Athéisme

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L'athéisme est une attitude ou une doctrine philosophique qui affirme l'inexistence ou ne conçoit pas l'existence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit, contrairement par exemple au déisme et au théisme qui soutiennent cette existence, et à l'agnosticisme qui la considère comme indécidable.

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le mot athéisme apparaît au XVIe siècle. La première mention en est faite dans le texte de François de Billon, Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin, en 1555. Il désigne alors l'incroyance d'un peuple.

Il dérive du mot athée et du suffixe -isme et qualifie donc « la doctrine de l'athée ».

Le mot athée (dans sa version française) remonte également au XVIe siècle (première mention : François Rabelais dans Lettre à Érasme décembre 1532). Le mot est composé du préfixe a privatif qui signifie sans et du radical grec théos signifiant dieu et vient de l'acception chez Platon de l'adjectif grec atheos [Αθεος (Ire décl.)] « qui ne croit pas aux dieux » (les dieux grecs) qui sera repris en latin chrétien par atheos « qui ne croit pas en Dieu » (le dieu biblique)[1]. Attention toutefois à ne pas dire ni écrire « athéiste », ce mot n'existe pas.

[modifier] Usages anciens

Avant d'acquérir son sens actuel, le mot athée a eu nombre d'usages différents, qui ne sont plus usités :

  • Selon Émile Littré, « les Grecs distinguaient les prénoms athées (par exemple Platon) et les prénoms théophores (par exemple Dionysos) ». Un prénom « athée » est donc simplement un prénom « laïc », qui ne se réfère pas à la religion.
  • Autrefois, en Europe, l'Église (chrétienne) appelait athées ceux qui ne respectaient pas ou que partiellement ses dogmes. Le terme est alors évidemment péjoratif, connotation qu'il a officiellement perdue depuis, bien qu'on observe une résurgence de l'anti-athéisme chez certains croyants [2].
  • En 167 après J-C., à Smyrne, un chrétien nommé Polycarpe, refusant de rendre hommage à l'empereur alors divinisé, se vit proposer le choix entre le bûcher ou crier publiquement « Mort aux athées ». Polycarpe s'exécuta, mais en indiquant clairement que c'étaient ses accusateurs qu'il désignait ainsi, et fut donc brûlé[réf. nécessaire].

[modifier] L'athéisme

L'athéisme consiste en ne pas croire à l'existence du surnaturel et donc ne pas reconnaître l'existence de quelque divinité que ce soit. L'athéisme peut prendre plusieurs formes selon la portée et les fondements qu'il a chez chacun.

[modifier] Portée de l'athéisme

La diversité des définitions possibles de la divinité engendre des ambiguïtés dans le champ de la notion d'athéisme : une croyance sera compatible ou non avec l'athéisme selon que son objet sera ou pas considéré comme une divinité. Selon les auteurs, les phénomènes rejetés par les athées pourront aller de la figure de Dieu personnifié, comme celui de la religion chrétienne, à l'existence de toute réalité spirituelle, surnaturelle ou transcendantale, comme on peut en trouver dans l'hindouisme ou le bouddhisme.

L'athéisme peut être défini a minima comme l'absence de croyance en un ou des dieux. Cette définition négative inclut également ceux qui n'ont pas cette croyance par défaut, comme les nouveau-nés par exemple. D'Holbach en 1772 notait dans son Bon Sens[3] que « tous les enfants sont des athées; ils n'ont aucune idée de Dieu »[4]. Cette simple absence de croyance est qualifiée d'athéisme implicite. Inversement, l'athéisme explicite est l'absence de croyance en l'existence d'aucune divinité alors que l'on a connaissance de l'existence de telles croyances. Dans cet article, le terme athéisme se réfère généralement à l'athéisme explicite.

Enfin, on parle parfois d'athéisme positif pour désigner l'affirmation de l'inexistence de toute divinité, et d'athéisme négatif quand il s'agit d'une simple absence de croyance. Dans ce sens, l'agnosticisme est une forme d'athéisme négatif.

[modifier] Fondements de l’athéisme

L'athéisme est une position philosophique qui admet des fondements divers selon les auteurs (et partant, selon ceux qui les suivent).

[modifier] L'athéisme scientifique

Les progrès de la science depuis l'époque des Lumières permettent d'expliquer le monde de manière de plus en plus satisfaisante sans recours à aucun dieu, comme le montre l'échange célèbre :

Napoléon : Monsieur de Laplace, je ne trouve pas dans votre système mention de Dieu ?
Laplace : Sire, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse.

On en connaît moins la suite : d'autres savants ayant déploré que Laplace fasse l'économie d'une hypothèse qui avait justement « le mérite d'expliquer tout », Laplace répondit cette fois-ci à l'Empereur :

Cette hypothèse, Sire, explique en effet tout, mais ne permet de prédire rien. En tant que savant, je me dois de vous fournir des travaux permettant des prédictions (cité par Ian Stewart et Jack Cohen).

À l'époque où les connaissances scientifiques (plus particulièrement celles concernant les mécanismes de l'univers) en étaient encore à leurs balbutiements, le principe d'économie penchait plutôt en faveur du religieux qui apportait des réponses simples à comprendre aux questions complexes de l'humanité, ce qui justifiait le recours à l'hypothèse Dieu dans des raisonnements rationnels. L'observation d'Aristote paraissait se tenir : un monde sublunaire peu prévisible régi par des mouvements unidirectionnels (chute des corps pesants, montée de la vapeur d'eau), et un monde céleste, au-delà de la sphère lunaire, parfaitement compréhensible et formé de cycles éternels : la complexité était simplement renvoyée dans « l'autre monde », le monde divin.

Inversement, depuis quelques siècles, les progrès dans les sciences ont donné de nombreux éléments permettant d'éviter le recours à l'intervention divine dans la démarche de compréhension du monde.

On nomme athéisme scientifique la démarche en inférant que le rôle de la croyance religieuse dans l'explication du monde est caduc. L'argument voltairien (qui devient alors : qu'est-ce qui explique que la physique obéisse à telles règles plutôt que telles autres ?) est renvoyé à un stade ultérieur d'accomplissement de la science, ou bien comme inconnaissable fondamental. L'astrophysicien Stephen Hawking estime avec un humour très britannique que connaître la provenance de ces lois sera comme connaître la pensée de Dieu.

[modifier] L'athéisme philosophique

Icône de détail Article détaillé : Athéisme philosophique.

À quelques nuances près, la réflexion philosophique occidentale tend en général à naturaliser le divin, à le ramener dans le monde, comme chez Spinoza. Elle prépare ainsi la voie à un athéisme fondé sur une doctrine philosophique, l'athéisme philosophique.

Il trouve son origine chez le philosophe grec Démocrite, et s'appuie sur des arguments variés, du domaine du relativisme, du rationalisme, du nihilisme, et même de la morale. L'athéisme refuse de postuler l'existence d'entités dont l'existence n'est ni prouvée ni observable, et souligne également l'immoralité éventuelle de cette existence (La seule excuse de Dieu, c'est qu'il n'existe pas, Stendhal). Il n'y a pas d'arguments valables pour soutenir la croyance en l'existence d'un dieu quelconque, qu'il soit conçu par l'homme (anthropomorphique) ou qu'il soit une abstraction métaphysique.

À partir des Lumières, qui s'inspirent de l'antiquité gréco-romaine, et jusqu’à aujourd'hui, plusieurs philosophes parvinrent à disserter avec liberté sur l'hypothèse de l'existence de Dieu ou des dieux, soit pour la remettre entièrement en cause, soit pour la reformuler. L'œuvre de Spinoza (notamment le Traité théologicopolitique et l’Éthique) constitue l'une des critiques les plus remarquables du phénomène religieux. (Pour un exposé didactique sur la philosophie de Spinoza et son impact historique, voir Les Lumières radicales. La philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité (1650-1750) (Éditions Amsterdam, Paris, 2005)).

L'affaire Galilée est sans doute l'une des sources, si ce n'est la principale, de l'athéisme philosophique du XVIIe siècle et des siècles suivants, car elle remit en cause les fondements et la classification des connaissances posés par la scolastique au XIIIe siècle (voir Descartes et les principes de la philosophie, 1644).

Dans le Drame de l'humanisme athée (1944, réédité en 1998), Henri de Lubac identifie quatre philosophes qui ont nié le plus radicalement l'existence de Dieu au cours du XIXe siècle :

L'athéisme philosophique peut aller d'une critique radicale de la religion jusqu’à une attitude de recherche ou d'interrogation constructive sur l'existence de Dieu, ce qui fait partie de la légitime spéculation philosophique. Ce peut être aussi de la simple indifférence ou du nihilisme.

En Europe, l'athéisme philosophique est la première forme d'athéisme qui fut tolérée par les autorités catholiques et la première reconnue par les intellectuels comme un « athéisme positif ». Le Dictionnaire de l'Académie française (8e et 9e éditions) définit d'ailleurs seulement l'athéisme comme une « doctrine philosophique qui nie l'existence de Dieu ».

[modifier] L'athéisme spirituel

Bien que spiritualisme et athéisme puissent sembler être deux notions antinomiques, elles ne le sont pas forcément. Si l'on considère l'athéisme comme la négation de l'existence des dieux, elle n'empêche en rien la croyance à d'autres formes de pensée abstraite. Ainsi, des religions dont les dogmes ne font pas intervenir la notion de divinité peuvent, dans une certaine mesure, être considérées comme athées.

On peut citer, par exemple, le panthéisme naturel, toutefois dénigré par les athées antireligieux.

[modifier] L'athéisme passif

Lorsque l'athéisme n'est pas dicté par la raison, on parle d'athéisme passif ou d'athéisme faible. En fonction du niveau de conscience, cet athéisme peut être issu d'une simple sensation intuitive ou bien être aussi dogmatique qu'une doctrine religieuse. Ce type d'athéisme peut avoir des origines très diverses, souvent influencé par le milieu familial ou culturel.

[modifier] Histoire de l'athéisme

L'anthropologie, l'ethnographie, plus généralement toutes les sciences de l'Homme suggèrent une présence très répandue de concepts religieux extrêmement variés, à la plupart des époques connues, dans la plupart des sociétés examinées. À l'inverse, l'athéisme, qui suppose un rejet de ces concepts religieux a émergé au fil des siècles face à ce substrat religieux.

La régression de la foi n'est pas uniquement liée au progrès scientifique, elle s'est construite sur le rejet des abus des religions, tels ceux de la papauté pendant la Renaissance (fastes du pape, plusieurs morts de maladie vénérienne, vente d'Indulgences…) qui ont conduit à sa remise en cause. Ces faits donnèrent naissance au Protestantisme, mais aussi à des versions de plus en plus affaiblies de la foi chrétienne (panthéisme, agnosticisme, déisme), provoquant ainsi une montée de l'athéisme. De plus, tous ces mouvements protestataires ont été poursuivis, parfois très violemment (Inquisition), au mépris des valeurs de tolérances que prônaient et prônent toujours ces mouvements religieux dominants.

Les guerres de religion entre catholiques et protestants ont motivé de nombreux intellectuels contre la prédominance de la religion dans les affaires humaines, et pour la tolérance religieuse, dont bénéficièrent aussi les athées.

[modifier] Athéisme et croyances

[modifier] Athéisme et philosophie antique

Le philosophe Démocrite adopte d'emblée une position athée : si le monde est constitué d'atomes, ceux-ci se combinent au hasard, donnant parfois des formes stables, voire se reproduisant, mais aucune intervention de Dieu (les philosophes grecs semblent nommer ainsi une sorte de principe unique; voir par exemple la mort de Socrate décrite dans le Phédon) ou de dieux n'y est nécessaire. Cette position irrite Platon qui ne fait aucune place aux idées de Démocrite dans ses écrits - pas même pour les réfuter - ni n'y mentionne son nom.

D'autres philosophes, sans nier explicitement l'existence des dieux, nie toute intervention de leur part dans les affaires humaines. C'est le cas par exemple d'Épicure, qui, dans la Lettre à Ménécée, énonce quatre principes à suivre pour mener une vie bienheureuse. Le premier de ces principes est de ne pas craindre les dieux, puisque ceux-ci ne se préoccupent pas de nous.

D'autres encore nient ouvertement l'existence des dieux, tel Théodore l'Athée dont on dit qu'il avait démontré dans ses écrits l'inexistence des dieux. (vers - 320 av. JC).


[modifier] Athéisme et monothéisme

[modifier] Athéisme et christianisme

À l'époque où le christianisme dominait la vie sociale (spirituelle, politique, intellectuelle, scientifique, etc.) d'une grande partie de l'Europe, l'athéisme était généralement considéré comme le rejet de cette religion en particulier. Bien que cela ait été le cas de certains athées humanistes (en opposition notamment aux Croisades et à l'Inquisition), l'antichristianisme ne représente qu'une petite frange des athées. Mais il faut signaler aussi l'importance de l'antichristianisme des Lumières, antichristianisme qui ne fut pas toujours athée comme chez Diderot (Voltaire en est l'exemple le plus illustre), et qui se trouvait mêlé à divers mouvements (y compris athées) de lutte contre les dogmes de toute religion.

[modifier] Athéisme et islam

[modifier] Politique et islam

Dans la plupart des pays musulmans, l'islam est intégré au tissu même de l'État et de la société. Le droit musulman est de nature essentiellement religieuse. D'un point de vue politique, les « Gens du livre » ont droit au statut de dhimmi.

[modifier] Athéisme et religion islamique

Du point de vue du vocabulaire, le Coran condamne généralement les non-musulmans (nommés les « mécréants » (kafiroun), ceux qui mécroient en Dieu) ainsi que les faux croyants (nommés les « hypocrites » (mounafiqoun)) mais pas spécifiquement les athées. Il semble que le concept d'athéisme n'ai jamais existé en Arabie du VIIe siècle puisque ni le Hadith ni le Coran n'en parlent.

Les lectures de l'athéisme en islam sont multiples et complexes et dépendent de la lecture du Coran. Dans les exégèses classiques, l'athée est considéré comme une personne dans l'erreur la plus profonde, personne qui sortirait de son erreur en respectant les cinq piliers de l'islam. Cette approche est mise en doute par certains courants musulmans en particulier dans le soufisme, au travers des écrits de juristes islamiques soufis comme Al-Ghazali. Ce dernier indique en effet qu'il est inutile de faire semblant de croire et de prier si l'on ne croit pas vraiment.

Le sort du mécréant selon la Charia dépend en partie de sa croyance. Sur un plan religieux, ceux-ci sont voués à la Géhenne, c'est à dire l'enfer mais seulement s'ils ont eu le message et qu'il le rejettent alors même qu'ils l'ont compris.

[modifier] Religions orientales

Icône de détail Article détaillé : Athéisme et religions orientales.

Pour une personne éloignée géographiquement et culturellement de l’Extrême-Orient et du sous-continent indien, la figure de la divinité n’apparaît pas dans les religions de ces régions (bouddhisme, jaïnisme, taoïsme, védanta, etc.) de façon claire et homogène. Certains proposent d’y voir plutôt des philosophies, et les qualifient (le bouddhisme en particulier) d’athées.

Les divinités jouent un rôle important dans le taoïsme religieux depuis ses origines. Par contre, le bouddhisme hinayana et le jaïnisme, s'ils admettent l'existence des êtres surnaturels supérieurs aux humains que sont les deva du brahmanisme, ne leur accordent aucun rôle dans le salut. Les bouddhismes mahayanas et vajrayanas accordent, eux, une place importante à des entités surnaturelles (bodhisattvas et bouddhas « transcendants »), en général appelées déités. Dans la philosophie mahayana, les différentes déités sont des manifestations de la même nature, qui est aussi celle du pratiquant. La définition de ces systèmes comme athées n’est donc qu’un point de vue possible, qui suppose une certaine analyse philosophique de la part du pratiquant ou de l’observateur.

Du point de vue de la pratique, ces philosophies prennent un caractère religieux notamment avec l'existence d'une hiérarchie pyramidale et l'institutionnalisation du statut de « personne éveillée ». Cela rend la qualification de « religion athée » délicate. Cependant il y a davantage dans ces religions l'affirmation d'un Absolu impersonnel (Tao, nirvāna, brahman...) à la fois transcendant et immanent, que d'un dieu créateur transcendant à la façon théiste, affirmation que ces philosophies considèrent comme un anthropomorphisme.

[modifier] Athéisme et les autres mouvements religieux

La position de l'athéisme envers les sectes est diverse, certaines d'entre elles revendiquant une appartenance et une philosophie non théiste. Cependant, en tant que mouvements spirituels, les sectes sont le plus souvent combattues par les athées rationalistes et les libres-penseurs.

Dans son acception classique, la définition de l'athéisme n'exclut néanmoins pas d'appartenir à une secte, à condition qu'elle ne soit pas basée sur une croyance en une ou plusieurs divinités. Cela exclut de fait les sectes dérivées des religions classiques, comme les témoins de Jéhovah, ou les cultes satanistes du domaine de l'athéisme classique.

[modifier] Raëlisme

Dans sa démarche sectaire opposée aux religions dites classiques, Claude Vorilhon (alias Raël) se pose en « plus grand défenseur de l'athéisme », position refusée par la plupart des athées.

