Louis-Émile Bertin

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Louis-Émile Bertin
Louis-Émile Bertin

Louis, Émile Bertin (né le 23 mars 1840 à Nancy - mort le 22 octobre 1924) est un savant, ingénieur naval et inventeur français.

Sommaire

[modifier] Ecole Polytechnique et docteur en droit

Émile Bertin est Fils de Pierre Bertin et d'Anne Dermier qui fort méritante éleva seule le jeune prodige, orphelin de père à 3 ans et demie, après les décès concomitants de son mari puis de julien, petit frère d'Emile Bertin, de la terrible grippe espagnole. Il entre à l'Ecole Polytechnique à l'âge de 18 ans. Deux ans plus tard, il opte pour le corps du Génie maritime. A sa sortie de l'Ecole d'application en 1863, Emile Bertin fait ses premières armes à l'arsenal de Cherbourg, il apprend son métier et se trouve souvent en présence de problèmes pratiques qui l'obligent à observer, à réfléchir et à innover. Entre 1863 et 1871, il hésitera entre la construction navale et le droit. En 1871, Emile Bertin, ingénieur au sein de l'escadre du Nord, est autorisé à présenter sa thèse de doctorat en droit, à Caen, intitulée : La possession des immeubles. Cette thèse fut considérée comme remarquable. Le président du jury, le très célèbre Charles Demolombe, l'engagera à passer l'agrégation et à quitter la marine pour se consacrer à la recherche des lois qui règlent les rapports entre les individus et les pays. On remarque que sa pensée était forte et audacieuse et mise au service d'un style admirable.

[modifier] Le génie de la recherche et de l'invention

En 1874, Emile Bertin se singularise à Cherbourg lors du naufrage près du Cap de la Hague (Manche) du grand steamer anglais Pascal. Il publie d'ailleurs par la suite un mémoire, paru en 1875 chez l'éditeur Berger-Levrault, relatant les péripéties du sauvetage du navire. Dès 1864, ingénieur de 1ère classe du Génie maritime, il se fait connaître par d'importants travaux sur l'assainissement et la ventilation des navires à vapeur, en particulier les transports pour éviter les épidémies à bord. Des essais sont effectués sur les transports de chevaux Calvados, et de troupes vers la Cochinchine Mytho, bâtiments de sa conception, qui obtiennent un plein succès. On note aussitôt une grande diminution des malades transportés à bord des navires à vapeur et l'on compte jusqu'à 75% de mortalité en moins. Immédiatement, la plupart des principaux types de navires à vapeur de guerre et de commerce seront munis de son système de ventilation. L' académie des sciences note qu'en « présence de l'intérêt incontestable que présente son travail sur la ventilation des navires, décide de faire imprimer cette étude, quoiqu'elle dépasse en étendue les limites réglementaires... " Un système de ventilation amélioré sera installé, par la suite, sur l'Annamite prototype de navire dit "transport hôpital » destiné aux traversées sous les tropiques dont Emile Bertin suit la construction à Cherbourg après en avoir dressé les plans notamment pour les interventions françaises en Extrême-Orient. Le jeune ingénieur Louis-Émile Bertin, âgé de 24 ans, sera chargé – par le comte Prosper de Chasseloup-Laubat, ministre de la Marine de Napoléon III – de conduire en Nouvelle-Calédonie les travaux de construction avec le concours de militaires et de Mélanésiens du plus grand phare métallique du monde, le phare Amédée situé sur l'îlot éponyme, afin de sécuriser la passe de Boulari. Les travaux s'échelonneront de janvier à novembre 1865. De nos jours, le phare Amédée est devenu celui du port de Nouméa, l'un des plus importants ports commerciaux de la zone Pacifique. A son retour de cette mission, début 1866, il étudiera avec une belle hardiesse les questions de haute mécanique particulièrement ardues sur les vagues, les lois des mouvements de l'eau, de la houle, du roulis, du tangage, de l'action sur les navires d'une mer agitée ; pour lui, il n'y a pas de science véritable indépendante de la pratique. En même temps qu'il était un ardent défenseur de la stabilité, des qualités nautiques du navire, Emile Bertin était aussi un inconditionnel de la vitesse. Il écrit de nombreuses études sur ces sujets. Il invente la manche à air. Il étudie également les problèmes de renflouement des navires, un procédé de conservation des carènes par l'action électrique, effectue des travaux sur les progrès de la thermodynamique en France. Il mesura les effets, grâce aux observations réalisées à l'aide de son savant et ingénieux oscillographe double de sa création dont les expériences concluantes avaient été menées à bord du Crocodile, des petites quilles latérales anti-roulis dont il est l'inventeur au cours d'essais en mer en 1867 et 1868 à bord du vaisseau cuirassé Magenta et des frégates cuirassées Savoie et Flandre. Il invente également les grilles à roulis qui viennent compléter efficacement et harmonieusement l'ensemble que ne tardèrent pas à adopter tous les constructeurs de navires à travers le monde. Le dernier modèle de ces « stabilisateurs » au milieu du XXème siècle équipait des paquebots tels que le Maroc de la Compagnie Transatlantique et les Andes de la Royal Mail...

[modifier] Pendant la guerre franco-allemande

En juillet 1870, les hostilités entre la Prusse, la France et quelques Etats allemands, voient Emile Bertin désigné pour prendre en charge à l'arsenal, la production de matériel d'artillerie et celle des munitions pour les besoins de la force navale importante dans le cadre du plan pré-établi par le ministre de la marine l'amiral Charles Rigault de Genouilly (1807-1873) dit de diversion de la Baltique, ainsi que l'armement destiné à la division de la Basse Seine. Au mois de décembre de la même année, il est chargé par le commandant de l'armée du Cotentin, d'établir une ligne de défense efficace à hauteur de Carentan où pourrait se replier, en cas de besoin, la division défendant le Calvados. Après étude de la topographie, l'ingénieur du Génie maritime Emile Bertin va utiliser le débit de la rivière Douve pour obtenir une forte inondation de la zone marécageuse entre Carentan et la côte ouest du Cotentin, après avoir bloqué les portes de l'écluse de la Barquette, en contact avec la mer. Emile Bertin disposera la ligne de défense par quelques trente-six grosses pièces de marine adaptées sur affût ou plate-forme à des endroits judicieux et stratégiques. Les Prussiens ne viendront pas. Ils ne dépasseront pas Lisieux, en raison de l'armistice. Les troupes allemandes n'inventèrent donc rien en 1944 avant le débarquement d'Utah-Beach, pas plus que quatre ans plus tôt, le petit nombre de marins et de soldats français chargés de stopper sur la ligne des marais la percée fulgurante des blindés de Rommel vers Cherboug ; ils se contentèrent de reproduire exactement l'action d'Emile Bertin.

[modifier] Un savant de notoriété universelle – Le caisson Bertin

Après cette période à terre en guerre, il reprend avec bonheur ses activités de chercheur et de constructeur : garantir la stabilité des navires revient en leitmotiv chez Emile Bertin ; aussi, en 1871/1872, il invente et propose un système révolutionnaire de protection des navires par tranche protectrice de la flottaison ou tranche cellulaire. Plus tard, une ceinture de cuirasse, sur les navires de combat recouvre entièrement la tranche cellulaire qui peut présenter toutes les épaisseurs possibles. Ce système de cloisonnement est une conception fort en avance sur son temps. Son invention ne connaît tout d'abord aucun succès. La première expérimentation de ses travaux est effectuée par la marine italienne, dès 1875, sur les grands bâtiments Italia et Lepanto, de 14 000 tonnes. En 1881, enfin, il est détaché à Saint-Nazaire pour suivre les travaux de construction du remarquable éclaireur d'escadre Milan dont il établit les plans et qui constituait un navire de nouveau type. Il sera suivi, pour l'ingénieur Bertin, de la construction navale du Sfax, premier bâtiment et premier croiseur à tranches cellulaires. Ce bâtiment est lancé le 26 mai 1884 à Brest. Son système est reconnu. Ses plans sont appliqués et les coques sont ainsi notablement plus résistantes aux abordages, aux explosions en particulier sous-marines. Jusqu'en 1880, on mettait encore partout en chantier des croiseurs en bois. Dès 1885, grâce à son invention, on comptait sur la planète en chantier ou à flot 17 navires à flottaison cellulaire. En 1896, il y en avait déjà 220 ! La création de la tranche cellulaire dite caisson Bertin entraîne pour lui une renommée de savant. Le dispositif de cloisonnement qu'il avait découvert va ainsi bouleverser la structure des navires de guerre et de commerce. Sa réputation devient universelle et la plupart des pays maritimes adoptent son procédé révolutionnaire. Emile Bertin, au cours de sa fabuleuse carrière militaire, rencontra à plusieurs reprises lors d'entretiens privés, François, Ferdinand, Philippe, Louis, Marie d'Orléans, Prince de Joinville (1818-1900), vice-amiral et troisième fils du roi Louis-Philippe. Le Prince de Joinville avait publié dans la Revue des Deux Mondes, d'importantes études sur la marine et fut un des promoteurs les plus ardents de la transformation de la flotte.

[modifier] Mission exceptionnelle dans l'Empire du Soleil Levant

L'ingénieur en chef de 2ème classe du Génie maritime Emile Bertin, chef de la section des constructions navales à Brest, va rester cinq ans en Bretagne, jusqu'en 1885 avant de partir avec son épouse Anne Françoise et ses trois enfants : - Charles, Emile Bertin, Henri Bertin, Anne Antoinette dite Anna Bertin - en mission exceptionnelle de coopération technique française à la demande de l'empereur MutsuHito et du gouvernement japonais. Quand le Japon, conscient de son destin et de ses devoirs futurs, songea à édifier sa puissance maritime c'est à Emile Bertin qu'il fit appel comme au conseiller le plus expérimenté, au guide le plus éprouvé. Emile Bertin avait alors 46 ans. Aussi, le 2 octobre 1885, le gouvernement japonais faisait exprimer au gouvernement français par l'intermédiaire du marquis Mochi-Aki Hachisuka, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de sa majesté l'empereur du Japon à Paris son désir de voir détacher dans l'empire du Soleil Levant l'un des plus éminents ingénieurs français des constructions navales, Emile Bertin. Le 12 octobre 1885, monsieur Charles de Saulces de Freycinet, qui fut chef du gouvernement français, annonçait au ministre du Japon le consentement des autorités françaises. Le 27 octobre 1885, Emile Bertin signait à la légation du Japon le contrat qui devait débuter le 2 février 1886 (19ème année du Meiji). Prévu pour trois ans, le contrat fut prolongé d'une année et ne prit fin qu'au mois de mars 1890. Pour rendre efficace la collaboration de Bertin, ingénieur en chef de 1ère classe du génie maritime, le gouvernement japonais lui donna avec beaucoup de délicatesse le rang élevé de Takaku Yaku nin et Chokunin. Comme haut fonctionnaire et conseiller particulier de l'empereur MutsuHito il put ainsi avoir des contacts quotidiens dans les meilleurs conditions possibles, sans problème de hiérarchie, avec les officiers généraux de la marine et tous les dignitaires du régime. Au début de l'année 1886, les relations du Japon avec la Chine s'envenimaient. Le Japon ne possédait pas de navire capable de s'opposer aux deux cuirassés de 7 400 tonnes que la Chine venait de faire construire, à Stettin, en Allemagne.

[modifier] Le créateur de la marine militaire japonaise à l'ère Meiji

La première tâche qui s'imposa donc à Emile Bertin quand il arriva à Tokyo, fut de mettre un terme à l'infériorité de la flotte japonaise vis à vis de la flotte chinoise. La réputation d'Emile Bertin de savant mondial dans le domaine de la construction navale va lui permettre de réaliser un programme ambitieux de bâtiments qui comportaient toutes ses conceptions concernant la stabilité, le cloisonnement par tranches cellulaires, la ventilation, la vitesse et un fort armement qui sera approuvé par le Mikado et le gouvernement japonais sans restriction ni réserve. Chargé de toutes les constructions navales, les marchés étaient soumis à sa décision. Sa probité était reconnue de tous. Emile Bertin se consacre entièrement à une œuvre monumentale avec un aide de camp en la personne du jeune ingénieur Shôzo Sakurai, son ancien élève de l'Ecole du génie maritime de Cherbourg, qui est comme lui un bourreau de travail, et constitue son bureau d'études avec ses brillants anciens élèves, notamment : Shôzo Sakurai (déjà cité), Genkizi Wakayama et Hajimé Tatsumi. Sur les plans d'Emile Bertin, sont donc construits trois bâtiments de 4 300 tonnes, baptisés garde-côtes à leur naissance pour la satisfaction d'un programme naval défensif, pour le Matsushima et le Itsukushima construits à la Seyne et à l'arsenal de Yokosuka pour le Hashidate, et quatre croiseurs modèle Armstrong de 3 000 à 4 000 tonnes, dont trois construits en Angleterre et un à Yokosuka. Les gardes-côtes portaient chacun, dans une tourelle blindée, un canon d'une puissance extraordinaire pour l'époque. Il y avait de plus à bord douze canons à tir rapide. La protection était assurée par tranches cellulaires, semblable à celles du Sfax. A ces quatre croiseurs s'en ajoutait un cinquième le Chiyoda construit en Angleterre de déplacement inférieur, 2.400 tonnes, de vitesse un peu moindre, avec le même armement, dont la protection mérite une mention spéciale. Son entrepont cloisonné, établi au-dessus du pont blindé était entouré d'une légère ceinture de cuirasse ; il était par cette disposition le modeste mais incontestable précurseur du fameux Dreadnought dont le premier sera mis en chantier par les Anglais, fin 1905. Emile Bertin établit les plans et ordonne la construction, avec l'accord du gouvernement japonais, d'un aviso rapide, éclaireur de 1.609 tonnes le Yaeyama qui atteindra 22 nœuds (aux essais plus de 40 km/heure) ce qui pour l'époque était une performance extraordinaire. Elle sera rendue possible par la qualité des matériaux utilisés et l'emploi d'un nouveau type de chaudière ; un bâtiment jumeau sera aussi construit à Yokosuka. Sur le plan tactique, Bertin préconise la vitesse, la puissance de feu et la formation de combat en ligne de file. Les japonais sauront en tenir compte. Emile Bertin réorganisa de fond en comble l'arsenal primitif de Yokosuka. C'est lui qui choisit de nouveaux emplacements, les propose et fait construire les arsenaux de Sasebo, près de Nagasaki et celui de Kure, près d'Hiroshima. Le mikado et l'impératrice sont venus, à plusieurs reprises, assister, parrainer ou présider aux lancements des navires construits par Bertin à Yokosuka. Ce seront soixante-huit grandes unités ultra modernes qui verront le jour suivant les phases du programme et les plans d'Emile Bertin. Dès lors qu'étaient créés en même temps une armée et une flotte puissantes, sur le modèle des forces militaires européennes, le Japon joua un rôle considérable en Asie. Les navires de Bertin, en particulier les croiseurs de 4.300 tonnes constituèrent le noyau de la flotte japonaise de l'amiral Ito qui battit les escadres chinoises commandées par l'amiral Ting lors de la guerre sino-japonaise dans la célèbre bataille navale, au large de l'embouchure du Yalu, le 17 septembre 1894, à la frontière sino-coréenne et plus tard, pendant la guerre russo-japonaise, les 27 et 28 mai 1905, la flotte de l'amiral Rojestvensky, qui était partie de Cronstadt pour l'Extrême-Orient et qui était l'espoir suprême de la Russie, fut anéantie par l'amiral Togo près des îles Tsushima situées entre la partie sud du Japon de l'île de Kyushu et la Corée.

[modifier] Nombreux éloges sur l'œuvre considérable de Bertin au Japon

Grâce à Bertin, l'organisation administrative de la marine japonaise était frappante de ressemblance avec le schéma français, on retrouvait là des conseils avisés qui manifestaient de l'emploi de connaissances approfondies et de discernement. Aussi, lorsque le 23 janvier 1890, le ministre de la marine du Japon le comte Saïgo, voulut justifier les titres d'Emile Bertin qui était proposé pour le grade de 2ème classe de l'ordre impérial du Soleil Levant, que l'empereur MutsuHito daigna lui accorder, il fit écrire ce magnifique témoignage : «... Non seulement Louis Emile Bertin a établi les plans pour la construction de croiseurs et de garde-côtes de 1ère classe, mais il a fourni des suggestions pour l'organisation de la flotte, la défense des côtes, la fabrication des canons de gros calibres, l'emploi des matériaux tels que le fer et le charbon. Emile Bertin n'a cessé de travailler à l'amélioration technique de la marine et les résultats de ses effets sont remarquables. Au moment où la marine japonaise montre sa puissance dans les eaux du Pacifique, le nom et le rôle d'Emile Bertin viennent naturellement à l'esprit. Profitant de ses leçons, ses élèves sont devenus, à leur tour, de grands maîtres... ». Au cours de sa présence au Japon, Emile Bertin créa une marine moderne et développa très vite les arsenaux. A son départ, le monde entier le considérait comme le créateur de la marine de guerre japonaise, qui devait quelques années plus tard amener le Japon au rang des premières puissances navales mondiales. Emile Bertin fut considéré par les Japonais eux-mêmes, à l'époque, comme le pionnier de cette évolution et le fondateur incontesté de la marine militaire japonaise. Emile Bertin, pendant ses quatre années au Japon, sera la seule personnalité occidentale de Tokyo à bénéficier de la présence, devant son domicile, d'une garde d'honneur de quatre policemen en grande tenue et d'un inspecteur, en civil. Une grande statue sur son piédestal avait été placée à l'arsenal impérial de Yokosuka qui fut totalement repensé et réorganisé par lui. Aujourd'hui, un buste de Bertin, reconnaissance de son œuvre titanesque au Japon, se trouve sur la jetée du port de cette ville (Honshu), située sur la baie de Tokyo. La flotte japonaise ne comptait pas moins de 280 000 tonnes de déplacements à la fin de l'année 1893.

[modifier] Directeur central des constructions navales françaises

Spécialiste naval éminent, le célèbre Emile Bertin de retour en métropole, jouit d'une réputation renforcée dans le monde entier, tout paré d'un immense attrait que lui ont valu toutes ses innovations et réalisations au Japon. Il va pouvoir dorénavant dans le domaine de la technologie navale en faire bénéficier la France. On connaît les résultats de son action. Après de longues polémiques, il réussit à faire admettre les chaudières à haute pression à petits tubes (multitubulaires), dont l'usage s'est partout généralisé. Il gravit en cinq ans les plus hauts sommets de la hiérarchie du corps du génie maritime. En 1890, il est à son arrivée en France sous-directeur des constructions navales du port de Toulon. En 1891, nommé à la tête de la direction des constructions navales de Rochefort sur mer. L'année 1892 le voit promu ingénieur général de 2ème classe du génie maritime. Directeur de l'Ecole d'application du Génie maritime, où malgré ses nombreuses occupations, il trouve le temps de professer à l'Ecole d'application du Génie maritime, ses remarquables cours sur les machines à vapeur et les chaudières, avant d'être appelé en 1895 au ministère de la marine comme directeur central des constructions navales françaises – direction du matériel, puis chargé de la section technique des constructions navales qu'il créa en 1897, année de sa promotion au grade d'ingénieur général de 1ère classe du Génie maritime. Un poste très important qu'Emile Bertin va conserver dix ans jusqu'à ce qu'il soit atteint par la limite d'âge, et où il établit de très nombreux plans de bâtiments modernes. Il met en vigueur des conceptions neuves et originales sur la puissance défensive des navires, dont la véritable réalisation réside dans des prototypes de navires de guerre qui figureront aux programmes navals soumis aux parlementaires et qui aboutiront à la création de la célèbre et belle flotte de cuirassés français. Le monitor, cuirassé Henri IV de 9 000 tonnes mis en chantier en 1895 et lancé à Cherbourg en 1899 ; sous sa directive vont être préparés avec application les projets de croiseurs cuirassés de 12 000 tonnes la Jeanne d'Arc appartenant à cette série, le Jules Ferry sera lancé à Cherbourg le 23 août 1903. D'autres séries de croiseurs de 7 000 à 12 000 tonnes vont être étudiées : Les Dupleix, Montcalm, Sully, Léon Gambetta, ainsi que la série des cuirassés de 15 000 tonnes type Patrie, puis République, Liberté, Démocratie, Justice, Vérité, etc. De même il dresse de 1895 à 1905 les plans pour de très nombreuses unités : les plans des cuirassés à caissons blindés qui précédèrent les Dreadnoughts, les plans des Kléber, Marseillaise, Jules Michelet, Victor Hugo, Condé, Amiral Aube, Dupetit-Thouars, les croiseurs Ernest Renan, Jurien de la Gravière, etc. Emile Bertin à la tête des constructions navales françaises, pendant une décennie, conduit ainsi la France, dès 1898, au classement prestigieux de la deuxième marine mondiale avec 400 000 tonnes, derrière la Grande-Bretagne (600 000 tonnes) mais très largement devant la Russie, l'Italie et l'Allemagne.

[modifier] Inventeur et créateur du bassin d'essais des carènes à Paris

Le grand patron du génie maritime Emile Bertin va oeuvrer, entre temps, en vue de la création d'un bassin d'essais – Boulevard Victor, à Paris – pour l'étude des carènes en modèles réduits, (à une période où les essais de ce type n'étaient même pas envisagés). Le bassin d'essais des carènes à Paris est par conséquent, grâce au génie d'invention d'Emile Bertin, le plus ancien laboratoire d'hydrodynamique navale au monde, depuis sa mise en service en 1906 ; son bassin de traction de 160 m de long était aussi le premier et le plus grand au monde. Il préside un jury d'experts et Emile Bertin félicite chaleureusement l'ingénieur Maxime Laubeuf pour avoir établi le plan général d'un torpilleur sous-marin à double coque, le Narval, premier submersible de valeur militaire qui sera lancé le 21 octobre 1899 à Cherbourg, dont Emile Bertin avait ordonné et suivi avec beaucoup d'intérêt la mise en chantier et les phases de la construction. Dès mars 1905, sa retraite est active, car durant sa carrière, la qualité des mémoires qu'il publie sur divers sujets d'ordre technique, les communications dont il est l'auteur, ont attiré l'attention sur lui et ses travaux. De nombreux pays l'appellent pour qu'il donne des conférences. Emile Bertin n'en continuera pas moins à s'intéresser à l'ensemble d'expertises relevant de l'art naval, prolongeant l'influence exercée pendant plus de trente années sur la construction navale mondiale, par sa puissante personnalité. Son activité intellectuelle s'exerça sur toutes les questions intéressant la construction navale, mais aussi la grandeur de la marine française et de la France.

Emile Bertin est un ingénieur en construction navale et inventeur français. Il préside la Société d'encouragement pour l'industrie Nationale, (1909-1912) à la suite d'Edouard Gruner et précède Léon Lindet (P & C).

Polytechnicien (1858), membre de l'Institut, ingénieur général du Génie maritime, Commandeur de la Légion d'honneur et titulaire de très nombreuses décorations françaises et étrangères, comme la grand-croix de l'Ordre de Saint-Stanislas de Russie mais surtout du Japon.

Émile Bertin : inventeur et créateur du bassin d'essais des carènes boulevard Victor à Paris (le 1er au monde) -, etc.

Il est nommé, en 1892, directeur de l'École d'application du génie maritime et, en 1895, directeur central des Constructions navales françaises et ce, jusqu'en 1905. Il est élu membre de l'Académie des sciences en 1903 et en devient Président en 1922. En 1921, il est membre de l'académie de Marine. Cofondateur en 1900 avec Émile Guimet (1836-1918) et premier Président de la Société Franco-japonaise de Paris, présidence qu'il garda jusqu'à la veille de son décès, en 1924.

Émile Bertin fit les plans et participa à la construction tant en France qu'au Japon d'environ 150 bâtiments de surface. À la tête des constructions navales françaises, pendant une décennie, il conduit ainsi la France, dès 1898, au classement prestigieux de deuxième marine mondiale avec 400 000 tonnes, derrière la Grande-Bretagne (600 000 tonnes) mais très largement devant la Russie, l'Italie et l'Allemagne. Il est l'auteur de plus de cinquante ouvrages ou mémoires scientifiques et techniques.

Emile Bertin est mort le 22 octobre 1924 à 84 ans. Il est inhumé à La Glacerie (Manche),

[modifier] Principales publications

Le Matsushima, vaisseau amiral de la marine japonaise construit sous la direction de Bertin.
Le Matsushima, vaisseau amiral de la marine japonaise construit sous la direction de Bertin.

Emile Bertin est l'auteur de plus de cinquante ouvrages ou mémoires scientifiques et techniques, notamment :

  • Etude sur la ventilation d'un Transport Ecurie (1873)
  • Etude sur le Principe des Vols d'Oiseaux (1874)
  • Données théoriques et expérimentales sur les vagues et le roulis (1874)
  • La Marine à vapeur de guerre et de commerce (1875)
  • Fondation de l'Ancien Port de Cherbourg (1879)
  • La Théorie des Vagues (1881)
  • État actuel de la marine de guerre (1893)
  • Les Grandes Guerres civiles du Japon. Les Minamoto et les Taïra, les Mikados et les Siogouns (1136-1392). Précédé d'une introduction sur l'histoire ancienne et les légendes (1894), couronné en 1896 par l'Académie Française, 422 pages
  • La Marine des États-Unis d'Amérique (1896) Texte en ligne
  • Chaudières marines (1896), 725 pages qui firent autorité et les ingénieurs s'y référeront longtemps avec profit – cours de machines à vapeur professé à l'École d'application du génie maritime –
  • Évolution de la puissance défensive des navires de guerre, avec un complément concernant la stabilité des navires (Berger-Levrault, 1907)
  • La Marine moderne, ancienne histoire et questions neuves, 1ère édition, 1910 – 2ème édition, 1914
  • Etude sur le Droit International et la Guerre Navale. Les croisières et le blocus. Les sous-marins (1915)
  • Les navires neutres et les sous-marins allemands (1917)
  • La Marine de Commerce (1918), etc.

Emile Bertin rédigea aussi pour le Bulletin de la Société Franco-japonaise qu'il créa des études sur : l'Histoire du Netsuke (octobre à décembre 1922), sur Le vieux Japon (parue d'avril à juin 1921), sur Le Japon avant la Féodalité Militaire (juin 1907) et de très nombreuses autres études sur le Japon ancien, médiéval et du nouveau régime.

  • Louis-Emile Bertin son rôle dans la création de la Marine Japonaise par le capitaine de vaisseau Togari attaché naval près l'ambassade impériale du Japon à Paris – Publication en 1935 de la société franco-japonaise de Paris, 40 pages, éditeur Charles Lavauzelle et cie.
  • Réunion du 24 mai 1935 en l'honneur de Louis-Emile Bertin – Publication en 1935 de la société franco-japonaise de Paris, 24 pages, éditeur Librairie du recueil Sirey.

[modifier] Citation

Discours du représentant officiel de l'Académie des sciences qui honorait la mémoire de Louis, Emile Bertin, en 1934 : ... Louis, Emile Bertin fut un Français, qui voyagea, et qui portât au loin l'intelligence et la sensibilité françaises. Cet homme à la stature modeste, au cerveau puissant et au coeur grand, se donna tout entier à une oeuvre gigantesque. Aussi les liens précieux qu'il noua entre le Japon et la France furent autant que techniques, intellectuels et sentimentaux ; comme tels, ils défient l'injure du temps... .

[modifier] Bibliographie et références du présent article

L'arrière petit neveu par alliance de Louis Émile Bertin, Hervé Bernard, a rédigé deux ouvrages inédits en quadrichromie en 2007 (non commercialisés), intitulés : L'Ingénieur Général du Génie Maritime Louis, Émile Bertin 1840/1924 Créateur de la Marine Militaire du Japon à l'Ere de Meiji Tenno de 78 pages et Ambassadeur au Pays du Soleil Levant dans l'Ancien Empire du Japon de 266 pages. Hervé Bernard, historien de marine et écrivain, est aussi le signataire d'un article intitulé : « Louis, Émile Bertin – 1840-1924 Ingénieur Général du Génie Maritime » paru dans – La Revue des Amis du Musée de la Marine à Paris – Neptunia N°239, du mois d'octobre 2005.

[modifier] Reconnaissance de la nation – Le croiseur Émile Bertin

La marine française n'avait pas oublié ce qu'elle devait à Emile Bertin dans les progrès considérables des techniques et de la construction navale. Aussi, en mémoire d'Emile Bertin, par décision ministérielle du 18 décembre 1928, un bâtiment est commandé au service technique de la marine. La marine française donna donc son nom à un croiseur léger, très belle unité de 6 000 tonnes, lancé le 9 mai 1933. Au cours de ses essais, il atteignit la vitesse de 42 nœuds (plus de 77 km/heure) ce qui faisait de ce croiseur, le plus rapide du monde et le plus racé de la marine française. Le Président de la République étant monsieur Albert Lebrun, monsieur Georges Leygues, ministre de la marine, au cours du banquet qui précéda le lancement, après avoir retracé la brillante carrière d'Emile Bertin de conclure en disant : « ... Son œuvre a porté haut et loin le prestige de la France. Il est de la lignée des Sané, des Dupuy de Lôme et des de Bussy, il a renoué et maintenu la tradition des grands architectes navals de Colbert...  ».

Icône de détail Article détaillé : Émile Bertin (croiseur).