Norvégien

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  Norvégien
(norsk)
 
Parlé en Norvège, (incluant le Svalbard et l'île Jan Mayen)
Région Europe
Nombre de locuteurs 4,7 millions (2005)
Classement 108
Typologie SVO [1]
Flexionnelle
Classification par famille

 -  Langues indo-européennes
    -  Langues germaniques
       -  Langues scandinaves
          -  Langues scandinaves occidentales
             -  Norvégien

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
Norvège
Régi par Språkrådet
ISO 639-1 no - norvégien
nb - bokmål
nn - nynorsk
ISO 639-2 nor - norvégien
nob - bokmål
nno - nynorsk
ISO/DIS
639-3
nor - norvégien
nob - bokmål
nno - nynorsk
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL
Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

Le norvégien (norsk en norvégien) est une langue germanique parlée en Norvège, elle a pour racine historique le vieux norrois, qui était pratiqué depuis le Moyen Âge dans les pays scandinaves par les Vikings. Le vieux norrois est aussi l'ancêtre direct du danois et du suédois modernes et a exercé une influence sensible sur l'anglo-saxon pour former l'anglais ; en France, il a fourni au vieux normand certains éléments de vocabulaire.

Le norvégien actuel comporte en réalité deux standards concurrents à l'écrit :

  • le bokmål (littéralement « langue des livres » ─ prononcer « 'bouk-mol »), héritier du riksmål (littéralement « langue du royaume » ─ prononcer « 'riks-mol ») c’est-à-dire du norvégo-danois/dano-norvégien (norsk-dansk/dansk-norsk) élaboré pendant la longue période de domination danoise ; le bokmål est aussi connu sous la dénomination norvégien oriental ;
  • le nynorsk (« néo-norvégien » ─ prononcer « 'nu-norsk », avec un u "tendu" comme un i), héritier du landsmål (littéralement « langue des campagnes » ou « langue nationale » ─ prononcer « 'lanns-mol »), dont une variante moderne non officielle décrite plus "pure" mais "radicale" est dérivée, le høgnorsk (prononcer « 'heug-norsk ») plus proche du vieux norrois (et opposée à la première réforme de 1917) ; le nynorsk est aussi connu sous la dénomination norvégien occidental.

Sommaire

[modifier] Histoire

Extension approximative du vieux norrois et des langues dérivées au Xe siècle.  La zone en rouge montre l'aire de répartition du scandinave occidental, la zone orange celle du scandinave oriental. La zone rose représente l'aire du Gutnisk et la zone verte les langues germaniques ayant des correspondances avec le vieux norrois.
Extension approximative du vieux norrois et des langues dérivées au Xe siècle. La zone en rouge montre l'aire de répartition du scandinave occidental, la zone orange celle du scandinave oriental. La zone rose représente l'aire du Gutnisk et la zone verte les langues germaniques ayant des correspondances avec le vieux norrois.

Le norvégien actuel dérive du vieux norrois, qui était la langue utilisée par les Vikings. Selon la tradition c'est le roi Harald Hårfagre qui unifia la Norvège en 872. A cette époque on utilisait un alphabet runique. En observant les pierres runiques de cette période, on voit qu'il y avait peu de variations régionales de la langue. Vers 1030 le christianisme arrive en Norvège, consacré par l'inauguration de la cathédrale Nidaros à Trondheim en l'an mil précisément, et avec lui l'alphabet latin, les premiers manuscrits en caractères latins apparaissent un siècle plus tard. Le norvégien commence aussi à se différencier de ses voisins.

Le vieux norrois se scinde alors en deux familles, le scandinave occidental (en Norvège, Islande, Groenland, îles Féroé et Shetlands) et le scandinave oriental (au Danemark et en Suède). Les langues d'Islande et de Norvège restent très proche jusque vers les années 1300, on les nomme alors vieux norvégien et vieux islandais.

Durant la période 13501525, le vieux norvégien évolue, la grammaire se simplifie, la syntaxe se fixe et du vocabulaire du bas-allemand moyen est intégré. Le suédois et le danois subissent une influence similaire, au contraire du féringien et de l'islandais. Durant cette période l'union de Kalmar unifie les royaumes de Suède, Norvège et Danemark. La Norvège est subordonnée au Danemark, et le danois devient la langue de l'élite et de la littérature. Dans le langage de tous les jours, le danois subit une norvégianisation et une simplification grammaticale. C'est ce Dano-Norvégien qui est devenu la langue maternelle lorsque l'union avec le Danemark prend fin en 1814.

