Télé réalité

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La télé réalité (parfois désignée par l'anglicisme real TV) est un genre télévisuel dont le principe est de suivre, le plus souvent sur un mode feuilletonnant, la vie quotidienne d'anonymes ou de célébrités. Les émissions de télé réalité empruntent souvent à d'autres genres télévisuels tels que le documentaire, le jeu, la variété ou la fiction.

Sommaire

[modifier] Concept de la télévision réalité

La télé-réalité consiste à montrer dans le cadre d'un programme récurrent des situations mettant des individus ordinaires (par opposition aux professionnels de l'audiovisuel et du spectacle) aux prises avec des situations inspirées de situations réelles (travail à la ferme, service national, colocation…).

D'un point de vue conceptuel, la mise en scène des artistes contestent la notion de « thème artistique » et estiment que le quotidien est aussi un sujet d'art. On peut, par exemple, citer Les fleurs du mal de Baudelaire (1857), le mouvement Dada, les cubistes et les surréalistes : Marcel Duchamp exposant un urinoir, et Fernand Léger déclarant dans les années 1920 qu'il faudrait filmer 24 h dans la vie d'un couple banal avec des appareils permettant l'enregistrement sans qu'ils s'en aperçoivent… En 1942, Francis Ponge compose des poèmes sur les objets du quotidien dans Le Parti pris des choses. En 1963, Andy Warhol tourne Sleep, un plan séquence filmant une personne en train de dormir pendant 6 h.

Cependant, dans le cas de la télé-réalité, il ne s'agit pas d'un mouvement visant à révolutionner l'art en s'opposant à l'exceptionnel, mais de la « banalisation du banal » ; et contrairement aux performances artistiques évoquées ci-dessus, l'idée n'est pas de regarder les gens vivre 24 h sur 24 mais de regarder les résumés d'1/2 h ou les soirées exceptionnelles. On passe de la notion de « quart d'heure de gloire » au « droit démocratique » de passer à l'écran : la sélection se faisant souvent non pas sur des capacités particulières mais au contraire sur le caractère banal, il y a une identification forte du spectateur et la sensation de pouvoir soi-même faire partie de l'émission. Et dans le cas où les acteurs sont des célébrités (des people), on les met en scène dans des domaines hors de leur spécialité, dans des situations pour lesquelles un quidam serait tout autant performant, voire plus.

Le concept peut aussi se rapprocher d'une forme de jeu de rôle grandeur nature qui est apparue dans les années 1990 : des personnes devaient, par exemple, traverser plusieurs pays sans moyens (avec une somme d'argent et leurs papiers dans une enveloppe scellée à n'utiliser qu'en cas de problème). Cependant, ces jeux n'étaient pas filmés, et le but était de vivre directement l'expérience et non pas par procuration.

Les émissions ont un côté voyeuriste : le spectateur peut avoir l'impression d'observer secrètement l'intimité d'une personne, alors que les personnes se livrent volontairement en spectacle. De la part des acteurs, il y a donc un côté exhibitionniste.

Par ailleurs, on peut s'interroger sur le côté « réel » de ce type d'émission. D'une part, les personnes filmées étant informées de la démarche, on se retrouve dans l'oxymore « soyez naturel » (act naturally) : si l'on donne des consignes, des injonctions à une personne, elle n'agit plus spontanément. D'autre part, il y a une véritable mise en scène : personne ne vit volontairement plusieurs mois dans un appartement sans en sortir, et le metteur en scène de l'émission organise des défis, des thèmes, on n'est donc pas dans la spontanéité. Il y a une sélection sur la personnalité des personnes, il ne s'agit pas d'un tirage au sort, il y a même une véritable composition de l'équipe en fonction des caractères, voire du politiquement correct. Le plus souvent, les gens filmés sont dans une situation économique de subordination avec la production et souhaitent obtenir une meilleure situation sociale grâce à leur passage devant la caméra, d'où un comportement non naturel et plus proche de la fiction.

Un terme plus exact serait donc « improvisation par des acteurs amateurs », ou « réalité-fiction ».

En janvier 2008, la Cour d'appel de Paris confirme la requalification en contrat de travail de la prestation de candidats de l'édition 2003 de l'Île de la tentation[1].

[modifier] Historique

Le prototype du genre remonte à 1967 en Allemagne où l'émission Aktenzeichen XY sur la chaîne ZDF propose au public de résoudre des affaires criminelles à partir de reconstitutions et d'interviews. L'émission, toujours diffusée, est l'un des programmes en langue allemande les plus populaires en Europe. C'est en 1973 aux États-Unis que l'émission An American Family diffusée sur PBS s'introduit pour la première fois dans la vie privée des spectateurs pour relater en douze épisodes le divorce d'une famille californienne. Le modèle sera repris l'année suivante au Royaume-Uni sous le titre The Family et en 1992 en Australie dans Sylvania Waters. Ces programmes télévisés soulèvent un tollé. En 1987, il n'y a pourtant pas moins de 37 émissions de TV réalité aux États-Unis.

Créé en 1989, COPS, au cours duquel une équipe de télévision suit des policiers au quotidien, est l'une des émissions connaissant le succès le plus durable sur les écrans américains et est fréquemment considérée comme la première émission de télé réalité. D'autres programmes tels que The Real World sur MTV ou America's Most Wanted sur Fox popularisent le format.

Les années 1990 voient émerger en France des émissions telles que Perdu de vue (inspirée de l'émission américaine Missing Person) dans laquelle une équipe d'investigateurs recherchent des personnes disparues ou Témoin n°1 qui tente de réconcilier des couples. Selon l'animateur, Jacques Pradel, véritable initiateur de la télé réalité en France : « Nous rétablissons la communication coupée entre les personnes, entre les couples, c’est le nouvel âge de la télévision. » Le succès est tel que la télévision publique produit à son tour La Nuit des héros qui reconstitue des accidents et l'intervention héroïque d'un « monsieur tout le monde » rassemble jusqu'à six millions de téléspectateurs. Le psychanalyste Gérard Miller déclare alors « C'est de l'exhibition de chair fraîche et de pulsions qui offre un spectacle pitoyable. »

C'est en 1999 que l'archétype du genre, l'émission Big Brother produite par la société néerlandaise Endemol bouleverse le paysage audiovisuel mondial. Se présentant sous la forme d'un jeu où 12 participants sont enfermés pendant plusieurs semaines sous surveillance continue d'un système vidéo (voir plus bas Cage à rats). L'émission est très populaire et s'exporte dans 70 pays. De nombreux autres programmes s'inspirant de tout ou en partie des idées mises en œuvre par Big Brother .

Le concept de télé réalité rencontre un succès retentissant à double titre : d'une part les émissions connaissent un engouement exceptionnel se traduisant par des scores d'audimat très élevé et par un bouche à oreille créant un véritable phénomène de société et d'autre part par la rentabilité record de ces programmes dont le coût de production est extrêmement faible (pas de scénario, pas d'acteurs rémunérés et une mise en scène minimaliste).

En France, le concept est testé par la chaîne M6 dont le programme Loft Story est vilipendé par TF1 comme de la télé poubelle. Néanmoins, après le succès phénoménal de la première saison, la première chaîne française lancera à son tour des programmes de télé réalité tels que Star Academy ou Nice People.

[modifier] Reality show et télé réalité

On peut distinguer les notions de reality show et de télé réalité[2] :

Le reality show
Format d'émission dans laquelle des individus ordinaires vivent réellement des situations extraordinaires. Le succès de ce concept démarre aux États-Unis en 1989 avec COPS. En France, on verra ce type d'émission tout au long des années 1990 : Perdu de vue, Témoin n°1, La Nuit des héros, Les Marches de la gloire, etc.
La télé réalité (traduction de reality television)
Format d'émission dans laquelle des individus ordinaires vivent artificiellement des situations plus ou moins ordinaires. Le succès de ce concept démarre en Europe en 1999 avec Big Brother. En France, ce sont les émissions des années 2000 : Loft Story, Koh-Lanta, L'Île de la tentation, Star Academy, etc.

[modifier] Différents types d'émission

[modifier] « Cage à rats »

Dans ce type d'émission, les candidats sont isolés du reste du monde et sont éliminés un par un. Un candidat peut être éliminé après avoir échoué à une épreuve ou après avoir été désigné par ses pairs ou par les téléspectateurs. C'est un moyen facile et économique pour les chaînes de télévision de gagner beaucoup de part d'audience et d'argent, par le biais des SMS envoyés par les téléspectateurs pour éliminer tel ou tel candidat. Dans ces programmes, on peut citer Secret Story, Loft Story, Nice People, Les Aventuriers de Koh-Lanta ou encore Big Brother.

Selon la société Endemol à l'origine de ce format d'émission, il repose sur quatre éléments :

  • un environnement dénudé : Le décor ne doit en aucun cas offrir aux participants une échappatoire à la confrontation avec les autres candidats.
  • un système d'élimination par vote des spectateurs : Il permet d'impliquer les spectateurs qui interagissent avec l'émission et ainsi de s'assurer de leur fidélité. La menace de l'élimination renforce en outre les tensions entre les participants.
  • les tâches édictées par les organisateurs du jeu : Elles permettent de maintenir une activité télégénique et de forcer les candidats à interagir.
  • le confessionnal : Destiné à recueillir les votes des participants qui pré-sélectionnent les candidats à l'élimination par les téléspectateurs, il leur permet également de livrer leurs pensées et leur sentiment et souligne ainsi les relations qui se tissent.

Ces éléments peuvent être combinés avec d'autres concepts, tels que les castings ou la séduction, mais restent les marques de fabrique de la télévision réalité et comptent parmi ses aspects les plus décriés.

[modifier] Télé crochet

Le principe de ces émissions est de mettre plusieurs candidats en compétition, le vainqueur gagnant la possibilité d'enregistrer un album. On peut citer dans cette catégorie Star Academy, Popstars ou Nouvelle Star.

De nombreux professionnels de l'audiovisuel contestent la qualification de télé réalité pour les télé crochets. Le concept de télé crochet est né bien avant l'expression « télé réalité ». Il est généralement admis qu'un télé crochet appartient à la télé réalité dès lors que des reportages sur la vie privée des candidats sont diffusés. Ainsi, avec cette nouvelle définition, le télé crochet Entrée des artistes de Pascal Sevran n'appartiendrait pas à la télé réalité.

[modifier] Expérience de vie

Le principe de ces émissions est d'inviter les participants à échanger leur vie pendant quelques jours (On a échangé nos mamans ou encore Vis ma vie) ou à vivre dans un milieu qu'ils ne connaissent pas (Koh Lanta, The Simple Life, La Ferme Célébrités et Première compagnie).

[modifier] Séduction

Le principe de ces émissions est de favoriser les relations amoureuses au sein d'un groupe ou de constituer un couple. On peut citer dans ce type d'émissions, en France, Opération séduction, l'Île de la tentation, Bachelor, Greg le millionnaire et son alter ego Marjolaine et les millionnaires.

[modifier] Modes de vie

Le principe de ces émissions est de faire appel à des experts, plus ou moins avérés, afin de conseiller des anonymes pour qu'ils améliorent leur mode de vie ou leurs habitudes. On peut citer dans ce type d'émissions Le Coach, Confessions intimes (un psychologue assiste des couples en difficulté), Super Nanny (une éducatrice aide des parents débordés par des enfants turbulents), Queer, C'est du propre ! (deux fées du logis remettent de l'ordre dans les logements des spectateurs) ou encore Panique en cuisine sous le patronage de Jean-Pierre Coffe.

[modifier] Livres et films ayant pour sujet la télé réalité

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. Thomas Bronnec, Télé-réalité: la justice veut participer aussi, L'Express, 13 janvier 2008
  2. Jean-Louis Missika, La Fin de la télévision, Seuil, coll. « La République des idées », Paris, 2006.