Simon-Nicolas-Henri Linguet

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Simon Henri Nicolas Linguet
Simon Henri Nicolas Linguet

Simon-Nicolas-Henri Linguet (né à Reims le 14 juillet 1736, mort sur l’échafaud à Paris le 27 juin 1794) était un avocat, publiciste, homme de lettres et cultivateur, à la fois opposé aux philosophes, aux jansénistes, et surtout au libéralisme économique mis en place par la Révolution dont il dénonce avec virulence les conséquences pour les classes laborieuses.

Issu d’un père d’origine ardennaise, avocat au parlement, greffier-en-chef de l’Élection de Reims, ancien vice-principal du Collège de Navarre, et d’une mère rémoise, descendante de Nicolas Bergier.

Sommaire

[modifier] Bibliographie

[modifier] Sous l'Ancien Régime

Élève brillant, Linguet fit ses études à Paris. Avant la Révolution, Simon Henri Nicolas Linguet exerça la profession d'avocat. Il côtoie alors les cercles anti-philosophiques et compose quelques recueils littéraires. Après dix ans d'exercice dans le droit, il fut rayé du barreau en raison de son attitude déloyale et de son mépris à l'égard de ses collègues.

Simon Henri Nicolas Linguet se reconvertit dans le journalisme et devient le rédacteur de la feuille hebdomadaire de Charles-Joseph Panckoucke, le Journal de politique et de littérature. Ce journal attaque à peu près tous les milieux. Quelques mois plus tard, il doit quitter son poste, du fait d'attaques trop virulentes envers les membres de l'Académie française et sous la pression ministérielle de Vergennes et de Miromesnil.

"Fougueux, caustique, sarcastique, il se fit partout des ennemis, accusant les uns et les autres à tort et à travers. Il prétendait que le bâtonnier des avocats déclamait contre le droit romain. Ses ennemis lui rendirent la pareille et l'on rapporta à son sujet la spirituelle charade :

Mon premier sert à pendre
Mon second mène à pendre
Mon tout est à pendre[1].

Après s'être aliéné le pouvoir et les institutions littéraires, il rentre dans un exil volontaire à Londres, d'où il lance, en mars 1777, les Annales civiles, politiques et littéraires. Peu de temps après, il continue son entreprise éditoriale aux Pays-Bas autrichiens. Mais, attiré à Paris en septembre 1780, il est aussitôt incarcéré. Emprisonné à la Bastille de 1780 à 1782, il regagne l'Angleterre à sa libération. Il y renoue avec les Annales et livre son sensationnel Mémoire sur la Bastille. L'année suivante, il mène campagne pour la réouverture des bouches de l'Escaut. Le gouvernement autrichien, ravi, lui livre des lettres de noblesses et arrange son retour en France. Protégé par Joseph II comme par Louis XVI qui goûte son style journalistique, il rentre en France, avec l'aura d'un héros populaire.

[modifier] Sous la Révolution

Il obtint la célébrité avec ses Mémoires sur la Bastille. Après un séjour dans les Pays-Bas révoltés en 1789, il se rapproche du Club des Cordeliers.

En 1791, il prend la défense de l'assemblée coloniale de Saint-Domingue devant l'Assemblée constituante. Sous l' Assemblée législative il porte des accusations contre le ministre Antoine François Bertrand de Molleville.

Au milieu de l'année 1792, il abandonne le journalisme et se retire sur les terres du château de Marnes-les-Saint-Cloud (actuellement Marnes-la-Coquette), où il est élu maire et mène une existence tournée vers la philanthropie.

Il fut arrêté sous la Terreur sur l'accusation de publication d'articles élogieux publiés dans son journal avant la Révolution afin d'obtenir des gratifications de monarques étrangers. Des lettres trouvées dans l'Armoire de fer ne firent rien pour son cas. Ces flatteries datant de 1784 l'envoient à la guillotine le 9 messidor an II (27 juin 1794). Il fut inhumé au cimetière de Picpus.

[modifier] Pensée et œuvres

Sa pensée politique est complexe et souvent d'aspect contradictoire. Bien qu'il ait écrit les louanges de Joseph II d'Autriche, il apporte son soutien à la révolution brabançonne. Dénonçant le despotisme de l'Ancien Régime, il se méfie du peuple en révolution. Adversaire du partie philosophique, ses ouvrages sont marqués par un radicalisme sans demi mesure. Il est finalement accusé de collusion avec la monarchie. Curieux contre-révolutionnaire qui défend un égalitarisme proche du babouvisme.

Il publia plus de cinquante ouvrages et fonda les Annales politiques, civiles et judiciaires (1777). Il fit l’objet de nombreuses études, dont la plus ancienne est peut-être celle de Charles Monselet dans Les originaux du siècle dernier : les oubliés et les dédaignés.

[modifier] Sources et bibliographie

  • Darline Gay Levy, The Ideas and Careers of Simon-Nicolas-Henri Linguet : A Study in Eighteenth-Century French Politics, University of Illinois Press, 1980.
  • Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1987 (ISBN 270282076X)
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[modifier] Notes et références

  1. P. H. Machard, Essai historique sur Marnes la Coquette, 1932, chapitre VIII (le maire Linguet, victime de la Révolution).

[modifier] Liens externes

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