Pléonasme

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Un pléonasme est un terme de rhétorique désignant une figure de style par laquelle l'expression d'une idée est soit renforcée soit précisée par l'ajout d'un ou plusieurs mots choisis qui ne sont pas d'abord nécessaires au sens grammatical de la phrase.

C'est un moyen d'expression aussi fréquent dans la langue littéraire que dans le langage familier.

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le mot vient du grec πλεονασμός (plèonasmós), qui signifie excès. Les grammairiens belges Maurice Grevisse et André Goosse estiment que pléonasme et redondance sont presque synonymes (voir le livre Nouvelle Grammaire française aux éditions Duculot, 1980, Paris, page 91). Son adjectif qualificatif est pléonastique.

[modifier] Avertissement

Cette figure d'expression a eu une bien mauvaise fortune puisque généralement elle est synonyme de redondance, superfluité, etc. Ce ne sont pourtant que les travers où l'on se fourvoie si elle est mal employée. Il existe d'ailleurs pour désigner ces excès plusieurs mots qui seront examinés plus loin.

Le mot vient d'un mot grec qui signifie d'abord surabondance. Ce qui peut amener par extension à "excès" ou "à profusion". Pierre Fontanier (Les figures du discours, 1830) indique qu'il faut prendre l'acception de "plénitude" quand il s'agit de cette figure.

[modifier] Recension

Le pléonasme est souvent constitué de termes qui abondent dans le même sens, pour insister sur un point que l'on craint qu'il ne soit mal interprété ou pas assez énergique.

Exemple canonique :

Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu,
Ce qui s'appelle vu...
Molière, (Le Tartuffe ou l'Imposteur)

Il y a dans cette expression non seulement l'insistance à faire admettre sa bonne foi mais aussi l'effort de préciser le sens du verbe "voir". En effet, quand nous disons: « Il me semble avoir déjà vu ça quelque part... », peut-être l'avons-nous simplement entendu ! Le verbe "voir" ayant un sens très large, le personnage veut donc convaincre qu'il n'est pas l'homme qui a vu l'homme qui a rencontré l'homme qui a tué l'ours, mais qu'il est bien un témoin direct, un témoin oculaire.

Autre exemple :

C'était une heure tardive où, mon frère et moi, nous avions été oubliés et nous nous amusions sous l'escalier, endroit très sombre. Nos éclats de voix dans notre chahut attirèrent l'attention de notre père qui se précipita vers nous et s'écria: "Que faites-vous encore là, vous deux ? Montez en haut tout de suite et dormez !" Nous nous exécutâmes sous l'index paternel impérieusement pointé vers le plafond. (e.a)

Il est d'usage de critiquer "monter en haut". Pourtant, dans le texte ci-dessus, il ne choque pas. Il y a deux remarques. D'abord, la répétition d'insistance qui se veut un ordre sans appel joue très bien. La seconde remarque est que, contrairement à ce que l'on croit, le verbe "monter" appelle instinctivement la précision d'un complément: monter quoi ? monter où ? On monte une roue sur une voiture, on monte une pièce théâtrale, on monte un cheval, on monte la tête à quelqu'un, etc. L'idée d'aller en haut, de s'élever n'est pas la seule que puisse susciter ce verbe. La langue anglaise utilise elle-même sans complexe des "up" avec les verbes: climb, jump,... Il nous suffit de penser à une tenancière de lupanar qui demande à un visiteur: « Vous montez ? » pour saisir la différence entre "monter" et "monter là-haut". Ce verbe français, quand il s'agit de l'idée de "gravir", a besoin d'une direction ou d'une indication de lieu pour la "plénitude" de l'expression.

Le pléonasme joue parfois pour donner un équilibre à la brièveté d'un mot ou d'une locution, aussi utile pour la prosodie que pour assurer le sens :

La marche à pied est excellente pour la santé.
Attention à la marche (il s'agit de la chose !)
Cette machine marche très bien" (et rarement avec des pieds)
Je tourne en rond.

Là aussi, c'est plus satisfaisant que de dire brièvement: "Je tourne.", d'autant plus qu'une roue tourne, sans faire de ronds autour de son axe.

[modifier] Le pléonasme d'utilité sémantique

  • Le vocable usuel aujourd'hui:
hui, mot du vieux français (latin, « hodie », ce jour), n'est pas passé dans la langue moderne parce qu'il était trop court et constituait un hiatus. Le pléonasme est venu lui donner corps.
  • Le verbe "pouvoir": La construction " pouvoir + un infinitif " est intéressante, car elle peut être conjuguée au subjonctif, mode qui exprime déjà la possibilité. Cependant elle pourra être considérée comme pléonastique surtout pour les verbes du premier groupe puisqu'il sera satisfaisant pour l'oreille de faire la distinction entre le présent du subjonctif et le présent de l'indicatif qui sont identiques à certaines personnes.
Il leur faut repartir afin qu'ils puissent arriver à temps... (pléonasme pour "afin qu'ils arrivent")
Il nous faut continuer afin que nous parvenions au sommet... ("que nous puissions parvenir" est une discrète périssologie)
  • Le pléonasme sert aussi bien à préciser le sens voulu d'un mot :
Cette journée m'a été très pénible et je suis complètement énervé.

Au sens premier, un corps énervé a été privé de nerfs, donc ici "sans réaction". L'adverbe "complètement" force le sens de ce mot pour ne pas faire entendre le sens familier de "avoir les nerfs agacés".

vivre sa vie
Il ne s'agit plus de simplement vivre mais de poursuivre en toute responsabilité son existence avec ce qu'elle comporte d'actions à décider et d'événements à affronter.
  • Le pléonasme peut utiliser la répétition en évitant la tautologie pour raviver le sens d'un mot trop usité ou galvaudé, ou pour imposer une acception moins courante. Ce procédé est connu des slogans publicitaires:
Huile L.: " Elle est bonne, et en plus elle est bonne !" (vraiment bon, ce qui s'appelle bon)
Le roquefort, c'est le roquefort ! (ce n'est plus le simple fromage mais ce produit raffiné issu de traditions ancestrales qui ont fait sa réputation)
Ce procédé se distingue de l'antanaclase. Celle-ci joue dans la même phrase avec deux acceptions d'un même mot, tandis que le pléonasme en privilégie un seul.

Peut-être plus éloigné, l'exemple de Molière (La jalousie du barbouillé)

C'est moi qui vous le dis qui suis votre grand'mère.
est de la même veine: le terme "grand'mère", évident pour le petit-fils, devient la personne d'expérience et naturellement intéressée par les faits et gestes de sa progéniture.
  • Le pléonasme sert parfois à rajeunir une expression métaphorique:
Non ! Non ! le petit Chose ne veut pas mourir. Il se cramponne à la vie, au contraire, et toutes ses forces... Alphonse Daudet, (Le Petit Chose)
Le verbe « cramponner » est de se tenir accroché « avec force ». Mais il est souvent employé dans un sens familier ("accroche-toi, Jeannot !") et la locution adverbiale rappelle l'idée d'effort qu'il contient.

[modifier] Le pléonasme fautif mais discret

  • Le pléonasme, enfin, émaille discrètement non seulement nombre de conversations mais aussi de textes. Exemple tiré d'un magazine de vulgarisation:
"[L'événement se serait produit] à une date antérieure aux estimations précédentes."

redondance qui aurait pu échapper facilement s'il n'y avait eu une construction vicieuse. Il faut lire "à une date antérieure à celle précédemment estimée." Mais on peut se douter, alors, que l'estimation de la dernière datation connue précédait la nouvelle estimation. Cependant le rôle de ce pléonasme ne vient pas particulièrement gêner la phrase, il apporte même davantage de netteté et il échappe à la périssologie. Seul un lecteur aguerri l'aurait peut-être perçu. Mais "...une date antérieure à celle estimée jusqu'ici" aurait suffi.

  • Les magazines comme les journaux quotidiens sont une mine de périssologies imperceptibles (pléonasmes inutiles):

extrait d'un hebdomadaire:

Sans attendre, [le ministre] pourrait lancer des expériences pilotes dans la fonction publique...

On ne se souvient sans doute plus des fermes expérimentales dites fermes-pilotes. Le mot pilote se marie peu avec expérience. Les dictionnaires français avaient entériné depuis longtemps cet anglicisme: "pilot, experimental". Ce qui vient malheureusement contrecarrer le sens de pilote comme conducteur expérimenté !

  • Une tournure 'dégraissée' reste pourtant éminemment compréhensible et cela pose un problème de langage: on peut fréquemment simplifier un texte, et ce texte en sera d'autant plus digeste. L'abus de mots inutiles sature et fatigue imperceptiblement le lecteur. C'est un défaut très moderne. De plus, les redondances diluent peu à peu la signification authentique ou première d'un vocable.

[modifier] Rôle dynamique du pléonasme

Mais c'est dans son rôle dynamique que le pléonasme sera éminent pour donner de l'énergie à une expression et qu'il acquiert sa qualité de figure de style.

Pierre Fontanier nous rappelle à ce sujet deux fleurons de la langue française qui nous viennent du Télémaque de Fénelon et qui, sans que l'on y trouve à redire, sont pratiquement passés dans la langue :

...cette horreur qui fait se dresser les cheveux sur la tête et qui glace le sang dans les veines.

On se forme ici l'image des cheveux droits au-dessus d'un visage blafard, et celle qui concrétise les veines bleuissant et se durcissant dans l'effroi. L'imagination du lecteur a eu besoin d'un levier, d'un détail déclencheur, bien que superflu pour le sens général.

Dans le même esprit: applaudir des deux mains fait la distinction entre ceux qui battent mollement des mains (l'une tapant l'autre) et ceux qui sont plus enthousiastes.

Autre exemple cité par Pierre Fontanier:

Que le courroux du ciel, allumé par mes vœux,
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre ! (Corneille, Horace)

C'est le type d'illustration où une simple redondance ("voir de ses yeux") grâce à un contexte bien défini amplifie le sens général: je veux moi-même y assister, ne pas le manquer, être au premier rang et me repaître de ce spectacle !

Bel exemple classique tiré d'Iphigénie (Racine):

Et que m'a fait à moi cette Troie où je cours ?

qui illustre un pléonasme avec un pronom personnel. Ce type de pléonasme est fréquent mais pas toujours probant. Chez Racine, Achille souligne fortement son désagrément et le peu d'intérêt qu'il prend à l'entreprise préparée par Agamemnon.

Autre exemple cité par Pierre Fontanier, de Corneille (Nicomède):

Et quand il forcera la Nature à se taire,
Trois sceptres à son trône attachés par mon bras,
Parleront au lieu d'elle, et ne se tairont pas !"

La redondance "parler" et "ne pas se taire" suggère un sens bien plus fort que celui de simplement parler. D'ailleurs, la négation d'une action est-elle jamais tout à fait le contraire de cette action ? "Ne pas se taire" se traduit ici par "continuer à parler malgré les empêchements et les interdictions" (réf: Tais-toi !).

À ce sujet, Pierre Fontanier rappelle le propos de Voltaire qui donne une critique de l'évidence "parler et ne pas se taire", non dépourvue de mauvaise foi puisqu'il s'agit de se moquer de cet ouvrage.

Dans le domaine poétique, la redondance (pseudo-tautologique) peut être d’un emploi riche d’effets :

Le sommet resplendissait d’une neige blanche sous un ciel d’un bleu profond.

L’adjectif qualificatif souligne la qualité première de la neige quand on la regarde: sa blancheur étincelante. Mieux encore, un adjectif peut rappeler les qualités sensorielles d’une chose que son seul nom ne suggère plus guère :

L’azur bleu (S. Mallarmé)
L’onde humide
Un bouquet de houx vert (V. Hugo)
Me voilà conseillère municipale. J'ai reçu l'onctueuse onction du suffrage universel. (R. Y., secrétaire d'État)

On peut avoir oublié que l'onction se fait avec une huile. L'adjectif est évidemment à prendre au figuré.

[modifier] Conclusion

Le pléonasme est surtout efficace comme figure dynamique et il supporte rarement l'analyse à froid. Dans le parler familier, les redondances sont plus courantes qu'on ne le pense et passent la plupart du temps inaperçues dans le feu de la conversation. Bien entendu, si on rencontre figés dans une liste les syntagmes "monter en haut", "descendre en bas", cela fera sourire. Le premier sens venu à l'esprit prendra le pas. Le contexte sera donc toujours déterminant pour juger de la justesse et de l'intérêt de l'expression pléonastique.

[modifier] Les défauts du pléonasme:

[modifier] La périssologie

(grec perissologia)

C'est un ajout de détails qui font redondance et n'apportent rien de nouveau, sinon de la lourdeur dans l'expression. Un pléonasme sans effet, en quelque sorte.

  • Elle est souvent le résultat d'un affaiblissement, d'une altération, voire de l'ignorance du sens d'un mot:

Henri Morier (Dictionnaire de poétique et de rhétorique, ed. 1975) donne la phrase: "Ce livre fourmille de trop d'erreurs". En effet, l'adverbe "trop" est de trop ! car l'idée d'un excès est déjà illustrée par le verbe "fourmiller".

  • Le langage courant nous fournit chaque jour d'autres exemples. Certaines expressions sont problématiques:
optimiser au maximum.

La locution adverbiale : "au maximum" présente une ambigüité : faut-il ici comprendre "le mieux possible" ou "aux meilleures conditions" (dans ce cas: périssologie) ? La phrase devra être tournée autrement, comme pour des alliances telles que "réduire au maximum/au minimum"

  • Dans le domaine poétique, ce type de redondance, souvent discrète, aide à contenter les contraintes de la métrique:
Toutes les dignités que tu m'as demandées,
Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées. Corneille, (Cinna)

Quand on accorde tout de suite quelque chose, c'est généralement "sans peine". Il fallait remplir le vers ! Ce procédé est fréquent dans les chansons populaires :

Âmes des Chevaliers, revenez-vous encor ? (il faut bien rimer avec « cor » !)
Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ? ("parler avec la voix" n'est pas très heureux)
Vigny (son poème "Le cor" n'est pas exempt de reproches)
  • La périssologie est aussi tributaire de la perspective du récit:


"Il lisait, son livre ouvert sur les genoux". On objectera qu'on ne peut lire un livre qu'une fois qu'il est ouvert. Cependant, tandis que lire ne suggère guère que la tête d'un personnage penché sur son ouvrage, l'adjectif "ouvert sur les genoux" ramène l'imagination au livre lui-même, tenu ouvert et serré de chaque côté par les mains.

L'erreur aurait plutôt été d'écrire: "Il feuilletait un livre ouvert sur ses genoux". La description est ciblée sur le livre, lequel, s'il est feuilleté, est forcément ouvert. Nous voyons là encore quelle différence se fait entre pléonasme et périssologie.

[modifier] La battologie

(d'un roi antique Battos qui aurait été bègue)

On trouvera la plupart du temps ce mot comme synonyme du premier. Il illustre la répétition d'une même idée sous des formes à peine différentes et sans grande originalité. Un peu comme un bègue qui contournerait un mot qu'il n'arrive pas à émettre par d'autres plus faciles à prononcer. On devine que dans ce style redondant les périphrases laborieuses et les inattentions seront courantes.


  • À ce propos, voici deux exemples,


> l'un de Boileau (Le Lutrin) cité par Pierre Fontanier :
La Discorde en sourit, et, les suivant des yeux,
De joie, en les voyant, pousse un cri dans les cieux.
- on relève plutôt dans ce distique une négligence de style. Si Boileau s'était attentivement relu, il aurait pu mieux écrire: "...et, les cherchant des yeux,...De joie, les découvrant,..."


> et l'autre de Vigny (Le cor) :
Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées;
- se souvenir de la définition d'un gave.


  • Le plus souvent, elle se retrouve dans la conversation et trahit soit l'embarras de l'expression, soit le délai de mise en ordre des idées, soit le temps d'une respiration de l'élocution, etc.
Oui, j'aime la musique, en amateur seulement, non en spécialiste... (interview de L. J., Le Monde de la musique)


  • On trouve aussi des formules inutiles dans les poèmes versifiés:
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;

Vigny (La mort du loup)

- l'hémistiche: « et, comme je le crois » est un remplissage pour finir le vers, trouver la rime et enfin remplacer lourdement la conjonction:car. En versification, ce procédé est appelé "une cheville".


  • Plus traumatisants pour la langue sont les tics de langage, avec des formules lourdes et superflues, comme le lancinant « en fait », ou « je m'en vais vous dire une chose », qui parsèment depuis peu les conversations ou les entretiens.
Ce groupe international a constaté cette année une forte augmentation en terme[1] de produits exportés et de bénéfices.
- au lieu de simplement écrire: une augmentation de ses produits exportés et de ses bénéfices...

[modifier] La tautologie

(même discours)

On trouvera aussi ce mot comme synonyme du premier. Mais son acception reste importante car elle permet de traduire l'anglicisme : "truisme" (lapalissade). C'est "l'affirmation évidente", ou bien l'explication inutile puisque l'idée allait déjà de soi.

