Snob

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Une caricature dans Punch
Une caricature dans Punch

Un snob, c'est-à-dire une personne qui fait preuve de snobisme, cherche à se distinguer du commun des mortels. Désireux d'appartenir à une élite, il tend à reproduire le comportement d'une classe sociale ou intellectuelle qu'il estime supérieure. Souvent il imite les signes distinctifs de cette classe, qu'il s'agisse du langage, des goûts, des modes ou des habitudes de vie.

Cette forme de mimétisme social, définie pour la première fois par William Makepeace Thackeray, fut analysée par des sociologues tels que l'Américain Thorstein Veblen ou l'Allemand Norbert Elias. En outre, au cours des années 1950, le snobisme inspira des études théoriques et pratiques à différents auteurs anglais, parmi lesquels la romancière Nancy Mitford.

Sommaire

[modifier] Les origines

L'origine du mot snob est britannique, mais son étymologie exacte prête encore à controverse. L'Oxford English Dictionary signale la première apparition du terme snab, avec un a, dans un document écossais datant de 1781 et désignant un cordonnier ou son apprenti[1]. Il n'existe cependant pas de lien attesté entre ce snab, parfois orthographié snob, et l'acception qu'aura le mot snob en Grande-Bretagne une cinquantaine d'années plus tard.

L'explication la plus fréquente, mais qui ne fait pas l'unanimité, se réfère à un argot local en usage parmi les étudiants d'Eton College ou de l'université de Cambridge au lendemain de la bataille de Waterloo, lors de la révolution industrielle que connaissait le Royaume-Uni. Dans cette génération, nombreux furent les fils de la bourgeoisie qui eurent accès à de prestigieux établissements scolaires jusque-là fréquentés essentiellement par les enfants de l'aristocratie[2]. L'appellation de snobs aurait alors désigné ces fils de la bourgeoisie, par opposition aux nobs, les enfants de la nobility (noblesse), trop jeunes pour porter un titre nobiliaire et simplement qualifiés de « Honorables » : il importait de bien marquer la différence entre les deux classes sociales. Dans cette hypothèse, l'étymologie de snob correspondrait au latin sine nobilitate (sans noblesse)[3].

Thackeray : Autoportrait
Thackeray : Autoportrait

Quoi qu'il en soit, dès le début des années 1830 nobs et snobs formaient deux catégories bien distinctes, comme en témoigne un article du Lincoln Herald en date du 22 juillet 1831. [4]

Toutefois, le mot ne passa dans le langage courant qu'en 1848, lorsque parut le très célèbre Livre des snobs de Thackeray, recueil de nombreux articles publiés par cet auteur dans le magazine satirique Punch.

[modifier] Les années 1950

En Grande-Bretagne et en Nouvelle-Angleterre, au cours des années 1950, la notion de snobisme connut un intérêt accru auprès du grand public grâce au double concept de U and non-U. L'initiale U signifiait upper class, autrement dit la classe dominante et son mode de vie, et le non-U désignait non pas les milieux populaires mais la petite bourgeoisie.[5] Cette classification était due à un professeur britannique de linguistique, Alan S. C. Cross, qui en 1954 consacra un article à ce sujet dans une revue finlandaise. [6] L'article accordait une attention toute particulière aux différences de vocabulaire entre ces deux groupes U et non-U.

La romancière Nancy Mitford écrivit alors un essai sur ce thème, The English Aristocracy, publié la même année par Stephen Spender dans son magazine Encounter. Elle y proposait un glossaire comparatif entre des termes apparemment synonymes mais en réalité connotés selon l'appartenance à la classe sociale. Par exemple, le mot looking-glass (miroir) était U ; le mot mirror ne l'était pas. Étaient U : drawing-room (salon), scent (parfum), schoolmaster (instituteur), spectacles (lunettes), vegetables (légumes). À l'inverse, étaient non-U leurs équivalents : lounge, perfume, teacher, glasses, greens.

Loin d'en percevoir les intentions humoristiques, le public prit ce texte très au sérieux. L'essai de Nancy Mitford fut réédité en 1956, enrichi par des contributions d'Evelyn Waugh, de John Betjeman et d'autres auteurs, tout comme l'article de Ross, dans Noblesse oblige : An Inquiry into the Identifiable Characteristics of the English Aristocracy. Un poème de Betjeman, How to Get on in Society, concluait l'ensemble.

L'extrême gravité avec laquelle l'opinion publique se passionna pour le débat « U et non-U » reflétait peut-être les inquiétudes de la petite bourgeoisie britannique confrontée aux privations de l'après-guerre. Relayée par les médias, l'idée se propagea que tout un chacun pouvait « progresser » en adoptant la culture et les usages d'une classe plus « distinguée » – ou, au contraire, ne le devait à aucun prix.[7] Autrement dit, la différenciation entre U et non-U, censée fournir le mode d'emploi des us et coutumes de l'upper class, servit de bréviaire aux snobs.

[modifier] Mythes

En France, dans sa chanson J'suis snob (1954), Boris Vian affirme être « encore plus snob que tout à l'heure ».

Quelques années plus tard, le personnage de Marie-Chantal, inventé par Jacques Chazot et incarné au cinéma par Marie Laforêt, représentera l'archétype de la jeune femme snob.

[modifier] Notes

  1. Cf. Ask Oxford - Ask the Experts
  2. Cf. Merriam Webster On-line Dictionary
  3. Cf. On-line Etymology Dictionary
  4. "The snobs have lost their dirty seats – the honest nobs have got 'em." [1] : « Les snobs ont perdu les sièges qu'ils ne méritaient pas, et les honnêtes nobles les ont obtenus. »
  5. Cette section s'inspire en grande partie de l'article WP en:U and non-U English.
  6. Ross, Alan S. C., Linguistic class-indicators in present-day English , Neuphilologische Mitteilungen (Helsinki), vol. 55 (1954), 113-149.
  7. Cf. Richard Buckle (éd.), U and Non-U Revisited, Debrett, 1978.

[modifier] Source

wikt:

Voir « Snob » sur le Wiktionnaire.

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « snob ».

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes