Émigration bretonne en Armorique

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Du IIIe au VIe siècle de notre ère, les Bretons de la province romaine de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne) émigrèrent en masse vers l’Armorique, actuelle Bretagne.

Sommaire

[modifier] Différentes vagues d’émigration

Les deux rives de la Manche étaient en contact depuis toujours de par les liens commerciaux entre la Bretagne insulaire et le continent. La réorganisation du système de défense côtière par l'administration du Bas Empire romain à la fin du IIIe siècle eut pour première cause la nécessité de coordonner la lutte contre les pirates irlandais, frisons et saxons. Dans ce cadre, une première migration bretonne vers le continent eut un caractère essentiellement militaire. Après le retrait des armées romaines de Bretagne insulaire en 411, le mouvement s'intensifie et est accompagné par les « saints », c'est-à-dire les membres du clergé. Certains indices permettent de supposer que ceux-ci appartenaient à l'aristocratie britto-romaine car portant des noms latins gentilices, comme par exemple Paulus Aurelianus, saint Pol Aurélien. Cette seconde vague d'émigration fut non seulement organisée mais encouragée par l'Église et ses nouveaux alliés politiques, les rois francs Clovis et Childebert Ier. Un dernière vague d'émigration, postérieure à l'arrivée des sept saints, fut provoquée par l'invasion progressive des Angles et des Saxons sur l'île de Bretagne, appelée depuis Grande-Bretagne.

[modifier] Raisons

Les raisons du peuplement de l'Armorique par les Bretons sont mal connues, voir l'article Histoire de la Bretagne. L'hypothèse courante évoque un exode : fuyant les massacres perpétrés par des ennemis supérieurs en nombre, les Bretons insulaires affluèrent d'abord vers les confins de leur grande île (Cornouailles anglaise, Pays de Galles, Écosse), puis nombre d'entre eux passèrent la Mer de Bretagne (c'est ainsi qu'ils appelaient la Manche, nom qu'elle porte encore en breton) pour venir se réfugier sur le continent notamment dans la presqu'île armoricaine et en Normandie puisque la Gaule était elle-même celtique. Une hypothèse plus récente met en avant non la pression des Angles et autres peuples mais les liens ayant de tout temps existé entre les deux contrées, et cela bien avant l'arrivée de peuplades christianisés face aux barbares germaniques. Quelle qu'en soit la cause, ce mouvement d'immigration fut facilité par la proximité culturelle des bretons avec les gaulois bien que des conflits eurent lieu avec les autochtones privés du pouvoir et les francs investis du pouvoir impérial depuis Clovis. Les Bretons nommèrent la péninsule armoricaine « petite Bretagne ».

[modifier] Conséquences

La terre des Bretons étant à l'origine l'île de Bretagne, aujourd'hui appelée Grande-Bretagne, il se produisit dans la suite un glissement sémantique dans la langue continentale, qui aboutit au report de ce nom de Bretagne sur la Gaule armoricaine, puisqu'elle était peuplée de Bretons : Pour éviter la confusion engendrée par ce transfert, on se mit à parler de Bretagne Insulaire, ou Grande Bretagne pour l’île d’origine, et de Petite Bretagne ou de Bretagne Armorique. En anglais moderne, le terme Britain s'emploie aussi fréquemment que Great Britain pour désigner l'île britannique, alors que la Bretagne armoricaine (que les Anglais appelaient souvent « Lesser Britain » — littéralement : Moindre Bretagne ((de Britannia Minor en latin)) a vu son nom anglais se modifier en Brittany (qui signifie littéralement Bretagnette, le suffixe « -y » étant en anglais l'équivalent du français « -et »), mettant ainsi fin à la confusion du terme Britain.

Cette forte immigration des Bretons en Armorique s'accompagna d'un mouvement de civilisation, car la Grande-Bretagne était déjà christianisée tandis que l'Armorique connaissait de nombreuses famines et des troubles. L'arrivée des Bretons se traduisit par une "receltisation" linguistique de la péninsule où le gaulois s'était considérablement affaibli par la latinisation des élites. Toutefois, le clergé, les rois et princes bretons, eux même romanisés, gardèrent la langue latine comme moyen de communication administratif.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Sources