  • Elle résulte d'un oubli ou de l'ignorance de l'étymologie d'un mot:

Exemples connus:

une panacée universelle (longtemps en usage)
dépenses somptuaires
danger potentiel (apparition récente)

où est attribuée à une chose une qualité soit assumée par la nature de la chose soit contenue dans la définition du mot.

  • Elle est parfois le produit d'une naïveté qui échappe à son auteur :

exemple extrait d'un journal gratuit du matin :

Les secours sont arrivés rapidement sur les lieux de l'accident, mais pour le conducteur tué sur le coup, il était déjà trop tard.
100% des gagnants ont tenté leur chance.

Ce slogan par contre n'est tautologique qu'a priori et il peut être expliqué par cet autre slogan, tiré de Montaigne, de la même société:

Qui peut dire qu'il n'a jamais de chance s'il ne la tente jamais ?

Dans les deux cas, le sens est bien souligné: il faut jouer pour espérer gagner.

  • Enfin, l'exemple canonique :
Un quart d'heure avant sa mort, il était encore en vie.

Cette chanson maladroite de soldats qu'a dû endosser malgré lui leur capitaine Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice, a fait beaucoup parler d'elle. Là encore, il s'agit davantage d'une faute d'expression que d'une réelle naïveté. Ne dit-on pas: "Ce bambin, quelle vie !" ? La phrase serait très bien passée s'il avait été écrit: "...il était encore plein de vie", mais sans doute les impératifs de la métrique du vers en ont fait décider autrement. En tous cas, on est assuré que ce grand capitaine n'est pas mort "débranché" et qu'il a combattu jusqu'au dernier souffle, contrairement à son compagnon d'armes, Bayard, qui eut les vertèbres brisées et une longue agonie.


[modifier] Notes

  1. L'anglicisme: "in terms of" se traduit dans le meilleur des cas: "en ce qui concerne" et, dans ce sens, l'expression « en terme(s) de» vient heurter le français qui n'a jamais cette acception.

[modifier] Bibliographie de référence

  • Henri Morier, Dictionnairede poétique et de rhétorique" PUF, 1975
  • Pierre Fontanier, "Les figures du discours", Flammarion, 1977.
  • Georges Molinié, "Dictionnaire de rhétorique, LGF, 1992.
  • Michèle Aquien, "Dictionnaire de poétique, LGF, 1993.

[modifier] Définition auto-exemplative

Dire deux fois la même chose en se répétant.

