Amérindiens

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Le terme Amérindiens, ou Indiens d'Amérique, désigne les premiers occupants du continent américain (autrefois appelé « Indes occidentales »), et leurs descendants.

En l’absence d’appellation qui fasse consensus, on utilise parfois les expressions de « peuples autochtones » ou "aborigènes", plus précis, « Premières nations » ou « Premiers peuples » (suivant une traduction littérale de l’expression anglo-américaine First Nations). L'expression « Peaux Rouges » est ancienne et n'est plus beaucoup utilisée en Amérique (sauf pour le nom du club sportif les Redskin). On parle aussi de peuples précolombiens pour la Méso-Amérique et l'aire andine. En anglais, au Canada comme aux États-Unis, on utilise les expressions Native Americans (Américains d'origine), Native peoples (peuples d'origine), American Indians, First Nations, Aboriginal Peoples (peuples aborigènes) ou Nord-Amérindiens. Toutefois, ces termes sont souvent rejetés par les intéressés qui préfèrent être appelés en fonction des noms de leurs peuples. Au Canada, existent des Inuit (pluriel de Inuk), des Amérindiens et des Métis reconnus (appelés "Métis" en anglais aussi, vu l'importance des origines françaises parmi eux), tous aussi désignés par l'appellation "premières nations".

Au Québec, le terme amérindien est répandu et on emploie officiellement le terme "premières nations", comme l'indique l'appellation de L'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, dont le chef actuel est Ghislain Picard. Le terme "Premières Nations", ou Premiers Peuples, offre l'avantage de regrouper aussi les Inuit, qui ne sont pas des Amérindiens. En Guyane française, on parle d'Amérindiens répartis en huit ethnies — qui sont donc citoyens de la République française.

Représentation des populations purement amérindiennes en Amérique (source : CIA World Factbook 1999).
Représentation des populations purement amérindiennes en Amérique (source : CIA World Factbook 1999).

En espagnol et en portugais, on parle encore volontiers d'Indios, à distinguer des mestizos.

Sommaire

[modifier] Peuplement originel

[modifier] Théories anciennes

Couple de Karajá (Amazonie)
Couple de Karajá (Amazonie)

L’arrivée de ces peuples en Amérique remontait, il y a encore quelque temps, à 12 000 ans environ mais de récentes découvertes archéologiques feraient remonter les premières migrations à plus de 40 000 ans. Venant de Sibérie, ils auraient traversé le détroit de Béring, alors gelé, puis peuplé le continent américain.

D’autres théories parlent de peuples océaniens ayant traversé l'océan Pacifique, exprimée par Paul Rivet (un des fondateurs du Musée de l'Homme), ou encore de peuples européens : cette dernière hypothèse est celle de l'archéologue Dennis Stanford.


Les Amérindiens eux-mêmes soutiennent qu’ils ont toujours habité là. Quoi qu'il en soit, la diversité des milieux naturels du continent a engendré des cultures très différentes.

[modifier] Découvertes les plus récentes

Nombreux étaient les tribus et peuples d'Amérique du Nord
Nombreux étaient les tribus et peuples d'Amérique du Nord
Icône de détail Article détaillé : Paléoaméricains.

On notera cependant des découvertes qui remettent en cause le schéma général de la colonisation des Amériques par les Amérindiens. Certains spécialistes pensent que le peuplement du continent américain n'a pas une seule origine :

  • Un squelette entier de type europoïde, l'homme de Kennewick, datant de plus de 9 000 ans a été découvert dans l'État de Washington en juillet 1996, sur les bords de la Columbia[1].
  • Les ossements de la Femme de Peñon (environ 13 000 ans), découverts près de Mexico présentent aussi des caractéristiques europoïdes.
  • 75 crânes, dont le crâne de Luzia, ont été mis au jour au Brésil [2],[3] datés de près de 35 000 ans, soit plus que le site de Clovis, au Nouveau-Mexique, considéré jusqu'alors comme le plus ancien du continent ; ils sont d'aspect africain ou aborigène australien.
  • 250 crânes et squelettes du site de Cerca grande, sont âgés de 9 000 ans à 12 000 ans et sont également de type mélanésien et africain.

L'autre question problématique est celle de la date du peuplement. Là encore le travail des archéologues semble repousser l'origine du peuplement à des époques plus anciennes qu'on ne l'a longtemps cru :

  • En 2005, dans une ancienne carrière située près du volcan Cerro Toluquilla (Puebla au Mexique), des traces humaines vieilles de 38 000 ans ont été découvertes par une équipe britannique sur une couche de cendres fossilisées.
  • Sur le territoire des États-Unis, l'homme de Folsom trouvé au Nouveau-Mexique aurait 20 000 ans. En 1997, l'analyse au carbone 14 de fossiles amérindiens trouvés en Virginie remontent à 17 000 ans avant J.-C. Les Algonquins seraient apparus il y a 4 500 ans. Des traces de maisons en rondins iroquoises sont attestées pour le Xe siècle av. J.-C.

Sur les cas atypiques, voir aussi Chasseurs de Sibérie ou marins d'Océanie, l'énigme des migrations précolombiennes

[modifier] Histoire et préhistoire (concept)

Pétroglyphes amérindiens, Nevada
Pétroglyphes amérindiens, Nevada
Objets de la vie quotidienne des Indiens du Sud-Est des États-Unis
Objets de la vie quotidienne des Indiens du Sud-Est des États-Unis

L'utilisation de l'écriture versus la tradition orale est habituellement la ligne de démarcation entre l'histoire et la préhistoire. Il est intéressant de savoir que 90 % des langues parlées sur cette terre sont ou étaient de culture orale. C'est le cas de la très grande majorité des langues autochtones des Amériques. L'année 1500, époque des premiers contacts, représente plutôt cette ligne séparatrice. Il faut donc réajuster constamment notre tir sur la "vérité historique". Les Autochtones contemporains fondent une bonne partie de leurs revendications sur cette antériorité historique, sur la période que nous qualifions habituellement de préhistorique.

Donc, l'histoire chez les peuples aborigènes des Amériques ne pouvait se transmettre que par la forme verbale. Légendes, contes, aventures de chasse et faits historiques ont voyagé à travers le temps et se sont transformés dans la bouche des conteurs. Pour les Inuits et les Amérindiens, l'exactitude des lieux, des dates et des acteurs à titre d'exemples n'avait pas la même importance que pour les historiens académiciens d'aujourd'hui. Ces derniers voient plutôt l'histoire comme un arc tendu qui projette une flèche vers le futur. C'est une façon linéaire de voir les choses. Par contre, pour les gens des Premières Nations, ils voient l'histoire comme un cercle où le temps revient continuellement sur lui-même dans la bouche des conteurs. Ces différences perceptuelles de l'histoire n'ont pas toujours facilité les relations passées et présentes entre les Amérindiens et les étrangers venus d'Europe.

[modifier] Amérique du Nord

Icône de détail Article détaillé : Nord-Amérindiens.

Hiérarchie sociale, langues, croyances, vie quotidienne, la guerre, cultures disparues, les guerres aux États-Unis, listes des tribus.

[modifier] Amérique centrale

Icône de détail Article détaillé : Méso-Amérindiens.

Les Olmèques, les Mayas, les Aztèques.

On peut dans leur cas parler de véritables civilisations, tant dans la construction des villes que par l'écriture ou la connaissance astronomique.

[modifier] Grandes et petites Antilles

Icône de détail Article détaillé : Amérindiens des Antilles.

Ciboney, Arawak, Tainos, Caraïbes.

[modifier] Amérique du Sud

Icône de détail Articles détaillés : Sud-Amérindiens et Peuple indigène du Brésil.

Les Chibchas (aux confins de l'Amérique centrale et du Sud), les nations Quechuas, la nation Aymara, les Mapuches, Peuples d'Amazonie, Peuples Patagons.

[modifier] La conquête espagnole

Au Mexique, Hernan Cortés débarque à proximité de Veracruz en 1519 ; il est tout d'abord bien accueilli par Moctezuma empereur aztèque. Les espagnols entrent dans Tenochtitlan le 8 novembre 1519. Mais le 30 juin 1520, ils sont chassés par une révolte de la population. Cortez, soutenu par les autres peuples amérindiens, remporte la victoire de Otumba le 7 juillet 1520 et vient assiéger la capitale qui finit par tomber le 13 août 1521. Le dernier empereur, Cuauhtémoc, fait prisonnier pour éviter une nouvelle révolte, est exécuté vers 1524-1526, tandis que Tenochtitlan est rasée pour laisser la place à Mexico.

Lorsque Pizarro arrive au Pérou en 1532, il est perçu comme un dieu. Il enlève l'empereur Atahualpa et encourage la révolte des peuples soumis aux Incas. L'empire se morcelle et l'empereur est finalement exécuté par les Espagnols en 1533. Les conquistadors contrôlent le territoire inca au milieu du XVIe siècle, même si des résistances ont encore lieu. La formation de l'Empire colonial espagnol s'accompagne de pillages, de maladies nouvelles qui font des ravages, de la famine, de l'asservissement des Amérindiens dans les encomiendas et de l'évangélisation de la population.

Le 16 avril 1550, Charles Quint ordonne d'interrompre les conquêtes du Nouveau Monde pour des raisons morales. Le débat qui s'en suit, confié aux théologiens verra les fameuses joutes de Bartolomé de Las Casas et Sepulveda lors de la Controverse de Valladolid. À son issue, l'Église catholique réaffirme l'opposition à l'esclavage des Indiens qu'elle avait déjà exprimée par les bulles Veritas ipsa (2 juin 1537) et Sublimis Deus (le 9 juin 1537) dans lesquelles Rome condamnant l'esclavage des Indiens avait affirmé leur droit, en tant qu'êtres humains, à la liberté et à la propriété. Mais dans un codicile, elle reconnaitra et encouragera suite à cette controverse l'esclavage des noirs africains.

En 1556, la terminologie change, Conquista est officiellement remplacé par descubrimiento (découverte), et conquistador par poblador (colon).

[modifier] Arrivée des Européens : le choc viral et bactérien

L'arrivée des Européens au XVe siècle a bouleversé la vie des peuples d'Amérique. Parmi les centaines de nations qui peuplaient les deux continents, beaucoup ont totalement disparu : elles ont été décimées (voir l'article Histoire démographique des Amérindiens), déportées, acculturées et pour certaines, réduites en esclavage. Toutefois la démographie historique a établi qu'une majorité d'Amérindiens sont morts à la suite des virus et maladies (comme la coqueluche, la rougeole ou la variole) introduites par les Européens, contre lesquels les Amérindiens n'étaient pas immunisés. Le processus a commencé dès les années 1500 et a emporté des centaines de milliers de vies. En 1617-1619, une épidémie de peste bubonique ravage la Nouvelle-Angleterre. Le bilan de ces épidémies est difficile à donner avec exactitude. Les sources sont inexistantes et les historiens ne sont pas d'accord sur les estimations. Certains avancent 10 millions d'Amérindiens pour tout le continent ; d'autres pensent plutôt à 90 millions, dont 10 pour l'Amérique du Nord. Si l'on prend les données d'Anne Garrait-Bourrier et Monique Venuat (voir la bibliographie), le continent américain entier (de l'Alaska au Cap Horn) abritait environ 50 millions d'habitants en 1492 ; pour comparaison, il y avait 20 millions de Français au XVIIe siècle. Les chiffres avancés pour le territoire des États-Unis d'aujourd'hui sont compris entre 7 et 12 millions d'habitants. Environ 500 000 Amérindiens peuplaient la côte est de cet espace. Ils ne sont plus que 100 000 au début du XVIIIe siècle. Dans l'empire espagnol, la mortalité des Amérindiens provoquait de tels ravages qu'ils durent aller chercher des esclaves en Floride pour pallier le manque de main d'œuvre en Amérique du Sud.

Exemples parmi d'autres des ravages qu'ont causés ces pandémies :

Les Timicuas, en Floride, qui en 1650 étaient 13 000 répartis sur 40 villages, ne furent après une épidémie de petite vérole que 35 en 1728, regroupés dans un seul hameau.

Les Wampanoag qui occupaient le territoire de l'actuel Massachusetts furent emportés jusqu'au dernier en 1617, 3 ans avant l'arrivée des premiers colons débarqués du Mayflower qui fonderont Plymouth.

Dans l'empire espagnol, les Amérindiens furent également victimes des meurtres massifs, des guerres et du travail forcé (mines d'argent, portage, etc.)[4]. On estime qu'avant l'arrivée des Européens, le Mexique central comptait 25 millions d'habitants. Il n'en restait plus qu'un million vers 1650[5].

[modifier] Le réveil identitaire

Depuis 1968, on assiste au réveil politique et culturel des Amérindiens et des métis. Cela a commencé aux États-Unis puis au Canada, au Mexique, et maintenant dans toute l'Amérique latine :

  • Des manifestations d'Amérindiens ont lieu lors de la Thanksgiving, en souvenir des Amérindiens qui ont été progressivement oubliés dans cette fête d'action de grâce,
  • Reconnaissance par l'ONU,
  • Participation à de nombreux mouvements internationaux: ATTAC, ...
  • Participation politique : Bolivie, Mexique, Canada, Venezuela, ...
  • Des actions armées ont également été menées au nom de la lutte pro-indigène ou pour la reconnaissance des droits fondamentaux et de la culture indigène, comme avec l'EZLN au Chiapas (Mexique).
  • En 1990, une loi fédérale américaine "The Native American Graves Protection and Repatriation Act" (NAGPRA) : cette loi exige que les biens culturels amérindiens soient rendus aux peuples natifs quand ces biens ont été déterrés. Cette loi autorise néanmoins les équipes d'archéologues à analyser les découvertes mais dans un délai de temps très court. Par biens culturels, la loi désigne les restes humains, les objets funéraires et sacrés, et tout objet et artefact du patrimoine amérindien.
    Bien que cette loi fédérale fut rendue nécessaire pour mettre un terme aux pillages de sites historiques, les archéologues et chercheurs américains accusent cette loi de restreindre gravement la recherche archéologique sur les origines des premiers habitants des États-Unis. Le cas de l'homme de Kennewick est symptomatique, les tribus amérindiennes demandant le retour sur leurs terres respectives de ce squelette dont l'étude a révélé une origine caucasienne ou europoïde.
  • Le 19/12/2007, Les Indiens Sioux rompent les traités signés avec les Etats-Unis, par la voix de leur leader Russell Means qui accuse les USA d'avoir "violés maintes fois (le traité) afin de voler notre culture, notre terre et nos coutumes". Il poursuit: "Nous ne sommes plus citoyens des Etats-Unis d'Amérique et tous ceux qui vivent dans les régions des cinq Etats que comprend notre territoire sont libres de nous rejoindre", a déclaré leur représentant Russell Means, lors d'une conférence de presse à Washington. Il a précisé que des passeports et des permis de conduire seraient délivrés à tous les habitants du territoire s'ils renonçaient à leur nationalité américaine.

[modifier] Technique de communication

Les Amérindiens utilisent des tambours, qui permettent de communiquer à distance à l'instar des appareils modernes. Ainsi, en frappant sur un tambour, un chaman peut échanger des informations avec un autre chaman ou localiser le gibier.

[modifier] Notes et références

  1. (fr) Le défunt le plus controversé du monde - Agence Science-Presse
  2. (fr) 11 000 ans sur une carte - Agence Science-Presse
  3. (en) Who were the first Americans? - National Geographic
  4. Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3 : Le temps du monde, Paris, Armand Colin, LGF-Le Livre de Poche, (ISBN 2253064572), 1993, p.489
  5. Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3 : Le temps du monde, Paris, Armand Colin, LGF-Le Livre de Poche, (ISBN 2253064572), 1993, p.489

[modifier] Bibliographie

  • Les origines de l'homme américain, Paul Rivet, Gallimard, NRF (1957) - Livre ancien
  • Little Big Horn, autopsie d'une bataille légendaire, David Cornut, Anovi, 2006 ISBN : 2-914818-10-6
  • Enterre mon cœur à Wounded Knee, Dee Brown (1970)
  • Charles C. Mann, Marina Boraso (trad.), 1491. Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb, Albin Michel, 2007, (ISBN 9782226175922)
  • Arts premiers, le temps de la reconnaissance, Marine Degli et Marie Mauzé, Gallimard, 2000 : parle, entre autres, des arts primitifs amérindiens.

[modifier] Voir aussi

wikt:

Voir « Amérindien » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Liens externes

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