Léon Harmel

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Léon Harmel, né dans les Ardennes en 1829 et mort en 1915, était un industriel français. Proche du pape Léon XIII, il expérimenta la Doctrine sociale de l'Église initiée par ce dernier dans sa filature du Val-des-Bois sur la commune de Warmeriville près de Reims dans le département français de la Marne.

Ayant hérité de son père la filature du Val-des-Bois près de Reims, Léon Harmel, fortement inspiré, selon son témoignage, par une spiritualité évangélique et franciscaine, car il avait adhéré au Tiers-Ordre de Saint François d'Assise en 1861, entreprend de faire de son usine une sorte de communauté chrétienne où les ouvriers dirigent eux-mêmes un ensemble d'œuvres sociales : mutuelle scolaire, enseignement ménager, cité ouvrière... Il institue, en 1883, la participation des travailleurs à la direction et au maintien de la discipline dans l'entreprise. De plus une caisse de famille, gérée par une commission ouvrière, est chargée d'attribuer des subventions en argent ou en nature.

Plus marquée par une sorte de "familialisme" que par le paternalisme (même si on l'a surnommé « le Bon Père »), l'action de Léon Harmel s'inspire du catholicisme social, notamment de l'Œuvre des Cercles de La Tour du Pin et d'Albert de Mun. Condamnant le libéralisme économique qui laisse l'ouvrier sans protection face au capital, Harmel et les membres des Cercles veulent d'abord apporter la sécurité morale et matérielle aux travailleurs au sein de "corporations" chrétiennes, sociétés religieuses et économiques formées librement par les patrons et les ouvriers.

En 1887, il emmène à Rome une "pèlerinage de la France ouvrière" rassemblant plus de 1400 ouvriers ; ils seront 10000 en 1890 auprès du Pape Léon XIII qui publiera l'année suivante l'encyclique Rerum novarum, sur la condition ouvrière et la justice sociale.

Peu apprécié du patronat chrétien, Harmel se distingue peu à peu d'une partie des catholiques sociaux, lorsqu'il affirme la responsabilité de l'État dans l'ordre de la justice sociale, puis la nécessaire autonomie de l'organisation ouvrière face au patronat (il est parmi les initiateurs du premier congrès ouvrier chrétien en 1893). Sa rupture avec de Mun intervient en 1892.

Insistant sur la validité de l'action politique et non plus seulement sociale, Harmel, s'appuyant sur l'encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII, dont il est très apprécié, prône le ralliement des catholiques à la République et se trouve à la tête du mouvement démocrate chrétien : au Val-des-Bois se tiennent, à partir de 1888, des sessions d'étude réunissant les démocrates chrétiens du nord de la France.

De la nostalgie de la cité chrétienne qui s'exprime dans son Manuel d'une corporation chrétienne, publié en 1879, à l'action des catholiques sur le plan politique, l'itinéraire de Léon Harmel est significatif de l'évolution qui se fait jour au tournant du siècle parmi les catholiques français et qui aboutira à l'acceptation de l'état de fait républicain.


Sommaire

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

  • Nécrologie de Jules Harmel
  • "causerie" que Raymond Beaugrand-Champagne, Québécois, a donné en novembre 1999, intitulée: "Léon Harmel, l'industriel "le plus extraordinaire du XIXe s". Un "saint" ?" ;
  • "Léon HARMEL, apôtre social", article de la revue Dieu est amour de février 1982.