Malek Bennabi

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Malek Bennabi (en arabe مالك بن نبي) est un penseur algérien, né en 1905 à Constantine (Est de l'Algérie), décédé le 31 octobre 1973 à Alger. Il a étudié les problèmes de civilisation du monde musulman. Malek Bennabi poursuivit ses études secondaires avant de partir à Paris en 1930 préparer un diplôme d'ingénieur en électricité. Enfant, Malek etait un lecteur assidu, il lisait tout ce qui lui passait sous la main, Nietzsche, Ibn Khaldun, Darwin, De Broglie, André Gide etc. Il était fortement imprégné de la culture arabo-musulmane et occidentale. On lui doit un concept sur la « colonisabilité » selon lequel, seule une société apte à être colonisée peut l'être, et ce notamment dans les pays musulmans, terme qu'il utilisera dans son livre l'Afro-asiatisme.

[modifier] Œuvres de Bennabi

Malek Bennabi a à son actif plus d'une vingtaine d'ouvrages traitant de civilisation, de culture, d'idéologie, de problèmes de société ainsi que d'autres sujets tel le phénomène coranique et les raisons de la stagnation de la société musulmane en particulier. Par ses écrits, Malek Bennabi voulait éveiller les consciences musulmanes et relancer une renaissance de la société musulmane. Il n'a de cesse de critiquer vivement l'administration coloniale française par ses écrits et ses conférences. Il n'a jamais accepté la colonisation de l'Algerie par la France et le statut d'indigène octroyé par l'administration de l'epoque aux autochtones algériens.

Il est probable que peu de gens aient vraiment saisi la portée de sa vision et sa pensée, notamment dans la société musulmane à propos de laquelle il dit dans son ouvrage vocation de l'Islam :

« La plus grave parmi les paralysies, celle qui détermine dans une certaine mesure les deux autres (sociale et intellectuelle), c'est la paralysie morale. Son origine est connue : "L'islam est une religion parfaite. Voilà une vérité dont personne ne discute. Malheureusement il en découle dans la conscience post-almohadienne une autre proposition : "Nous sommes musulmans donc nous sommes parfaits". Syllogisme funeste qui sape toute perfectibilité dans l'individu, en neutralisant en lui tout souci de perfectionnement. Jadis Omar Ibn El Khattab faisait régulièrement son examen de conscience et pleurait souvent sur ses "fautes". Mais il y a longtemps que le monde musulman a cessé de s'inquiéter de possibles cas de conscience. On ne voit plus qui que ce soit s'émouvoir d'une erreur, d'une faute. Parmi les classes dirigeantes règne la plus grande quiétude morale. On ne voit aucun dirigeant faire son mea culpa. C'est ainsi que l'idéal islamique; idéal de vie et de mouvement a sombré dans l'orgueil et particulièrement dans la suffisance du dévot qui croit réaliser la perfection en faisant ses cinq prières quotidiennes sans essayer de s'amender ou de s'améliorer : il est irrémédiablement parfait, Parfait comme la mort et comme le néant. Tout le mécanisme psychologique du progrès de l'individu et de la société se trouve faussé par cette morne de satisfaction de soi. Des êtres immobiles dans leur médiocrité et dans leur perfectible imperfection deviennent ainsi l'élite d'une société morale d'une société où la vérité n'a enfanté qu'un nihilisme. La différence est essentielle entre la vérité, simple concept théorique éclairant un raisonnement abstrait, et la vérité agissante qui inspire des actes concrets. La vérité peut même devenir néfaste, en tant que facteur sociologique, lorsqu'elle n'inspire plus l'action et la paralysie, lorsqu'elle ne coïncide plus avec les mobiles de la transformation, mais avec les alibis de la stagnation individuelle et sociale. Elle peut devenir l'origine d'un monde paralytique que Renan et Lamennais dénonçaient en disant que l'islam "pourrait devenir une religion de stagnation et de régression".»

Dans un autre ouvrage intitulé les "Grands Thèmes", Malek Bennabi parle des raisons de la stagnation de certaines société qu'il qualifie de primitives :

« Quand une société primitive met des tabous autour de ses traditions, de ses convictions, de ses goûts, de ses usages, ce qui est risible là-dedans - à supposer qu'il y ait quelque chose de risible - ce n'est pas le tabou mais le vide culturel, l'inculture qu'elle défend, c'est-à-dire l'ensemble de causes qui maintiennent cette société en stagnation.»

Ceci dit, il n'en demeure pas moins qu'il fut pris par certains de ces contemporains pour l'idéologue du système algérien. Révoquant le principe de laïcité pour les sociétés musulmanes, il considérait que l'histoire de l'Algérie commençait avec l'avènement de l'islam. C'est d'autant plus compromettant pour un fin penseur comme lui, sachant que saper des pans entiers de l'histoire antérieure à l'islam revient à dénier un droit d'exister à la population autochtone berbère, à sa culture, à sa langue, à ses valeurs...

[modifier] Bibliographie sommaire

  1. Le Phénomène coranique (1946)
  2. Lebbeik (1947)
  3. Les Conditions de la renaissance (1947)
  4. Vocation de l'islam (1954)
  5. Le Problème des idées dans la société musulmane
  6. Le Musulman dans le monde de l'économie
  7. L'Afro-Asiatisme (1956)
  8. Le Problème de la culture (1957)
  9. Brochure politique (en arabe et en français) : SOS Algérie (1957)
  10. Discours sur la nouvelle édification (1958)
  11. La Lutte idéologique en pays colonisé (1958)
  12. Idée du Commonwealth islamique (1959)
  13. Réflexions (1959)
  14. Naissance d'une société (1960)
  15. Dans le souffle de la bataille (1961)
  16. Perspectives algériennes (1965)
  17. Mémoires d'un témoin du siècle (2 tomes)
  18. Le Rôle du musulman dans le dernier tiers du XXe siècle
  19. SOS Algérie
  20. Pourriture (1956)
  21. Le problème juif (1956)

[modifier] Liens externes

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