Tire la chevillette, la bobinette cherra

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« Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. » Illustration de Gustave Doré.
« Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. » Illustration de Gustave Doré.

Tire la chevillette, la bobinette cherra est la formule emblématique du conte de Charles Perrault, Le Petit Chaperon Rouge, paru avec les contes de ma Mère l’Oye en 1697.

Sommaire

[modifier] Présentation

La formule est prononcée à deux reprises :

  • une première fois par la grand’mère au Loup, alors qu’elle pense s’adresser à sa petite-fille :
« La bonne Mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. »
  • une seconde fois par le loup, reprenant l'expression de la grand'mère et imitant sa voix, à l’attention du Petit Chaperon Rouge :
« Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. »

Il ne s’agit pas d’une formule magique à proprement parler puisqu’elle n’entraîne l’accomplissement d’aucun prodige, mais d’une sorte de « Sésame », permettant de pénétrer dans l’antre de la grand’mère où vont se jouer les évènements dramatiques. Le côté ésotérique et l’effet de répétition ajoutent au caractère enchanté de la formule.

Dans leur adaptation du conte, les frères Grimm ne reprennent pas la célèbre formule. La grand'mère se contente de dire : « Appuie sur la clenche », utilisant un registre de langue provincial et campagnard. Le loup, quant à lui, ne répète pas cette phrase en contrefaisant sa voix, il laisse simplement la porte ouverte, permettant ainsi au Petit Chaperon Rouge d'entrer sans frapper.

[modifier] Explication

On peut imaginer la bobinette comme une pièce de bois semblable à un pêne et qui servait à tenir la porte fermée. Quant à la chevillette, ce serait une sorte de clef de bois, manœuvrable de l’extérieur en tirant sur une cordelette. Pour la forme cherra, il s’agit du verbe choir au futur, équivalent à tombera.

La formule, en dépit de sa célébrité, reste obscure car les deux diminutifs bobinette et chevillette ne se rencontrent dans aucun autre texte pour désigner les éléments rudimentaires de fermeture de porte.

Une version orale du conte recueillie en Gascogne donne pour cette formule : « Tire la cordelette et le loquet se lèvera ». Mais on ne peut affirmer qu’elle ne dérive pas du texte de Perrault, qu’elle essaierait alors de traduire en clair.

Les différents illustrateurs du conte, parmi lesquels Gustave Doré, ont pris soin de ne pas donner une représentation technique à cette expression fantaisiste, laissant au lecteur la liberté d'imagination.

[modifier] Autres formules

Parmi les autres formules de Perrault, celle qui est restée la plus célèbre est « il était une fois » ouvrant depuis nombre de contes de fées.

Une autre formule, moins connue, est celle prononcée par la femme de la Barbe bleue à sa sœur :

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »

Ce à quoi elle répond dans un premier temps :

« Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie ».

[modifier] Bibliographie

  • Charles Perrault, Contes (introduction, notices et notes de Catherine Magnien), Editions Le Livre de Poche Classique

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe