Antarctique

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Antarctique

Carte de localisation de l'Antarctique

Superficie 14 000 000 km2 dont 280 000 km2 libres de glace (9,4 %)
Population env. 1 500 hab. (pas de population permanente)
Densité <0 hab./km2
Secteurs antarctiques 7
Dépendances 5
Principales langues Anglais, russe, espagnol, Français, etc.
Fuseaux horaires UTC-12 à UTC+12
UTC+0 au niveau du pôle Sud
Bases antarctiques 52
Portail Portail Antarctique
Vue panoramique de l'Île Petermann
Vue panoramique de l'Île Petermann

L'Antarctique est le continent le plus méridional de la Terre. Situé au pôle Sud, il est entouré de l'océan Austral ou océan Antarctique. Il est aussi bordé par la mer de Ross et la mer de Weddell.

Avec une superficie de 13,9 millions de kilomètres carrés, l’Antarctique est plus petit que l’Asie, l’Afrique, l’Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. Seuls l'Europe et l'Océanie sont plus petits que lui. Quelque 98 % de sa surface sont recouverts d'une couche de glace faisant en moyenne 1,6 km d'épaisseur.

L'Antarctique est le continent le plus froid, le plus sec et le plus venteux. C'est également le continent le plus élevé au-dessus du niveau de la mer. Puisqu'il n'y tombe que peu de précipitations, excepté sur les côtes, l'intérieur du continent constitue techniquement le plus grand désert du monde. Il n'y pas de population humaine permanente, et l'Antarctique n'a jamais connu de population indigènes. Seuls des plantes et des animaux adaptés au froid y survivent, y compris des manchots, des phoques, des mousses, du lichen et de nombreux types d'algues.

Le nom Antarctique vient du grec ἀνταρκτικός (antarktikós), qui signifie « opposé à l’Arctique ». Bien que des mythes et des spéculations concernant une Terra Australis (« Terre Australe ») remontent à l'Antiquité, on considère en général que le continent a été aperçu pour la première fois en 1820 par l'expédition russe de Mikhail Lazarev et Fabian Gottlieb von Bellingshausen. Cependant, le continent resta globalement négligé durant le reste du XIXe siècle, du fait de son environnement hostile, de son manque supposé de ressources, et de son emplacement isolé.

Le traité sur l'Antarctique a été signé en 1959 par douze États. Il a été complété en 1991 par le Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement en Antarctique. Il interdit les activités militaires, l'exploitation des ressources minérales sauf celles qui sont menées à des fins scientifiques. Il accorde la priorité aux activités de recherche scientifique. Les expériences en cours sont effectuées par plus de 4 000 scientifiques de diverses nationalités et ayant des intérêts différents.

Sommaire

[modifier] Histoire

Icône de détail Article détaillé : Histoire de l'Antarctique.

[modifier] Une histoire liée à la forme de la Terre

L’Antarctique vue du pôle sud
L’Antarctique vue du pôle sud

L'histoire du continent Antarctique est liée aux nombreuses hypothèses concernant la forme de la Terre. La plupart des sources s'accordent pour affirmer que c'est Aristote qui nomme le premier ce continent. En effet, les anciens Grecs pensent que la Terre étant une sphère symétrique, il lui faut nécessairement un point d'équilibre, un « pivot » (polos en grec) de part et d'autre de l'équateur : l'Arctique (Arktos en grec) et son opposé (anti), l'Antarctique (Antarktos). Arktos signifie « ours », en référence à la constellation d'étoiles indiquant le nord, encore appelée aujourd'hui « Petite Ourse ».

Au IIe siècle, l'astronome grec Ptolémée est persuadé que le continent existe, au point d'affirmer que ces terres sont habitées et cultivées, mais restent inaccessibles au reste de la Terre à cause d'une grande bande de terre infranchissable abritant des monstres.

On y repense à partir du XVe siècle, lorsque Bartolomeu Dias et Vasco de Gama parviennent à passer et contourner le cap de Bonne-Espérance (au sud de l'Afrique) et réfutent ainsi l'hypothèse d'un continent africain étendu jusqu'aux plus hautes latitudes Sud. Néanmoins, lorsque Magellan contourne le sud du continent américain, il découvre qu'il y existe un détroit difficile à franchir, et au-delà duquel un épais manteau neigeux apparaît sous un climat très froid.

Les géographes de l'époque émettent alors l'hypothèse qu'un immense continent appelé continent Austral sur les planisphères de l'époque existe et qu'il serait continu de la Terre de Feu à l'Australie.

[modifier] Les premiers pas vers la découverte

Carte de l'Amérique du Sud de 1575
Carte de l'Amérique du Sud de 1575

Dès 1578, Francis Drake, envoyé par le gouvernement anglais pour explorer le Pacifique, est entraîné par la tempête au sud de la Terre de feu. Il aperçoit des manchots sur une île.

En 1599, le Hollandais Dirk Gerritz, emporté par une tempête loin de son escadre jusqu'aux îles Shetland du Sud, est le premier navigateur à franchir le cercle polaire antarctique (latitude 66° 33' sud).

Au cours du XVIIe siècle, d’autres navigateurs, en tentant de franchir le cap Horn, sont poussés vers l'Antarctique par des tempêtes et aperçoivent des montagnes recouvertes de neiges et de glaces.

En 1738, Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier, missionné par la Compagnie des Indes pour découvrir des terres inconnues et y établir des comptoirs, découvre une île brumeuse qu'il prendra pour un continent : l'actuelle île Bouvet (54° 26' de latitude Sud).

En 1772, Nicolas Thomas Marion-Dufresne, secondé par le capitaine Julien Crozet à bord du Mascarin, découvre les îles Froides (aujourd’hui l’archipel du Prince-Édouard) et l’île Aride (l’actuelle île de l'Est de l’archipel Crozet).

Au cours de sa deuxième expédition, comprenant les navires la Resolution et l'Adventure, James Cook explore les mers australes à la recherche d'un hypothétique continent austral.

Parti du cap de Bonne-Espérance le 22 septembre 1772, il est arrêté à deux reprises par la banquise et regagne la Nouvelle-Zélande après avoir dépassé le 61e parallèle.

Le 30 janvier 1774, la Resolution rencontre la banquise après deux mois de navigation au sud de la Nouvelle-Zélande et avoir franchi le 70e parallèle pour la première fois dans l'histoire. Cook découvre alors une plaine de glace, dans laquelle il compte quatre-ving-dix-sept montagnes de glace, très larges et ressemblant à une chaîne de montagne s'élevant les unes sur les autres et se perdant dans les nuages.

S'avançant jusqu'à 71° 10' de latitude sud et 106° 54' de longitude ouest (position proche de l'île Thurston, mer d'Amundsen), il entend des « penguins » (manchots) et aperçoit quelques oiseaux, mais se persuade de l'absence de terres dans cette mer et renonce à chercher un passage vers le sud à travers les glaces.

Selon certaines organisations (la National Science Foundation, la NASA, l'Université de Californie à San Diego et d'autres), le premier aperçu confirmé de l'Antarctique fut effectué en 1820 par les équipages de navires dont les trois capitaines étaient : Fabian von Bellingshausen (un capitaine de la Marine Impériale russe), Edward Bransfield (un capitaine de la Marine britannique), et Nathaniel Palmer (un marin américain de Stonington, Connecticut). On suppose que Von Bellingshausen vit l'Antarctique le 27 janvier 1820, trois jours avant que Bransfield aperçût la terre, et dix mois avant que ne le fît Palmer en novembre 1820. Ce jour-là, l'expédition comprenant deux navires, menée par Von Bellingshausen et Mikhail Petrovich Lazarev atteignit un point situé à 32 km du continent et y aperçut des champs de glace.

[modifier] L'exploration du continent

Le Belgica à l'ancre au mont Wilson
Le Belgica à l'ancre au mont Wilson
Une base scientifique
Une base scientifique

Au XIXe siècle, de nombreux bateaux viennent pêcher le phoque le long des rives du continent.

C'est le 21 janvier 1840 que des explorateurs français, commandés par Dumont d'Urville plantent leur drapeau sur les terres antarctiques. Quelques jours plus tard, c'est au tour de la flotte américaine de Charles Wilkes d'y parvenir. La découverte est alors controversée.

La première expédition scientifique est envoyée en 1839 par les Britanniques, grâce à une association entre la British Association for the Advancement of Science et la Royal Society. Elle comprend des médecins, des naturalistes et des botanistes.

En 1841, l'explorateur James Clark Ross traversa l'actuelle mer de Ross et découvrit l'île de Ross. Le mont Erebus et le mont Terror portent les noms de deux des bateaux de l'expédition : l'HMS Erebus et le Terror. Mercator Cooper, quant à lui, accosta en Antarctique de l'Est le 26 janvier 1853.

La période 1895-1922 correspond à l'âge héroïque de l'exploration dans l'Antarctique, durant laquelle de nombreuses expéditions sont menées afin de parvenir au pôle Sud.

En 1897-1898, l'expédition d'exploration scientifique du Belgica, menée par le commandant Adrien de Gerlache, se compose d'un équipage international avec Roald Amundsen pour second lieutenant. Ce dernier participera à la course au pôle Sud géographique, et sera le premier à y parvenir, le 15 décembre 1911, en un temps réduit grâce à l'usage de skis et de chiens de traîneau. Robert Scott, un anglais, arrive un mois plus tard. Il meurt sur le chemin du retour.

En 1914, l’Endurance, un navire anglais commandé par Sir Ernest Shackleton, part avec vingt-huit hommes pour traverser l’Antarctique. Mais le bateau est pris dans les glaces. L’équipage réussit à revenir sain et sauf en traversant océan et montagnes sans vivre et matériel.

En 1928, George Wilkins survole le continent pour la première fois.

En 1946, les États-Unis, à l'initiative de l'amiral Richard Evelyn Byrd, organisent la plus importante expédition envoyée à ce jour dans l'Antarctique, l’opération Highjump :

  • 4 700 personnes ;
  • treize bateaux dont un porte-avions ; vingt-cinq avions, dont deux hydravions PBY Mariner.

L'opération Highjump sera suivie l’été austral suivant (1947-1948), par l’opération Windmill au motif de sous-exposition des clichés pris lors de la campagne précédente.

Du 24 novembre 1957 au 2 mars 1958, l'expédition Fuchs-Hillary traverse pour la première fois par voie terrestre le continent. Le déplacement s'effectue à l'aide d'autoneiges de marque Tucker. On prend des relevés sismologique, gravimétrique, etc. tout au long de l'expédition. On mesure l'épaisseur de glace au Pôle Sud et la présence du continent ou celle-ci.

[modifier] La conquête scientifique du continent

Le Traité sur l'Antarctique est signé le 1er décembre 1959 à Washington par douze pays (l'Argentine, l'Australie, la Belgique, le Chili, la France, le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, l'Afrique du Sud, l'URSS (actuelle Russie), le Royaume-Uni et les États-Unis. À l'heure actuelle, quarante-cinq États l'ont ratifié.

[modifier] Géographie

Icône de détail Article détaillé : Géographie de l'Antarctique.
Carte
Carte

L'Antarctique est un continent constitué d'une grande île principale ainsi que d'un ensemble d'îles, le 60e parallèle sud marque la limite nord des îles antarctiques.

Le relief de l'Antarctique est marqué une grande chaîne de montagne (monts Transantarctiques), traversant le continent de part en part, ainsi que par le volcanisme.

[modifier] Géologie

[modifier] Flore et faune

L'Antarctique est l'une des huit écozones ou régions biogéographiques terrestres.

L’océan Antarctique contient une biomasse importante grâce à des eaux très riches en nutriments et en oxygène. Une véritable frontière de brume le sépare des autres océans quand la température passe en quelques kilomètres de 6 à 16 °C en moyenne.

La faune marine, très poissonneuse, comprend également :

Les côtes et les îles renferment de nombreux oiseaux :

Enfin, plusieurs espèces de phoques peuplent le littoral. En revanche, il n'y a que très peu d'animaux au milieu des terres continentales, et ceux-ci restent proches d'organismes microscopiques.

Le climat de la région antarctique ne permet pas une végétation dense. En effet, les températures glaciales, la pauvre qualité du sol, le manque d'humidité et de luminosité empêchent les plantes de se développer. La flore antarctique se limite principalement à quelques mousses et hépathiques.

[modifier] Activité économique

Icône de détail Article détaillé : Liste de bases antarctiques.
L'Hanseatic (navire de croisière) dans la baie du Paradis
L'Hanseatic (navire de croisière) dans la baie du Paradis

Certains états maintiennent une présence humaine permanente ou semi-permanente, dans des bases à vocation essentiellement scientifique. Ces bases sont ravitaillées par la mer pendant l'été polaire, lorsque le retrait ou la diminution de l'épaisseur de la banquise permet aux navires de s'approcher suffisamment des côtes.

Des expéditions scientifiques sont notamment envoyées dans le cadre du programme ANSMET pour la recherche et la récolte de météorites, disponibles en quantité sur le continent.

La beauté des paysages et la richesse de la faune favorisent une certaine activité touristique. Un tourisme d'échelle réduite existe depuis 1957. Il est régulé en grande partie par l'IAATO (Association Internationale des Tour Operators d'Antarctique). Selon cette organisation, environ 27 950 touristes ont visité l'Antarctique pendant la saison estivale 2004–2005, et ce nombre pourrait croître jusqu'à 80 000 par an d'ici 2010.[1]

Des gisements de charbon, d'hydrocarbure, de nickel ou d'or ont été découverts, mais pas en quantités suffisantes pour permettre une exploitation rentable, et le Protocole de Madrid de 1991 limite par ailleurs une éventuelle exploitation des ressources naturelles de l'Antarctique.

[modifier] Politique

Drapeau proposé pour l'Antarctique
Drapeau proposé pour l'Antarctique
drapeau du territoire britannique
drapeau du territoire britannique

Le continent antarctique fait actuellement l'objet d'un régime juridique défini par le Traité sur l'Antarctique de 1959. Ce traité reconnaît le continent comme une terre propice à la recherche scientifique, et dans ce cadre, à la coopération internationale.

Le Traité sur l'Antarctique établit également un « gel » des prétentions territoriales. En effet, en raison de la proximité géographique de leur métropole ou par intérêt géostratégique ou économique (au vu des probables ressources naturelles que comporte son sous-sol), des États ont revendiqué des portions du continent.

La plupart des portions sont des sortes de tranches partant du pôle Sud, allant jusqu'à l'océan, et dont les bords sont des méridiens. Dans certains cas, ces secteurs sont même revendiqués par plusieurs États (la péninsule Antarctique est ainsi revendiquée par l'Argentine, le Chili et le Royaume-Uni).

Le Traité sur l'Antarctique organise un « gel » des prétentions territoriales ainsi émises. Cela signifie que la France, par exemple, peut continuer à affirmer que la Terre Adélie relève du droit français alors que d'autres États, au contraire, pourront considérer que l'Antarctique est un espace international.

[modifier] Partage du continent en huit pays

Sept États ont des prétentions territoriales en Antarctique. Un secteur de l'Antarctique n'a pas été revendiqué (Terre Marie Byrd).

Territoires revendiqués et bases scientifiques
Territoires revendiqués et bases scientifiques
Pays Territoires Limites Date Superficie
secteur non revendiqué Terre Marie Byrd 90°W à 150°W
Argentine Antarctique argentine 25°W à 74°W 1943 965.597 km²
Australie Territoire australien de l'Antarctique 160°E à 142°2′W et 136°11′W à 44°38′E 1933 6 119 818 km²
Chili Territoire chilien de l'Antarctique 53°W à 90°W 1940 1 250 000 km²
France Terre Adélie 142°2′E à 136°11′E 1924 432 000 km²
Nouvelle-Zélande Dépendance de Ross 150°W à 160°E 1923 450 000 km²
Norvège Terre de la Reine-Maud 44°38′E à 20°W 1939 2 000 000 km²
Île Pierre Ier 68°50′S 90°35′W / -68.833, -90.583 1929
Royaume-Uni Territoire britannique de l'Antarctique 20°W à 80°W 1908 1 950 000 km²

[modifier] Recherche

En 2007, selon Mark Meier de l'Université du Colorado (Boulder, États-Unis), la fonte des glaces du Groenland et de l'Antarctique ne contribueraient qu'à hauteurs respectives de 28 % et 12 % à l'élévation du niveau des mers. Les petits ruisseaux formant les grandes rivières, ce serait plutôt les petits glaciers du monde, qui, fondant désormais à une vitesse accélérée, contribueraient à des apports excédentaires de 417 milliards de mètres cubes en eau par an, et devraient rester les plus gros contributeurs jusqu'à la fin du siècle. Alors le niveau marin se sera élevé de 10 à 25 cm.

L'ARENA (Antarctic Research, a European Network for Astrophysics) est un programme européen de recherche en astrophysique situé en antarctique[2],[3]. Soutenu par le CNRS en ce qui concerne la France, et par chaque organe de recherche national des États membres de l'Europe.

[modifier] L'antarctique dans les œuvres de fiction

Philatélie antarctique
Philatélie antarctique

[modifier] Notes et références

  1. Association Internationale des Tour Operators d'Antarctique Statistiques du tourisme
  2. (en) Antarctic Research, a European Network for Astrophysics
  3. (fr) Site officiel de l'ARENA

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

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