Plan incliné de Saint-Louis-Arzviller

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48° 42′ 57″ N 7° 13′ 06″ E / 48.71583, 7.2184

Le plan incliné de Saint-Louis-Arzviller est un ascenseur à bateaux qui fait partie du canal de la Marne au Rhin, et permet la traversée des Vosges. Il est situé sur la commune de Saint-Louis dans le département de la Moselle.

Plan incliné de Saint-Louis-Arzviller
Plan incliné de Saint-Louis-Arzviller

Sommaire

[modifier] Historique

La nécessité de relier le bassin de la Seine et la grande voie rhénane par un canal date du XVIIIe siècle. Le roi Louis XVI chargea son ingénieur d’étudier le projet du canal de la Marne au Rhin, mais ce n’est qu’en 1826 que M. Brissos, ingénieur des ponts et chaussées, fut chargé de la réalisation du canal entre Vitry-le-François et Strasbourg par la loi du 3 juillet 1838. Son principal concepteur fut l'ingénieur en chef Charles Étienne Collignon.

À Arzviller, une échelle de 17 écluses permettait de franchir une dénivellation de 44 mètres. Le plan incliné, mis en service en 1969, a permis de remplacer ces écluses dont le franchissement était laborieux. Sa construction de type transversal est unique en son genre en Europe.

Schéma du tracé du canal de la Marne au Rhin à Saint-Louis
Schéma du tracé du canal de la Marne au Rhin à Saint-Louis

[modifier] Problématique

[modifier] Temps de navigation

Le tronçon de la Marne au Rhin, long de 314 km avec ses 178 écluses, demandait entre 6 et 9 jours de voyage. Depuis 1853, mise en service du canal, le seul tronçon de Saint-Louis-Arzviller par la vallée du Teigelbach, long de 4 km comprenait 17 écluses avec un bief moyen entre chacune d’elles de 200 mètres et une dénivellation de 44 mètres (chute de 2,6 m entre 2 écluses), demandait une journée de navigation.

[modifier] Maintenance

Les 17 éclusiers, logés dans des maisons de l’État, étaient chargés du maintien des écluses sept jours sur sept, et plus de 11 heures par jour. Leurs attributions comprenaient les tâches suivantes :

  • faire passer les bateaux ;
  • veiller au bon fonctionnement et à la sécurité ;
  • entretenir les vannes, les crémaillères et les abords du canal.

En hiver, le canal était vidé pour permettre l’entretien des écluses.

[modifier] Hallage des bateaux

La traction des péniches était réalisée par la force animale (2 à 4 chevaux ou mulets) jusqu’au début du XXe siècle, puis vinrent les tracteurs sur rails puis sur pneumatiques à partir de 1933, électriques au début puis Diesel.

[modifier] Environnement

Les 17 écluses étaient fortement consommatrices en eau. En période estivale, le besoin en eau était trop important pour les réserves disponibles (petite rivière et étangs).

[modifier] Constructeur et Gestionnaire

Si, à l’origine le creusement du canal demanda la présence de personnes de la région et de bagnards acheminés du Midi de la France qui travaillèrent à la « pelle et la pioche », la construction du plan incliné au XXe siècle fit appel à des techniques et des moyens plus modernes et rapides.

Le propriétaire est la société des Voies navigables de France.

[modifier] Caractéristiques techniques

[modifier] Principe

Schéma de fonctionnement du plan incliné
Schéma de fonctionnement du plan incliné

Il s'agit de faire monter ou descendre sur un chariot, un bac contenant un bateau, le long d’une rampe inclinée, par l’intermédiaire d'un contrepoids d’équilibrage. Suivant le principe d’Archimède : la péniche qui entre dans le bassin évacue vers le canal une quantité d’eau équivalente à la masse immergée du bateau. Ainsi l’écluse pèsera toujours le même poids, qu'il y ait des bateaux ou pas. Dans le principe, le système pourrait fonctionner sans moteur. En effet, le caisson est un peu plus rempli d'eau lorsqu'il est en haut et un peu moins en bas. Les moteurs régulent la vitesse et ont une puissance relativement faible par rapport au poids transporté.

[modifier] Dimensions de l’ouvrage

Chiffres-clé[1] :

  • rampes en béton armé de 108,6 mètres sur une dénivellation de 44,50 mètres et une pente de 41% ;
  • bac en acier de 41,50 m de long, 5,50 m de large et 3,20 m de profondeur (soit 730 m3 d’eau), chariot et acier, qui donne un poids total de 900 tonnes. Il a une vitesse de 0.45 m/s (1.6 km/h) ;
  • portes d’écluse à relevage ;
  • deux contrepoids de 450 tonnes chacun. Chaque contrepoids est tiré par 14 câbles d’acier de 27 millimètres de diamètre ;
  • dans la salle des machines, deux treuils entraînés par des moteurs électriques, assurent la manœuvre et n’ont que le frottement à vaincre pour faire monter la charge.

À l’origine, deux bacs étaient prévus pour le transport des péniches mais, avec le déclin du transport fluvial, un seul bac fut mis en fonction. De nos jours, il est utilisé essentiellement pour le transport de plaisance.

[modifier] Performance et trafic

Le plan incliné peut accueillir un trafic de 39 péniches par jour, avec une montée réalisée en 4 minutes et un temps de parcours total de 20 minutes entre l’entrée et la sortie du bateau (contre une journée avec l’ancien tracé). La baisse des activités de transport fluvial est en partie compensée par le trafic touristique avec le passage de quelques 10 000 bateaux de plaisance par an.

[modifier] Tourisme

Système de porte à relevage du plan incliné
Système de porte à relevage du plan incliné

Chaque année, environ 150 000 visiteurs sont accueillis par l’Association touristique qui gère les visites guidées du plan incliné depuis plus de trente années. C’est le site de Lorraine le plus fréquenté.

L'excursion d'une durée approximative d'1h30, comprend une promenade en bateau jusqu’à l’écluse 17, l'ascension sur le plan incliné, la visite de la salle des machines, et une promenade en train forestier.

[modifier] Anecdotes

  • À l’écluse 14, la maison de l’éclusier tremblait à chaque passage du train Paris-Strasbourg.
  • Entre les écluses 6 et 7 se trouve une pierre tombale dédiée à la mémoire d’un officier de l’armée allemande qui s’est noyé dans le canal avec son cheval à la fin du XIXe siècle.
  • À l’écluse 1, M. Gaertner, dépositaire de la bière d’Arzviller, découpait la glace du canal pour conserver ladite boisson dans ses caves.
  • Après la tempête de 1999, les bois ont été stockés dans l’ancien canal pour les préserver du pourrissement.

Aujourd’hui, les maisons des éclusiers sont réhabilitées.

[modifier] Notes et références

  1. (de) Structurae [fr]: Plan incliné de Saint-Louis / Arzviller (1969)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes