Semaine sanglante

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Semaine sanglante

Bataille du cimetière du Père-Lachaise
Informations générales
Date 22 - 28 mai 1871
Lieu Paris
Issue Victoire des Versaillais
Belligérants
Versaillais Communards
Commandants
Patrice de Mac-Mahon Paul Antoine Brunel
Napoléon La Cécilia
Émile Eudes
Forces en présence
70 000 soldats 25 000 à 30 000 combattants
Pertes
877 morts,
60 otages morts
30 000 morts, combattants et civils
43 522 prisonniers


La Semaine sanglante, du 22 au 28 mai 1871, est l'épisode final de la Commune de Paris, où celle-ci est écrasée et ses membres exécutés en masse.

Sommaire

[modifier] Origines

  • Contexte d'après-guerre franco-allemande, perdue.
  • Les élites conservatrices (Adolphe Thiers, Jules Grévy) souhaitent rétablir la paix au plus vite, confortées en cela par le vœu de l'immense majorité des Français (élections de janvier 1871)
  • Condition ouvrière et idéal socialiste agitant la population pauvre, qui veut installer son régime.

[modifier] Chronologie

[modifier] 21 mai

Ce dimanche après midi, les troupes versaillaises, sous commandement du maréchal de Mac-Mahon (le vaincu de Sedan) entrent dans Paris. Profitant du fait qu'elle n'était pas gardée, le nommé Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées, leur a ouvert la poterne du bastion 64 près de la porte de Saint-Cloud. Elles occupent les fortifications et le terrain jusqu'à la ligne de chemin de fer de petite ceinture. Le Conseil de la Commune, qui est en train de juger Cluseret, n'envoie aucun renfort demandé par Dombrowski qui commande le secteur. Le Comité de Salut Public dépêche un observateur qui est fait prisonnier. Les Versaillais occupent Auteuil et Passy où ils commencent à fusiller les Gardes-Nationaux du secteur. Dernière réunion du Conseil de la Commune. En fin de soirée, un concert a lieu au Louvre au bénéfice des "veuves et orphelins" !

[modifier] 22 mai

Pour suivre les opérations voir la carte à [1]

Au matin, les "Versaillais" occupent les XVe et XVIe arrondissements, les portes d'Auteuil, de Passy, de Sèvres et de Versailles. Ils installent de l'artillerie sur la colline de Chaillot et à l'Étoile. Le reste de Paris apprend enfin la nouvelle par une affiche signée de Charles Delescluze, délégué à La Guerre. Suite à cette proclamation, une grande partie des combattants de la Commune se repliera alors dans son quartier pour le défendre, abandonnant toute lutte coordonnée. Des barricades sont édifiées au square Saint-Jacques, dans les rues Auber, de Châteaudun, du Faubourg Montmartre, de Notre-Dame de Lorette, à la Trinité, à la Chapelle, à la Bastille, aux Buttes Chaumont, au boulevard Saint-Michel, au Panthéon...Des combats ont lieu place Clichy et aux Batignolles. Les Allemands autorisent les Versaillais à traverser la zone neutre au nord de Paris, ce qui leur permet de prendre les Batignolles à revers. En fin de journée les Versaillais occupent l'Élysée, la gare Saint-Lazare, l'École militaire (où sont stationnés les canons de la Commune). Leur progression est lente, dans ces quartiers qui leur sont acquis, car il semble que les officiers freinent leurs soldats pour faire monter la tension et pour procéder à des exécutions sommaires, par "fournées" en particulier dans la caserne de la rue de Babylone.

[modifier] 23 mai

Barricade devant l'église de la Madeleine
Barricade devant l'église de la Madeleine

Le Comité de Salut Public et le Comité central de la Garde nationale font placarder, à l'attention des soldats versaillais, des appels à la fraternisation. En vain. Les hostilités cessent aux Batignolles malgré les efforts des troupes commandés par Benoit Malon et la butte Montmartre tombe pratiquement sans combat du fait de la désorganisation Quarante deux hommes, trois femmes et quatre enfants ramassés au hasard sont conduits au numéro 6 de la rue des Rosiers, contraints de fléchir les genoux, tete nue,devant le mur au pied duquel les généraux ont été éxécuté le 18 mars. Puis ils sont fusillés. Dombrowski est tué rue Myrrha. La résistance persiste à la Butte-aux-Cailles (avec Walery Wroblewski), au Panthéon (avec Lisbonne), dans les rues de l'Université, Saint-Dominique, Vavin, de Rennes et à la gare de l'Est. Les Versaillais occupent l'Opéra, le faubourg Montmartre et la Concorde, ils atteignent l'Observatoire et procèdent à des exécutions massives à Montmartre, au parc Monceau et à la Madeleine. Début des grands incendies qui vont ravager plusieurs monuments parisiens (le Palais des Tuileries, la Cour des Comptes, le Conseil d'État et le palais de la Légion d'honneur). On ne peut départager si ces incendies sont le résultat de l'action de Communards incendiaires ou des obus versaillais qui étaient chauffés au rouge, voire l'action d'agents bonapartistes soucieux de détruire des archives compromettantes.

