Mathieu II de Montmorency

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Mathieu II de Montmorency dit le Grand (v. 1174, - † 24 novembre 1230), fils de Bouchard IV de Montmorency, seigneur de Montmorency et de Laurence de Hainaut, fille du comte Baudouin IV de Hainaut.
Petit-fils de Mathieu Ier de Montmorency, il était seigneur de Montmorency, d'Écouen, de Conflans-Sainte-Honorine et d'Attichy. Il fut nommé connétable de France en 1218.

Sommaire

[modifier] Biographie

Philippe-Auguste avait cité devant la cour des pairs de France Jean sans Terre, devenu roi d'Angleterre, pour le meurtre d'Arthur, légitime héritier du trône de Bretagne. Après le refus de comparaitre du roi Jean, le roi de France marcha sur la Normandie, dont il avait fait prononcer la confiscation, ainsi que toutes les autres possessions du roi d'Angleterre qui étaient situés en France. Mathieu suivit Philippe-Auguste, et signala sa valeur principalement au siège et à la prise de la forteresse de Château-Gaillard près des Andelys, le 6 mars 1204. Après avoir été séparée près de trois cents ans, et après la capitulation de Rouen le 24 juin 1204, toute la Normandie était conquise et réunie à la couronne de France.

Mathieu de Montmorency prit part à toutes les guerres jusqu'au 27 juillet 1214, date de la célèbre bataille de Bouvines dont la victoire fut due en grande partie grâce à lui. Au cours de cette bataille, il enleva de sa main douze étendards à l'armée impériale.[1]

La croisade contre les Albigeois et le comte Raymond VI de Toulouse, commencée en 1209, durait toujours lorsqu'en 1215 Mathieu se joignit aux croisés et trouva plus d'une occasion de signaler son courage. Pendant cette campagne, il réhaussa en maintes occasion l'éclat de son titre de connétable et en fit la première dignité du royaume.

Sous le règne de Louis VIII, Mathieu jouit de la plus grande autorité. Il seconda le roi dans le projet qu'il avait de chasser de France les Anglais.
Alors que Louis VIII combattait les Albigeois, c'est lui qui était à la tête de l'armée royale contre les Anglais. Il s'empara de Niort, de Saint-Jean-d'Angély, du Limousin, du Périgord, de l'Aunis et de la Rochelle.
Il porta ensuite assistance au roi de France dans sa lutte contre les Cathares Mathieu marcha contre eux et les combattit jusqu'à raccommodement qui eut lieu en 1226. Louis VIII n'existait déjà plus : à rapproche d'une mort prématurée, ce monarque, plein de confiance dans les talents et la fidélité de Montmorency, lui avait instamment recommandé son fils encore en bas âge.

Mathieu jura de soutenir l'enfant de son roi et de verser pour lui s'il le fallait, jusqu'à la dernière goutte de son sang ; II eut bientôt occasion d'accomplir son serment. Les grands vassaux de la couronne crurent pouvoir profiter déjà minorité du roi et de là régence d'une femme : Mais l'intrépide Blanche de Castille, aidée des conseils du légat du pape et surtout de l'épée de Montmorenci, les réduisit à l'obéissance et conserva dans toute son intégrité le pouvoir de son fils.

Matthieu commandait l'armée qui s'empara de Bellême, dans le Perche, sous les yeux du roi en 1228. L'année suivante, il poursuivit l'armée des rebelles réunis, les battit et les força de se soumettre. Il n'eut pas le temps de voir se consolider son ouvrage : il mourut justement regretté de son maître, le 24 novembre 1230.

Matthieu II mérita le surnom de Grand par son courage, par son habileté dans les affaires et plus encore par ses vertus. Un trait de ce personnage, peut-être plus intéressant que ses victoires, c'est que, moyennant une légère redevance, il affranchit tous ses vassaux des corvées, des tailles, et des impositions que les barons étaient alors en possession d'exiger : bienfait immense, car plus de six cents fiefs dépendaient de la seule baronie de Montmorency.

Le connétable de Montmorency ne prenait que le titre de baron[2], et, par ses alliances et celles de ses ancêtres, il se trouvait grand-oncle, oncle, beau-frère, neveu, petit-fils de deux empereurs, de six rois, et allié de tous les souverains de l'Europe.

Cette parenté est l'exemple le plus frappant de l'illustration de la maison de Montmorency, qui ne le cède qu'aux maisons souveraines, et qui a donné à la France six connétables, onze maréchaux, quatre amiraux, des grands maîtres, des grands chambellans, etc.

[modifier] Mariages et enfants

Marié en premières noces (1193) avec Gertrude de Soissons († 1220). Gertrude, fille du comte Raoul II de Soissons, était divorcée du comte Jean de Beaumont († 1222). Ils eurent :

  1. Gertrude († 1256).
  2. Bouchard V de Montmorency († 1243).
  3. Mathieu († 1250), seigneur d'Attichy et comte de Ponthieu par son mariage avec Marie de Ponthieu.
  4. (Jean ?)

Marié en seconde noces (1218) avec Emma de Laval (1200-1264), dame de Laval. Ils eurent :

  1. Guy VII de Laval (1219 – 1267), baron de Vitré, seigneur de Laval (1264-1265), seigneur d'Aquigny, de Hérouville, d'Aubigné et d'Olivet.
  2. Avoise († 1270) qui épousera Jacques de Château-Gontier en 1239.
  3. Alix († 1247), qui épousera Roger de Rozoy.

Ce connétable était grand-oncle, oncle, beau-frère, neveu, petit-fils de deux empereurs, de six rois, et allié de tous les souverains de l'Europe ; il prenait comme ses ancêtres la qualité de sire de Montmorency, par la grâce de Dieu. La plupart des têtes couronnées de l'Europe descendent de ce grand homme par le mariage de Jeanne de Laval, une de ses petites-filles, avec Louis de Bourbon, quadrisaïeul de Henri IV. Il est à l'origine de la branche des Deuxième Maison de Laval.

[modifier] Notes et références

  1. Ce haut fait d'armes explique les armes des Montmorency, qui portent « d'or, à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d'azur » Ces douze étendards étaient ornés de l'aigle de l'empire. Le roi permit à Mathieu d'ajouter à ses armoiries douze aigles ou alérions, pour conserver le souvenir de cette belle action. Les quatre aigles qui ornaient déjà les armes de la maison de Montmorency passèrent à seize au lendemain de la victoire de Bouvines.
  2. Plus tard ses descendants prirent les titres de premier chrétien, premier baron de France. Celui de premier chrétien de France ne peut venir que de la tradition dont il a été parlé au commencement de l'article  ; l'autre a plus de fondement. Ce fut Jacques de Montmorency qui le prit en 1390, et seulement après avoir prouvé au parlement qu'il était le plus ancien baron du royaume. Ce titre est donné aux Montmorency dans plusieurs ordonnances de nos rois

[modifier] Voir aussi

[modifier] Source partielle

« Mathieu II de Montmorency », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail édition]

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