Panaït Istrati

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Panaït Istrati
Panaït Istrati

Panaït Istrati (10 août 1884, Brăila - 18 avril 1935, Bucarest) est un écrivain roumain de langue française, surnommé le Gorki des Balkans.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il naît à Brăila, un port roumain sur le Danube, fils de la blanchisseuse Joiţa Istrate et d'un contrebandier grec.

Élevé à Baldovineşti, village proche de Brăila, il étudie à l'école primaire durant six ans, dont deux années doublées. Il gagne ensuite sa vie comme apprenti d'un cafetier grec, puis d'un pâtissier albanais, devient ensuite marchand ambulant, manoeuvre, soutier à bord des paquebots du SMR. Pendant cette période, il est un lecteur compulsif, et ses voyages le mènent à Bucarest, à Constantinople, au Caire, à Naples, à Paris et en Suisse.

Rattrapé par la misère, malade et seul, il tente de se suicider en janvier 1921 à Nice, mais il est sauvé et on trouve sur lui une lettre non envoyée qu'il avait écrite à Romain Rolland. Celui-ci en est averti, et lui répond promptement en l'encourageant dans sa démarche d'écrivain : J’attends l’œuvre ! Réalisez l’œuvre, plus essentielle que vous, plus durable que vous, dont vous êtes la gousse. En 1923, son récit Kira Kyralina est publié, avec une préface de Rolland.

En 1927, compagnon de route du Parti communiste (il avait depuis longtemps une vive estime pour son compatriote révolutionnaire, Christian Rakovsky), il visite Moscou et Kiev avec l'écrivain grec Nikos Kazantzakis, et en 1929 il voyage à nouveau en Union soviétique. Durant ces séjours il devine derrière l'accueil réservé aux hôtes étrangers, la réalité de la dictature stalinienne, qui lui inspire l'écriture de Vers l'autre flamme, confession pour vaincus, dans lequel, sept ans avant le Retour d'URSS d'André Gide, il dénonce avec une grande virulence l'arbitraire du régime soviétique : « Istrati décrit l’exploitation impitoyable des travailleurs par une bureaucratie prête à tout pour défendre ses privilèges »[1]. L’ouvrage, en trois volumes, est en fait co-écrit avec Boris Souvarine et Victor Serge.

S'ensuit une classique et violente campagne de calomnies menée à son encontre par les intellectuels du PCF, au premier rang desquels Henri Barbusse. Malade et moralement affaibli, il retourne en Roumanie, mais revient à Nice afin d'y soigner une tuberculose, puis repart à Bucarest. Il collabore dans les dernières années de sa vie à la revue La Croisade roumaniste avec des articles dénonçant les injustices sociales de son temps. Il meurt de la tuberculose dans un sanatorium de Bucarest en 1935, vilipendé tant par les communistes qui le traitent de « fasciste » que par les fascistes qui le traitent de « cosmopolite ».

Figure très célèbre de la littérature de l'entre deux guerres, Panait Istrati tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs décennies ; son œuvre est interdite en France durant la guerre, et en Roumanie durant le régime stalinien. Elle est peu à peu rééditée en France à partir des années 60, à l'initiative de l'association des amis de Panait Istrati, située à Valence, et en Roumanie à partir de 1990.

[modifier] Notes

[modifier] Œuvre littéraire

Recueils de nouvelles en collections de poche :

  • Codine - Mikhaïl - Mes départs - Le Pêcheur d'éponges (La jeunesse d'Adrien Zograffi), ISBN 2070375927
  • Domnitza de Snagov (Les récits d'Adrien Zograffi), ISBN 2070374947
  • Kyra Kyralina (Les récits d'Adrien Zograffi), ISBN 2070372537
  • Oncle Anghel (Les récits d'Adrien Zograffi)
  • La maison Thüringer - Le bureau de placement - Méditerranée (Lever de soleil) - Méditerranée (Coucher de soleil) (Vie d'Adrien Zogfraffi), ISBN 2070375935

Témoignage : la trilogie de Vers l'autre flamme

  • T1 - Après 16 mois dans l’URSS, ISBN 2070324125
  • T2 - Soviets 1929, Paris, Les Editions Rieder, 1929
  • T3 - La Russie nue, Paris, Les Editions Rieder, 1929

[modifier] Livres sur Panaït Istrati

  • Mircea Iorgulescu, Panaït Istrati, Ed. Oxus, coll. « Les Roumains de Paris », Paris, ISBN 2848980370
  • Boris Souvarine, Souvenirs sur Isaac Babel, Panaït Istrati, Pierre Pascal, Champ libre, 1985, ISBN 2851841556
  • Monique Jutrin-Klener, "Panaït Istrati, un chardon déraciné", Maspero, 1970.
  • Jeanne-Marie Santraud, Elisabeth Geblesco, Catherine Rossi, Monique Jutrin-Klener, Martha Popovici, Hélène Lenz, Daniel Lérault, "Les Haïdoucs dans l'oeuvre de Panaït Istrati", L'Harmattan, 2002.