Maximilien Titon

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Maximilien Titon (1632-1711), marchand, fut directeur du magasin des armes royales sous Louis XIV.

Seigneur d’Ognon[1], des Baronnies de Berre, Istres, Lançon et d’Eville, directeur général du magasin royal d’Armes, secrétaire du Roi et de ses finances, conseiller au Parlement de Paris, il était le fils de Claude Titon (mort le 2 octobre 1638), maître brodeur, chef de fourrière de la Maison de la Reine et de Geneviève Lemercier (veuve de Jean Michel).

Maximilien Titon par Hyacinthe Rigaud. 1688. Collection privée.
Maximilien Titon par Hyacinthe Rigaud. 1688. Collection privée.

Débutant comme petit armurier à Paris, mais ayant fait de mauvaises affaires, il émigre en Provence. En 1664, il fait parvenir à Louis XIV un mémoire proposant l’organisation centralisée de la fabrication des armes portatives. En effet, la France continuait alors à acheter ses armes à l’étranger, notamment à Liège, à Utrecht ou Maastricht malgré la création de fonderies et arsenaux nationaux commeCharleville, ou Saint-Étienne. De nombreux petits ateliers indépendants travaillaient également pour la couronne, sous le contrôle d’ingénieurs. Afin de régulariser la production et d'assurer le stockage des armes, le roi fait alors de Titon, qui est très lié aux Le Tellier, un entrepreneur général.

Titon fait fabriquer les armes, gère les dépôts de Paris (à l’Arsenal), de Lille, Metz et Lyon qui fournissent aux capitaines les armes dont les compagnies ont besoin, suivant le tarif fixé par le ministre. Il se fait aider par deux commis : l’armurier Carrier à Saint-Étienne et le riche négociant Toussaint Fournier à Charleville. Disposant également d’un réseau de commissaires, Titon, peut mener à bien le passage du mousquet au fusil, dont 600 000 exemplaires sont fabriqués en 20 ans, ce qui représente un véritable tour de force, eu égard aux procédés de fabrication de l’époque. D’ailleurs, Titon ne bénéficie pas d’un véritable monopole : les capitaines peuvent s’adresser sur place à des particuliers travaillant à Besançon, à Dunkerque, à Perpignan, à Sedan. Ses commis reçoivent les commandes, sous-traitent avec les artisans locaux puis expédient les armes à Paris pour une seconde épreuve de vérification. Les armuriers recrutent des apprentis plus nombreux, et bientôt s’engagent à ne plus travailler que pour les commis de Titon. Pour suppléer au manque de main-d’œuvre de valeur, ils doivent faire venir de Liège des ouvriers spécialisés. Titon entreprend alors de faire bâtir une fabrique d’armes, à laquelle il fournit le combustible et le fer, importé du Luxembourg et de la Bourgogne, en réalisant un gros bénéfice estimé à 35%. Vers 1690, c’est un véritable village industriel, Nouzon, qui est élevé près de Charleville. Toutefois, au cours de la guerre de Succession d’Espagne, Titon connaît de graves difficultés financières. Il fait faillite mais n’en continuera pas moins à fournir à l’armée des armes individuelles, et son petit-fils, Louis Maximilien Titon de Villegenon, continuera son œuvre, mais avec moins de succès.

Initiateur du musée militaire des Invalides, frère de Jean et de Marie Titon, Maximilien avait épousé à Paris le 22 février 1656, Marguerite Bécaille (morte le 17 novembre 1721)[2], fille de Jean Bécaille, juré porteur de grain et de Marguerite-Michelle de La Porte. Le couple aura sept enfants dont Jean-Jacques Titon du Plessis, conseiller du Roi et maître ordinaire en la Chambre des Comptes de Paris[3]. La famille Titon se trouvera également liée à celles des Le Ferron et des Rouillé du Coudray dont certains membres passeront dans l’atelier de Rigaud ou dans celui de Largillierre .

Anobli dès 1672, Titon est très tôt à la tête d’une grosse fortune qui lui permet de se porter acquéreur de la principauté de Martigues et la baronnie de Berre mais surtout de se confectionner une belle collection de peintures entreposée dans sa demeure construite en 1673, rue de Montreuil à Paris : la fameuse « Folie Titon » . La décoration de ce magnifique hôtel, connu également sous le nom de « Titonville », fut réalisée par Charles de La Fosse, Jean Jouvenet, Jean-Baptiste Blain de Fontenay et Charles Poërson. Dans la galerie principale, des scènes de batailles étaient présentées avec des bustes et deux globes du vénitien Vicento Maria Coronelli. Si Titon aimait la sculpture ancienne et possédait une réplique du Laocoon, sa collection était néanmoins dominée par la peinture[4]. On y trouvait l’Adoration des mages de Nicolas Colombel (1704, New Orléans, museum of arts) et Le portement de croix de Bon Boullogne (anciennement dans la Galerie Heim à Londres). Il est donc tout naturel qu’il se soit adressé au jeune Rigaud, peut-être même conseillé dans ce choix par Le Brun. Quant aux liens entre Titon et Pierre Drevet, ils sont attestés par la signature du modèle au contrat de mariage du graveur en 1696.

[modifier] Notes

  1. La terre fut achetée en 1670 de Jean-François l’Ecuyer, conseiller à la Cour des Comptes (1674) qui la possédait depuis 1630. Elle resta dans la famille Titon jusqu’après la Révolution.
  2. Peinte également par Largillierre : Huile sur toile. H. 137 ; L. 105. Vente Paris, Hôtel Drouot, etude Tajan, 9 décembre 1999, lot 60. Gravé par Desplaces en 1715.
  3. Peint également par Rigaud en 1703. Les autres enfants sont Marie-Angélique, Geneviève (29 décembre 1671 - 30 novembre 1738), Marie-Thérèse, Louis-Maximilien, Claude Roch, Evrard. On compte aussi Pierre-Joseph Titon (1686-1758), seigneur de Cogny, vicomte de La Forêt-Tornier.
  4. Édmond Bonaffé, Dictionnaire des amateurs français au XVIIe siècle, Paris, 1884, p. 305-307; Valérie Lavergne-Duray, « Les Titon, mécènes et collectionneurs à Paris ... », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, 1989, p. 72-103 ; A. Girodie : « Les Titon, amateurs d’art et le Parnasse français », Édmond Bonaffé, Dictionnaire des amateurs français au XVIIe siècle, Paris, 1884, p. 305-307; Valérie Lavergne-Duray, « Les Titon, mécènes et collectionneurs à Paris ... », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, 1989, p. 72-103 ; A. Girodie : « Les Titon, amateurs d’art et le Parnasse français », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, 1928, p. 60–77 ; G. Hartmann, « Ancienne Maison rue du Temple, Le magasin d’Armes à la Bastille, la Famille Titon », in Bulletin de la Société Historique et Archéologique... de Paris, 1908.. , 1928, p. 60–77 ; G. Hartmann, « Ancienne Maison rue du Temple, Le magasin d’Armes à la Bastille, la Famille Titon », in Bulletin de la Société Historique et Archéologique... de Paris, 1908.

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