Tonalité

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Pour les articles homonymes, voir Tonalité (homonymie).

Dans la musique occidentale, le mot tonalité désigne une échelle musicale appartenant au système tonal.

  • Pris dans un sens large, le mot « tonalité » peut désigner le système tonal dans son ensemble : par exemple, « la tonalité, par opposition à la modalité ». Pour plus de détails concernant cette seconde signification, consulter l'article Système tonal.
  • Le mot peut également revêtir le sens de hauteur, de son fondamental, pour certains instruments — la tonalité d'une cloche, par exemple.
  • Le mot ton peut être employé comme synonyme de tonalité, mais il paraît plus prudent de ne pas utiliser ce dernier sens pour éviter des confusions avec l'intervalle de même nom.

Sommaire

[modifier] Généralités

Une tonalité se définit comme l'ensemble des relations — c'est-à-dire l'ensemble des intervalles aussi bien mélodiques qu'harmoniques — entre les degrés hiérarchisés d'une échelle donnée par rapport à son degré fondamental, appelé tonique. Une tonalité est donc caractérisée à la fois par sa tonique et par son mode.

La tonalité, c'est également un moyen de situer un instrument de musique par rapport au do de référence. En effet, les instruments n'ont pas toujours la même tonalité. La flûte, le violon ou le piano sont en ut, c’est-à-dire que lorsque le do est joué, on entend réellement do. La trompette en si bémol (elle existe dans plusieurs tonalités) est un instrument en si bémol et fait entendre réellement un si bémol lorsqu'elle joue un do. Le cor (en fa) fait entendre un fa lorsqu'il joue un do.

La tonalité est très importante car elle va permettre de transposer ou transcrire les partitions en ut dans les tonalités des instruments aux tonalités différentes. Ex: Toutes les partitions sont écrites en ut, or il y a une trompette en si bémol et un saxophone en mi bémol. On prend la partition destinée à la trompette et on l'augmente d'un ton (si bémol-do=1ton). On augmente car l'instrument joue plus bas que le do: on fait donc jouer un ton plus haut pour avoir la même note. Pour le saxophone, il faudra baisser la partition en ut d'un ton et demi (do-mi bémol=1ton 1/2). On diminue parce que l'instrument a un do de référence plus haut que le do dit "de la serrure". On applique forcément le principe inverse de l'augmentation, pour les mêmes raisons.

Quelques instruments et leur tonalité:

  • Ut: Piano, instruments à cordes, flûtes et piccolo, hautbois, basson, trompette en ut, trombones, tuba, tuba basse.
  • Ré bémol: les anciens piccolos.
  • Ré: trompette en ré.
  • Mi bémol: saxophone alto et baryton, petit bugle, cor en mi bémol, alto (petit tuba), petite clarinette, tuba basse.
  • Fa: Cor.
  • Sol: Trompette en sol.
  • La: Hautbois d'amour, trompette en la.
  • Si bémol: Saxophone soprano, ténor, tuba (euphonium et baryton), trompette en si bémol, bugle, clarinette, tuba basse (bombardon).

[modifier] Tonalité et gamme

Le mot « tonalité » peut être considéré comme un synonyme de « gamme du système tonal ».

Par exemple, dire qu'une pièce musicale est écrite « dans la gamme de sol majeur » équivaut à « dans la tonalité de sol majeur ».

[modifier] Tonalité et mode

On complète l'indication de la tonalité par celle du mode : la différence entre le mode majeur et le mode mineur repose précisément sur la position des tons et des demi-tons dans l'échelle diatonique. Pour plus de détails sur cette question, consulter l'article Mode.

Le mot « mode » ayant d'autres sens en musique — notamment dans la musique modale médiévale —, certains musicologues préfèrent ne pas utiliser ce terme dans le système tonal, et préconisent l'emploi des expressions « tonalité majeure » et « tonalité mineure », ou encore, « gamme majeure » et « gamme mineure ». Les appellations « mode majeur » et « mode mineur » sont cependant très couramment utilisées, et correspondent respectivement aux modes ionien et éolien, du moins dans l'interprétation qu'en avait fait Saint Grégoire.

[modifier] Tonalité relative

Deux tonalités relatives sont deux tonalités différentes, de modes différents — l'une majeure, l'autre mineure, donc — et ayant pour point commun « la même échelle diatonique », soit, la même armure.

Par exemple, do majeur a pour tonalité relative, la mineur, et réciproquement.
  • On notera que la tonique mineure est toujours située « une tierce mineure au-dessous » de la tonique de la tonalité majeure relative, comme do et la dans l'exemple précédent — cf. Armures et tonalités.

[modifier] Tonalité homonyme

Deux tonalités homonymes sont deux tonalités de modes différents — l'une majeure, l'autre mineure, donc — mais ayant « la même tonique ».

Par exemple, do majeur a pour tonalité homonyme, do mineur, et réciproquement.
  • On notera que du point de vue des armures, la différence est toujours de trois altérations entre les deux tonalités.
Par exemple, do majeur, armure vierge, et do mineur, trois bémols — cf. Armures et tonalités.

[modifier] Différentes armures du système tonal

Une armure est un ensemble de bémols ou de dièses réunis au début de la portée. Elle caractérise la tonalité en indiquant les altérations constantes, et a pour fonction de transposer l'échelle diatonique naturelle.

  • Gamme de si majeur avec son armure caractéristique (cinq dièses) :
Image:b_maj.png
  • La notion de tonalité principale apparaît : il s'agit de la tonalité qui débute et termine un morceau, celle qui correspond à l'armure. Les autres tonalités, traversées plus ou moins brièvement — grâce aux modulations — sont appelées les tonalités secondaires.
- Lorsque la modulation est brève — modulation passagère : quelques notes à quelques mesures —, ses différences avec la tonalité principale sont indiquées par des accidents : dièses, bémols ou bécarres.
- Lorsque la modulation est plus longue — plusieurs mesures à plusieurs phrases —, on change généralement d'armure.

[modifier] Échelles diatoniques diésées

[modifier] Échelles diatoniques bémolisées

[modifier] Identification de la tonalité à partir de l'armure

Les deux tableaux précédents n'ont absolument pas besoin d'être appris par cœur. Il est tout à fait possible de trouver la tonalité — c'est-à-dire, trouver la tonique et le mode d'un morceau donné appartenant au système tonal — en procédant en trois étapes : recherche de la tonique de la tonalité majeure, recherche de la tonique de la tonalité mineure relative, et enfin, sélection de la véritable tonalité du morceau.

[modifier] Recherche de la tonique de la tonalité majeure

Cette tonique majeure doit être trouvée à partir de l'armure du morceau. Trois cas peuvent se présenter :

  • 1. Lorsque l'armure ne contient ni dièses ni bémols, il s'agit bien évidemment de la tonalité de do majeur.
  • 2. Lorsque l'armure ne contient que des dièses, la tonique majeure se trouve « une seconde mineure au-dessus du dernier dièse ». En effet, le dernier dièse à la clé — celui qui est le plus à droite, donc — est toujours la sensible de la tonalité majeure.
Exemple : deux dièses à la clé (fa\sharp et do\sharp) ; le dernier dièse (do\sharp) est la sensible de la tonalité de ré majeur.
  • 3. Lorsque l'armure ne contient que des bémols, « la tonique majeure est l'avant dernier bémol ». En effet, le dernier bémol à la clé — celui qui est le plus à droite, donc — est toujours la sous-dominante de la tonalité majeure, par conséquent, la tonique majeure se trouve une quarte juste en-dessous du dernier bémol. Or, les bémols se succédant à la clé par quartes justes ascendantes, l'avant-dernier bémol est précisément situé une quarte juste en-dessous du dernier.
Exemple : trois bémols à la clé (si\flat, mi\flat et la\flat) ; le dernier bémol (la\flat) est la sous-dominante de la tonalité de mi\flat majeur — dont la tonique, mi\flat, correspond bien à l'avant-dernier bémol.

[modifier] Recherche de la tonique de la tonalité mineure relative

Nous savons que la tonique de la tonalité mineure relative est toujours située « une tierce mineure au-dessous de la tonique majeure ». Il convient donc de soustraire cet intervalle à la tonique majeure relative, en tenant compte éventuellement des altérations à la clé.

  • Exemples
- Armure vierge : do majeur & la mineur.
- Armure avec trois dièses : la majeur & fa\sharp mineur, etc.
- Armure avec cinq bémols : \flat majeur & si\flat mineur, etc.

[modifier] Sélection de la véritable tonalité du morceau

Un fois que les deux tonalités relatives sont déterminées par rapport à l'armure, il convient de désigner celle qui constitue la véritable tonalité du morceau en question.

  • Lorsque la pièce est harmonisée, il suffit de trouver l'accord principal — l'accord de tonique —, qui se trouve d'ordinaire au début, et surtout, à la fin du morceau. Il convient de noter toutefois qu'il arrive que le morceau se termine, non par sur l'accord de tonique, mais sur celui de la dominante.
  • Lorsque la pièce n'est pas harmonisée — donc, lorsqu'on n'a qu'une mélodie —, la recherche de la tonique est un peu moins facile, mais ne pose généralement pas de grandes difficultés : le morceau se termine généralement par l'une des trois notes de l'accord parfait de tonique — et plus précisément, par la tonique elle-même, dans la plupart des cas.
  • En cas d'hésitation, il faut rechercher si « l'altération accidentelle de la sensible du mode mineur » apparaît ou non.

[modifier] Récapitulatif

  • Tonalités relatives avec armures diésées, puis bémolisées, accompagnées de la sensible accidentelle du mode mineur :
Armures diésées

[modifier] Voir aussi