[modifier] 24 mai

Hôtel de Ville
Hôtel de Ville

Les incendies du 23 se poursuivent, y compris des immeubles d'habitation rue de Lille, Saint-Sulpice et du Bac. Les dirigeants communards évacuent et font incendier volontairement l'Hôtel de ville, la Préfecture de police et le Palais de justice. Les Versaillais occupent la Banque de France, le Palais-Royal, le Louvre, la rue d'Assas et Notre-Dame des Champs. Le quartier latin est attaqué; il est occupé le soir et ses défenseurs (près de 700) sont exécutés rue Saint-Jacques. La poudrière du Luxembourg saute. A 12h30, le docteur Faneau, à la tête de l'ambulance établie au séminaire Saint Sulpice, est passé par les armes avec 80 fédérés blessés. A la prison de la Roquette, les Communards exécutent l'archevêque de Paris Georges Darboy et cinq autres otages (dont le président Bonjean qui s'était illustré lors de la répression anti-populaire de juin 1848).La mort de l'archevêque, qui avait tenté de faciliter l'échange d'Auguste Blanqui contre des prisonniers fédérés, ôte le dernier espoir d'arrêter l'effusion de sang. Les Communards ne tiennent plus que le XIe, le XIIe, le XIXe et le XXe arrondissements, plus quelques îlots dans le IIIe, le Ve et le XIIIe.

[modifier] 25 mai

Combats acharnés Place du Château d'Eau et à la Butte-aux-Cailles avec Wroblewski.[réf. nécessaire] Mort de Charles Delescluze, délégué à la Guerre de la Commune. Les cinq dominicains d'Arcueil et neuf de leurs employés sont soupconnés de travailler pour "Versailles" et d'avoir mis le feu au siège de l'état major du 101e bataillon proche de leur école. Le 19 mai, ils sont arrêtés, incarcérés au Fort de Bicêtre. Puis, transférés le 25 lors de l'évacuation vers Paris, et abattus le même jour après une certaine confusion dans la prison du secteur, 38 avenue d'Italie.

Barricade, Édouard Manet, 1871
Barricade, Édouard Manet, 1871

[modifier] 26 mai

Épisode de la "villa des Otages", rue Haxo : cinquante personnes détenues à la prison de la Roquette (dix prêtres - parmi lesquels Pierre Olivaint -, trente six soldats "Versaillais" prisonniers et quatre civils travaillant ou manipulés par la police) ont été transférées à la limite des fortifications, Rue Haxo. A cet endroit, ces personnes ont été fusillées par un peloton d'exécution, avec l'approbation de la population présente, terrorisée par les exactions des "Versaillais" qui avaient investi une grande partie de Paris.D'après le livre de souvenirs de Maxime Vuillaume (Mes cahiers rouges pendant la Commune) deux autres personnes sont décédéés à cet endroit (la plaque commémorative mentionne d'ailleurs cinquante deux victimes ). Massacre de Communards au Panthéon ; le faubourg Saint-Antoine est contrôlé par les "Versaillais". Les Communards ne tiennent plus qu'un "quadrilatère" : canal de l'Ourcq, bassin de la Villette, canal Saint-Martin, boulevard Richard-Lenoir, rue du Faubourg Saint-Antoine et porte de Vincennes.

[modifier] 27 mai

Au cimetière du Père-Lachaise, on combat à l'arme blanche entre les tombes :cent quarante-sept communards sont fusillés au mur des Fédérés. Pendant la nuit les artilleurs versaillais tirent à boulets rouges pour tenter d'incendier Belleville.

[modifier] 28 mai

Les combats se poursuivent dans Belleville. En début d'après-midi, les Versaillais prennent la dernière barricade des Communards (rue Ramponneau). Mort d'Eugène Varlin.

[modifier] 29 mai

Le fort de Vincennes encerclé par les Allemands se rend.

[modifier] Bilan de la Semaine sanglante

La répression de l'insurrection parisienne du 18 mars a été particulièrement bien organisée par le gouvernement de Thiers. L'état de siège a été décrété et Paris divisé en quatre secteurs militaires. Si les soldats de première ligne sont chargés de faire le coup de feu contre les Communards, les soldats de la deuxième ligne sont chargés de traquer les résistants. Ils peuvent perquisitionner dans les maisons, les parcs et même les catacombes. Les "brassardiers", Parisiens partisans du gouvernement de Versailles munis d'un brassard, connaissant bien leurs quartiers, les aident. On assiste à un déluge de dénonciations (près de 400 000 dont seulement cinq pour cent sont signées).

