Moulins (quartier)

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Moulins est un quartier populaire du Sud de Lille, classé zone franche urbaine, comptant environ 18.000 habitants. En 1840, les entrepreneurs y construisirent les premières filatures et les habitations pour loger leurs ouvriers. De nombreuses maisons de briques typiques sont toujours visibles aujourd'hui.

Ce quartier comporte un nombre importants d'habitants d'origine étrangère et souffre d'un taux de chômage aux alentours de 30%. Le quartier compte cependant 21% d'étudiants et abrite l'Université de droit, inaugurée en 1995 et l'Institut d'Etudes Politiques de Lille (Sciences Po). La mairie de quartier tente de relancer l'activité économique et culturelle avec la reconversion de l'ancienne filature Le Blan et l'ouverture d'une Maison folie dans l'ancienne brasserie des Trois Moulins.

Métro de Lille
Proche de la aux stations de métro : Porte de ValenciennesPorte d'ArrasPorte des Postes ou Porte de Douai.

Sommaire

[modifier] L’accès

Ce quartier possède une image et une identité propre au sein de la ville de Lille.

Ce quartier s’est développé de manière à en rendre l’accès facile. Il est ainsi proche du centre ville en voiture ou même à pied le temps d’une petite balade dans les rues de Lille. Il est aussi un lieu de passage de l’autoroute A25/E42, ce qui en permet un accès rapide pour les habitants de la métropole lilloise ou pour les voyageurs désirants se rendre à Lille avec leur automobile.
De plus, l’accès en commun y est fortement organisé puisque le quartier est desservi par la ligne 2 du métro lillois sur 4 stations (Porte de Valenciennes, Porte de Douai, Porte d’Arras et Porte des Postes) et par une station de la ligne 1 (Porte des Postes). Ces lignes permettent l’accès à de nombreuses villes de la métropole lilloise et à la gare SNCF de Lille en moins de 10 minutes.
Enfin, de nombreuses lignes de bus sont centralisées sous la porte de Douai et permettent de rejoindre de nombreux arrêts dans Lille et sa métropole avec le réseau Transpole et dans le département du Nord grâce au réseau Arc en Ciel.

Lille Moulins est donc un quartier bien desservi, lieu de passage Nord-Sud avec un accès facile aux autres quartier Lillois, d’autant plus que ses limites géographiques sont tracées des boulevards et des rues dont le trafic est important. (Boulevard Victor Hugo, Boulevard de Strasbourg et rue de Cambrai).

[modifier] Historique

Moulins fut d’abord une commune champêtre des alentours Lille, intégrant rapidement la banlieue sud de Lille où furent implantées au XVe siècle de nombreuses léproseries ce qui le fit d’abord connaître sous le nom de « Faubourg des malades ». La construction et le développement de nombreux moulins à moudre le blé au cours du XVIIIe siècle lui inspira ensuite son nom actuel.

En produisant de la farine et de l’huile en quantité, ces moulins firent de ce Faubourg le marché le plus important de la région Nord.

L’arrivée de la vapeur au XIXe siècle et la révolution industrielle qui en découla, favorisa l’implantation des premières filatures de lin. Les usines remplacèrent donc rapidement les vieux moulins et le faubourg devint une agglomération industrielle qui fut rattachée à la ville de Lille en 1858.

[modifier] Urbanisation

Sa superficie de 172 hectares le place au 7e rang des quartiers lillois.

L’implantation au coup par coup des entreprises industrielles qui ont superposé une configuration villageoise de grandes chaussées à leurs voies nouvelles a créé une configuration urbaine assez anarchique autour de l’axe principal de la rue d’Arras. Les rues ne suivent ainsi aucune configuration géographique. Avec 31km de voirie, Moulins occupe 9,4% de la voirie lilloise.
Mis à part le grand parc du jardin des plantes et le jardin des Olieux les espaces libres sont quasi-inexistants, rendant le quartier très peu aéré.

L’histoire de l’urbanisation de Moulins en fait donc un lieu où de nombreuses maisons ouvrières et courées témoignent du passé ouvrier du quartier.

A partir des années 50 et avec les nouvelles vagues de reconstruction et de politiques du logement, le quartier de Lille Moulins fut le témoin du développement du logement social, d’abord sur les anciens remparts au sud et au sud-est du quartier ou se construisirent des grands ensembles HLM notamment ceux de Strasbourg et de Belfort puis dans le vieux Moulins avec la réhabilitation d’anciens espaces industriels en logement collectifs ainsi que la construction de nouveaux dont ceux de la rue de Trévise en sont l’exemple. Le passé industriel du quartier et la volonté de développer le logement collectif donnent donc a ce quartier un paysage urbain contrasté et en mutation constante.

[modifier] Population

L’histoire de ce quartier et de son urbanisation en fait donc un lieu qui est devenu populaire et qui rentre aujourd’hui dans de vastes plan de réhabilitation.

Avec aujourd’hui plus de 18 000 habitants (18 659 au recensement de 1999), Moulins se classe au 5e rang des quartiers lillois avec environ 10% de la population totale de la ville. Ce petit pourcentage en matière de nombre d’habitants ne cache cependant pas d’autres caractéristiques qui donnent sa particularité a ce quartier. Moulins possède en effet une population très jeune. Selon les statistiques de 1990, certes anciennes, mais qui correspondent toujours à la tendance générale, les 0-14 ans représentent 42,4% de la population totale du quartier et les 15-24 ans, 22,6%.

De plus, Moulins se distingue en étant le deuxième quartier lillois pour son nombre d’étrangers.

Cette population se caractérise également par de grandes difficultés sociales. En effet, en 1998 32,7% des actifs sont au chômage, 12% de la population de plus de 25 ans est bénéficiaire du RMI et un tiers des enfants de CE1 est en retard scolaire. (Source : ANPE et Mission Locale de Moulins).

Environ 700 jeunes sont en contact avec la permanence de la mission locale du Quartier. Ils représentent 12,27% de la population accueillie par la Mission Locale de Lille.

Enfin, il est intéressant d’observer que ce quartier est un lieu de vie pour plus de femmes que d’hommes avec 52,04% de femmes et 47,06% d’hommes.

Ceux ci sont regroupés dans 7 881 ménages, 2 886 foyers de 2 à 5 personnes, 418 foyers de 6 personnes et plus et que 3857 personnes vivent seules. (Source : INSEE 1999)

Répartition de la population selon l'âge et la catégorie socioprofessionnelle (INSEE 90)

CSP
Âge
0/24 ans 25/29 ans 30/39 ans 40/49 ans 50/59 ans 60 ans et plus Total  %
Artisans commerçants 4 16 124 104 60 36 344 2,28
Cadres 52 196 176 88 64 8 584 3,87
Profession intermédiaire 180 384 368 140 68 8 1148 7,60
Employés 345 400 536 252 212 12 1760 11,65
Ouvriers 356 324 524 640 364 44 2252 14,91
Militaires 40 8 48 0,32
Retraités 4 8 56 1380 1448 9,59
Etudiants de 15 ans et plus 2276 160 36 2472 16,37
Sans activité professionnelle 3708 180 448 240 276 192 5044 33,41
Total 15100 100

Ce tableau représente la répartition de la population selon son activité professionnelle. Agé de 15 ans, il reste cependant au goût du jour quand aux échelles de grandeur qu’il permet de faire ressortir. La dominance d’une population jeune, peu qualifiée ou sans activité professionnelle reste ainsi un trait caractéristique de Moulins en 2005.

[modifier] Le logement

Le quartier de Lille Moulins tire donc l’une de ses caractéristiques par la progression rapide de l’habitat collectif qui atteint 63,62% des habitats en 1990 pour 15,26% de maisons individuelles (22,2% pour la ville de Lille). En 1999, Moulins comptait 7 877 logements en résidence principale, 1 316 logements vacants et 67 résidences secondaires.

60% de l’habitat est utilisé à titre locatif et 32% du patrimoine appartient à des bailleurs sociaux tels que : La SLE, ODN, CAL-PACT, OPAC LMH. Sur ce parc locatif, 33% de familles sont en dessous de seuil de pauvreté. (INSEE 1990)

[modifier] Les ressources

[modifier] Commerce et économie

Ancien quartier industriel, Moulins est aujourd’hui un quartier à la recherche d’une nouvelle identité. Les différentes crises industrielles ont laissé place a de nombreuses friches réhabilitées soit en logement, soit en bâtiments publics. Les entreprises et les promoteurs hésitent à investir dans ce quartier, victime aussi depuis 20 ans d’un déclin du commerce de détail. Malgré le fait que 86% des entreprises soient classées de 0 à 10 salariés.

Les petits commerces sont donc majoritaires avec une moyenne de 1,32 commerces pour 100 habitants donnant une part plus importante pour les commerces classés dans la catégorie « Hôtels – Cafés – Restaurant ».

On remarque ainsi très facilement de nombreux Restaurants et Kebabs dans ce quartier, qui se sont majoritairement installés autour de la Faculté de Droit, pour pouvoir aussi toucher une clientèle étudiante.

Seulement 7 industries mécaniques et métallurgiques sont restées en activité, résistant aux vagues de fermetures et de délocalisations.

On notera donc une faible présence de « grosses entreprises » de plus de 100 salariés et l’absence de véritable pôle autour duquel pourrait s’organiser une vie économique, offrant ainsi un bassin d’emploi très faible à la population du quartier. En effet, selon Le Service Développement Economique et Insertion de la Ville de Lille, le quartier de moulins comptait seulement 11 entreprises de plus de 100 salariés en 1997.

Pour répondre à cette considération, le quartier de Moulins offre désormais des espaces de Zone Franche Urbaine et de Zone de Dynamisation Urbaine à travers lesquelles les implantation d’entreprises sont facilitées notamment grâce à des allègements fiscaux. Il n’existe pas non plus de véritable « centre commercial ». La grande distribution étant représentée par deux supermarchés de « petite envergure » dont un de « hard discount ».

Malgré cette faiblesse d’un point de vue économique, Moulins possède cependant une vitalité associative fortement développée notamment dans les champs de l’animation, l’éducation, la culture et l’environnement.

La mairie de quartier de Moulin recense ainsi plus de 80 associations aux objectifs variés faisant vivre le quartier.

[modifier] Culture

Sur un plan culturel, deux ateliers de théâtre (Dans la lune et Tous en scène) ainsi qu’un théâtre, le Prato « théâtre international de quartier ». Une médiathèque, une maison folie, née de Lille 2004 et qui propose ateliers, concerts, expositions et résidence d’artistes. Une compagnie circassienne, école des Arts du Cirque et de pratique artistique (le Cirque du Bout du Monde) et les deux centres sociaux qui se partagent la population du quartier.

La Maison d'accueil Du Jeune Travailleur (MAJT) s’inscrit également dans une action culturelle à l’égard du quartier. Un atelier de résidence d’artiste et un lieu de ressource permettant la création artistique servent de vitrine de son « projet culturel » sur le quartier.

Les association étudiantes de la Fac de Droit participent également régulièrement à l’organisation d’évènements culturels sur le campus.

Certaines associations comme l’Atelier Populaire d’Urbanisme de Moulins organisent aussi des rencontres et des festivals dans le quartier afin de dynamiser la population, d’apporter de l’animation et de la culture dans leur quartier et de pouvoir offrir plus facilement des réponses aux difficultés que soulèvent ces associations (sur le logement, la précarité, la culture…).

Globalement Moulins dégage donc une richesse de l’expression culturelle grâce entre autre a une compagnie de théâtre au Prato, des ateliers d’artistes, un cinéma associatif: l'univers, un foisonnement de mouvements hip-hop, de nombreuses associations de promotion des arts plastiques et du théâtre et une multiplication de projets autour de l’écriture et de la photo.

[modifier] Sport

Sur un plan sportif, on dénombre 1 stade, 5 salles de sports et 11 association sportives essentiellement tournées vers la pratique du football et de la danse.

[modifier] Santé

Du point de vue de la santé, 2 hôpitaux et un centre de soins sont à dénombrer. En 2000, 14 médecins libéraux étaient implantés sur le quartier. (source : contrat de ville de Moulins).

[modifier] Education

Des équipements scolaires se doivent aussi d’être présents dans un quartier regroupant près de vingt mille habitants. Le quartier de Lille Moulins compte 6 écoles Maternelles, 4 écoles primaires et 1 école privée. Il comprend 3 lycée, 1 école spécialisée (Institut Medico-Educatif -IME), l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Lille, l'Institut Régional d'Administration (IRA) de Lille et l’école d’Optique Lunetterie. La présence des écoles influencent la vie du quartier car elles développent des projets d’ouverture sur les sports, les arts, l’environnement ou les cultures étrangères. De plus la présence des écoles et leurs associations avec les différentes structures du quartier, entre dans les projets d’épanouissement et d’ouverture de la jeunesse, largement représentée dans le quartier.

Le point névralgique de la présence d’établissements scolaires ou universitaire reste cependant la Fac de Droit et Santé, implantée en 1995 au cœur du quartier et qui participe donc inévitablement à son dynamisme. On assiste ainsi à une progression lente mais visible des échanges entre les étudiants et le quartier par l’appropriation des lieux culturels et la participation aux activités à destination des enfants et des jeunes. En 1999, les étudiants représentent ainsi 21% de la population de Moulins.

La présence d’un fort taux d’étudiants donne ainsi raison d’exister à deux restaurants universitaires, un complexe sportif universitaire et à de nombreux commerces de proximité.

[modifier] Social

Les actions relevant du domaine du social sont quand à elles relayées par les deux centres sociaux, 2 crèches, 2 halte-garderies, 3 Clubs de personnes âgées. (dont l’un se réunit régulièrement dans les locaux de la MAJT), 3 associations servent de lieux d’accueil pour l’animation de la petite enfance et pour le développement des rencontres enfants-parents.

