Seiz Breur

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Le mouvement des Seiz Breur est un mouvement créé par une phalange d'artistes bretons entre les deux guerres mondiales. Bien que placé sous une invocation symbolique (seiz breur = sept frères en breton), il se présenta comme une union par cooptation qui ne regroupa pas plus de 50 artistes sous le nom breton de « Unvaniezh Seiz Breur » (Union des Sept frères). Ce mouvement est un initiateur de l’art celto-breton moderne, et dont l’influence se fait toujours sentir aujourd’hui dans la culture bretonne.

Sommaire

[modifier] Origine du mouvement

C'est une femme, la graveuse et décoratrice, Jeanne Malivel (1895-1926), tôt disparue, qui joua un rôle important dans la fondation relayée ensuite par l'architecte James Bouillé et le peintre et graveur René-Yves Creston, ainsi que son épouse Suzanne Creston. Ces trois jeunes bretons artistes en arts décoratifs, se rencontrent en 1923 au pardon du Folgoët, et décident d’œuvrer ensemble à la création d’un art breton moderne, alliant le meilleur de la tradition aux nécessités contemporaines.

Le nom qu’ils se choisissent Ar Seiz Breur (les sept frères) réfère à un conte gallo, collecté et illustré par Jeanne Malivel qui relate une histoire d’abord malheureuse où la naïveté et la légèreté engendrent une tragédie mais où, ensuite, la pureté des intentions et l’acceptation des souffrances conduisent à la rédemption, prélude à une renaissance incarnée par sept enfants.

[modifier] Provenance de la démarche, pluralité artistique

Elle est basée sur la constatation de la stagnation de l’art breton traditionnel, si riche dans le passé, se figeant dans la répétition de recettes éprouvées, à laquelle on trouve différentes raisons :

  • Diffusion par les médias d'une "nouvelle" culture différente de celle de la Bretagne, ainsi
    • les statues style « Saint Sulpice « détrônaient dans les églises les vieilles statues en bois polychromes, les motifs de broderie des journaux parisiens remplaçaient les dessins traditionnels sur les costumes.
  • Diffusion du tourisme en Bretagne et maintien de poncifs, dont Théodore Botrel est l'archétype : biniouserie (de la faïence à la carte postale, en passant par les meubles sculptés, ou encore au costume traditionnel)
  • Monuments aux morts de la guerre 1914-1918 standardisé (choix sur catalogue du monument, poilu ou coq gaulois, dans un style souvent douteux, et mal adapté à l’architecture locale, qu’à solliciter le savoir-faire du tailleur de pierre local).

Pour les trois créateurs de Seiz Breur, l’art breton doit être l’expression de son âme vivante, c’est-à-dire en situation d’évolution, et non un catalogue d’œuvres anciennes. Il vise à la pluralité des disciplines et des techniques et au renouvellement de l'expression artistique bretonne :

  • les arts illustrés par les Seiz Breur : architecture - artisanat - décoration - littérature - musique - peinture - sculpture
  • gravure sur bois, faïence, grès, vitrail, sculpture, ferronnerie, ébénisterie, broderie, tissage, fresque, illustration, typographie, etc.,
  • utilisation de matériaux nouveaux, tels le béton, ou des technique nouvelles, telles le photocollage ou le cinéma.
  • utilisation de différents modes de diffusion : du livre à la carte postale, en passant par le timbre, le calendrier, le bijou, le meuble, le coussin brodé, la tasse à café ou l’affiche.
  • production de bannières brodées, statuettes en faïence, vêtements et objets liturgiques de caractère «breton» pour faire barrage à l’art sulpicien.

Leur devise :

« Netra na den ne vir ouzimp kerzout war-du ar pal
Avel a-dreñv, avel a-benn, Seiz Breur, war-eeun ! »

Soit :

« Rien ni personne ne nous empêcheront de marcher vers le but
Vent arrière, vent debout, Seiz Breur, tout droit ! »

[modifier] Membres

Parmi les noms importants, on relève :

et

Georges Arnoux, Octave-Louis Aubert, André Batillat, Yves Berthou, Yvette Brelet, Suzanne Creston, Reun Kreston, Edmond Derrouch, Fañch Elies (Abeozen), Jean Fréour, Jean Guinard, Marguerite Houel, Germaine Jouan, Roger Kervran, Marcel Le Louet, Christian Le Part, Régis de l'Estourbeillon, Madeleine Lizer, Édouard Mahé, Jeanne Malivel, Jean Mazuet, Jacques Motheau, Michael O'Farrel, Francis Pellerin, Charles Penther, François Planeix, Yann Robert, Georges Rual, René Salaün, René Salmon de la Godelinais, Gaston Sébilleau, ...

[modifier] Sources d'inspiration

  • La mythologie celtique , aussi bien irlandaise que galloise
  • La pensée traditionnelle celtique, le druidisme
  • le légendaire breton, tels les thèmes de Brocéliande, le cycle arthurien, ou les thèmes populaires comme l'Ankou
  • l'histoire de la Bretagne
  • la religion (scènes de pardons ou de pèlerinages, vie des saints traditionnels, et "fondateurs" du monde celtique)
  • la vie quotidienne (thèmes traditionnels de la vie rurale ou maritime)

[modifier] Chronologie

Les Seiz Breur se firent connaître par les expositions parisiennes de 1925 et de 1937 ou des pavillons de la Bretagne leur permettaient de présenter des pièces décorées selon un style d'inspiration celtique, mais dépouillé.

  • 1923 : Début de collaboration artistique.
  • 1925 : Participation à l’Exposition des Arts décoratifs à Paris, au titre de la section des Côtes-du-Nord avec la collaboration de divers artistes et artisans bretons, toutes disciplines confondues.
  • 1926 : Mort de Jeanne Malivel.
  • 1928 : Lancement de la revue illustrée Kornog (Occident) dans laquelle les membres de Seiz Breur exposent leurs théories. Le groupe devient Unvaniez Seiz Breur.
  • 1929 : Exposition d’art breton des Seiz Breur à Douarnenez.
  • 1931 : La revue Keltia remplace Kornog.
  • 1937 : Les Seiz Breur réalisent l’essentiel du Pavillon de la Bretagne, exposition universelle de Paris.
  • 1939 : Mobilisation de nombreux membres pour la guerre.
  • 1940 : Programme de Seiz Breur dans un manifeste en 13 points.
  • 1940-1944 : Dispersion des membres pendant la guerre. Expositions à Rennes ou Paris sous le nom de Eost Breiziz (moisson bretonne).
  • 1944 : Xavier de Langlais remplace René-Yves Creston à la présidence du groupe.
  • 1947-1948 : Plus d'activité en tant que groupe (dernier secrétaire Rafig Tullou).

[modifier] Controverse

En 1942 c'est la naissance de l'Institut celtique, qui rassemble des membres de Seiz Breur et diverses personnalités de la vie bretonne. Une partie des artistes passent du « ni rouge ni blanc, breton seulement » à la collaboration alors que d'autres résistent, ce qui reflète la société de l'époque : d'une part des collaborateurs, d'autre part des résistants et d'autres plus passifs. Des dissensions politiques amenèrent la fin de l'union en 1944. À la Libération, bien que quelques artistes aient été des résistants, Ar Seiz Breur, comme l'ensemble du mouvement breton, sont discrédités, et leur histoire s’achève en 1947.

Il sera aussi reproché au Comité consultatif à l'identité bretonne de la mairie de Rennes, une exposition consacrée aux Seiz Breur en 2000-2001 au Musée de Bretagne du fait de cette ambiguité. Cependant, il n'était pas plus fait mention du passé résistant de certains membres, comme Gaston Sébilleau ou André Batillat.

[modifier] Note


[modifier] Bibliographie

  • Ar Seiz Breur 1923-1947, La création bretonne entre tradition et modernité, sous la direction de Daniel Le Couédic et Jean-Yves Veillard, Éd. Terre de Brume / Musée de Bretagne (et 5 autres musées), 2000, 271 p. + CD musique.
  • Ar Seiz Breur par J.R. Rotté, Editions Breizh Hor Bro
  • 1918-1945 Bretagne, modernité et régionalisme. Mardaga, 1986.
  • Les architectes et l'idée bretonne (1904-1945) par Daniel Le Couédic. Editions SHAB/AMAB.
  • Jeanne Malivel, son œuvre et les 7 frères - Réédition Aubert
  • Jeanne Malivel, poème des 7 frères. Association Mémoire du Pays de Loudéac.
  • Histoire de notre Bretagne par Jeanne Coroller-Danio
  • René-Yves Creston. Skol Vreizh.
  • La tournée des calvaires par René-Yves Creston, Musée de Saint-Brieuc
  • L'homme et la mer par René-Yves Creston, Musée de Saint-Brieuc
  • Le costume breton par René-Yves Creston, Musée de Saint-Brieuc

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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