Une nouvelle union commence avec la Suède, mais durant tout le XIXe siècle, la Norvège tente d'émerger en tant que nation et la langue devient un enjeu politique.

[modifier] Histoire des deux standards à l'écrit de la langue norvégienne

Dans les années 1840, nombre d'écrivains commencèrent à norvégianiser le danois en incorporant des mots décrivant les paysages et la culture norvégienne. L'orthographe et la grammaire furent progressivement modifiées.

Dans le même temps, un mouvement nationaliste militait pour le développement d'une nouvelle forme écrite du norvégien. Ivar Aasen, un linguiste autodidacte commença dès l'âge de 22 ans ses travaux pour créer une nouvelle langue norvégienne à partir de ses voyages dans tout le pays — où il avait comparé les dialectes de différentes régions — et de l'étude de l'islandais, langue qui avait su se préserver largement des influences extérieures qu'avait subies la langue norvégienne. Il appela le fruit de ses travaux, publiés dans plusieurs livres de 1848 à 1873, le landsmål (littéralement « langue nationale »).

La Norvège fut séparée du Danemark en 1814 pour former une union avec la Suède, qui dura jusqu'en 1905. Cependant, seul le danois norvégianisé fut adopté comme langue officielle par le parlement norvégien sous le nom riksmål (langue du royaume) en 1899. Après une période de romantisme patriotique effréné, certains voulurent imposer un retour aux sources, c’est-à-dire au norvégien « originel » des campagnes ; mais les diverses institutions ne purent suivre ce mouvement, puisque toutes leurs archives étaient rédigées en danois (cette tension explique la coexistence, aujourd’hui, de deux langues norvégiennes).

Après la dissolution de l'union avec la Suède, les deux langues continuèrent à se développer. Au cours du XXe siècle, une série de réformes orthographiques tendit à rapprocher les deux langues, facilitant notamment l’utilisation de formes nynorsk en bokmål et réciproquement.

En 1929, le riksmål fut officiellement renommé bokmål (langue des livres), et le landsmål fut renommé nynorsk (nouveau norvégien) — les anciennes désignations dano-norvégien et norvégien furent abandonnées au parlement, car le label danois était (et est toujours) très impopulaire parmi les utilisateurs du bokmål (riksmål). Cette adoption marque la reconnaissance officielle de deux langues.

Le bokmål et le riksmål ont été rapprochés au cours des réformes successives de 1917, 1938 et 1959. C'était le résultat d'une politique visant à fusionner le nynorsk avec le bokmål en une seule langue hypothétique nommée samnorsk (norvégien commun). En 1946, un sondage montra que cette politique était soutenue par 79 % des Norvégiens d'alors.

Cependant des opposants à la politique officielle organisèrent un mouvement massif de protestation contre le samnorsk dans les années 1950, en combattant particulièrement l'utilisation de formes radicales dans les livres scolaires de texte en bokmål. La politique samnorsk eu finalement peu d'influence après 1960 et fut officiellement abandonnée en 2002.

Si en 1917 on s'était contenté de regrouper les dialectes avec une orthographe commune dans l'un des deux groupes linguistiques, mais en laissant subsister des variantes locales, les réformes plus récentes de 1981 et 2003 (effective en 2005) du bokmål officiel permettent d'unifier les différences subsistant avec le riksmål (les différences résiduelles sont maintenant comparables à celles entre l'anglais britannique et l'anglo-américain).

Les utilisateurs des deux langues écrites ont résisté aux efforts de dilution des distinctions de leur langue écrite en général et de leur prononciation. Au cours des années, les normes pour le bokmål ont de plus en plus accommodé les anciennes formes du riksmål. De ce fait, certains ont préféré suivre une voie plus traditionnelle pour l'écriture du nynorsk, le høgnorsk (norvégien pur).

[modifier] La situation actuelle des deux standards à l'écrit

Actuellement, le nynorsk est plus répandu dans les régions campagnardes du sud-ouest, de l’ouest, et aux montagnes de l'est de la Norvège, alors que le bokmål se rencontre dans l'est et dans le nord du pays, ainsi que dans presque toutes les régions urbaines.

Aujourd'hui, à l’école, les élèves apprennent nécessairement les deux langues et doivent être capables de lire et de rédiger des documents dans chacune d’entre elles à partir de l'enseignement secondaire et supérieur. Près de 85,3% des écoliers norvégiens reçoivent un enseignement primaire en bokmål, et 14,5% en nynorsk. Sur les 433 municipalités de Norvège, 161 ont déclaré vouloir communiquer avec les autorités centrales en bokmål, 116 (représentant 12% de la population) en nynorsk, les 156 autres restant neutres. Sur les 4 549 publications (parues en 2000), 92% étaient en bokmål ou riksmål, 8% en nynorsk. Les grands quotidiens nationaux (Aftenposten, Dagbladet et VG) sont publiés en bokmål. Quelques quotidiens régionaux (tels que Bergens Tidende et Stavanger Aftenblad) et nombres de journaux locaux utilisent les deux langues.

Cependant, d'autres influences régionales subsistent, et si à Oslo une rue s’appelle gate, à Kragerø (sud-est d’Oslo) on dit gade, tandis que dans le comté de l’Oppland, en direction de Lillehammer, on lit gutua sur les pancartes. Dans une grande partie sud de la Norvège, pourquoi se dit hvorfor, mais au nord, dans le Finnmark, on entendra kvorfor, le k initial étant nettement appuyé.

Néanmoins, de solides divergences persistent entre les deux langues et un débat souvent enflammé persiste entre les tenants du nynorsk et ceux du bokmål, les premiers soutenant que le nynorsk, plus « suédois », serait plus proche du norvégien parlé, alors que les seconds mettent en avant le fait que les étrangers apprennent plus facilement le bokmål ; mais la question est encore loin d’être réglée.

Aussi, on admet généralement qu'il existe une grande variété de différences dialectales, au point qu'il est presque impossible de les dénombrer. Des différences grammaticales, syntaxiques, lexicales et phonétiques se produisent à des niveaux distincts des divisions administratives, au point que dans certains cas ils sont mutuellement inintelligibles aux locuteurs non avertis. Ces dialectes tendent à se régionaliser par enrichissement mutuel, mais on note un récent intérêt pour leur préservation.

[modifier] Différences entre le bokmål et le nynorsk

Ci-dessous figurent quelques phrases donnant une indication des différences entre le bokmål et le nynorsk, comparées avec la forme historique riksmål (proche du danois) et au danois lui-même, avec la forme conservative høgnorsk (plus proche du suédois — peut-être serait-il intéressant de la comparer aussi au suédois), ainsi qu'à l'anglais, à l'allemand et au français :

D=danois, R=riksmål, B=bokmål anglais français
N=nynorsk, H=høgnorsk allemand
D/R/B Jeg kommer fra Norge. I come from Norway Je viens de Norvège.
N/H Eg kjem frå Noreg. Ich komme aus Norwegen.
D Hvad hedder han? What is he called (What is his name) ? Comment s'appelle-t-il ?
R/B Hva heter han?
N/H Kva heiter han? Wie heißt er?
D/R/B Dette er en hest. This is a horse. Ceci est un cheval.
N/H Dette er ein hest. Das ist ein Pferd.
D/R Regnbuen har mange farver. The rainbow has many colours. L'arc-en-ciel a beaucoup de couleurs.
B Regnbuen har mange farger.
N Regnbogen har mange fargar. Der Regenbogen hat viele Farben.
H Regnbogen hev mange fargar.
(ou mieux : Regnbogen er manglìta).

[modifier] Écriture

[modifier] Les graphies

Depuis une date relativement récente (tournant du XXe siècle), le norvégien (bokmål et nynorsk) a abandonné l’écriture gothique et les majuscules « à l’allemande » qui apparaissaient au début des substantifs.

Le norvégien utilise des graphies pouvant être déconcertantes pour le lecteur étranger :

  • sj correspond à notre son [ch] (chocolat). Cette graphie existe dans d'autres langues, comme le limbourgeois ou le néerlandais par exemple.
  • identiquement à ce qui se produit en allemand, le y correspond à notre son [u] français (curieux)
  • en revanche, la graphie o correspond, elle, à notre [ou] (jour).

[modifier] Les caractères supplémentaires

Le bokmål et le nynorsk utilisent trois caractères supplémentaires par rapport au français :

  • le å (a rond en chef), qui correspond à un « o » assez ouvert, comme fort, ou loge, et non comme dans mot, ou auto ; au XIXe siècle et au début du XXe siècle, ce signe était remplacé dans les textes par la graphie aa ;
  • le ø (o barré), qui correspond à notre son « eu », de jeune, œuf, instituteur, menteur (et non le « eu » de euphémisme, jeu, peu) ;
  • et le æ (ligature ash), qui correspond à notre « è », mais plus ouvert que dans claire, terre, colère, plus proche du « a ».

Ces trois caractères se retrouvent en danois ; mais lorsque l’on compare les deux langues, on constate que de nombreux æ sont devenus de simples e en norvégien, le bokmål ayant tendance à fermer et à avancer davantage les voyelles.

De nos jours, le å est encore fréquemment remplacé par la graphie aa dans les noms de lieux, les noms propres... et lorsque le matériel informatique ne comprend pas un clavier norvégien.

La prononciation du y est spécifique, nettement différenciée, entre le i et le u.

[modifier] Prononciation

Icône de détail Article détaillé : Prononciation du norvégien.

[modifier] Phonétique

Le norvégien est une langue à accent de hauteur.

[modifier] Diphtongues et monophtongues dans bokmål et nynorsk

Les diphtongues de l'ancien norrois furent remplacées par des monophtongues dans le danois et aussi dans les dialectes de l'est de la Norvège. On voit cette différence dans l'écriture en bokmål et nynorsk des mots qui avaient des diphtongues en norrois:

  • La diphtongue ei devient souvent e en bokmål.
  • La diphtongue øy (du norrois ey) devient ø en bokmål.
  • La diphtongue au devient ø en bokmål.
norrois nynorsk bokmål riksmål danois français
steinn stein stein (sten) sten sten pierre
lauss laus løs (laus) løs løs lâche
eyra øyra (øyre) øre øre øre oreille

[modifier] Grammaire

[modifier] Les verbes

Les verbes n’ont qu’une seule forme par temps, commune à toutes les personnes.

Exemple : å være, « être », au présent de l’indicatif :

bokmål nynorsk français
jeg er eg er je suis
du er du er tu es
han, hun, det er han, ho, det er il, elle est
vi er vi (me) er nous sommes
dere er de er vous êtes
de er dei er ils, elles sont

De façon générale, le présent de l’indicatif se forme en ajoutant la terminaison -r ou -er à l’infinitif.

Exemple : å elske, « aimer » (équivalent de l’anglais to love) :

bokmål nynorsk français
jeg elsker eg elskar j'aime
du elsker du elskar tu aimes
han, hun, det elsker han, ho, det elskar il, elle aime
vi elsker vi (me) elskar nous aimons
dere elsker de elskar vous aimez
de elsker dei elskar ils, elles aiment

Comme en allemand, il existe des verbes « forts » qui possèdent des prétérits et des participes passés particuliers.

[modifier] Les pronoms personnels du nynorsk

Au niveau du groupe verbal, la principale différence qui subsiste entre nynorsk et bokmål concerne les pronoms personnels sujets :

  • la première personne jeg du bokmål devient eg en nynorsk ;
  • hun (elle) devient ho
  • de (ils, elles) devient dei.

[modifier] Les noms et les articles

Le bokmål connaît deux genres : le féminin/masculin d’un côté, le neutre de l’autre. Jusqu’à une époque récente, on faisait encore la différence entre masculin et féminin ; depuis peu, la tendance est à la fusion des deux, et il est donc grammaticalement correct de mettre les noms féminins au masculin, même si certains locuteurs continuent à les différencier. On trouve ainsi parfois ei strand au lieu de en strand (« une plage »), mais on retrouve cette variation également dans la forme définie : stranda se rencontre autant que stranden (« la plage »). Enfin, certains mots sont exceptionnellement restés au féminin : c’est par exemple le cas de ei sild, « un hareng » ou encore ei lue, lua, « un chapeau ».

Contrairement à ce qui se produit en allemand, les noms ne se déclinent pas en bokmål ; en revanche, leur terminaison peut varier selon leur genre et leur nombre.

De plus, l’article défini (singulier et pluriel) ainsi que l’article indéfini pluriel est postposé et enclitique ("collé" à la fin du substantif), comme en suédois: c’est cette disposition particulière qui produit un « effet de déclinaison » auprès du non-initié.

Exemples :

indéfini défini
français bokmål nynorsk français bokmål nynorsk
une forêt en skog ein skog la forêt skogen skogen
des forêts skoger skogar les forêts skogene skogane
indéfini défini
français bokmål nynorsk français bokmål nynorsk
un arbre et tre eit tre l' arbre treet treet
des arbres trær tre les arbres trærne trea

Dans ces exemples, « skogen » relève du genre masculin/féminin, et « treet » du neutre.

[modifier] La morphosyntaxe nominale du nynorsk

Du point de vue de la morphologie nominale, la principale différence entre bokmål et nynorsk tient au nombre de genres : alors que le bokmål tend à n’en conserver que deux, le nynorsk, lui, fonctionne toujours avec les trois genres (masculin - féminin - neutre).

D’un point de vue syntaxique, le nynorsk préfère la périphrase prépositionnelle au génitif saxon pour indiquer l’appartenance : on dira en nynorsk boka til Anna (« le livre d’Anne »), alors que le bokmål utilisera la tournure Annas bok.

[modifier] Les adjectifs

Comme pour les noms, la distinction principale se fait entre le neutre et le genre masculin-féminin. Le neutre est marqué par un -t final.

[modifier] Les gentilés

Rares sont les villes qui déclinent en adjectifs les noms de leurs habitants. La règle est établie qu'un habitant d'Oslo soit appelé Osloborger, et n'a pas de traduction en français autre qu' habitant d'Oslo.

Dans les rares exceptions, on cite habituellement Bergen, dont le résident est le bergenser. A Tromsø vit un tromsøværing. Un originaire du comté du Trøndelag (chef-lieu Trondheim) est appelé un trønder (le dialecte qui y est parlé est le trøndersk).

Cela étant, on utilise ces adjectifs pour nommer les habitants des régions : sørlending, vestlending, østlendig et nordlending (habitant du sud, de l'ouest, de l'est et du nord).

[modifier] Les pronoms et adverbes interrogatifs

On retrouve en bokmål et en nynorsk la même série de pronoms interrogatifs qu’en allemand et en anglais :

bokmål nynorsk traduction
Hva? Kva? Quoi ?
Hvem? Kven? Qui ?

Les adverbes interrogatifs suivent la formation des pronoms :

bokmål nynorsk traduction
Hvor? Kvar? Où ?
Hvorfor? Kvifor? Pourquoi ?
Hvordan? Korleis? Comment ?

Sur le passage de la graphie Hv en bokmål à Kv en nynorsk : en islandais, la graphie Hv se prononce précisément [kv] : voir par exemple Sigur Rós, « Flugufrelsarinn » (dans Ágætis Byrjun).

[modifier] Vocabulaire du bokmål

Pour un locuteur français, on peut distinguer trois strates principales dans le vocabulaire du bokmål :

  • les mots d'origine germanique et/ou anglo-saxonne : par exemple le fameux tre, « arbre », clairement apparenté au tree anglais ; ou encore le verbe å like, « aimer, apprécier », parfait équivalent de l'anglais to like ; « sagesse » se dit visdom, comme wisdom en anglais... Les exemples de proximité entre le norvégien et l'anglais sont nombreux. Plus proches de l'allemand sont les noms terminés en -het, équivalent du suffixe germanique -heit : sikkerhet signifie « sûreté, sécurité », comme la Sicherheit allemande ; à l’hemmelighet (« secret ») norvégienne, correspond la Heimlichkeit allemande.
  • les mots d'origine scandinave, que l'on retrouve en suédois et en danois, voire en islandais, mais pas dans les autres langues germaniques ; le nom donné à la fête de Noël, « Jul », en est un bon exemple. En fait, ce mot correspondait à la fête scandinave du solstice d’hiver (jól en norrois), sur laquelle est venue se greffer la fête de Noël au moment où l’ensemble de la péninsule a été christianisé.
  • et les mots proprement norvégiens, finalement peu nombreux, bien qu'il en existe quelques-uns.