Selon Vorilhon, les Élohims, des extra-terrestres, auraient créé la vie sur Terre, et non pas des divinités. Les organisations athées mettent l'accent sur le fait que les Élohims sont vénérés par les raëliens comme des divinités, niant, de facto, un éventuel athéisme.

[modifier] Scientologie

N'étant pas théiste, la scientologie se revendique comme une religion athée, bien que ces deux notions semblent, a priori, antinomiques. De plus, dans ses textes « sacrés », cette secte prétend que les religions classiques ne seraient que le résultat de l'implantation de ces croyances par des puissances extérieures, en lien avec les « thétans de corps ». Cependant la scientologie met en avant un Etre suprême qui régirait l'Univers tout entier, c'est ce que la scientologie appelle "la huitième dynamique".

[modifier] Athéisme et politique

[modifier] Athée ne signifie pas antireligieux

Des athées peuvent accepter de coexister avec différentes religions :

  • soit par respect : idée que les messages attribués à Dieu ou aux Dieux synthétisent une vérité anthropologique, médicale, et sociale, et que même si la cause attribuée, la divinité est absente et fausse, l'effet n'en demeure pas moins réel et par conséquent les prescriptions religieuses sont dignes d'attention (par exemple, les interdits religieux sont parfois validés par des problèmes médicaux causés par leur inobservance, et le message d'amour chrétien a été conservé par nos sociétés).
  • soit par tolérance : idée qu'avec l'éducation laïque, la religion disparaîtra d'elle-même, et qu'en attendant elle ne justifie pas une lutte.
  • soit par pragmatisme : certains athées ont pu considérer la religion comme un outil social permettant de maintenir une communauté sous leur coupe, l'unité nationale, l'honnêteté des citoyens, etc. C'est le cas de Charles Maurras[6], de Napoléon dans sa mise en œuvre du Concordat de 1802.
  • soit par obligation : parce que leur statut ou leur condition sociale ne leur permet pas le choix contraire, parfois par pression sociale ou familiale (exemple d'athées obligés de coexister avec le reste de leur famille croyante), voire communautaire.
  • soit par méconnaissance ou manque d'intérêt envers le fait religieux (voir : Athéisme passif)

[modifier] Athéisme et régimes d'inspiration marxiste

À l'inverse, l'athéisme fut instauré comme doctrine d'État officielle au XXe siècle notamment dans l'Albanie d'Enver Hoxha, où l'exercice de toute religion était sévèrement réprimé et où tout symbole religieux était proscrit. Les monuments religieux ont été soit détruits soit volontairement transformés.

[modifier] En URSS

L'Union soviétique et ses États satellites ont également fait de l'athéisme l'un des fondements de leur idéologie. Avec plus ou moins de vigueur, ils persécutèrent les croyants (brimades, surveillance, réclusion, mises à l'écart, etc.) confinant ainsi à la semi-clandestinité le clergé. L'« athéisme scientifique » était au contraire promu par des ligues souvent très virulentes (tellement incontrôlables qu'elles furent souvent dissoutes) et faisait partie des matières obligatoires à l'université. Toutes ces pratiques varièrent en intensité tout au long de l'existence de l'Union soviétique. De 1917 à 1924, le régime eut une politique conciliante envers la pratique privée, alors qu'il démantelait les biens de l'Église. Les dirigeants étaient partagés entre la volonté d'enlever « le bandeau qui masquait la vérité au peuple » et la peur de s'aliéner les masses.

[modifier] Athéisme et stalinisme

L'accession au pouvoir de Staline mit fin à cette tolérance relative. Jusqu'en 1932, le régime mena une politique répressive, marquée par de multiples destructions d'édifices religieux et des persécutions contre les membres du clergé et leur entourage. Les années trente virent un lent regain de l'organisation religieuse, ralenti par un court regain de répression pendant les Grandes Purges (1937-1938). Le changement de politique fut complet lors de la Grande Guerre Patriotique (1941-1945), qui inaugura une période de détente idéologique. Un clergé officiel fut autorisé et la charge de métropolite, abolie depuis 1925, rétablie, tandis que les musulmans recevaient quatre Directions Spirituelles, autorisées à former des mollahs et à publier régulièrement des fatwas. Après-guerre, la politique de promotion de l'athéisme reprit, mais surtout, elle se combina à un durcissement des Églises officielles (les uniates d'Ukraine furent les premiers à en pâtir). Cette divergence entraîna la création d'une hiérarchie officieuse, les « églises souterraines » et « l'islam parallèle » composé des religieux de confréries soufies.

[modifier] Après Staline

Pratiques parallèles comme cultes officiels furent une cible privilégiée de Khrouchtchev à compter de 1959, qui se positionnait ainsi en rétablisseur de la tradition léniniste face aux errances staliniennes. L'ère Brejnev fut une considérable accalmie : un compromis fut trouvé qui reposait sur le rôle des religieux à l'extérieur, notamment dans les relations avec les pays arabes. En revanche, Gorbatchev relança la politique répressive sur des bases idéologiques similaires à celles de Khrouchtchev.

Après la chute du bloc de l’Est et de l'URSS, les cultes orthodoxe (Russie, Ukraine), catholique (Pologne), et musulman (Asie centrale, Caucase et Tatarstan) reprirent de la vigueur. Non seulement l'expression de la religiosité s'accrut, mais un grand nombre d'athées, souvent pour des raisons identitaires, se convertirent. Certains des régimes politiques issus de la chute du bloc de l'est continuent cependant la politique religieuse mise en place par l'URSS, ou du moins, à l'instar de l'Ouzbékistan, en ont conservé les méthodes.

En dépit de l'affirmation constante de son athéisme, l'URSS ne cessa d'emprunter à la liturgie orthodoxe. Staline inaugura cette pratique en confiant les funérailles de Lénine (1924) aux bons soins de Krasine, de la secte des « Constructeurs de Dieu ». L'embaumement du défunt avait une forte résonance orthodoxe : il faisait directement référence à l'imputrescibilité du corps du saint.

[modifier] Annexes

[modifier] Estimations du nombre d'athées

Icône de détail Article détaillé : Athéisme études et statistiques.

Diverses estimations du nombre d'athées ont été émises :

[modifier] Organismes officiels

Pourcentage de croyants : Résultat de l'enquète Eurobaromètre 2005
Pourcentage de croyants : Résultat de l'enquète Eurobaromètre 2005
  • Le World fact book de la CIA estime, en 2004, le nombre de personnes sans religion à 12,03 % de la population mondiale et le nombre d'athées à 2,36 %[7]
  • Dans l'enquête de l'eurobaromètre de juin 2005, 52 % des Européens affirment croire en un dieu, et 18 % disent qu'ils ne croient en aucune forme de divinité, d'esprit ou de force supérieure. Les personnes indiquant qu'ils croient en un dieu sont minoritaires dans 15 pays de l'Europe des 25. En outre il existerait corrélation entre la croyance en un dieu et l'âge, une corrélation inverse avec le niveau d'éducation et les femmes auraient plus tendance à croire en un dieu que les hommes (p. 10)[8].

[modifier] Ouvrages de référence

  • La World Christian Encyclopedia annonce 1 071 millions d'agnostiques et 262 millions d'athées dans le monde en 2000.[réf. nécessaire]
  • Selon l'ouvrage de Jean Baubérot (dir.), Religion et laïcité dans l'Europe des 12, 1994, page 259 : 1/4 de la population de l'Union européenne serait « non religieuse ». 5 % des Européens seraient des athées convaincus.

[modifier] Enquêtes d'opinions et sondages

[modifier] International
  • Une enquête menée dans 21 pays sur 21 000 personnes et publiée en décembre 2004 annonce que 25 % des Européens de l'Ouest se disent athées contre 12 % dans les pays d'Europe centrale et orientale. Toujours selon cette enquête publiée dans le Wall Street Journal version européenne, 4 % des Roumains et 8 % des Grecs se disent athées. Au contraire, 49 % des Tchèques et 41 % des Néerlandais se déclarent athées. [réf. nécessaire]

[modifier] En France
  • Selon un sondage de l'institut de sondage CSA sur les croyances des Français réalisé en mars 2003, 26 % des personnes interrogées se déclarent « sans religion », et 33 % des personnes estiment que le terme « athée » les définit « très bien » ou « assez bien ». [9]
  • Un sondage de l'institut Harris Interactive[10], publié par le Financial Times, daté de décembre 2006, dénombre 32 % d'athées et 32 % d'agnostiques en France (sondage réalisé sur les États-Unis, l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni).[11]
  • Selon un sondage CSA publié en janvier 2007, un tiers des Français (31 %) se disent sans religion. 51 % des sondés se déclarent catholiques, mais seulement la moitié croient en l'existence de Dieu[12].
  • Selon un sondage de l'IFOP publié dans l'hebdomadaire La Vie, constituant le cumul de 91 vagues d'enquêtes réalisées sur la période 2003/2006 et publié en mars 2007, 28 % des Français se disent sans religion. [13]

[modifier] Au Royaume-Uni
  • Selon un sondage Eurobaromètre récent, seuls 38 % des Britanniques croiraient en un dieu[14]

[modifier] Défenseurs célèbres de l'athéisme

[modifier] Antiquité

[modifier] Moyen Âge

[modifier] Renaissance

Nicolas Machiavel

[modifier] XVIIe siècle

[modifier] XVIIIe siècle, siècle des Lumières

[modifier] XIXe siècle

  • Ludwig Feuerbach :
    • « L'homme créa Dieu à son image » [5]
    • L'homme a imaginé un quelque chose doué d'omniscience, d'amour, de toute-puissance, et ce quelque chose il l'a appelé « Dieu ».
    • Dieu est l'être parfait imaginé par l'homme.
    • La religion fait de ce quelque chose une personne dans laquelle l'homme ne se reconnaît plus, l'homme oublie que ce Dieu est simplement une projection : Aliénation
    • Dieu est une escroquerie géniale valorisant l'homme, donnant un sens à sa vie.
    • La religion c'est la relation de l'homme à l'homme qui s'idéalise lui-même.
    • L'homme est un dieu pour l'homme.
  • Max Stirner :
    • Feuerbach n'est pas athée, il a remplacé Dieu par l'Homme.
    • Dès qu'il y a un principe au-dessus de nous, ce principe est une religion.
    • L'homme est devenu nouveau Dieu, la morale est devenue la nouvelle religion, mais tous les athées sont attachés aux mêmes croyances que les croyants.
    • L'ombre de Dieu plane : c'est la morale. Mais reconnaître la morale c'est reconnaître l'ombre de Dieu, c'est donc reconnaître Dieu.
  • Karl Marx :
    • Le socle de tout est l'économie, tout n'est que lutte des classes.
    • La religion n'est que le reflet de l’économie et de la lutte des classes à un moment donné de l'histoire.
    • Les débats d'idées à coups de livres de Feuerbach et Stirner sont des débats religieux : ils renforcent la religion en se préoccupant sur des problèmes qui n'en sont pas.
    • Toutes leurs idées ne sont que le reflet idéologique dépendant d'une infrastructure : L'économie et la lutte des classes.
    • Feuerbach est certain qu'il y a une vérité, or que tout dépend de l'économie.
    • Pour supprimer la religion, il faut un changement économique.
    • Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : L'homme fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme.
    • « La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple. »
  • Arthur Schopenhauer :
    • Les religions sont comme les vers luisants : pour briller, elles ont besoin d'obscurité. Un certain degré d'ignorance générale est la condition de toutes les religions, le seul élément dans lequel elles peuvent vivre. (Parerga et Paralipomena, Sur la religion)
  • Friedrich Nietzsche :
    • Les religions, en particulier les religions monothéistes et en particulier le christianisme sont une manifestation d'une volonté de puissance descendante, c'est une consolation pour les faibles face à un monde intrinsèquement incompréhensible et douloureux.
    • La morale, mais aussi le positivisme, la science, le socialisme ne sont que des avatars de la religion.

[modifier] XXe siècle

  • Mustapha Kemal :
    • « L'homme politique qui a besoin du secours de la religion pour gouverner n'est qu'un lâche. Or, jamais un lâche ne devrait être investi des fonctions de chef de l'État. »
    • « Depuis plus de 500 ans, les règles et les théories d'un vieux sheikh arabe, et les interprétations abusives de générations de prêtres crasseux et ignares ont fixé, en Turquie, tous les détails de la loi civile et criminelle. Elles ont réglé la forme de la constitution, les moindres faits et gestes de la vie de chaque citoyen, sa nourriture, ses heures de veille et de sommeil, la coupe de ses vêtements, ce qu'il apprend à l'école, ses coutumes, ses habitudes et jusqu'à ses pensées les plus intimes. L'islam, cette théologie absurde d'un Bédouin immoral, est un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies. »
    • « Il faut savoir choisir entre la révélation passée et la liberté future. »

[modifier] Contemporains

[modifier] Citations

  • « Athéisme, force de l'esprit, mais jusqu’à un certain degré seulement », Pensées (1670), Pascal
  • « L'athéisme est le noyau dur du christianisme » Nietzsche
  • « Je suis athée, grâce à Dieu ! », Luis Buñuel et « Je suis athée, Dieu merci ! » (auteur inconnu, mais phrase dite notamment par Georg Christoph Lichtenberg ou encore Arletty (qui pensait à tort avoir emprunté la formule à Voltaire[15]).
  • « L'avenir est la seule transcendance des hommes sans Dieu. », L'Homme révolté, Albert Camus.
  • « L'ignorance et la peur, voilà les deux pivots de toute religion. », Baron d'Holbach.
  • « L'athéisme est une négation de Dieu et par cette négation, il pose l'existence de l'homme. », Karl Marx.
  • « Le silence de Dieu permet le bavardage de ses ministres qui usent et abusent de l'épithète : quiconque ne croit pas à Dieu, donc à eux, devient immédiatement un athée. Donc le pire des hommes, l'immoraliste, le détestable, l'immonde, l'incarnation du mal.
    Difficile dès lors de se dire athée… On est dit tel, et toujours dans la perspective insultante d'une autorité soucieuse de bannir, mettre à l'écart et condamner. », traité d'athéologie, Michel Onfray
  • « Il n'y a pas de dieu, il n'y a pas de dieu, il n'y a pas du tout de dieu. Celui qui a inventé Dieu est un crétin. Celui qui propage l'idée de dieu est une canaille. Celui qui adore dieu est un barbare. », introduction aux discours de Periyar.
  • « Je ne suis pas libre penseur dit le veilleur ; je suis athée. Hein quoi dit le Saint-Père ; et l'autre dans le tuyau de son oreille, l'autre se met à gueuler : Allo allo Saint-Père vous m'entendez ? Athée : A comme absolument athée, T comme totalement athée, H comme hermétiquement athée, É accent aigu comme étonnement athée, E comme entièrement athée ; pas libre penseur, athée. Il y a une nuance. », Paroles - La crosse en l'air, Jacques Prévert
  • « Il est vrai qu'un peu de philosophie incline l'esprit de l'homme à l'athéisme, mais une philosophie profonde amène les esprits des hommes à la religion. » (Essais, sur l'Athéisme) Francis Bacon
  • « Si Dieu est, l'homme est esclave; or l'homme peut, doit être libre, donc Dieu n'existe pas. », Dieu et l'État, Bakounine

[modifier] Organisations explicitement athées aujourd'hui

  • Allemagne
    • Bund für Geistesfreiheit, créée en 1870, en Bavière
    • Internationaler Bund der Konfessionslosen und Atheisten, créée en 1972
    • Dachverband Freier Weltanschauungsgemeinschaften
    • Fédération humaniste d'Allemagne (Humanistischer Verband Deutschlands) apparue en 1993
  • États-Unis
  • France
  • Inde
    • Centre athée de Vijayawada, fondé en 1940

[modifier] Références

  1. (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de Athée du CNRTL.
  2. |Exemple d'anti-athéisme
  3. Paul Henri Thiry d'Holbach, Le Bon Sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles, à Londres 1772
  4. Paul Henri Thiry d'Holbach, op.cit., éd. 1774, § 30, p. 28, Extrait sur Gallica 2
  5. ab Ludwig Feuerbach: „Vorlesungen über das Wesen der Religion", XX. Vorlesung, Leipzig 1851. (Cours sur l'Essence de la religion, XXes cours]
  6. Charles Maurras comme conscience se réclamait de l'athéisme. En revanche, il prêchait le catholicisme politique dans son mouvement l'Action française, c'est-à-dire, que politiquement, il pensait que le catholicisme représentait l'essence de la nation française.
  7. Données mondiales sur le World fact book
  8. Eurobaromètre n° 225, Social values, Science & Technology, juin 2005, pp 7-11
  9. Sondage CSA, les Français et leurs croyances, mars 2003
  10. (en)Religious Views and Beliefs Vary Greatly by Country, According to the Latest Financial Times/Harris Poll
  11. Enquête Harris Interactive complète
  12. Sondage CSA/Le Monde des Religions, Portrait des catholiques, [1]
  13. Éléments d’analyse géographique de l’implantation des religions en France, décembre 2006, pp 10 et 11
  14. (en)Only 38 % of Britons believe in God
  15. Interview dans Cinématographe #108, mars 1985

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes