Politique budgétaire
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La politique budgétaire est le nom donné à la politique économique menée par un gouvernement, lorsque celui-ci modifie le budget de l'État, d'une façon telle qu’il en découle des impacts macroéconomiques sur l’économie totale du pays.
Le but est idéalement d’augmenter la croissance, ou d'atteindre des objectifs sociaux (réduire le chômage, etc.). Combinée à la politique monétaire, elle forme le policy-mix. Une des composantes de la politique budgétaire est la politique fiscale, les termes étant parfois confondus[1].
Lorsqu’un gouvernement veut mettre en place une politique conjoncturelle, la politique budgétaire en est l’élément principal.
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Les différentes composantes de la politique budgétaire sont :
- les dépenses : dépenses sociales (niveau des minima sociaux), aides aux entreprises, investissements en infrastructures publiques, aides à la recherche, exonérations fiscales, hausse des salaires des fonctionnaires et de l'emploi public, etc.
- les recettes : niveau des taux d'imposition et des bases fiscales des différents impôts, niveau global des prélèvements obligatoires dans le PIB, emprunts, recettes exceptionnelles (gisements miniers, portefeuille d'actifs publics, ...) etc.
[modifier] Effets
Les effets de la politique budgétaire sont difficiles à anticiper, parce que chaque décision peut avoir à la fois des effets positifs et des effets négatifs, éventuellement à des échelles de temps différentes, parce que la psychologie et la confiance jouent un grand rôle, parce que le contexte international, dont le gouvernement n'a pas la maitrise, a un poids qui peut être important, etc.
[modifier] Exemples
[modifier] Politique de demande
Si l'État verse davantage d'argent aux ménages (aide sociale, ou leur en prélève moins (baisse des impôts), les ménages vont augmenter leur consommation et la demande adressée aux entreprises (politique de demande). Empiriquement, une hausse de revenus a d'autant plus d'effets que les ménages concernés sont modestes, car ils auront tendance à faiblement épargner tout nouveau revenu (on parle de forte propension à consommer). Mais s'il suffisait de "distribuer du pouvoir d'achat" pour accélérer la croissance, la politique budgétaire serait fort simple. Quantité d'effets négatifs peuvent contrecarrer, voire inverser, une telle politique, par exemple
- un comportement partiellement ou totalement ricardien des ménages : au lieu de consommer, les ménages épargnent
- si la consommation se porte sur des biens importés (parce que les capacités de production internes ne correspondent pas à la nouvelle demande), alors la relance est exportée : elle produit ses effets à l'étranger et non dans le pays
- une désincitation à travailler des ménages, si le revenu octroyé devient intéressant par rapport aux revenus d'activité normaux. Les ménages augmentent leur salaire de réserve ou réduisent leur offre de travail, la main d'œuvre se raréfie, les coûts de production et par suite les prix augmentent
[modifier] Politique de l'offre
Si l'État diminue ses prélèvements sur les entreprises (baisse d'impôts, versements d’aides et de subventions), la compétitivité nationale s’améliorera et les entreprises pourront produire à moindre coûts ; dans le meilleur des cas, elle baisseront alors leurs prix, augmentant indirectement le pouvoir d'achat, et par suite les quantités vendus, ce qui demandera un accroissement de capacité de production, donc des investissements et des offres d'emplois susceptible de réduire le chômage. Ce scénario optimiste peut ne pas se réaliser, par exemple
- les entreprises peuvent se contenter d'engranger des bénéfices supplémentaires, et de les distribuer à leurs propriétaires ; ceux-ci, a priori aisés, n'augmenterait que peu leur demande ; pire encore, dans le contexte d'une économie ouverte, les propriétaires peuvent être des étrangers, la politique d'offre produisant alors sa relance à l'étranger tandis que le pays n'en conserve que les mauvais aspects.
- pour financer cette politique, le gouvernement devra par exemple accroitre sa pression fiscale sur les ménages, qui devront alors baisser leur consommation, donc la demande, et les entreprises n'auraient alors pas de marché supplémentaire
[modifier] Effet d'éviction
Si l'état s'endette pour financer sa relance (aussi bien pour une politique d'offre que pour une politique de demande), il lui faut offrir des conditions plus avantageuse que les autres emprunteurs potentiels, ménages et entreprises. Ceux-ci pourront alors moins facilement emprunter, les taux d'intérêt augmenteront, les crédits à la consommation comme l'investissement baisseront, le tout contrecarrant la relance.
[modifier] Analyse
Le courant keynésien, dominant avant les années 1970, considérait la pratique de politiques de relance comme essentielle. Toutefois, des échecs dans les années 1980, ont montré l’ineffficacité des politiques de relance.
La politique budgétaire est désormais utilisée par les États comme un instrument contra-cylique, de régulation économique, pour lisser (partiellement) les cycles économiques : il doit augmenter ses dépenses – ce que augmente le déficit budgétaire — lors des périodes de ralentissement économique, en particulier lorsque le ralentissement atteint le stade de récession économique. En revanche, lors des périodes de forte activité (surinvestissement, inflation en hausse, chômage situé en dessous du NAIRU,...), il doit diminuer ses dépenses et réduire sa dette, pour avoir les capacités d'intervenir à nouveau lors de la crise suivante (« politique de rigueur »).
Pour les principaux courants économiques contemporains, comme celui de la synthèse néoclassique, la politique budgétaire peut être bénéfique, mais elle perturbe également le bon fonctionnement économique et endette l'État, l'effet d'hystérèse empêchant généralement les dépenses publiques de re-diminuer.
La mondialisation économique et l'augmentation de la part des importations dans le PIB (les économies sont de plus en plus ouvertes) diminuent l'effet de cercle vertueux de la politique budgétaire. Une partie des effets sont alors perdus, et la politique budgétaire contribue, plus qu'avant, à relancer l'économie des pays voisins.
[modifier] En France
En France, la dernière grande politique budgétaire expansive mise en place remonte au programme commun de 1981, et s'est soldée par un échec. Elle a due être suivie par le « tournant de la rigueur ».
Aujourd'hui, trois facteurs limitent de façon importante une politique budgétaire expansive :
- Le premier facteur est le niveau élevé de la dette publique de la France (environ 65% du PIB en 2007), qui empêche la France de s'endetter fortement davantage.
- le deuxième facteur est le maintien depuis une vingtaine d'année d'un déficit budgétaire important, parfois décrit comme structurel : la politique budgétaire est donc de facto déjà expansive.
- Le troisième est l’entrée de la France dans l'Union économique et monétaire européenne (signature du Traité sur l'Union européenne, dit Traité de Maastricht), et qui impose aux États membres des critères de convergence pour éviter les comportements abusifs.
[modifier] Notes et références
- ↑ Au sujet de la Banque, Banque du Canada. Consulté le 8 avril 2008
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Budget
- Courbe de Laffer
- Économie politique
- Fiscalité en Europe
- Macroéconomie
- Modèle (économie)
- Politique de relance
- Politique économique
- Politique publique
[modifier] Bibliographie
- Robert M. Solow, Peut-on recourir à la politique budgétaire? Est-ce souhaitable?, Revue de l’OFCE 83, 2002
- « Déterminants de la politique fiscale », Perspectives économiques n° 63, OCDE, 1998 [pdf]
- « Utiliser la politique budgétaire pour stimuler la croissance – De l’opportunité pour les pays à faible revenu de réduire leur déficit budgétaire », Finances et développement, décembre 2003 [pdf]
- « Cyclicité de la politique budgétaire : le rôle de la dette, des institutions et des contraintes budgétaires », Perspectives économiques n°72, OCDE, décembre 2002 [pdf]