Sabordage

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Sabordage du Derfflinger à Scapa Flow (1919).
Sabordage du Derfflinger à Scapa Flow (1919).
Sabordage de l'Admiral Graf von Spee dans l'estuaire du Río de la Plata (1939).
Sabordage de l'Admiral Graf von Spee dans l'estuaire du Río de la Plata (1939).
Sabordage de la flotte française à Toulon (1942)
Sabordage de la flotte française à Toulon (1942)
Sabordage de l'USS Oriskany (CV-34) pour en faire un récif artificiel.
Sabordage de l'USS Oriskany (CV-34) pour en faire un récif artificiel.

Le sabordage (ou sabordement) est un terme de marine désignant le fait de couler volontairement un bateau par l'équipage qui le contrôle et consiste à créer une ou plusieurs voies d'eau.[1],[2] Les moyens utilisés peuvent être l'ouverture de vannes ou de sas, ou bien la création d'une ouverture dans la carène en-dessous de la ligne de flottaison à l'aide d'outils ou d'explosifs.[réf. nécessaire]

Dans la marine de guerre, le sabordage évite qu'un navire passe entre les mains de l'ennemi et permet à l'équipage d'échapper à la capture[3], il peut aussi servir à se débarrasser d'une prise que l'on ne veut conserver[2], comme dans le cas de la piraterie. Le sabordage sert aussi à obstruer un passage[4], à se débarrasser d'un navire en fin de vie[5] ou à créer un récif artificiel[5].

Sommaire

[modifier] Sabordages notables

[modifier] Conquista

En 1519, le conquistador espagnol Hernán Cortés, dans sa campagne contre l'Empire aztèque, ordonna à ses hommes de saborder leurs navires afin d'éliminer toute velléité de désertion ou de retraite car certains avaient essayé de s'enfuir à Cuba sur les ordres du gouverneur de l'île Diego Velázquez de Cuéllar.[6] Son compagnon et chroniqueur Bernal Díaz del Castillo écrit ainsi : « nous ne pouvions attendre d'aide ou de secours que de Dieu car nous n'avions désormais plus de vaisseaux pour faire marche arrière ».[7] En outre, le signal envoyé à Moctezuma II était que les envahisseurs ne se retireraient pas en cas de revers et qu'une bataille sanglante risquait d'être livrée ; le roi aztèque laisse donc les conquistadores entrer dans la capitale Tenochtitlán sans livrer combat.[7]

[modifier] Première guerre mondiale

Le 8 mars 1915, le croiseur allemand Dresden est recherché à la suite de la bataille des Falklands par la Royal Navy. En rade à l'île de Mas a Tierra, il est découvert par les navires britanniques HMS Glasgow et HMS Kent de la classe Monmouth et se saborde après un échange de tirs symbolique et la fuite de son équipage.[8]

Le 23 avril 1918, la marine de guerre britannique lance une attaque contre le port de Zeebrugge qui sert de base à la marine allemande. Trois vieux navires de guerre lestés de béton sont sabordés dans le chenal pour le bloquer.[4]

Après la défaite lors de la Première Guerre mondiale, la flotte de guerre allemande se saborde le 19 juin 1919 à Scapa Flow dans les îles Orcades.[9] Le traité de Versailles, alors sur le point d'être signé, prévoit la destruction ou le décommissionnement d'une partie importante de sa marine de guerre.[10]

[modifier] Seconde guerre mondiale

Le 13 décembre 1939, le cuirassé allemand Admiral Graf von Spee, après trois mois de campagne contre les navires marchands britanniques dans l'Atlantique, subit des dommages lors de la bataille du Rio de la Plata[11] et, ne pouvant forcer un blocus pour rejoindre la haute mer, se saborde dans l'estuaire du fleuve éponyme entre l'Argentine et l'Uruguay. L'équipage, sauf, rejoint Buenos Aires ; peu après son commandant Hans Langsdorff se suicide.[3]

Le 27 mai 1941, le cuirassé allemand Bismarck, poursuivi par plusieurs navires de la Royal Navy coule dans l'Atlantique. La thèse officielle est le coulage par les bombardier-torpilleurs de la Home Fleet ainsi que les croiseurs et cuirassés de la Royal Navy. Une autre thèse évoque un sabordage pour éviter qu'il se retrouve entre les mains des Alliés. Seuls 115 des 2206 marins sont récupérés et sauvés par des sous-marins allemands.[12]

Le 28 mars 1942, le destroyer britannique Cambelton est lancé par son équipage contre la porte de la grande cale sèche de Saint-Nazaire, alors aux mains des allemands. Quelques heures plus tard, les explosifs placés à bord rendent inutilisable jusqu'à la fin de la guerre le seul bassin de radoub pouvant accueillir les bâtiments de ligne allemands sur la façade atlantique. L'opération Chariot a atteint son but.

Le 27 novembre 1942, suite à l'invasion de la zone libre par l'Allemagne nazie, la flotte française se saborde à Toulon sans combattre. Quelques navires échappent au sabordage et quelques uns d'entre eux rejoignent l'Afrique du Nord, en particulier le sous-marin Casabianca de Jean L'Herminier.[13]

[modifier] Sabordages récents

Si le sabordage d'un navire en fin de vie est aujourd'hui rarement employé au profit d'une vente pour démantèlement, le porte-avions américain USS Oriskany (CV-34) est coulé le 17 mai 2006 dans le cadre d'un projet pilote destiné à créer des récifs artificiels.[14]

[modifier] Culture populaire

Le terme est utilisé au sens figuré pour une cessation volontaire d'activité[1] : sabordage d'une entreprise, sabordage de la Troisième République française lors du vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Un comportement autodestructeur peut aussi être désigné par ce qualificatif[1], comme dans le film d'Alain Périsson Le Grand Sabordage.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Références

  1. abc (fr) L'entrée « saborder » du Trésor de la langue française informatisé n'indique que le coulage volontaire
  2. ab (fr) L'entrée « saborder » du Dictionnaire de la marine à voile de indique « si même on fait une ouverture dans la carène d'un navire pour y laisser entrer l'eau de la mer et le couler, afin qu'il ne tombe pas au pouvoir de l'ennemi, ou pour se débarrasser d'une prise qu'on ne veut pas conserver, on dit qu'on a fait un sabord dans la carène de ce navire ou qu'on l'a sabordé, et cette opération s'appelle sabordement. »
  3. ab (fr) Admiral Graf von Spee sur http://www.2iemeguerre.com
  4. ab (en) 23rd April 1918: Zeebrugge Raid sur le site http://www.westernfront.co.uk
  5. ab (fr) L'US Navy s'apprête à couler un autre porte-avions sur http://www.meretmarine.com
  6. (en) Cortés Burns His Boats, série The Fall of the Aztecs sur http://www.pbs.org, le site indique clairement que les bateaux sont coulés malgré le titre qui fait référence à une croyance populaire.
  7. ab (fr) L'Art de la stratégie, Les Échos, mis en ligne le 19 décembre 2006, section « la méthode dure »
  8. (en) Battle of the Falklands sur le site http://www.worldwar1.co.uk
  9. (fr) Jour par Jour, Sabordage sur http://www.linternaute.com/
  10. (en) Treaty of Versailles, Part V, art. 181-192
  11. (en) The Battle of the River Plate sur http://www.historylearningsite.co.uk/
  12. (fr) Bruno Lefebvre, Mort du Bismark, site personnel dédié à l'histoire militaire
  13. (fr) Le Sabordage de la Flotte sur http://www.netmarine.net
  14. (fr) La nouvelle vie de l’Oriskany, sur le site du Figaro, rubrique « international », mis en ligne le 17 mai 2006
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