Il existe également plusieurs associations de soutien envers les familles et plus particulièrement les femmes, 3 centres d’accueil et deux de prévention pour toxicomanes et alcooliques, 6 foyers d’accueil et d’hébergement pour jeunes travailleurs (MAJT), familles (FARE), demandeurs d’asiles (CADA) et personnes en difficultés.

Différentes associations sont aussi implantées pour aider ou assister des personnes ayant besoin d’aide pour leurs démarches dans le domaine du logement comme l’Atelier Populaire d’Urbanisme (APU), Bien-être en H.L.M ou la Confédération Logement Cadre de Vie (CLCV).

Enfin, la présence de certains services de l’Etat ou de la Ville sont également notables. Moulins possède ainsi un local de l’Agence Nationale pour l’emploi (ANPE), une mission locale chargée principalement de l’insertion des jeunes de 16 à 26 ans, une déchèterie, un centre de tri postal ainsi qu’un bureau de poste, le siège de l’OPHLM l’un des principaux bailleur sociaux de la ville de Lille et une mairie de quartier, chargée de rapprocher l’action municipale de la population.

[modifier] La politique de la ville

La présence d’une mairie de quartier est donc due à une volonté municipale de rapprocher l’administration des administrés et de mettre en place sur le terrain la Politique de la Ville, née dans les années 80 du constat des difficultés de certains quartiers de communes de France. La base de cette politique est le partenariat contractualisé entre : L’Etat, les conseils Régionaux et le communes.

Les moyens humains et financiers pour mettre en œuvre ces politiques se créent sous la forme du Développement Social Urbain (DSU) qui découle du Contrat de Ville, plan quinquennal donnant les objectifs de la Politique de la Ville. Une équipe de projet est chargée de lier l’action des trois partenaires de la Politique de la ville aux réalités locales. Afin d’aboutir à des propositions, les association et les habitants sont invités, toutes les six semaines, à des commissions thématiques traitant différents sujets ( Développement Economique et Commercial, Habitat, Santé, Culture, Enfance et jeunesse…). Lille Moulins rentre ainsi dans le contrat de ville en 1989. Celui a permis d’accompagner les mutations urbaines de ces dernières années (construction, démolitions ou réhabilitations) et de soutenir les actions associatives dans le domaine du sport, des pratiques artistiques, de l’accompagnement scolaire ou de l’insertion. Tout cela avec le soutien financier de crédits de droit communs.

Dans le domaine culturel, les objectifs du contrat de ville de Moulins pour la période 2001-2006 est de

  • Favoriser la découverte et l’expression artistique des habitants
  • Soutenir les projets d’échanges et de rencontres interculturels
  • Renforcer les liens entre les associations à but culturel ou artistique et les acteurs socio-educatifs
  • Améliorer les conditions d’apprentissage de la musique.
  • confirmer les filature comme un pôle culturel origninal (la filature est une ancienne usine réhabilitée qui accueille aujourd’hui le théatre du Prato, la médiathèque de Moulins, des logements et d’autres structures ou associations entrant dans le cadre d’un pôle culturel.)
  • développer le travail autour du patrimoine et de la mémoire
  • favoriser l’appropriation de la Maison Folie par les habitants et les acteurs du quartier.

Moulins est donc souvent qualifié de quartier paradoxale où l’on entend facilement dire que les gens ne sortent pas de chez eux. Car s'il possède une bonne accessibilité, un patrimoine urbain intéressant et un tissu associatif et culturel diversifié et dynamique, la précarité économique et sociale et l’insalubrité de certains logements rend la qualité de vie loin d’être considérée comme satisfaisante pour tous. Les habitants se plaignent aussi des rues dégradées et d’un circulation automobile encore trop dominante. Les étudiants de la faculté de droit ne cherchent pas à vivre dans ce quartier et un nombre croissant d’enfants sont scolarisés hors du quartier. L’absence de mixité sociale devient alors un frein a la croissance de la qualité de vie du quartier. La politique de la ville cherchent donc à ce que tous les acteurs de la vie de Moulins s’approprient les actions misent en place pour améliorer les conditions de vie. (la requalification des espaces publics, le renforcement de la vie culturelle et sportive, le traitement de l’insalubrité, …) Un Fonds d’initiative Habitants (FIH) à aussi été mis en place afin de financer tout projets d’initiatives mené par des jeunes et des adultes habitant le quartier. Financé à 70% par la région et à 30% par la commune, les projets peuvent ainsi se voir allouer un financement jusqu'à 750€.