Cadavres de Communards
Cadavres de Communards

Pendant les combats il y eut des exécutions sommaires. Le chiffre officiel est de 17 000 fusillés (nombre d'obsèques payées par la Ville de Paris). Le nombre réel est certainement beaucoup plus élevé (ainsi en 1897, on trouve un charnier de 800 Communards à Charonne). Des cours prévôtales (chargées de donner un semblant de légitimité aux exécutions sommaires) sont installées à l'Ecole polytechnique, à la Gare du Nord, à la Gare de l'Est, au Châtelet, au Luxembourg. Des pelotons d'exécution fonctionnent, avec le système des "fournées", square Montholon, au parc Monceau, à l'École militaire, au cimetière Montparnasse, à la caserne Lobau. Pour gagner du temps on se sert de mitrailleuses. On peut raisonnablement tabler sur près du double des chiffres officiels (soit 30 000).

Les prisonniers ne sont guère mieux traités. La plupart sont acheminés vers Versailles et sont internés au camp de Satory. Durant le voyage il y a des exécutions : le 31 mai, le journaliste du Times, raconte que devant lui, le général De Galliffet, fait abattre 83 hommes et 12 femmes. De très nombreux témoignages racontent que durant le trajet les prisonniers sont injuriés, battus par les habitants de cette banlieue chic de la capitale, sans que les soldats escorteurs n'interviennent. Le bilan officiel, rapporté par le général Appert devant l'Assemblée nationale en 1875, fait état de 43 522 arrestations, parmi lesquels 819 femmes et 538 enfants (on en relâche près de 7 700 qui avaient été arrêtés par erreur). Au camp de Satory, le calvaire continue, aucune hygiène, peu de soins pour les blessés, les épidémies se développent. On abat même 300 prisonniers pour tentative de fuite dans la nuit du 27 au 28 mai.

En face, l'armée versaillaise dénombre 877 tués, auxquels on peut ajouter la cinquantaine d'otages fusillés par les Communards.

[modifier] L'Après

Le procès des Communards.Le commandant Gaveau, Adolphe Thiers et le colonel Merlin.Garvure de Félix Vallotton parue dans La Revue blanche en 1897.
Le procès des Communards.
Le commandant Gaveau, Adolphe Thiers et le colonel Merlin.
Garvure de Félix Vallotton parue dans La Revue blanche en 1897.

La répression est terrible à la mesure de la frayeur que l'insurrection avait causée aux classes aisées. En 1875, dans son rapport à l'Assemblée nationale le général Appert dénombre 43 522 arrestations. Il y a 7 213 refus d'informer, il reste donc 36 309 prisonniers (dont 819 femmes et 538 enfants) qui sont traduits devant 24 conseils de guerre. S'ajoutent les 3 303 contumaces. Les tribunaux prononcèrent 23 727 non-lieux, 2445 acquittements et 10 137 condamnations : 93 à mort, 251 aux travaux forcés, 4586 à la déportation (en particulier en Nouvelle-Calédonie), le reste à des peines de prison variables. Pour les contumaces il y a 175 condamnés à mort, 159 aux travaux forcés, 2910 à la déportation et 46 à la prison. En fait, il n'y eut que 23 exécutés (dont Théophile Ferré et Louis Rossel). Les arrêtés se répartissent ainsi : 75 % d'« ouvriers » (ouvriers salariés et petits patrons artisans), 8 % d'employés, 7 % de domestiques, 10 % de petits commerçants, de professions libérales, voire des petits propriétaires-rentiers. L'insurrection du 18 mars est donc bien un soulèvement populaire.

En décembre 1875, le député du Vaucluse, Alfred Naquet, dépose une proposition d'amnistie qui est repoussée à main levée par l'Assemblée nationale. En mai 1876, les députés Raspail, Clemenceau, Naquet, Floquet et Lockroy récidivent en vain (377 contre, 99 pour). En mars 1879, le ministre de la justice Le Royer, fait voter un projet substituant la « grâce » à l'amnistie par 345 pour et 104 contre. Ce n'est que le 11 juillet 1880, qu'avec l'appui tardif de Gambetta, l'amnistie totale est votée. Les exilés et les déportés peuvent alors revenir en France.

[modifier] Bibliographie

  • Jacques Rougerie, Paris libre, 1871, Le Seuil, 1971.
  • Bernard Nöel, Dictionnaire de la Commune, Flammarion, 1978.
  • Georges Bourgin, La Commune, PUF, 1969.
  • Maxime Vuillaume, Mes Cahiers Rouges au temps de la Commune, Actes Sud, 1998

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes