Piétisme

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Le Piétisme est un mouvement religieux fondé par le pasteur protestant luthérien, de Francfort-am-Mein, Philipp Jacob Spener (1635-1705). Il a débuté par des collegia pietatis (collèges de piété) qui répondaient à une demande des participants de faire preuve de plus de piété. Une première théorisation a été faite par Spener dans son ouvrage Pia desideria (1670) : il y insistait sur la nécessité d'une piété personnelle et sur le sentiment religieux individuel qu'il jugeait préférables à la connaissance de la stricte orthodoxie doctrinale.

Sommaire

[modifier] Définition

Si, en français, le mot piétisme est dérivé du mot piétiste, traduisant l'allemand pietist octroyé de manière péjorative aux participants des collegia pietatis du Pasteur Spener (voir plus loin les premier piétistes), on peut noter que les membres de ce mouvement eux-mêmes avaient choisi le mot latin pietas, -atis, pour désigner leur principal exercice spirituel.

En latin, le mot pietas désigne "le sentiment qui fait reconnaître et accomplir tous les devoirs envers les dieux, les parents , la patrie, etc.", par conséquent le moteur psychologique de la déontique bien avant qu'elle ne soit abordée sur le plan logique, mais surtout avant que le concept ne se divise, comme il l'a fait en français entre celui de la piété et celui de la pitié.

Cette remarque sémantique permet d'envisager le piétisme, non plus comme un mouvement religieux daté et localisé, mais comme un état de l'âme universel existant depuis toujours et perdurant évidemment aujourd'hui.

Ainsi les assidiens ou assidéens (de l'hébreu chasidim = pieux), qui formaient parmi les Juifs une secte dont les membres se distinguaient par leur ferveur religieuse, leur austérité et leur attachement aux croyances des ancêtres, étaient bien les piétistes de cette époque, située 132 ans avant Jésus-Christ. Ce nom leur fut donné après que Mathatias ait tuè l'Egyptien Antiochus Epiphane qui avait voulu les contraindre, sans y parvenir, à renoncer à leur piété envers le Dieu des juifs, pour adopter le culte des dieux égyptiens.

[modifier] Les premiers piétistes

Sur le plan pratique les premiers collèges de piété devaient ressembler beaucoup à ce qu'on appelle aujourd'hui les groupes de prières. Le mot piété y était probablement entendu tant au sens de l' eusebeia (respect) qu'au sens de l' osiotes (sagesse, tempérance).

Il était donc tout naturel que de tels groupes qui prônaient la tempérance pour eux-mêmes, dénoncent la vie dissipée des princes, en l'occurrence, Georges III que les écrits de Spener mirent très en colère, tout particulièrement au moment de la seconde édition de son ouvrage en 1675.

La réponse fut apportée par l'intermédiaire de S.-B. Carpzov, issu de cette famille de théologiens luthériens qui avait statué à de nombreuses reprises sur la droite ligne de cette religion. Carpzov, qui avait été au début un ami de Spener, prit violemment parti contre lui.

Dans cette campagne de dénigrement, les speneriens furent affublés du nom à l'apparence péjorative de piétistes, dans le sens de fidèles confits en excès de prières ; en même temps leurs adversaires posaient sur eux l'opprobre de schismatiques et faisait de leur mouvement une secte.

[modifier] L'extension du mouvement

Le mouvement se développa, de Leipzig, à Berlin, Augsbourg, dans la toute nouvelle université de Halle fondée en 1691 et sembla se répandre dans toute l'Allemagne, ainsi qu'en Russie. Les noms même de piétisme et de piétistes furent conservés par les pratiquants de la doctrine qui ne les désavouaient pas.

Les réunions des Piétistes d'Alsace, patrie d'origine de Spener, qui avaient lieu surtout à Bischwiller, près de Strasbourg, furent très nombreuses au commencement du XIXe siècle; puis elle donnèrent lieu à des poursuites vers 1825.

Le même mouvement s'étendit dans d'autres religions que le luthérianisme :

  • Chez les Juifs, il existait un piétisme rhénan médiéval, organisé autour du Sefer Hassidim (livre des dévôts), attribué à Yéhuda Hassid (Judas le Pieux), mystique du XIIIe siècle ; ce piétisme avait une origine très ancienne puisqu'il remontait à la victoire de Matathias sur Antiochus Epiphane, 132 ans avant J.-C. ; on le retrouve en Lithuanie et en Ukraine, en Pologne et en Turquie, à la fin du XVIIe siècle, où ils continuent à s'appeler Khasidim ou Carolins ou Juifs sauteurs. Comme les Piétistes luthériens, ils affectaient une austère piété et des mœurs sévères.

[modifier] Le déclin

Il semble que, déjà, les jeunes disciples de Spener avaient fait preuve de tendances orgueilleuses et que la plupart d'entre eux s'étaient révèlés séparatistes.

Par la suite, le mouvement déclina rapidement au 19e siècle, évincé par le rationalisme.

On décrit toutefois, à l'époque du romantisme, une certaine forme de piétisme au sein de l'Église catholique, notamment dans les milieux libéraux qui étaient influencés par le Génie du christianisme de Chateaubriand et l'Apologia Pro Vita Sua de Newman.

[modifier] La doctrine

À l'origine, il s'agissait donc d'un groupe de fidèles protestants luthériens qui organisaient des groupe de prière autour de leur pasteur (Spener) ; le fait nouveau et important est que chacun pouvait y prendre la parole ; le fait, scandaleux pour l'époque était que les laïcs eux-mêmes pouvaient prétendre à y analyser les Saintes Écritures.

Ce fonctionnement collégial les avaient amenés très rapidement à la constatation qu'il y avait trop de formalisme dans la pratique religieuse et que l'on accordait plus d'importance au savoir et à la connaissance qu'à la pratique individuelle de la prière et donc à la spiritualité. En ce sens, et de l'intérieur, ce groupe se posait donc en parfait continuateur de Luther.

Ses adversaires, et tout particulièrement les princes de l'époque et leurs émissaires, taxaient ce mouvement d'exagération de piété, au sens de démonstration ostentatoire de piété ; ceci était précisément le contraire de son sens véritable. Cette contre-vérité était assise sur l'affirmation qu'ils préféraient les exercices privés aux cultes publics.

Le mouvement piétiste s'inscrivait dans un mouvement de recherche religieuse que l'on peut trouver chez les Quakers pour la sévérité de leur morale et leur aversion pour les plaisirs mondains, chez les Méthodistes en ce que quiconque se sent inspiré peut prendre la parole dans leurs assemblées, ou bien en France, chez les jansénistes.

On abordera sans dérision l'histoire du piétisme si on considère à la fois l'exemple qui fut donné par son fondateur, sa relative modernité, et aussi aussi le fait que la mère d'Emmanuel Kant et ses premiers maîtres à penser, étaient piétistes. C'est d'ailleurs dans le profil direct de ce questionnement et de cette formation qu'il écrira un texte comme la religion dans les limites de la simple raison.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Sources

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