Liaison 16

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Liaison 16 (L16) est un standard de liaison de donnée de l'OTAN pour la transmission et la réception sans-fil d'informations tactiques entre des unités militaires. Elle est définie par le STANAG 5516.

Sommaire

[modifier] Mode de fonctionnement

La Liaison 16 est avec la liaison 22 et la "liaison J-over-IP" en cours de définition, l'une des trois liaisons de données tactiques mises en œuvre par les forces interarmées, utilisant les données (c'est à dire le vocabulaire) de série J. Aujourd'hui, pour transmettre des messages contenant des données de série J, on encapsule des messages Liaison 16 dans un message compatible au protocole Internet. Cette capacité appelée JRE (Joint Range Extension) est définie par une norme américaine. La "liaison J-over-IP" a pour objectif d'optimiser la bande passante en utilisant des protocoles adaptés d'une part, aux réseaux terrestres IP et d'autre part, aux formes d'ondes IP dont certaines sont toujours en cours de développement.

La Liaison 16 est basée sur le principe du TDMA. Elle est sécurisée par des clefs de cryptage et résistante aux contre-mesures grâce à ses 77.000 sauts de fréquence par seconde. Les données sont transmises par onde radio en bande UHF. La Liaison 16 est souvent qualifiée de réseau car elle permet la connexion simultanée de plusieurs unités militaires, chacune d'entre-elles est appelée participant au réseau ou acteur L16.

La Liaison 16 découpe le temps en subdivisions appelées 'time slot'. Il y a 128 'time slot' par seconde. Chaque 'time slot' permet à un seul acteur L16 d'envoyer des données sur le réseau, les autres acteurs L16 reçoivent ces données pendant ce 'time slot'. Celles-ci sont formatées dans des messages prédéfinis dans le STANAG 5516 (appelés messages J). Chaque acteur possède une table d'allocation qui définie l'ensemble des 'time slot' d'émission et de réception alloué à cet acteur. Cette table est récurrente et est définie pour un période de 12 min 48 sec. Le débit de la liaison dépend de la configuration utilisée, Il peut théoriquement atteindre 107,520 Kbit/s. Elle est mise en œuvre par des équipements spéciaux, appelés terminaux L16 (terminaux MIDS ou JTIDS par exemple).

Le réseau est organisé par fonctions nommées groupe de participation. Certains groupes de participations peuvent être empilés (en anglais "Stacked"). Cela permet à des groupes d'unités indépendantes de travailler de manière simultanée sur un plan de saut de fréquences différent; ainsi lorsque plusieurs patrouilles d'avion de chasse (unités Non-C2) travaillent sur un même théâtre, plusieurs unités appartenant à des groupes différents peuvent émettre simultanément. Chaque couche empilée s'appelle un net. Le nombre de nets disponibles dans un réseau Liaison 16 est de 127. En pratique, il est possible de mettre en œuvre jusqu'à 20 nets sans risque de brouillage. Chaque acteur L16 peut être abonné à un ou plusieurs groupes de participation. Les plus utilisés sont :

  • PPLI (Precise Participant Location and Identification) (groupes de participation 5 et 6),
  • SURVEILLANCE : partage des détections avec les centres de commandement (groupe de participation 7),
  • CONTROL : Contrôle et assignation de mission (groupe de participation 9)
  • Electronic Warfare & Coordination (groupe de participation 10).
  • Fighter-to-Fighter : communication intra patrouille (groupe de participation 19).

Les principaux groupes de participations utilisés de manière empilée sont  :

  • PPLI (Precise Participant Location and Identification) (groupes de participation 5),

cela permet un échange rapide de position au sein d'une patrouille pour éviter les tirs fratricides

  • CONTROL : Contrôle et assignation de mission (groupe de participation 9)

Chaque unité C2 contrôlante possède son net de contrôle. Les unités Non-C2 changeant d'unité contrôlante changent donc de net.

  • Fighter-to-Fighter : communication intra patrouille (groupe de participation 19).

Chaque patrouille possède son propre net, en particulier afin d'effectuer une fusion de plots de détection radar avant de la transmettre (sur le groupe de participation CONTROL) à l'unité contrôlante qui créera et diffusera sur le groupe de participation SURVEILLANCE la piste correspondante.

Deux groupes de participations VOICE sont également disponibles (groupe de participation 12 et 13). Ils peuvent être empilés, par exemple pour le contrôle des unités Non-C2 en phonie (un net est affecté à chaque plate-forme C2). Dans l'environnement radio totalement brouillé par la mise œuvre de la liaison 16 en mode "Combat" (Puissance d'émission jusqu'à 1Kw et saturation des fréquences), les groupes de participation VOICE peuvent s'avérer indispensables dans les premiers jours de la Campagne de guerre. Cependant, dès que les principales forces d'opposition sont neutralisées, les groupes de participation VOICE sont abandonnés pour dégager de la bande passante au profit, en particulier, des aéronefs en soutien des forces au sol (CAS : Close Air Support)

Ce souci de gagner de la Bande Passante dans le réseau Liaison 16, pourrait amener certaines nations à exclure les groupes de participation CONTROL et Fighter-to-Fighter du Réseau liaison 16, au profit de réseau nationaux à très haut débits. Lors des opérations menées par l'OTAN, les vols mixtes d'aéronefs Non-C2 (appartenant à des nations différentes) au sein d'une même patrouille sont exceptionnels. Étonnamment pour certains, la SUÈDE nation non OTAN, mais disposant depuis peu de la Liaison 16, est pionnière dans le domaine. le GRIPEN Suédois ne devrait pas mettre en œuvre ces groupes de participation. La FRANCE pourrait suivre la voie en dotant le RAFALE de capacités Fighter-to-Fighter non-L16 mais bien plus performante grâce à la mise en œuvre de radios nouvelles génération à très hauts débits. L'ALLEMAGNE, les nations nordiques (NORVEGE, DANEMARK, HOLLANDE) et la GRECE pourraient en faire autant. Quant au ÉTATS-UNIS, les études d'un réseau AIR dédié sous protocole Internet se sont concrétisées par des expérimentations concluantes.

[modifier] Conception du Réseau Liaison 16

Contrairement à la Liaison 22 qui met en œuvre une gestion dynamique du réseau – la distribution du temps de parole (les timeslots) s’adapte au besoin du moment – la Liaison 16 exige la mise en œuvre d’une phase de conception du réseau avant sa mise en œuvre.

Cette phase appelée « Design Phase », intervient après que les besoins de chaque Commandant de lutte aient été collectés (JFACC ; Joint Force Air Coponent Commander, JFMCC : Joint Force Maritime Coponent Commander , JFLCC : Joint Force Land Coponent Commander). Ce travail est généralement effectué par la Cellule du JICO : Joint Interface Control Officer. C’est dans cette phase que sont effectués les arbitrages d'affectation des timeslots afin de que le réseau Liaison 16 puisse répondre au mieux aux besoins de la Force.

Le nombre de plates-formes équipées de la Liaison 16 grandissant de manière significative, le réseau Liaison 16 est aujourd’hui souvent saturé. Le besoin d’une gestion dynamique du réseau Liaison 16 est donc devenu prioritaire. De même, une gestion optimisée des timeslots est essentielle ; ainsi en temps de paix, l’utilisation d’un empaquetage double (Packing 2) à pris l’avantage sur l’empaquetage standard (Packing STD) car il double le nombre de mots échangés ; en temps de guerre l'empaquetage quadruple (Packing 4) permet de quadrupler le nombre de mots échangés. Cela s’effectue au prix d'une dégradation de la sécurité de transmission qui s’avère acceptable aujourd’hui, en raison de la faiblesse technologique des forces opposantes.

Un autre voie s'ouvrira avec l'entrée en service des terminaux MIDS JTRS (Joint Tactical Radio System) ; l'utilisation combinée de la Liaison 16 et de la Liaison 22 sera alors possible. la Liaison 22 serait utilisée prioritairement pour la diffusion des pistes à faible taux de mise à jour (Pistes Surface Maritime, Pistes Surface Terrestre, Points de Référence). Lorsqu'une de ces pistes deviendrait une cible, elle pourrait alors également être diffusée en Liaison 16. Ainsi la Liaison 16 et la Liaison 22 (et plus tard la "liaison J-over-IP") doivent être perçues comme des composantes d'un réseau logique unique échangeant des données de série-J. Il manque à ce réseau logique le maillon permettant les échanges de données de série-J entre les aéronefs et les forces au sol. C'est le défit qui doit être relevé dans la décennie 2010.

[modifier] Utilisation

Dans son standard actuel, la Liaison 16 permet l'échange de données tactiques complexes entre unités militaires (ou plates-formes) aériennes, terrestres et maritimes dans le cadre du Network Centric Warfare ou en français "Guerre en Réseau". Les acteurs L16 peuvent échanger leurs positions grâce aux messages PPLI (Precise Participant Location and Identification) ; l'échange du PPLI offre une certitude d'identification AMI en raison de la nécessité de posséder les clés de cryptage adéquates pour pouvoir participer au réseau. Ils peuvent aussi partager soit leurs détections radar dans le cas des plate-formes Non-C2 (groupe de participation Fighter-to-Fighter), soit leurs pistes dans le cas des plates-formes C2 (groupe de participation SURVEILLANCE), ainsi un chasseur peut bénéficier des pistes échangées sur le groupe de participation SURVEILLANCE par exemple par les AWACS. Les centres de contrôle et de commandement (C2) (un AWACS par exemple) peuvent envoyer des missions à un chasseur sans avoir à communiquer de façon vocale sur la radio avec celui-ci.

La Liaison 16 considère deux types de plates-formes : Les plates-formes C2 qui participent à l'élaboration d'une image tactique commune (E-3, E-2C, Porte-avion etc...) et les plates-formes Non-C2 qui participent au réseau uniquement qu'en tant de "senseur" et "d'arme" du C2 sur le contrôle duquel ils réalisent leur mission. (Le RAFALE est une plate-forme Non-C2). Les plates-formes Non-C2 ont accès à l'image tactique en "écoutant" le groupe de participation" SURVEILLANCE élaboré par les plates-formes C2. Dans le concept de la Guerre en réseau, une plate-forme Non-C2 travaille toujours sous le contrôle d'une plate-forme C2. Les frappes dans la profondeur par des unités Non-C2 isolées, qui étaient admises à l'époque de la Guerre Froide" ne sont donc plus d'actualité depuis les opérations en Irak et en Afghanistan en 2003. La conception du réseau Liaison 16 prend en compte cet état de fait en privilégiant l'élaboration d'une image "Opérative" et "Tactique" unique et cohérente. Ainsi, l'envoi via satellite, en temps quasi-réel de l'image vers l'arrière ou Reachback (c'est à dire vers le Pentagone pour les États-Unis, le SHAPE pour l'OTAN, le Centre Opérationnel Interarmées pour la France), est facilité ; Le Reachback est la première application candidate à la "liaison J-over-IP".

La Liaison 16 est un important facteur d'interopérabilité entre unités militaires. De par sa nature de standard, elle facilite les opérations militaires en coalition en permettant à des unités militaires de différentes nations de communiquer entre elles avec un "langage" commun (les données de série-J). Cependant, l'interopérabilité exige que toutes les plates-formes Non-C2 de même type soient interchangeables (par exemple un Rafale et un F-18) ; cela exclu une utilisation hétérogène des ressources temporelles.

La Liaison 16 est utilisée par l'ensemble des pays de l'OTAN mais aussi par Taïwan, l'Australie, la Suisse et la Suède.

En France, la Liaison 16 est installée sur les plateformes suivantes:

-C2

  • Avions AWACS
  • Avions radar E-2 Hawkeye
  • Le porte-avions Charles-de-Gaulle
  • Les frégates antiaériennes de Classe Cassard "Jean Bart" et "Cassard"
  • Le Centre de Commandement de Contrôle et de Conduite Mobile (C3M)
  • Les Fregates Horizon
  • Certaines stations du système MARTHA (maillage des radars tactiques contres les hélicoptères et les aéronefs à voilure fixe)
  • Le SAMP/T C2
  • Les Bâtiments de Projection et de Commandement MISTRAL et TONNERRE possèdent les structures d'accueil des moyens Liaison 16 indispensables à tout État-Major interarmées embarqué

-et Non-C2

  • Le Rafale
  • Prochainement les Mirage 2000 D/-5F VI
  • Les stations MIDS-Terre
  • Le SAMP/T Non-C2

[modifier] Articles connexes

Autres langues