Supin

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Le supin est une catégorie grammaticale intermédiaire entre le nom et le verbe, définie soit comme une « forme nominale » [1] ou « d'origine nominale »[2] du verbe, soit comme l'une des formes « infinitives » du verbe, au même titre que l'infinitif, le participe ou le transgressif (ou : « participe adverbial ») [3]. Il est présent dans relativement peu de langues et exprime généralement une intention. En règle générale, il est utilisé avec un verbe de mouvement. Dans les langues qui ne possèdent pas de supin, on utilise souvent l'infinitif à la place.

Sommaire

[modifier] Langues concernées

Le supin existait probablement en proto-indo-européen. Le latin comme l'ancien slave [4] le connaissaient. Quelques exemples relevant de langues vivantes :

  • En bas-sorabe : njok spaś (infinitif, « je ne veux pas dormir ») vs. źi spat (supin, « va dormir »)
  • En slovène : jesti (infinitif, « manger » vs. grem jest (supin, « je vais manger »
  • En lituanien : tu turi malkų atnešti (infinitif, « tu dois aller chercher du bois ») vs. eik malkų atneštų (supin, « va chercher du bois ») [5]

[modifier] En latin

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Wikibooks propose un ouvrage abordant ce sujet : Latin/Conjugaisons.

En latin, la forme du supin est utilisée, soit en tant que telle, soit en tant que forme dérivée de son radical (on parle parfois de supin I et II)[6]. Dans les dictionnaires latins actuels, le supin I (désinence -tum) est, dans l'ordre, la cinquième des formes indiquées.

Exemple : narro, narras, narrare, narravi, narratum (ou en abrégé : narro, -as, -are, -avi, -atum), « raconter ». Narratum est la forme du supin.

Le supin I (désinence en -tum, ou -sum pour certains verbes), utilisé avec les verbes de déplacement, exprime, soit le but :

  • Gladiatores adfuerunt pugnatum, « Les gladiateurs sont venus pour combattre »
  • Eo lusum (de ludere), « Je vais jouer »

soit le passif futur :

  • Credidit se necatum iri, « Il pensa qu'il allait être tué »
  • amatum iri, « être sur le point d'être aimé »

Le supin II, qui présente une désinence en ū long, est plus rare et ne concerne traditionnellement qu'un petit nombre de verbes. Il est dérivé du dativus finalis, qui exprime le but, ou de l’ablativus respectivus, qui indique « à quel égard » ou « sous quel rapport » :

  • Res mirabilis visū (de video, voir) : « chose admirable à voir »
  • Horribile dictū : « c'est horrible à dire ».
  • Puer difficilis doctū : « un enfant difficile à éduquer ».

Il reste également une trace pour quelques verbes d'une forme de datif du supin en -tui :

  • memoro « rappeler » → memoratui. Ex : Res lepida memoratui « Une chose agréable à rappeler » (Plaute). [2]

Le radical du supin permet de construire le participe passé passif et le participe futur actif.

  • narratus, -a, -um, « raconté »
  • narraturus, -a, -um, « qui racontera, devant raconter »

Certains verbes latins, défectifs, ne possèdent pas de supin. Ex : volo, « vouloir ». [2]

[modifier] En suédois

En suédois, on décrit comme un supin la forme secondaire indéclinable du participe parfait, qui est utilisée conjointement avec les formes anciennes de l'auxiliaire ha (« avoir ») pour former le parfait ou encore le plus-que-parfait [7] . Exemple :

  • Jag har druckit lite vatten. « J'ai bu un peu d'eau. »

A cette forme s'oppose le participe parfait sous sa forme déclinée et adjectivée :

  • det druckna vattnet « l'eau bue ».

[modifier] Dans d'autres langues

En anglais, c'est l'infinitif précédé de la particule to qui tient lieu de supin. On l'appelle pour cette raison full infinitive (« infinitif complet ») ou to-infinitive.

Le supin en roumain correspond généralement à la construction anglaise for [do]ing. Ex :

  • Această carte este de citit « Ce livre est destiné à être lu » (anglais : This book is for reading)

[modifier] Notes et références

  1. Jean Dubois & al., Dictionnaire de Linguistique, Larousse, 1991 (ISBN 2-03-340308-4)
  2. abc Bernard Bortolussi, La grammaire du latin, Hatier (Bescherelle), 1999 (ISBN 2-218-72753-6)
  3. On trouve comme définition du supin pour le latin : « l'un des quatre modes insensibles à la personne », avec l'infinitif, le participe et le gérondif (Bernard Bortolussi, op.cit.)
  4. Par exemple en tchèque ancien : spáti vs. spat. La désinence actuelle de l'infinitif, en -t (anciennement -ti) dérive du supin.
  5. En lituanien toutefois, on utilise fréquemment l'infinitif à la place du supin, dont la forme est identique à celle de la 3e personnne du conditionnel. Le verbe de mouvement peut être omis, dans la mesure où la forme du supin implique par elle-même le sens à exprimer.
  6. On peut aussi considérer que le supin latin possède une déclinaison à 2 cas : l'accusatif (-tum) et l'ablatif (-tū) (B.Bortolussi).
  7. Ceci s'applique aussi au norvégien, où la forme du supin est appelée perfektum.

[modifier] Voir aussi