Didon

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La mort de Didon : illustration d'un manuscrit de L'Énéide (vers 400)
La mort de Didon : illustration d'un manuscrit de L'Énéide (vers 400)

Didon, connue sous le nom latin de Dido dans la mythologie romaine ou d'Élisha, Élissa ou Élyssa dans la mythologie grecque, est la fondatrice légendaire et première reine de Carthage. Elle est la fille de Bélos et la sœur du roi de Tyr Pygmalion.

Sommaire

[modifier] Histoire et mythe

Le point de vue hostile diffusé par Timée de Tauroménion, et répercuté par Justin, est fragile car, en se fondant sur l'interprétation de Gerhard Herm (Die Phönizier) et en s'appuyant sur des sources classiques telles que Virgile, Ovide, Silius Italicus ou Trebellius Pollio, on aboutit à un profil historiographique assez différent de la version traditionnelle et stéréotypée.

La mort de Didon par Giambattista Tiepolo (milieu du XVIIIe siècle)
La mort de Didon par Giambattista Tiepolo (milieu du XVIIIe siècle)

Didon était une princesse phénicienne, née vers 840 av. J.-C. et disparue vers 760 av. J.-C.. Première-née du roi de Tyr, sa succession est entravée par son frère Pygmalion, lequel assassine son mari, Sychée, et impose sa propre tyrannie. Pour éviter probablement une guerre civile, elle quitte Tyr avec une suite nombreuse, s'embarquant pour un long voyage dont les étapes principales furent l'île de Chypre et de Malte[1]. Débarquée sur les côtes de l'actuelle Tunisie, vers 814 av. J.-C., elle choisit un endroit où fonder une nouvelle capitale pour le peuple phénicien : Carthage. Elle obtient pacifiquement des terres par un accord ingénieux avec le seigneur local : elle obtint une terre pour s'établir « autant qu'il en pourrait tenir dans la peau d'un bœuf ». Elle choisit alors pour fonder sa ville une péninsule qui s'avançait dans la mer et fait découper une peau de bœuf en lanières extrêmement fines. Mises bout à bout, elles délimitent l'emplacement de ce qui deviendra plus tard la grande Carthage. Ce stratagème est connu aujourd'hui sous le nom de « théorème de Didon ».

Soumise à une cour pressante de la part des roitelets locaux, elle se remarie probablement avec l'un de ses fidèles tyriens, qui appartenait à la famille Barca[2]. Didon entreprend alors une sévère réforme religieuse — comparable à la Réforme protestante selon Gerhard Herm — et jouit d'un règne long et prospère à la fin duquel elle favorise le passage à une forme de république[3]. Elle est divinisée par son peuple sous le nom de Tanit et comme personnification de la grande déesse Astarté (équivalent de la Junon romaine)[4],[5],[6].

Virgile introduit la figure de Didon dans la « culture occidentale » selon un système de « double écriture » dont le premier niveau superficiel est prévu pour l'audience romaine et les besoins d'Auguste alors que la seconde, plus profonde et cachée, reflète le point de vue de l'auteur et sa reconstruction historique.

Le culte de Tanit survit à la destruction de Carthage et est introduit à Rome par l'empereur Septime Sévère. Il s'éteint définitivement avec les invasions barbares.

Hannibal Barca était probablement un descendant direct de Didon tout comme la reine Zénobie de Palmyre, régnant mille ans plus tard, qui se déclare descendante et héritière politique de Didon[7].

[modifier] Légende de Didon et Enée

Énée décrit à Didon la chute de Troie par Pierre-Narcisse Guérin (1815)
Énée décrit à Didon la chute de Troie par Pierre-Narcisse Guérin (1815)

La principale source du mythe de Didon vient des chants de L'Énéide où le poète latin Virgile décrit les amours de Didon et Énée.

Énée s'enfuit avec son père Anchise, son fils Ascagne et vingt bateaux remplis des survivants de la chute de Troie (réduits au nombre de trois à l'arrivée). Les dieux de l'Olympe lui ayant prédit qu'il fonderait un nouveau royaume, en l'occurrence Rome, il atteint au cours de son périple le sol d'Afrique, dans la région de l'actuelle Tunis où il est accueilli par la reine de Carthage, Didon. Une grande passion naît alors entre eux mais se voit interrompue par les dieux de l'Olympe qui rappellent au héros troyen sa destinée.

Lorsque Énée quitte Carthage, Didon, incapable de supporter cet abandon, préfère se donner la mort avec une épée qu'Énée lui avait laissée. Lorsque ce dernier arrive aux Enfers, il parlera à son fantôme mais celle-ci refusera de lui pardonner son départ. C'est aussi comme fantôme que Didon fait part à sa sœur, Anna Perenna, de la jalousie de Lavinia, la femme d'Énée.

[modifier] Évocations artistiques

[modifier] Littérature

Voici une liste de quelques dramaturges inpirés par ce mythe :

[modifier] Peinture

Didon est le sujet de l'un des tableaux de Pierre-Narcisse Guérin.

[modifier] Musique

Didon et Énée (Dido and Aeneas) est un opéra de Henry Purcell dont l'action est tirée du récit de Virgile, sommet de la musique baroque anglaise.

En outre, l'histoire de Didon et Enée a inspiré à Hector Berlioz un opéra, Les Troyens, comportant deux parties, La Chute de Troie et Les Troyens à Carthage, sommet de la musique romantique française.

[modifier] Références

  1. Ovide, Fastes 3.567s
  2. Silius Italicus, Punica, 1.71s, 2.239
  3. Virgile, L'Énéide, 1.426
  4. Virgile, L'Énéide, 1.446s
  5. Silius Italicus, Punica, 1.81s
  6. G. De Sanctis, Storia dei Romani
  7. Trebellius Pollio, Tyranni Triginta 27.1, 30.2

[modifier] Bibliographie

  • (fr) L. Foucher, Les Phéniciens à Carthage ou la geste d'Élissa, 1978
  • (fr) David Lockie, L'amour d'une reine, traduction de l'anglais Dido a love story de E.D. Balland, 1977
  • (fr) J.-Y. Maleuvre, Contre-enquête sur la mort de Didon, 2003
  • (en) H. Akbar Khan, Doctissima Dido : Etymology, Hospitality and the Construction of a Civilized Identity, 2002
  • (en) R.S. Conway, The Place of Dido in History, 1920
  • (it) S. Conte, Dido sine veste, 2005
  • (it) L. Mangiacapre, Didone non è morta, 1990
  • (it) E. Stampini, Alcune osservazioni sulla leggenda di Enea e Didone nella letteratura romana, 1893
  • G. Kowalski, De Didone graeca et latina, 1929

[modifier] Liens externes

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