Roger de Bussy-Rabutin

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Roger de Bussy-Rabutin
Roger de Bussy-Rabutin

Roger de Rabutin, comte de Bussy, dit Bussy-Rabutin, né au château d'Épiry, commune de Saint-Émiland (Saône-et-Loire) le 3 avril 1618 et mort à Autun le 9 avril 1693, est un écrivain français, célèbre par son esprit et sa causticité.

[modifier] Biographie

Bussy-Rabutin était le troisième fils de Léonor de Rabutin, lieutenant général du Nivernais, mais la mort de ses frères plus âgés fit de lui le représentant de sa famille. Après des études plutôt brillantes chez les jésuites à Autun, puis au collège de Clermont à Paris, il entre dans l’armée à l’âge de seize ans, il fit plusieurs campagnes, participant en 1634 sous la direction du maréchal de La Force au siège de La Mothe-en-Bassigny, place forte de Lorraine, située sur les communes de Soulaucourt-sur-Mouzon et d'Outremécourt (Haute-Marne), puis il succède à son père dans une carrière militaire qui le mena jusqu’au grade de lieutenant du roi.

Il a dit de lui-même que ses deux ambitions étaient de devenir « honnête homme » et de se distinguer dans le métier des armes, mais il réussit surtout à se faire envoyer par Richelieu pour cinq mois à la Bastille en 1641 comme punition pour une négligence commise dans l’exercice de ses fonctions ainsi que pour ses galanteries. En effet, il avait laissé ses soldats sous ses ordres se livrer au faux-saunage, c'est à dire à la contrebande du sel.

En 1643, il épousa sa cousine Gabrielle de Toulongeon et quitta quelque temps l’armée. Ayant hérité de la situation de son père dans le Nivernais en 1645, il servit sous Condé en Catalogne. Ayant perdu son épouse en 1646, il se fit remarquer lorsqu’il tenta d’enlever Madame de Miramion, une veuve riche. Cette affaire fut arrangée, non sans difficulté, avec un dédommagement considérable de la part de Bussy-Rabutin qui épousa ensuite Louise de Rouville.

Il combattit avec une certaine distinction dans la guerre civile et au service étranger. Ayant pris le parti de la Fronde et ayant acquis la commission de mestre de camp en 1655, il alla servir sous Turenne dans les Flandres. Il servit dans plusieurs campagnes, fut du siège de Mardick en 1657 et se distingua, entre autres, à la Bataille des Dunes en 1658, mais un affront de la part du prince finit par le rejeter dans le parti du roi. Sa disposition pour la querelle, sa vanité présomptueuse et son habitude de composer des chansons calomnieuses lui aliénèrent la plupart des personnages haut placés de l’armée et de la cour.

Le grand scandale qu’il causa en 1659, pour avoir participé à une orgie à Roissy durant la semaine sainte, lui valut la disgrâce royale. Exilé à vue sur ses terres, à Bussy-le-Grand, en Bourgogne, il mit à profit ses loisirs imposés en composant sa célèbre Histoire amoureuse des Gaules dépeignant les aventures des grandes dames de la cour, pour l’amusement de sa maîtresse, la marquise de Montglas. Plein d’esprit, mais encore plus graveleux, cet ouvrage circulait librement en manuscrit, suscitant de nombreuses suites apocryphes. C'est une espèce de chronique scandaleuse où il décrit, avec autant de malignité que d'esprit, les mœurs galantes de la cour pendant la jeunesse du roi, ce qui l'a fait surnommer le Pétrone français.

Comme on racontait que Bussy-Rabutin n’avait pas épargné la réputation de Madame, celui-ci en envoya un exemplaire à Louis XIV afin de démentir le scandale. Ceci ne changea rien à l’irritation du roi qui le fit embastiller le 17 avril 1665, l’empêchant par la même occasion d’être reçu à l’Académie française où il avait été élu.

Libéré au bout d’un peu plus d’un an à condition de se retirer dans ses terres, il y vécut dix-sept ans d’exil. Bussy-Rabutin ressentit profondément ce déshonneur et son amertume touchant à sa carrière militaire brisée était plus grande encore. Il eut la permission de revenir à Paris en 1682, en profitant pour se faire enfin recevoir l’Académie où il épousa le parti des Modernes. Néanmoins, il reçut à la cour un accueil d’une telle froideur que, son exil provincial lui paraissant préférable, il retourna achever sa vie en Bourgogne, dans son château dont il embellit l'intérieur de nombreuses peintures de ses contemporains et contemporaines.

Les passages les plus intéressants de son Histoire amoureuse des Gaules sont adaptés de Pétrone et, hormis quelques portraits, son attrait réside essentiellement dans le caractère scandaleux de sa chronique. Extrêmement animés, pleins de caractère, ses Mémoires, publiés après sa mort, possèdent en revanche tout le charme d’un roman d’aventure historique. Sa correspondance volumineuse ne le cède en variété et en intérêt qu’à peu d’autres du genre, à part celle de sa cousine Marie de Sévigné qui avait pourtant été fort blessée du cruel portrait de « veuve jeune et belle » qu’il avait fait d’elle dans son Histoire amoureuse des Gaules. C’est chez Bussy-Rabutin que sont apparues la première fois les lettres de cette dernière.

Bussy-Rabutin est également l’auteur d’une Généalogie de la famille Rabutin restée en manuscrit jusqu’à 1867 alors que ses Considérations sur la guerre furent publiées la première fois à Dresde en 1746. Il a également écrit à l’usage de ses enfants une série de biographies où il fait servir sa propre vie à un but moral.

Bussy laissa un fils qui devint évêque de Luçon, et qui eut si bien le don de plaire qu'on l'appelait le Dieu de la bonne compagnie.

[modifier] Œuvres

[modifier] Liens externes



Précédé par
Nicolas Perrot d'Ablancourt
Fauteuil 20 de l’Académie française
1665-1693
Suivi par
Jean-Paul Bignon