Sœur Anne

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Sœur Anne est le nom d’un personnage du conte La Barbe bleue de Charles Perrault, paru avec les contes de ma mère l’Oye en 1697.

Sommaire

[modifier] Présentation

Anne est le prénom de la sœur de la jeune épouse de la Barbe Bleue. Elle intervient à un moment important de la trame dramatique : la Barbe bleue s’apprête à trancher le cou de sa femme qui lui a désobéi et lui demande de descendre. Cette dernière prie à un étage supérieur pour gagner du temps, tandis que sa sœur Anne, perchée en haut d’une tour, guette l’arrivée de leurs frères, qui tardent à venir pour empêcher l’exécution de la malheureuse.

La jeune épouse éplorée lance à sa sœur le célèbre :

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »

Ce à quoi elle répond dans un premier temps :

« Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie » .

La rime entre poudroie et verdoie sonne comme un échos dans le vide, d’autant plus angoissant que la jeune femme a un besoin d’aide désespéré. Elle reformule par la suite sa demande à deux reprises, renforçant l'intensité du moment.

[modifier] Explication

  • Poudroyer signifie s’élever en poussière. Ici, les poussières paraissent dans les rayons du soleil.
  • Verdoyer, qui signifie devenir vert, n’était déjà plus en usage à l’époque de Perrault, comme le note Jean de La Bruyère dans Les Caractères (De quelques usages, 1692) : « Verd ne fait plus verdoyer ».

[modifier] Origine

Pour nommer son personnage, l’auteur s’inspire d'Anna Perenna, sœur de Didon, reine de Carthage et abandonnée par Enée (au chant IV de L'Énéide de Virgile). Toutes deux, ou Didon seule, observent du haut de la citadelle les préparatifs et le départ d’Enée, au désespoir de l’amoureuse.

Le plus souvent, les héros des Contes de ma mère l’Oye tirent leur nom d’une particularité physique : (le Petit Poucet), d’un vêtement (le Petit Chaperon Rouge), ou de leur activité (Cendrillon). Nombreux sont les personnages secondaires qui restent dans un certain anonymat, cantonnés à leur fonction sociale et narrative : le roi, la reine… ou leur qualité animale : le loup

Perrault a cependant parfois cédé à la magie sonore (marquis de Carabas), et cette manière de nommer un personnage avec un prénom réel est suffisamment rare pour être soulignée. L’autre sœur des contes de ma mère l’Oye nommée par l’auteur est Javotte, sœur (ou plus exactement fille aînée de la marâtre) de Cendrillon.

Parmi toutes les sœurs du recueil de Perrault (notons la deuxième sœur de Cendrillon et celle de la fille cadette dans Les Fées), Sœur Anne est la seule qui ne soit pas hostile à l'héroïne et qui l'assiste dans ses épreuves.

[modifier] Source

  • Charles Perrault, Contes (introduction, notices et notes de Catherine Magnien), Editions Le Livre de Poche Classique

[modifier] Voir aussi