Thrène

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Voir « thrène » sur le Wiktionnaire.

En Grèce antique, un thrène (du grec ancien θρῆνος / thrếnos, de θρέομαι / théomai, « pousser de grands cris ») est une lamentation funèbre chantée lors de funérailles.

La première description de thrène se trouve au chant XXIV de l'Iliade, lors de l'exposition du corps d'Hector :

« Ils ramenèrent le héros dans sa noble demeure
Et le placèrent sur un lit sculpté. À ses côtés
Vinrent se mettre des chanteurs de thrènes, qui poussèrent
Leurs chants plaintifs, ponctués par les longs sanglots des femmes[1]. »

Chanté par des aèdes, le thrène rappelle la vie du défunt ; il alterne avec les gémissements des femmes (γόος / góos). Des sarcophages minoens et mycéniens représentent déjà des chœurs, voire des doubles chœurs d'hommes et de femmes, entourant le cadavre du mort[2]. À l'époque archaïque, Simonide de Céos et Pindare composent des thrènes dont il ne reste plus que des fragments. Le thrène se retrouve également dans la tragédie sous la forme du kommos, chanté par le chœur : Aristote le définit comme « un chant de lamentation (thrênos) commun au chœur et aux acteurs sur scène[3] ».

À l'époque de la Renaissance, c'est une lamentation attribuée au prophète Jérémie appartenant à l'office de nuit des trois Jours Saints. Ce texte a été mis en musique par exemple par Igor Stravinski. Krzysztof Penderecki a repris le terme pour son Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima, composé en 1959, de même que Bright Sheng en 2000 pour Nanjing ! Nanjing !, un trène pour pipa et orchestre commémorant le massacre de Nankin.

[modifier] Notes

  1. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (XXIV, 719-722). Extrait de la traduction de Frédéric Mugler pour Actes Sud, 1995.
  2. Paul Demont et Anne Lebeau, Introduction au théâtre grec antique, Livre de Poche, Paris, 1996 (ISBN 2-253-9025-9), p. 14.
  3. Poétique (52b). Extrait de la traduction de Michel Magnien pour le Livre de Poche, 1990.
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