l’Allemagne peuvent être des raisons pour sa persécution politique et que son intérêt pour la philosophie risquait d'entraîner sa condamnation. Dragomir comprend que sa vie dépend de son talent à dissimuler ses préoccupations philosophiques et d’effacer ses liens avec l’Allemagne. Effaçant d’une manière continue les traces de son passé, Dragomir a travaillé dans tous les métiers possibles : soudeur, vendeur, fonctionnaire ou comptable, changeant toujours de travail, étant régulièrement congédié à cause de son « dossier » politiquement inconvenable. Finalement, il a été économiste au Ministère du Bois jusqu’à sa retraite en 1976.

Après 1985, il accepte de faire un compromis quant à son silence sur son activité philosophique : il décide de tenir plusieurs séminaires privés avec les disciples de Noïca : Gabriel Liiceanu, Andrei Plesu, Sorin Vieru.

[modifier] Réception

Après sa mort en 2002, on a trouvé chez lui une centaine de cahiers avec des notes, des commentaires sur des textes philosophiques classiques, des essais d’investigation et d’analyse phénoménologique, des descriptions philosophiques extrêmement subtiles et percutants. La plupart de ces textes sont des microanalyses phénoménologiques de divers aspects concrets de la vie. On a trouvé des textes au sujet du miroir, de l’oubli, de l’erreur, de l’usure, du réveil le matin, de ce qu’on nomme laid et dégoûtant, de l’attention, du fait de se tromper de soi-même, de l’écrit et l’oralité, du fait de discerner et distinguer, de l’unicité, et ainsi de suite. Il s’agit des sujets disparates et hétérogènes, comme si Dragomir faisait glisser sa loupe phénoménologique sur la diversité du monde et choisissait d’analyser, pour son propre désir de comprendre, sans autre finalité, tel ou tel fait, tel ou tel aspect de la réalité.

Toutefois, l’un de ses sujets est constant : il s’agit des plusieurs cahiers, intitulés Chronos, dans lesquels Dragomir a suivi thématiquement et systématiquement le problème du temps, et cela pendant plusieurs décennies: le premier cahier date de 1948, contenant beaucoup de notes écrites directement en allemand, tandis que les dernières datent des années 1980-1990. Peut-être, ce volume sur le temps, pas encore édité, sera l’œuvre la plus importante de Dragomir. Après cette découverte, on a pu commencer à récupérer l’œuvre de Dragomir. On a publié déjà chez les Editions Humanitas deux volumes : Crases banalités métaphysiques et Les cinq départs du présent. On prévoit encore 6 ou 7 volumes. Enfin, comme la réception de ce penseur à l’étranger ne doit pas tarder, on a lui dédié un numéro de la revue Studia Phænomenologica, contenant des textes de Dragomir traduites en français, en anglais et en allemand, et des textes sur sa personnalité, appartenant à ceux qui l’ont connu et qui peuvent témoigner de sa vie et de sa manière de philosopher. D’autres traductions ont paru dans la revue française « Alter ».

[modifier] Œuvres

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