Khâemouaset (fils de Ramsès II)

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Khâemouaset
N28
D36
Y1 G17 R19 X1
O49
Ḫˁ-m-wȝs.t

Le prince Khâemouaset (Ḫˁ-m-wȝs.t) est le quatrième fils de Ramsès II et le deuxième de la seconde Grande épouse royale Isis-Néféret. Il occupe la onzième place dans la liste des fils de Ramsès II.

Sommaire

[modifier] Généalogie

Statue de Khâemouaset
Statue de Khâemouaset


Khâemouaset
Naissance Décès
Père Ramsès II Grand-père Séthi Ier
Grand-mère Mouttouya
Mère Isis-Néféret Grand-père Grand-père maternel inconnu
Grand-mère Grand-mère maternelle inconnue
Fratrie Bentanat
Sethnakht
Ramessou
Isis-Néféret II
Mérenptah
Takhat
plus de nombreux demi-frères et sœurs, Ramsès II ayant eu quelque 50 fils et 40 filles
Première épouse Enfant(s)
Deuxième épouse inconnue Enfant(s) pas d'enfant connu
Troisième épouse inconnue Enfant(s) pas d'enfant connu
Quatrième épouse inconnue Enfant(s) pas d'enfant connu
Cinquième épouse inconnue Enfant(s) pas d'enfant connu
Sixième épouse inconnue Enfant(s) pas d'enfant connu
Septième épouse inconnue Enfant(s) pas d'enfant connu
Huitième épouse inconnue Enfant(s) pas d'enfant connu
Mari inconnu Enfant(s) pas d'enfant connu
Deuxième mari inconnu Enfant(s) pas d'enfant connu
Troisième mari inconnu Enfant(s) pas d'enfant connu
Quatrième mari inconnu Enfant(s) pas d'enfant connu

Khâemouaset, maîtrisant parfaitement l'écriture, appréciant les textes et ayant acquis de grandes connaissances en théologie, se fit une réputation d'érudit.

Vers l'âge de 20 ans, il fut nommé prêtre sem de Ptah, chargé du culte des taureaux sacrés. Il décida très vite de modifier et codifier le principe de la mise au tombeau des Apis. Il fit creuser la petite galerie du Sérapéum donnant accès à plusieurs salles, afin que chaque taureau eût son propre caveau, et créa un temple destiné à la célébration des rites funéraires de tous les Apis décédés.

Il s'intéressa également aux édifices érigés par ses ancêtres ; il fut attristé par l'état déplorable de certains monuments envahis par les sables et s'employa à les sauvegarder et à les restaurer, faisant graver sur chaque monument le nom de son propriétaire, celui du pharaon Ramsès II, ainsi qu'un texte ordonnant leur sauvegarde[1].

Il entreprit des recherches sur les sites de Gizeh, Saqqarah et Abousir, s'occupant ainsi des pyramides de Djéser, Chepseskaf, Ounas, Sahourê et du temple solaire de Niouserrê.

Hormis ses activités de grand prêtre et d'archéologue, Khâemouaset assuma de hautes fonctions administratives à Memphis alors que son père était à Pi-Ramsès. Il fut également chargé des fêtes-Sed du pharaon ; pour les cinq premiers jubilés, Khâemouaset parcourut l'Égypte, annonçant au peuple l'évènement.

En l'an 45 du règne de Ramsès II, il fut promu grand prêtre de Ptah de Memphis et succéda ainsi à Didia dans cette haute fonction religieuse. C'est à ce titre qu'il organisa les jubilés de son père et présida au culte du dieu des artisans.

Vers l'an 50, il fut choisi pour être le prince héritier de la couronne, mais il n'accéda finalement jamais au trône, car il décéda vers l'âge de 50 ans, soit en l'an 55 du règne de son père. Il s'était fait aménager un caveau dans le Sérapéum ainsi qu'une chapelle richement décorée. Son corps fut enseveli dans un sarcophage en bois, le visage protégé par un masque en feuille d'or martelé[2]. Le tombeau a été découvert, tout à fait par hasard, par Mariette en 1852.

[modifier] L'énigme d'une sépulture princière

Tête d'une statue de Khâemouaset
Tête d'une statue de Khâemouaset

C'est en effet au cours de la fouille du Sérapéum de Saqqarah nouvellement découvert par le jeune égyptologue que furent découverts les premières galeries souterraine qui distribuaient les tombeaux des taureaux sacrés. La découverte fit sensation et attira bientôt les pilleurs d'antiquités à la solde des collectionneurs qui œuvraient pour le compte des grands musées d'Europe.

Deux ensembles ont été alors dégagés et si la "Grande Galerie" se révéla déjà pillée c'est dans la "Petite Galerie" que Mariette en butte à un obstacle utilisera des explosifs pour dégager le passage ce qui lui vaudra de nombreuses critiques dans le milieu scientifique. Ce faisant, il mettait au jour trois tombes d'Apis intactes datant de la XIXe dynastie, chacune avec le mobilier funéraire qui avait été prévu pour accompagner le dieu momifié et inhumé dans de massifs sarcophages. Dans sa précipitation et cette course contre d'autres prétendants aux richesses que pouvaient contenir ces tombes, Mariette n'hésita donc pas à employer les grands moyens au prix d'une fouille plus délicate et minutieuse qui aurait pris alors plus de temps qu'il n'en disposait réellement pour mettre à l'abri les précieuses reliques.

La découverte était en effet inédite et l'on put constater que les grands prêtres de Ptah y étaient particulièrement bien représentés par les nombreuses offrandes qu'ils y laissèrent et les dons précieux de bijoux prophylactiques à leurs noms qui devaient accompagner leur dieu dans le voyage dans l'au-delà.

De fait Khâemouaset participa aux enterrements d'au moins deux des Apis découverts et un grand nombre d'objets à son nom y ont été découverts dont toute une série d'oushebtis.

Attenante au tombeau de l'Apis enterré en l'an 55 de Ramsès II, une chambre abritait un sarcophage de bois contenant une momie d'un homme âgé, recouverte de bijoux princiers et le visage protégé par un masque d'or au traits réalistes semblant nous livrer le masque mortuaire du défunt.

La chambre contenait également des stèles et reliefs aux noms de Khâemouaset, le fils de Ramsès II, et Mariette lui attribua la sépulture conforté par les amulettes aux titres et nom du prince découvertes dans les vestiges du tombeau bouleversé par l'explosion.

Le fait sera contesté par la suite par les égyptologues qui suivirent Mariette, qui critiquèrent la méthode de fouille, l'absence de relevé précis de la découverte et doutèrent de surcroit qu'un prince de cette envergure, le fils préféré du roi désigné pour lui succéder, n'eut reçu au final qu'une sépulture secondaire dépourvue de mobilier funéraire plus riche et plus significatif.

Puis une découverte en 1883 vint remettre en question l'identification faite par Mariette. Au cours de ses fouilles du Kafr el-Batran au pied de la nécropole de Gizeh, Gaston Maspero mit au jour des tombes du Nouvel Empire dont celle d'un Khâemouaset qu'on attribua aussi rapidement au célèbre prince archéologue. C'est pourquoi dès lors, les ouvrages traitant du sujet n'évoquent pas de manière certaine la tombe de Saqqarah comme étant celle du grand prêtre et font le plus souvent référence à cette découverte faite à proximité de la Grande Pyramide.

Cependant la relative modestie tu tombeau de Gizeh, bien qu'une partie de ses reliefs soient de haute qualité, et sa datation indiquant plutôt une sépulture de la XVIIIe dynastie n'invitent pas non plus à cette conclusion. De plus les titres de ce Khâemouaset ont longtemps été mal interprétés et il faut y reconnaître aujourd'hui un simple chef des charpentiers du roi, qui reçut le privilège de se faire aménager un véritable caveau familial au pied du plateau des pyramides livrant de précieuses informations généalogiques qui écartent ainsi définitivement l'hypothèse qu'il s'agit du tombeau du prince.

Il est aujourd'hui établi que la découverte du Sérapéum de Saqqarah est bien celle de la tombe du fils de Ramsès II. Le masque en or, les amulettes et pectoraux de facture royale, les ouchebtis, les stèles et reliefs représentant le prince-grand prêtre, tout concorde pour faire de cette tombe celle de Khâemouaset. En tant que prince héritier et grand pontife de Memphis, il reçut le privilège d'être enterré au plus près du dieu qu'il avait servi pendant près de quarante ans et pour lequel il avait innové en créant les premières catacombes qui lui étaient consacrées.

[modifier] Notes

  1. Texte commémoratif sur les édifices restaurés :

    « Sa Majesté décréta une proclamation : « C'est le grand prêtre sem, le prince Khâ-em-ouas, qui a perpétué le nom du roi (...). Le prêtre sem, le prince Khâ-em-ouas, agit noblement, désirant restaurer les monuments des rois de la Haute et de la Basse-Égypte qui tombaient en ruine. » Lui décréta des offrandes sacrées (...) [provenant] d'une tenure ainsi que du personnel. »

  2. Son masque en or ainsi qu'une partie de son mobilier funéraire (oushebti notamment) sont exposés au musée du Louvre.

[modifier] Lien externe