Utilisateur:Malost/Bac à sable 3

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Mes bacs à sable : 1 - 2 - 3 - 4

Lien vers l'article anglais


Le Discovery dans les glaces antarctiques.
Le Discovery dans les glaces antarctiques.

La British National Antarctic Expedition, 1901–1904, plus communément appelée Expédition Discovery, fut la première exploration britannique officielle des régions antarctiques, depuis le voyage de James Clark Ross soixante années plus tôt. Organisée dans une large mesure par un comité réunissant la Royal Society et la Royal Geographical Society (RGS), la nouvelle expédition affiche l'ambition de réaliser une exploration géographique et scientifique de ce qui est jusqu'alors un continent quasi vierge. Elle donne une impulsion à la carrière antarctique de nombreux figures de l'âge héroïque de l'exploration dans l'Antarctique[1], comme Robert Falcon Scott qui dirigea l'expédition, Ernest Shackleton, Edward Wilson, Frank Wild, Thomas Crean et William Lashly.

Ses résultats scientifiques couvraient des domaines très vastes, comme la biologie, la zoologie, la géologie, la météorologie et le magnétisme. D'importantes découvertes géologiques et zoologiques furent faites, comme les vallées sèches de McMurdo et la découverte de colonies de manchots empereurs au cap Crozier. Dans le domaine de l'exploration géographique, de nouveaux espaces furent découverts, notamment la Terre du Roi-Édouard-VII ou le plateau Antarctique via la route de la chaîne Transantarctique. L'expédition ne fit pourtant pas de tentative sérieuse pour atteindre le pôle sud, se contentant de descendre jusqu'à 82°17' sud.

L'expédition Discovery constitua un repère pour les expéditions suivantes. Après le retour de ses membres, elle fut considérée comme un succès, en dépit de la nécessité d'entreprendre une nouvelle expédition pour libérer le Discovery des glaces et des controverses scientifiques liées à l'exploitation des données relevées. Il fut considéré que le principal échec de l'expédition était dû à la mauvaise maîtrise des techniques de voyage sur la glace à l'aide de chiens et de skis[2], un héritage qui persista lors des expéditions britanniques de l'Âge héroïque.


Sommaire

[modifier] Contexte de l'expédition

[modifier] Précurseurs

Sir James Clark Ross, découvreur de la Grande barrière de glace.
Sir James Clark Ross, découvreur de la Grande barrière de glace.

Entre 1839 et 1839, le capitaine de la Royal Navy James Clark Ross, commandant deux bâtiments, le HMS Erebus et le HMS Terror, acheva trois voyages jusqu'au continent antarctique. Lors de ceux-ci, il découvrit et explora un nouveau secteur de l'Antarctique, qui deviendrait plus tard la zone de recherche de prédilection de plusieurs expéditions britanniques, dont l'expédition Discovery. Ross établit la géographie générale de la région et nomma plusieurs sites, dont la mer de Ross, la Grande Barrière de glace (rebaptisée plus tard barrière de Ross), l'île de Ross, le cap Adare, la terre Victoria, le détroit de McMurdo, le cap Crozier et les volcans jumeaux, l'Erebus et le Terror[3]. Il retourna à la barrière plusieurs fois dans l'espoir d'y pénétrer sans toutefois y parvenir, et atteignit une anse à 78°10' en février 1842[4]. Ross soupçonnait la présence de terres à l'est de la barrière, mais ne put le confirmer[5].

Après Ross, aucune expédition antarctique ne fut entreprise durant cinquante années. Puis, en janvier 1895, un baleinier norvégien accosta brièvement au cap Adare, le point le plus septentrional de la terre Victoria[6]. Quatre ans plus tard, Carstens Borchgrevink, qui avait participé à cet accostage, entreprit une expédition personnelle[7] dans la région. Il atteignit le cap Adare en février 1899, y bâtit une petite hutte et y passa l'hiver 1899. L'été suivant, Borchgrevink navigua vers le sud et atteignit la anse de Ross située sur la barrière. Trois hommes se dirigèrent en luge vers le sud et atteignirent un nouveau point à 78°50'[8].

L'expédition Discovery fut planifiée dans un contexte d'intérêt international pour le continent antarctique, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Quatre autres expéditions furent menées dans le même temps dans d'autres secteurs de l'Antarctique : une expédition allemande dirigée par Erich von Drygalski, une suédoise dirigée par Otto Nordenskjöld, une française dirigée par Jean-Baptiste Charcot et l'expédition nationale antarctique écossaise de William Speirs Bruce.

[modifier] Royal Navy, Markham et Scott

En temps de paix, l'exploration polaire était à l'origine une activité traditionnelle de la Royal Navy[9]. Cet intérêt diminua après la perte totale de l'expédition Franklin, qui avait quitté l'Angleterre en 1845 avec les navires de Ross, l'Erebus et le Terror, à la recherche du passage nord-ouest, et n'avait jamais été revue[10]. Après une expédition au pôle Nord dirigée par George Nares (1874–1876) et qui se révéla désastreuse, l'Amirauté avait décidé que les futures expéditions polaires seraient dangereuses et futiles[11].

Néanmoins, le secrétaire de la Royal Geographical Society, sir Clements Markham était un ancien homme de mer qui avait servi lors d'une expédition Franklin en 1851[12] et était demeuré un fervent avocat du rôle historique de la marine. Une opportunité d'explorer le pôle survint en 1893 lorsque le célèbre biologiste John Murray, qui avait écumé les eaux antarctiques dans les années 1870 avec l'expédition du Challenger[13], lança un appel en faveur d'une exploration antarctique de grande envergure au profit de la science britannique[14]. Cet appel bénéficia du fort soutien à la fois de Markham (alors président de la RGS) et de l'institution scientifique principale du pays, la Royal Society. Un comité commun des deux sociétés fut formé afin de déterminer la manière dont l'expédition serait menée. Markham avait la vision d'un système naval florissant, inspirée de celle de Ross ou de Franklin, ce qui l'opposait à certaines sections de ce nouveau comité (voir « Science contre aventure », plus bas), mais sa ténacité était telle que l'expédition fut largement modelée selon ses souhaits. Son frère et biographe écrivit plus tard que l'expédition était « la création de son cerveau, le produit de son énergie constante[15] ».

Markham avait pour habitude de prendre des notes sur de jeunes officiers de marine qui pourraient convenir pour diriger une expédition polaire, lorsque l'opportunité se manifesterait. Il avait d'abord observé l'aspirant Robert Falcon Scott en 1887, alors que celui-ci servait dans la HMS Rover à Saint-Christophe-et-Niévès, et l'avait gardé en mémoire. Treize années plus tard, Scott, désormais lieutenant torpedo sur le HMS Majestic, cherchait à obtenir une promotion et une rencontre avec Sir Clements à London l'incita à postuler pour prendre le commandement de cette expédition. Markham se souvenait bien de lui, même s'il n'était pas son premier choix, et il se trouvait que d'autres candidats étaient désormais trop âgés ou n'étaient pas disponibles sur le moment[16]. Avec le soutien déterminé de Markham, Scott fut nommé le 25 mai 1900 et, dans la foulée, fut promu au titre de capitaine de frégate[17].

[modifier] Science contre aventure

La nature des responsabilités de Scott n'a pas encore été précisément établie. Les membres du comité conjoint estimaient qu'il ne devait être que le capitaine du navire qui transporterait l'expédition jusqu'en Antarctique, rien de plus. Ils veillèrent à la nomination du Dr. J. W. Gregory, professeur de géologie à l'université de Melbourne et ancien géologue assistant au British Museum, en tant que directeur scientifique de l'expédition et commandant dès l'arrivée à terre[18]. Markham et la RGS ne voyaient pas les choses ainsi. Ils souhaitaient que le commandement de Scott fût total et sans ambiguïté. Scott lui-même insistait sur ce point, sans quoi il menaçait de démissionner[18]. La vision de Markham et de Scott prévalut et Gregory démissionna, affirmant que la science ne devait pas être « subordonnée à une aventure navale[19]. »

Cete controverse contribua à la dégradation des relations entre les sociétés et se poursuivit après la fin de l'expédition et la publication de ses résultats scientifiques. Mais l'insistance que Markham avait mise pour un commandement naval relevait davantage d'une question de tradition que d'un irrespect à l'encontre de la science[19].

[modifier] Personnel

Le capitaine Robert Falcon Scott, commandant l'expédition Discovery.
Le capitaine Robert Falcon Scott, commandant l'expédition Discovery.
Ernest Shackleton, troisième officier du Discovery.
Ernest Shackleton, troisième officier du Discovery.

[modifier] Notes

  1. Cette période couvre les années entre l'expédition belge d'Adrien de Gerlache (1897) et la fin de l'expédition Endurance de Shackleton.
  2. Huntford, p. 188.
  3. Coleman, p. 329–335.
  4. Preston, p. 12–14.
  5. La mission du capitaine Scott, qui dirigeait l'expédition Discovery de 1901, était de « découvrir la terre qui, selon l'avis de Ross, existait à l'est de la barrière. » Savours, p. 16–17
  6. Cet accostage fut présenté comme le premier du genre sur le continent antarctique. Pourtant, l'Américain John Davis affirmait qu'il avait accosté sur la péninsule antarctique en 1821. Voir Nimrod, Beau Riffenbaugh, Bloomsbury, 2005, p. 36.
  7. Cette expédition fut financée par un don de 35 000 livres du magnat britannique de l'édition, sir George Newnes &ndash ; Preston, p. 14. Il avait émis pour condition, entre autres, que l'expédition fût baptisée l'« Expédition antarctique britannique », bien qu'elle n'eût aucune espèce de reconnaissance officielle et que seulement deux hommes sur les dix qu'elle comptait fussent Britanniques. Néanmoins, SPRI l'a listée comme une expédition britannique.
  8. Certaines sources donnent une latitude légèrement différente.
  9. Crane, p. 67.
  10. Crane, p. 2.
  11. Max Jones, p. 50.
  12. Preston, p. 15.
  13. Murray avait été l'assistant du directeur scientifique de l'expédition du Challenger, Charles Wyville Thomson, et avait été nommé responsable de la production de rapports scientifiques après la mort de Thomson en 1882.
  14. Max Jones, p. 56–57.
  15. Max Jones, p. 58.
  16. Crane, p. 82–83.
  17. Preston. p. 28–29.
  18. ab Crane, p. 91–101.
  19. ab Max Jones, p. 62–63.