Comme toutes les langues européennes, le bokmål a également emprunté de nombreux termes au vocabulaire « international », ceux des pays d’Europe occidentale des XIXe et XXe siècles.

On retrouve aussi quelques mots clairement empruntés au français, quoique pas toujours reconnaissables au premier abord :

  • en sjåfør, c’est « un chauffeur ». (conducteur de taxi, par exemple) (La graphie sj correspond au « ch » français)
  • en sjeselong, c'est non pas une « chaise longue », mais un fauteuil Récamier, une méridienne

[modifier] Le norvégien et les autres langues scandinaves

Du fait de leur origine commune, le norvégien, le danois et le suédois sont restés assez proches et un Norvégien cultivé comprendra facilement les deux langues sœurs à l’écrit ; à l’oral, certaines différences de prononciation peuvent entraver la compréhension tant qu'on ne les connait pas. En pratique, il arrive régulièrement qu'un Norvégien et un Suédois, ou un Norvégien et un Danois, discutent ensemble en parlant chacun leur langue et se comprennent à peu près correctement.

L'intercompréhension entre Norvégiens et Islandais est en revanche plus limitée : si les Norvégiens cultivés saisissent grosso modo le sens d'un texte écrit en islandais, la langue orale leur est aussi étrangère que l'ancien français du XIIIe siècle l'est à un Français d'aujourd’hui. Cela tient au fait que linguistiquement parlant, l'islandais est toujours resté très proche du norrois médiéval.

Un pidgin de la région frontière entre la Norvège et la Russie, le russenorsk, fut pratiqué aux XVIIIe et XIXe siècles. C'était un mélange d'éléments norvégiens et russes, créé par des marchands et des chasseurs à la baleine provenant de la Norvège du nord et de la péninsule russe de Kola. Le manque d'une langue commune força la création d'un outil minimal de communication. Le russenorsk avait une grammaire rudimentaire et un vocabulaire assez limité, composé pour la plupart des mots essentiels pour le commerce et la pêche arctique.

[modifier] Exemples

[modifier] Vocabulaire

Français Norvégien
(bokmål)
Prononciation

française

terre jord iour
ciel himmel 'himèl
eau vann van'
feu brann bran'
homme mann man'
femme kvinne kviné
manger spise spise
boire drikke drik-ke
grand stor stour
petit liten liteun
nuit natt natte
jour dag day

[modifier] Exemples littéraires

Riksmål :

Jeg gik ind gjennem skogen, jeg begyndte å røres til tårer og var henrykt, jeg sa hele tiden: Gud i himlen at jeg skulde komme hit igjen ! Knut Hamsun, Under høststjærnen, 1906

(Je pénétrai dans la forêt, je commençai à être ému aux larmes et plein de ravissement, je ne cessais de répéter : Dieu du ciel, fasse que je puisse revenir ici !) Knut Hamsun, Sous l’étoile d’automne, 1906

Bokmål :

Jeg skal fortelle deg noe du ikke vet. Minst to tredjeparter av de som gifter seg ødelegger sitt og motpartens liv. Arthur Omre, Hun, den første; 1957

(Je vais te dire quelque chose que tu ne sais pas. Au moins les deux tiers de ceux qui se marient détruisent leur vie et celle de leur partenaire.) Arthur Omre, Elle, la première, 1957

Nynorsk :

Eg blir reddare kvar gong, trur eg, for det blir farlegare kvar gong. Hege sit i kjøkkenet og er ikkje det minste redd. Ikkje redd noken ting. Tarjei Vesaas, Fuglane, 1957

(J’ai à chaque fois plus peur, je crois, car c’est chaque fois plus dangereux. Hege est assise dans la cuisine et n’a pas peur du tout. Elle n’a peur de rien.) Tarjei Vesaas, Les oiseaux, 1957

[modifier] Divers

  • code ISO 639-1 du norvégien : no (désigne très souvent le bokmål, comme ici sur Wikipédia)
  • code ISO 639-1 du norvégien bokmål : nb (code rarement utilisé)
  • code ISO 639-1 du norvégien nynorsk : nn

[modifier] Voir aussi

wikt:no:Main Page

Consulter le Wiktionnaire en norvégien.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes