Nez-Percés

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Guerrier nez-percé sur sa monture. Photographie de Edward S. Curtis
Guerrier nez-percé sur sa monture. Photographie de Edward S. Curtis

Les Nez-Percés (Nimi'ipuu étant le terme autochtone, signifiant « les hommes » ou « le peuple »[1]) sont une tribu amérindienne du groupe pénute, qui vivait dans le Nord-Ouest des États-Unis d'Amérique au moment de l’expédition de Lewis et Clark (qui rapportent également une dénomination mal attestée par ailleurs de « Chopuunish », corruption du mot Tsútpěli, « le peuple des montagnes »).

La langue des Nimi'ipuu appartient à la famille dite « sahaptienne », ou « pénute ».

Sommaire

[modifier] Nez-Percés ou Nimi'ipuu ?

Le terme « Nez-Percés » est peut-être le moins impropre, à la fois parce qu’il est préféré par la majorité des Nimi'ipuu lors des relations avec des locuteurs n'appartenant pas à la tribu, et parce que d'aucuns avancent qu’il est utilisé par une majorité d’historiens, qui se fondent sur les relations de voyages des explorateurs français (pourtant largement contestables), premiers Européens à avoir pénétré si loin en Amérique.

Nez-Percé est, en tous cas, une fausse interprétation du traducteur de Lewis et Clark, lorsqu’ils ont rencontré la tribu en 1805 : celle-ci ne pratiquait pas le perçage du nez et ne portait pas de tels ornements. Mais il existe une tribu de « nez percés », proche des Nimi'ipuu, qui vit actuellement dans le bassin inférieur de la Columbia. Il s'agit d'une bande des tribus communément appelées « Chinook » (ou, proprement : « Tsinúk ») par les historiens et les anthropologues.

[modifier] Terres traditionnelles

À l’époque de Lewis et Clark, les Nimi'ipuu occupaient un territoire d'environ 69 000 km². Il couvrait une partie des États de Washington, de l'Oregon et de l’Idaho, une zone qui englobait les bassins de la Clearwater et de la Snake river. Les Nimi'ipuu, comme beaucoup d’Amérindiens de l’ouest et du centre des États-Unis, étaient des nomades qui déplaçaient leurs campements en fonction des saisons, pour s’établir là où la nourriture était la plus abondante. Ces migrations suivaient des itinéraires habituels, d'établissements semi-permanents l’hiver à des camps temporaires, plantés le plus souvent aux mêmes endroits, d’année en année. Ils allaient ainsi jusqu’aux Grandes Plaines à bisons, à l’est, pour chasser et pêcher.

[modifier] Membres célèbres

Le plus célèbre des Nimi'ipuu est probablement Hinmatón-Yalaktit ou chef Joseph.

Autre chef important, Allalimya Takanin (Looking Glass pour les anglophones), né en 1832 et mort en 1877. Malgré son ressentiment dû à la cupidité des Blancs pour les terres indiennes et le projet gouvernemental de déporter son peuple à Lapwai (Oregon), il souhaitait éviter d'entrer en guerre avec le gouvernement fédéral. Mais le Général Oliver Otis Howard était convaincu de ce qu'Allalimya Takanin, grand guerrier reconnu, prendrait les armes et a donc ordonné son arrestation immédiate, à laquelle le chef parvint à échapper. Cet épisode a fait de Hinmatón-Yalaktit le compagnon indéfectible d'Allalimya Takanin pour la retraite de 1877.

Un autre membre éminent de la tribu est Archie M. Phinney (1903 - 1949), qui suivit les cours de Franz Boas à l’Université Columbia et publia un recueil de mythes et légendes des Nimi'ipuu.

Actuellement, sur les traces de Jackson Sundown (un neveu de Hinmatón-Yalaktit), Carl Ray Powaukee redonne une nouvelle fierté aux Nimi'ipuu par son travail avec la race des chevaux Nez-Percés, après s'être mis en selle à l'âge de 16 ans.

[modifier] La poursuite des Nez-Percés

En 1877, le gouvernement des États-Unis, ne respectant pas un traité délimitant un territoire dévolu aux Nimi'ipuu, a envoyé l’armée pour mener manu militari l'ensemble de la tribu en réserve. L'un des groupes a refusé la déportation, qu'il pressentait atroce, et a tenté de se réfugier au Canada, à la suite du célèbre Chef Joseph, pourtant réticent à cette retraite, mais qu'Allalimya Akanin a finalement convaincu d'agir ainsi. Cet acte désespéré devait sauver les Wallamwatkain (dont le nom déformé en « Wallowa » a été attribué à une vallée de l'Oregon).

Mais une erreur de jugement a fait croire à Allalimya Akanin que lui et ses compagnons seraient à l'abri à Big Hole, dans le Montana, où les hommes du Colonel Gibbon ont tout de même surpris les rebelles et leur ont infligé de lourdes pertes, le 9 août 1877. Allalimya Akanin y a perdu son prestige et la fuite a repris.

La traque s'est poursuivie impitoyablement et les rebelles ont été décimés par les Tuniques bleues (lesquelles ont pourtant subi plusieurs défaites cuisantes), avant de parvenir à les capturer, le 5 octobre 1877, Hinmatón-Yalaktit étant alors convaincu que seule la reddition épargnerait des vies.

Le même jour, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre le chef Lakĥota Sitting Bull (Tĥatĥanka Iyotĥanka) au Canada, Allalimya Akanin a été surpris et tué par un éclaireur Tsitsista enrôlé dans troupes fédérales, juste avant d'atteindre la frontière.

Cette poursuite des Nez-Percés a mobilisé, sur plus de 2 100 km, environ 2 000 soldats, pour finalement emprisonner et déporter quelques centaines d'hommes, de femmes et d’enfants.

[modifier] I will fight no more…

Hinmatón-Yalaktit (ou Chef Joseph, ainsi que le connaissent les Américains et les Européens), chef de la bande Wallamwatkain, a poursuivi la lutte de son peuple dans la défense de ses droits et de sa culture face aux violations répétées par les États-uniens des divers traités et des promesses, dans plusieurs combats et, finalement, lors de la terrible poursuite des Nimi'ipuu.

En 1966, Merrill D. Beal a publié I Will Fight No More Forever: Chief Joseph and the Nez Perce War (ISBN 0-295-74009-4), déjà réédité à plusieurs reprises, tant l'intérêt du livre est grand. Je ne combattrai plus jamais : Chef Joseph et la guerre des Nez-Percés est un recueil d'interviews de descendants, de lettres rédigées ou dictées par des témoins directs des combats menés contre la déportation des Wallamwatkain en 1877, contre les violations des traités et les pressions exercées par le gouvernement fédéral. Très documenté par les deux parties opposées, c'est un ouvrage offrant un regard équilibré et indispensable, pour avoir une bonne connaissance de la condition faite aux Wallamwatkain en particulier, et aux Amérindiens en général.

[modifier] Élevage de chevaux

Les Nimi'ipuu sont reconnus pour leur production équine. Au XIXe siècle, ils avaient obtenu par croisements successifs la race des Appaloosas, afin de disposer de chevaux adaptés à leurs besoins.

En 1992, sous la houlette d'un Diné marié à une Nimi'ipuu, Rudy Shebala, ils entreprennent le Nez Perce Horse Program, énorme travail de sélection fondé sur le croisement d'Appaloosas et d’Akhal-Tekes, du Turkménistan et du nord de l'Iran, pour produire une nouvelle race distincte, les chevaux des Nez-Percés. C’est un programme de rénovation de l’élevage de chevaux des Nimi'ipuu, fondé sur leur tradition d’élevage et de sélection, détruite au XIXe siècle, notamment par le vol de leurs chevaux par l'armée. Ce travail est financé par l' Administration for Native Americans, le conseil tribal nimi'ipuu et une association à but non-lucratif, le First Nations Development Institute, sans compter le soutien de l’Appaloosa Horse Club (association internationale basée à Moscow, dans l'Idaho) et les efforts incommensurables de Rudy Shebala, dont le travail ne se limite pas aux équins, car il vise aussi à restaurer une meilleure condition sociale des Nimi'ipuu et, plus généralement, à faire preuve quotidiennement que l'on peut être fier d'être « peau-rouge » (selon ses propres termes).

Un beau documentaire leur a été consacré par Laure Poinsot : Les Cavaliers du Mythe, n°7 : Les Indiens Nez-Percés (produit en 2001 et disponible en DVD (référence ASIN : B0006BLHWI) ou en VHS (ASIN : B000066RTM)), plusieurs fois montré par France 5 et rediffusé, en dernière date, le 26 décembre 2006.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Références

  1. , une auto-dénomination extrêmement fréquente dans le monde entier — cf. ᐃᓄᐃᑦ : Inuit, Халх, mot d'origine arabe par lequel les Mongols de l'Est se désignent, les Manusha, une branche des Roma, etc.

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Nez-Percés.