Maurice Duverger

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Maurice Duverger (né le 5 juin 1917 à Angoulême - ) est un juriste, politologue et professeur de droit français, spécialiste du droit constitutionnel.

Sommaire

[modifier] Biographie

Étudiant en droit à Bordeaux, Maurice Duverger est agrégé de la faculté de droit en 1942, puis successivement professeur à la Faculté de droit de Poitiers en 1942, à celle de Bordeaux en 1943 et enfin à celle de Paris (faculté de droit et des sciences économiques) entre 1955 et 1985. Il est l'un des fondateurs du département de science politique de la Sorbonne, en 1969.

Proche pendant un temps du Parti populaire français (PPF, extrême droite) puis pendant la première période du régime de Vichy, on reproche parfois à Maurice Duverger un article controversé de technique juridique concernant le statut des juifs[1]. Après s'être rapproché de la Résistance, il était aussi devenu — après la Libération jusqu'aux années 1980 — un éditorialiste écouté au journal Le Monde, dont il fut un des conseillers politiques. Ses articles sont alors aussi publiés dans El País, le Corriere della Sera et Le Nouvel Observateur.

De 1989 à 1994, il siège au Parlement européen comme élu indépendant de la liste du Parti communiste italien.

Maurice Duverger est pour finir le fondateur de l'Association des sciences politiques et de la Revue française de science politique, participant ainsi à la prise d'autonomie de la science politique proprement dit, dans les années 1970. Il fut le premier directeur de l'Institut d'études politiques de Bordeaux.

[modifier] Ses doctrines de droit public

Il est l’auteur de très nombreux ouvrages de droit constitutionnel et de science politique.

[modifier] Les partis politiques

Dans un livre devenu un classique, « Les Partis politiques », il a démontré qu'un mode de scrutin proportionnel (de type italien ou Quatrième République) tendait à la multiplication des partis tandis qu'un mode de scrutin majoritaire à un tour (de type britannique ou américain) tendait au bipartisme.

[modifier] La nouvelle séparation des pouvoirs

Icône de détail Article détaillé : séparation des pouvoirs.

Selon l'auteur, « la séparation des pouvoirs revêt deux formes principales dans les démocraties occidentales, suivant les modes de relations entre le Parlement et le gouvernement : le régime parlementaire et le régime présidentiel […]. Mais ces dénominations se fondent trop exclusivement sur les rapports juridiques entre Parlement et gouvernement : elles ignorent trop les réalités politiques et notamment le rôle des partis. »

Ainsi, la majorité du parlement sera la même que celle du gouvernement, ce dernier sera alors un simple instrument de la politique du parlement ; parler de la séparation des pouvoirs entre parlement et gouvernement dans ce contexte devient absurde.

Selon lui, la véritable séparation, ou articulation, se fait entre la majorité et la minorité (qu'elles soient issues de coalitions ou non).

Ainsi, à l'intérieur de chaque institution (nationales comme le gouvernement ou le parlement, ou locales, comme un conseil municipal), la parti politique (ou la coalition de partis) qui a la majorité fait passer ses décisions, tandis que la minorité tente de les bloquer. Les partis politiques ont une action transcendante ou verticale, c'est-à-dire qu'ils appliquent une même politique à tous les échelons.

[modifier] La théorie du régime semi-présidentiel

Icône de détail Article détaillé : régime semi-présidentiel.

Maurice Duverger est aussi à l'origine du concept de régime semi-présidentiel regroupant les régimes mixtes empruntant certaines caractéristiques aux régimes parlementaires et aux régimes présidentiels. (Les régimes semi-présidentiels seraient alors celui de l'Allemagne de Weimar de 1919 à 1933, de la Finlande, de la France (Ve République), de l'Islande, de l'Irlande, de l'Autriche, du Portugal et de la plupart des pays européens sortis du communisme dans les années 1990). La pertinence de cette notion regroupant des pays aux pratiques politiques parfois contradictoires fut alors critiquée par d'autres constitutionnalistes comme Jean Gicquel, Jean-Louis Quermonne ou encore Olivier Duhamel.

Il est surprenant de voir que Maurice Duverger, au lieu de proposer une nouvelle classification tenant compte de la séparation des pouvoirs entre majorité et minorité, a préféré plutôt conserver la séparation classique entre régimes présidentiels et régimes parlementaires, en y ajoutant une troisième catégorie.

[modifier] Distinctions

[modifier] Décorations

[modifier] Docteur Honoris causa

Maurice Duverger est docteur honoris causa de plusieurs universités parmi lesquels :

[modifier] Référence

  1. Maurice Duverger a cependant gagné un procès l'opposant au magazine Actuel à ce sujet, rendu en 1988 par la dix-septième chambre correctionnelle de Paris, notamment grâce au témoignage du doyen George Vedel selon lequel « Loin d'approuver le principe des mesures frappant les fonctionnaires juifs et encore moins d'en favoriser l'application, Maurice Duverger en a proposé une interprétation totalement restrictive de nature à en paralyser l'effet, ce qui, dans les circonstances du moment, constituait la contribution la plus efficace qu'un juriste pût apporter à l'opposition aux textes qu'il commentait. », in Le Monde daté du 30 novembre 1988.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Ouvrages marquants

  • Les partis politiques (1951)
  • Échec au Roi
  • Institutions politiques et droit constitutionnel (I. Les Grands Systèmes Politiques et II. Le système politique français ) (1970)
  • Demain La République
  • La VIe République et le régime présidentiel
  • Les institutions françaises
  • Constitutions et documents politiques
  • Introduction à la politique (1964)
  • Sociologie de la politique
  • La Monarchie Républicaine, ou comment les démocraties se donnent des rois (1974)

[modifier] Voir aussi

Système de vote | Parti politique