[modifier] Redondances usuelles

  • Abolir : Abolir complètement. Abolir entièrement.
  • ADN : ADN intracellulaire.
  • Acculer : Acculer au pied du mur (contresens: acculer à un mur, à un arbre).
  • Accumuler : Accumuler les erreurs les unes après les autres, accumuler les choses les unes sur les autres
  • Achever : Achever complètement.
  • Actuellement : Actuellement en cours.
  • Ainsi : Ainsi c'est pourquoi. Ainsi par conséquent. Ainsi par exemple.
  • Ajourner : Ajourner à plus tard.
  • Ajouter : Ajouter en plus, de plus.
  • Alcoolémie : Taux d'alcoolémie.
  • Allumer : Allumer la lumière (étymologie estompée).
  • Alternative : Il n'y a pas d'autre alternative. De plus le mot "alternative" est pris dans le sens option qu'il n'a pas
  • Anéantir : Anéantir complètement. Anéantir entièrement.
  • Apanage : Apanage exclusif.
  • Apparence : L'apparence extérieure.
  • Applaudir : Applaudir des deux mains.(voir étude)
  • Approcher : (S')approcher près de quelqu'un (correct avec la précision: très près, tout près,...).
  • Arrière : Il y a vingt ans en arrière.
  • Assassinat : Assassinat prémédité
  • Asseoir (s') : S'asseoir sur son séant.
  • Aubaine : Une bonne aubaine.
  • Aujourd'hui : Au jour d'aujourd'hui (Explication de Bernard Cerquiglini en images), aujourd'hui était déjà en soi un pléonasme puisque hui signifie « le jour où l'on est ». (Vient du latin hodie, contraction de ho(c) die "en ce jour-ci".)
  • Autorisation : Après autorisation préalable.
  • Avenir : Avoir un bel avenir devant soi, un projet d'avenir.
  • Avérer (s') : S'avérer exact. S'avérer vrai.
  • Averse : Une averse de pluie (par défaut une averse est faite de pluie, on peut toutefois préciser "averse de grêle").
  • Avertir : Avertir à l'avance, d'avance.
  • Bannir : Bannir définitivement.
  • Bénéficiaire : Des gains bénéficiaires.
  • Bénévoles : Des bénévoles volontaires.
  • Bip : Après le bip sonore.
  • But : Le but final.
  • Calligraphie : Une belle calligraphie (pléonasme étymologique).
  • Campus : Un campus universitaire.
  • Car : Car en effet. (Explication de Bernard Cerquiglini en images)
  • Cauchemar : Faire un mauvais cauchemar.
  • Chronique : Chronique du temps.
  • Chute : Faire une chute verticale.
  • Claquer : Claquer bruyamment la porte.
  • Collaborer : Collaborer ensemble.
  • Comme : Comme par exemple.(admis ,car le mot peut être conjonction de cause ou de temps, voire un adverbe d'intensité)
  • Commémorer : Commémorer un anniversaire, un souvenir (contresens: on commémore un événement, on célèbre un anniversaire), le sens étymologique de commémorer est bien "rappeler à la mémoire", ce qui est valable essentiellement pour un événement qui ne s'est produit qu'une fois.
  • Commencer : Commencer d'abord.
  • Comparer : Comparer ensemble. Comparer entre eux (solécisme: on compare l'un avec l'autre, l'un à l'autre).
  • Complètement : Abolir complètement. Achever complètement.
  • Concerter (se) : Se concerter ensemble.
  • Conclure : Pour conclure et en terminant.
  • Concorder : Concorder entre eux.
  • Confronter : Confronter mutuellement.
  • Conjoncture : La conjoncture actuelle.
  • Consensus : Un consensus commun.
  • Consigne : Une consigne stricte.
  • Consteller : Constellé d'étoiles (étymologie estompée).
  • Construire : Construire une maison neuve.
  • Contenter (se) : Se contenter seulement de.
  • Continuer : Continuer encore.
  • Convenir : Convenir ensemble.
  • Corriger : Corriger après-coup (mais on peut corriger sur le champ ou plus tard)
  • Cotiser (se) : Se cotiser à plusieurs.
  • Couleur : Une robe de couleur verte, de couleur bleue, de couleur rouge, etc (pléonasme tout à fait admis par l'usage même écrit, il est probable qu'on ne le ressente plus vraiment comme tel).
  • De nouveau : Redemander de nouveau. Rejeter de nouveau (n'est pas un pléonasme s'il s'agit d'une troisième demande ou rejet, en juridiction).
  • Débuter : Pour débuter, nous allons commencer. En premier lieu pour débuter. Admis en oral, pour s'attirer l'attention d'un auditoire.
  • Découvrir : Découvrir pour la première fois.
  • Défiler : Défiler successivement, à la suite
  • Défrayer : Défrayer de ses frais.
  • Dépêcher (se) : Dépêchez-vous vite, se dépêcher en hâte. (mais: Dépêchez-vous ! Vite !)
  • Descendre : Descendre en bas.
  • Détruire : Détruire entièrement (sans précision, oui, mais on peut préciser "détruire en partie, à moitié...").
  • Devenir : Devenir par la suite.
  • Différer : Différer à une date ultérieure (il faut une date précise).
  • Disperser : Disperser çà et là.
  • Don : Un don gratuit.
  • Donc : Donc par conséquent.
  • Dorénavant : À partir de dorénavant
  • Douche : Recevoir une douche d'eau froide.
  • Dune : Une dune de sable.
  • Durer : Durer longtemps (correct, car "durer" n'a pas l'idée expresse de longueur, mais de continuer d'exister, de résister, etc.).
  • Écho  : Écho sonore.
  • Écot : Payer sa part d'écot.
  • Édile : Édile municipal.
  • Emmener : Emmener avec soi.
  • En cours : Actuellement en cours. Présentement en cours.
  • Encore : Encore toujours.
  • Enfin : Enfin pour conclure. Enfin pour finir. Enfin pour terminer.(admis, à l'oral)
  • Ensuite : Puis ensuite, ensuite après.
  • Entraider (s') : S'entraider mutuellement.
  • Entrecôte : Une entrecôte à l'os.
  • Entrer : Entrer dedans.
  • Erreur : Une erreur involontaire.
  • Esclaffer (s') : S'esclaffer de rire.
  • Étape : Une étape intermédiaire.
  • Évertuer (s') : S'évertuer à faire des efforts.
  • Exporter : Exporter à l'étranger.
  • Extrait : Extrait tiré de.
  • Fagoté : Être mal fagoté (étymologie estompée).
  • Fétu : Un fétu de paille (étymologie oubliée).
  • Géant : Un grand géant (mais la gradation existe même chez un géant).
  • Geler : Geler de froid.
  • Gîte : Le gîte et le couvert (admis, la confusion avec le couvert désignant ce qui est dressé sur la table est enterinée par l'usage).
  • Goulot, goulet : Un goulot, un goulet d'étranglement.
  • Hardes : De vieilles hardes (mais le sens premier n'avait pas la connotation péjorative de vieux effets personnels).
  • Hasard : Un hasard imprévu.
  • Hémorragie : Une hémorragie sanguine.
  • Heure : Quatorze heures de l'après-midi, vingt heures du soir.
  • Hôtesse : Mon hôtesse, elle m'a donné des fleurs. (Explication de Bernard Cerquiglini en images)
  • Illusion : Des illusions trompeuses.
  • Illustré : (Faire une liste) non illustrée sans images.
  • Importer : Importer de l'étranger.
  • Inaugurer : Inaugurer l'ouverture d'un salon.
  • Incessamment : Incessamment sous peu (dit principalement par plaisanterie).
  • Index : Un index alphabétique (l'ordre alphabétique n'est qu'implicite quand il s'agit d'un catalogue).
  • Instances : Des instances décisionnelles.
  • Isoler (s') : S'isoler tout seul (la précision "s'isoler en groupe" est toutefois parfaitement possible).
  • Joindre : Joindre ensemble.
  • Lever (se) : Se lever debout.
  • Magma : Magma en fusion.
  • Mais : Mais cependant. Mais pourtant. Mais toutefois.
  • Manga : Manga japonais.
  • Marcher : Marcher à pied (voir étude).
  • Maximum : Au grand maximum. Au maximum de son apogée.
  • Méandre : Des méandres sinueux.
  • Média : Un média d'information.
  • Même : Même jusqu'à.
  • Mikado : Mikado japonais.
  • Milieu : Un milieu ambiant.
  • Mirage : Un mirage trompeur.
  • Moindre : Le moindre petit détail, défaut.
  • Monopole : Avoir le monopole exclusif.
  • Monter : Monter en haut (voir étude).
  • Mutuellement : S'aider mutuellement.
  • Nager : Nager dans l'eau.
  • Nain : Un petit nain (idem que pour "grand géant").
  •  : Né natif de.
  • Nimber : Nimbé d'une auréole (tautologie. Nimbe est réservé aux personnages religieux).
  • Nœud : Faire du x nœuds à l'heure.
  • Obérer : Obérer de dettes (mais on tend à utiliser "obérer" pour signifier un handicap).
  • Opposer : Opposer son veto.
  • Option : Option au choix.
  • Orage : Un orage électrique.
  • Orteils : Les orteils des pieds.
  • Orthographe : Une orthographe correcte (possible quand il s'agit de la science, mais non pour la manière dont s'écrit un mot).
  • Oubli : Un oubli involontaire (pourtant, il y a de plus en plus d'oublis volontaires!).
  • Paire : Une paire de jumelles.
  • Panacée : Une panacée universelle.
  • Paroles : Des paroles verbales.
  • Perruque : Porter une fausse perruque (pléonasme particulier, comme tous les pléonasmes contenant "faux" avec un nom qui exprime l'idée de quelque chose de faux (ex. "faux prétexte", "fausses illusions"...), risque de contresens théorique, une fausse perruque serait logiquement de vrais cheveux, mais spontanément on comprend bien qu'il s'agit d'une perruque... vraie).
  • Personne : Une personne humaine.
  • Personnellement : Moi, personnellement, je... (tic de conversation, surtout)
  • Perspectives : Des perspectives d'avenir.
  • Péter : Péter avec son cul.
  • Petit : Le moindre petit.
  • Phases : Des phases successives.
  • Piétiner : Piétiner sur place.
  • Pourquoi : Pourquoi est-ce que le petit Jésus était tout nu ? (Explication de Bernard Cerquiglini en images)
  • Pouvoir  : Pouvoir peut-être. L'expression n'est pas directement tautologique: le sens de la locution "peut-être" est dans ce cas confondu par l'usage avec celui de la locution "sans doute" qui dénote alors la prudence, la réticence, etc.
  • Prédire : Prédire à l'avance.
  • Premier : Le premier en tête.
  • Préparer : Préparer à l'avance.
  • Prétexte : Un faux prétexte.
  • Preuve : Une preuve probante.
  • Prévenir : Prévenir d'avance.
  • Prévoir : Prévoir d'avance.
  • Priorité : La première priorité.
  • Projet : Un futur projet.
  • Pronostiquer : Pronostiquer à l'avance.
  • Puis : Puis ensuite.
  • Quelconque : Généralement quelconque.
  • Rabâcher : Rabâcher sans arrêt la même chose.
  • Rafale : Une rafale de vent (étymologie estompée).
  • Rebattre : Rebattre sans arrêt la même chose (confusion: rebattre les oreilles avec rabâcher)
  • Reculer : Reculer en arrière.
  • Redemander : Redemander de nouveau.
  • Refaire : Refaire encore (mais on peut refaire plusieurs fois quelque chose qui à chaque fois a été défait).
  • Regrouper (se) : Se regrouper ensemble.
  • Rejeter : Rejeter de nouveau (idem que pour "refaire").
  • Relayer (se) : Se relayer tour à tour, successivement.
  • Rencogner : Rencogné dans un coin.
  • Rencontrer : Rencontrer pour faire connaissance (au sens normal, une rencontre est un fait de hasard).
  • Renifler : Renifler du nez.
  • Renvoyer : Renvoyer à plus tard.
  • Répéter : Répéter la même chose (admis à l'oral; par exemple pour encourager à faire mieux: répétez encore une fois!).
  • Reprise : À x reprises différentes.
  • Réserver : Réserver d'avance.
  • Résumé : Un bref résumé (plutôt contresens: résumé est utilisé pour compte-rendu).
  • Retenir : Retenir d'avance.
  • Rétrospectif : Un "flashback" rétrospectif.
  • Réunir (se) : Se réunir ensemble.
  • Satisfaisant : Assez satisfaisant ("assez" dérive vers le sens familier de "plutôt").
  • Saupoudrer' : Saupoudrer de sel (étymologie assez estompée).
  • Secousse : Une secousse sismique (pléonasme seulement étymologique, "sismique" n'est relatif qu'aux tremblements de terre en français, son sens est nettement plus spécialisé que le mot grec dont il vient).
  • Séparément : Séparément l'un de l'autre (mais on est en droit d'indiquer qui ou quoi on sépare).
  • Se suicider : étymologie estompée (issu du latin, 'se (sui) caedere': se tuer)
  • Seulement : Je n'ai que seulement dix centimes.
  • Shah : Shah d'Iran.
  • Solidaires : Solidaires les uns des autres.
  • Somptuaires : Des dépenses somptuaires.
  • Sortir : Sortir dehors.
  • Statu quo : Le statu quo actuel.
  • Successif : Des étapes successives (mais "étape" peut avoir le simple sens de lieu de repos).
  • Suites : Des suites conséquentes.
  • Suivre : Suivre derrière.
  • Surprendre : Surprendre à l'improviste.
  • Tâcher : Tâcher de faire en sorte de.
  • Téléphoner : Téléphoner à distance.
  • Télécommande(r) : télécommande(r) à distance, d'une manière générale, tous les éléments composés du préfixe telê (au loin).
  • Tourner : Tourner en rond (voir étude).
  • Topographie : La topographie des lieux (souvent contresens pour géographie).
  • Tri : Le tri sélectif (attention, le tri peut être une séparation, une répartition, un classement, etc.).
  • Truchement : Par le truchement d'un interprète.
  • Unanime, unanimité : Tous sont unanimes (mais "tous" peut désigner un groupe dont on vient de parler). À l'unanimité totale.
  • Voir : Voyons voir (plutôt dit par plaisanterie).
  • Voire : Voire même (cependant le sens premier du mot est "vraiment").
  • phénomène météo (neiger, pleuvoir, venter...)+dehors (oui, mais la chanson: Il pleut dans ma maison!)
  • petite + nom en ette (camionnette, maisonnette, etc.): pléonasme partiel, les diminutifs ont un sens complexe qui ne se réduit pas à la taille, de plus les gradations de taille restent toujours possibles (oui, mais le plus souvent, il y aura un rajout émotionnel, affectif: un petit agneau; un petit chaton, etc.).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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Voir « Pléonasmes en français » sur le Wiktionnaire.