L'Innommable

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L'Innommable est un roman de Samuel Beckett (1906-1989), publié en 1953.

L'Innommable, troisième roman de la trilogie de Beckett, vient à la suite de Molloy et Malone meurt. L'Innommable est un homme immobile, incapable de bouger, incapable de parler, incapable de ne pas parler. Assis dans un endroit gris, environné de gris, il ne voit presque rien, n'entend rien, ne sent rien... Un homme réduit à sa plus simple expression, à savoir une conscience. Conscience d'être / d'avoir une conscience, qui dit "je", qui se cherche, qui cherche ce qu'est la vie.

Cependant, puisqu'il « a à parler », il parle, de ce qu'il sait ou plutôt, de ce qu'il ne sait pas, de ses doutes, de ce que lui disent ses voix intérieures (« eux »), des histoires des différents personnages qu'il convoque et que, d'une certaine manière, il essaie d'être : Mahood, homme tronc dans un jarre, que personne ou presque ne voit, mais qui lui, au moins, existe, ou Worms l'inadapté total, une conscience brute jadis alertée et qui depuis veille.

Beckett va toujours plus loin dans le questionnement de la vie, de ce qu'elle est, des indices de sa présence ou de son absence. Le personnage de l'Innommable peut-etre vu comme la suite logique, finale, de l'évolution des personnages précédents ( Molloy, Moran, Mallone ).

[modifier] Citations issues de L'innommable

«  Et sans la lointaine évidence de mes paumes, de mes plantes, dont je n'ai pas encore su me débarrasser, je me donnerai volontier la forme, sinon la consistance, d'un oeuf, avec deux trous pour empêcher l'éclatement. »

«  Assez de faire l'enfant qui, à force de s'entendre dire qu'on l'avait trouvé dans un chou finit par se rappeler dans quel coin du potager c'était [...] »

« Il est plus facile d'élever un temple que d'y faire descendre l'objet du culte. »

« C'est peut-être ça que je suis, la chose qui divise le monde en deux, d'une part le dehors, de l'autre le dedans [...] »

[modifier] Quelques citations à propos de l'oeuvre

« De même que Dante chemine de cercle en cercle pour atteindre son Enfer ou son Paradis, de même Samuel Beckett situe-t-il, chacun dans un cercle bien distinct, les trois principaux protagonistes des romans de sa trilogie, Molloy, Malone meurt et L'Innommable, afin qu'ils atteignent, peut-être, le néant auquel ils aspirent. D'un roman à l'autre, ce cercle est de plus en plus réduit ». (Edith Fournier)

« Peut-être ne sommes-nous pas en présence d'un livre, mais peut-être s'agit-il de bien plus que d'un livre de l'approche pure du mouvement d'où viennent tous les livres ; de ce point originel où sans doute l'œuvre se perd, qui toujours ruine l'œuvre, qui en elle restaure le désœuvrement sans fin, mais avec lequel il lui faut aussi entretenir un rapport toujours plus initia!. sous peine de n'être rien. C'est à épuiser l'infini qu'est condamné l'Innommable.  » ( Maurice Blanchot (Le Livre à venir, Éditions Gallimard, 1963)

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