Tavelure du pommier

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Une pomme atteinte de tavelure.
Une pomme atteinte de tavelure.

La tavelure du pommier est la principale maladie du pommier (genre Malus). Elle est causée par un champignon ascomycète nommé Venturia inaequalis (dont il existe différentes souches) causant des lésions noires ou brunes à la surface des feuilles, des bourgeons ou des fruits et parfois même sur le bois. Les fruits et la partie inférieure des feuilles y sont spécialement sensibles.

La maladie est favorisée par un climat humide au moment du débourrement qui permet une grande diffusion des germes nocifs. La période critique dure pendant les 8 à 10 semaines qui suivent le débourrement avec un pic au moment de la chute des pétales des fleurs qui forme des points d'entrée pour le champignon.

La maladie tue rarement son hôte mais peut réduire significativement (jusqu'à 100%) la qualité et la production des fruits en l'absence de traitement fongicide.

Avec le temps, des mutations du champignon responsable s'opèrent et on compte aujourd'hui sept variétés différentes de tavelure du pommier.

Sommaire

[modifier] Variétés résistantes

La grande majorité des variétés de pommier cultivées sont sensibles à très sensibles à la maladie[1]. A titre d'exemple, en l'absence de traitement, 95 à 100% des fruits de la variété Golden delicious seront tavelés contre 33% pour la Reinette Clochard et seulement 3% pour la Colapuy.

Il existe donc un certain nombre de cultivars de pommier plus ou moins résistants à la tavelure. En 1998, l'INRA a lancé le programme DARE (“Durable Apple Resistance in Europe ”)[2] pour les répertorier et en a listé 22.

On peut aussi citer d'anciens cultivars comme la Court-pendu gris, la pomme Alfred Jolibois, la reinette franche, la reinette de Flandre, la reinette d'Armorique, la reinette du Mans, la Patte de Loup ou de plus modernes tels que : 'Liberty' (aussi résistant à l'oïdium), 'Goldrush', 'Galarina' (aussi résistants au puceron cendré du pommier alors que 'Redfree' et 'Jonafree' y sont très sensibles[3]), 'Florina', Rewena, Retina, Reanda, Topaz, Initial, 'Dayton', 'Freedom', 'Priscilla', 'William's Pride', Akane, Melrose ou la pomme Ariane et Choupette / Dalinette récemment développées dans ce but par l'INRA.

[modifier] Cycle de vie

Le cycle d'infection commence au printemps, lorsque les températures et le taux d'humidité favorise la libération des ascospores de Venturia inaequalis en hibernation dans la litière de feuilles entourant les arbres infectés. Ces spores sont portés par le vent à la surface d'un arbre vulnérable, où ils germent et forment un tube de germes qui peut pénétrer directement dans la cuticule cireuse de la plante. Un mycélium fongique se forme entre la cuticule épidermique et les tissus sous-jacents, en commençant par une tache jaune qui pousse jusqu'à révéler une lésion noire qui permet de libérer des conidies fraîches qui germent sur d'autres zones d'accueil de l'arbre, ce qui, à son tour, produira une nouvelle génération conidiale de spores.

Ce cycle d'infections secondaires se poursuit tout au long de l'été, jusqu'à ce que les feuilles et les fruits tombent de l'arbre au début de l'hiver. Durant l'hiver, V. inaequalis subsiste essentiellement sous forme de périthèces dans la litière de feuilles mortes tombées au sol autour de la base de l'arbre, en produisant une nouvelle génération d'ascospores qui sont libérés au printemps suivant.

Les lésions situées sur les tissus ligneux ne seront pas soumis à un cycle de reproduction sexuée en hiver mais pourront produire des spores infectieux au printemps suivants.

[modifier] Traitement

Dans les vergers commerciaux, 10 à 20 traitements antifongiques annuels [4] soit 60% des interventions d'entretien sont liés à la prévention de la tavelure.

[modifier] Préventif

[modifier] Biologique

Lésions de tavelure visible sur les feuilles.
Lésions de tavelure visible sur les feuilles.

La meilleure prévention est le contrôle des feuilles qui tombent à l'automne [5]. L'utilisation de l'urée à 5% avant la chute des feuilles, en automne, supprime l'éjection d'ascospores et augmente les rendements l'année suivante [6]. A 6%, l'urée a un effet néfaste sur les feuilles, affectant l'équilibre du magnésium dans l'arbre (référence?). Le moment critique pour le traitement à l'urée est après la récolte des fruits mais avant la chute des feuilles. L'arrosage à 5% doit être fait à moins d'une semaine de la chute des feuilles pour un maximum d'efficacité. Il est important de ne pas appliquer l'urée trop tôt de crainte de nuire à l'aoûtement des arbres (référence? Certains auteurs soulignent en fait l'apport bénéfique de l'azote à cette période). Une deuxième application sur le sol au printemps à 2% d'urée assure qu'il n'y ait aucune éjection des périthèces matures [7].

En agriculture biologique, au lieu d'utiliser de l'urée, on peut utiliser de l'urine. L'urine de vache contient justement la proportion idéale de 4 à 5% d'urée. Gupta (1989) a obtenu 100% de réduction de la décharge d'ascospores avec de l'urine de vache pure ou diluée de moitié. Une plus grande dilution était moins efficace. Comme pour l'urée, l'application d'automne d'urine réduit la production d'ascospores, le développement des périthèces et améliore la décomposition des feuilles.

L'urine humaine (2,3% d'urée) peut également être utilisée. Hills (1983) recommande d'épandre l'urine sur les feuilles tombées et de tondre pour réduire la grosseur des feuilles, ce qui devrait attirer les vers pour la décomposition.

Une solution consiste également à alterner variétés sensibles et résistantes au sein d'un même verger pour réduire le potentiel de dissémination de l'inoculum.

[modifier] Chimique

Le cuivre et la bouillie bordelaise sont souvent utilisés mais ils peuvent abîmer les fruits et sont moins efficaces que le soufre mouillant d'un fongicide tel que la bouillie nantaise.

[modifier] Curatif

Dans les vergers infectés, on conseille d'intervenir en fin d'automne en taillant tous les tissus atteints et en les brûlant ainsi que toutes les feuilles tombées au sol. Ceci réduira le nombre d'ascospores présents au printemps suivant.

[modifier] Références

  1. http://www.inra.fr/ciag/content/download/2993/28655/version/1/file/4-Brun-L.pdf
  2. Résistance du pommier à la tavelure et à l’oïdium
  3. Tolerance of some scab-resistant apple cultivars to the rosy apple aphid, Dysaphis plantaginea
  4. Lespinasse et al., 1999 ; Sandskar, 2003
  5. Rosenberger, 1990
  6. Gupta, 1987
  7. Burchill, 1968

[modifier] Liens externes

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